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Dans la société politique, l'autorité est la raison générale ou sociale manifestée par les lois. Le pouvoir est l'union de l'autorité et de la force. L'homme est libre quand il obéit au pouvoir, parcequ'il obéit à la raison, à l'ordre qui conserve la société et chacun de ses membres.

Le pouvoir étant le fondement de la liberté, la liberté est d'autant plus grande, que le pouvoir est plus parfait. La perfection de l'autorité dépend de la religion qui éclaire et développe la raison sociale, comme on le voit clairement en comparant les législations des peuples chrétiens avec celles des autres peuples. La force doit être telle, qu'elle puisse triompher de toutes les résistances à l'ordre général, et c'étoit une maxime de notre ancien droit, que force doit toujours demeurer à justice.

L'homme, sous ces divers rapports, nous offre une image de la société. S'il manque de raison, s'il ne connoît point, ou ne connoît qu'imparfaitement les lois de sa nature, il n'est pas libre, parceque sa force mal dirigée tend à le détruire. Si, connoissant les lois de son être, il les viole néanmoins, emporté par les passions, il n'est pas libre non plus, parcequ'il n'a pas la force de vaincre des penchants désordonnés qui l'éloignent de sa fin.

La raison d'un seul substituée à la raison sociale', voilà le despotisme. L'absence de toute autorité ou de toute raison, voilà l'anarchie. Elle commence premièrement dans la société religieuse, d'où elle passe dans la société politique. Alors il se trouve des hommes dont l'esprit est si aveugle et le cœur si dégradé,. qu'ils croient voir un gouvernement partout où ils aperçoivent la force. Ces gens-là ne laissent pas de parler de liberté; soit, il suffit de s'entendre: ne parloit-on pas de vertu dans la convention?

Dans l'état parfait de société, le pouvoir est un, parceque la raison générale est une; et qui divise l'autorité divise la société. Parla nature des choses, cette division va toujours croissant; car la raison ne montre point de milieu entre l'autorité égale de tous et l'autorité absolue d'un seul et de là une continuelle agitation, des troubles et des calamités sans fin. Tous veulent la liberté; mais les uns, la plaçant dans l'autorité individuelle, cherchent à multiplier les pouvoirs à l'infini; les autres, la voyant dans l'autorité générale, s'efforcent de remonter à l'unité de pouvoir. Malheur aux nations ainsi divisées! c'est le temps des grandes catastrophes. « Les royaumes sont en proic à la déso

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lation; les rois périssent, leurs races passent, » d'autres leur succèdent et passent aussi ; les > maisons tombent les unes sur les autres. » Omne regnum in se ipsum divisum desolabitur, et domus supra domum cadet. »

DE LA FACTION RÉVOLUTIONNAIRE.

La violence des passions que depuis quatre ans la foiblesse a nourries, protégées, parcequ'elle n'osoit les craindre; les désordres, les fureurs, les assassinats, les conjurations, les efforts publics et secrets des factieux pour consommer une révolution déjà si avancée, ne sont pas ce qu'il y a de plus frappant dans le spectacle dont nous sommes témoins. Il est naturel que l'homme de crime veuille goûter le fruit de ses œuvres. S'il lui échappoit, que lui resteroit-il? Tous les moyens lui sont égaux pour arriver à son but. Il intrigue, il complote, il tue, selon les circonstances. C'est l'ordre connu du mal, et jusque-là je ne vois aucun progrès de lumières. Je ne m'étonne pas que les gens pour qui Dieu n'est qu'un mot aspirent de nouveaux bouleversements; tant d'autres nt eux ont trouvé des trésors sous des ruines! La voie est ouverte, ils y marchent, quelques 'ns poussés par des souvenirs, tous attirés par des espérances. Et de quoi s'agit-il en

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ava.

effet? de tout ce qui peut irriter les désirs des passions; il s'agit de savoir qui régnera, qui possédera le pouvoir, les dignités, les charges, le sol même, et nous le savons, voilà ce que convoitent les factieux. La révolution mourante leur légua la France; l'Europe a cassé le testament; ils combattent pour se mettre en possession de l'héritage qu'on a l'injustice de leur disputer.

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Encore une fois, je ne vois rien d'extraordinaire en cela le crime, tel qu'on le connoissoit, suffit pour l'expliquer. Mais ce qui nous semble inouï dans l'histoire des peuples les plus dégradés, ce qui indique un degré de perversité intellectuelle dont on n'avoit encore nulle idée, c'est le concert de tout un parti et sa hardiesse dans le mensonge. Jamais on ne combina l'imposture avec plus de profondeur et moins de remords, jamais on ne la proféra solennellement avec plus d'audace. Dans les journaux et les pamphlets, dans les chambres, est-il un seul fait que la faction ne dénature selon ses intérêts? Que n'invente-t-elle pas tous les jours? Calomnies, récits controuvés, rien ne lui coûte. On la dément, elle insulte et répète ses assertions. Si elle attaque, elle soutient que c'est elle qui est attaquée. Prise en flagrant

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