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l'établissement du Concordat, signé en 1802, et le portrait des grands prélats et des ecclésiastiques éminents de cette époque. Et rien n'est plus attachant que d'observer, dans ces négociations entre Paris et Rome, d'un côté, les manières tranchantes, presque brutales du général Bonaparte, et de l'autre, l'attitude bienveillante, onctueuse et douce du moine Chiaramonte, qui était Pie VII ‘.

La magistrature, sous le Consulat, est intéressante à étudier, à cause des grandes questions d'ordre social qui, alors, furent discutées, et des hommes illustres qui y apportèrent la lumière de leur science juridique et de leur raison: jurisconsultes, orateurs diserts, éloquents, énergiques, tels que Target, Tronchet, Merlin de Douai, Portalis, Bigot de Préameneu, et même Henrion et Pansey, et encore, Locré, qui rédigea les procès-verbaux des discussions suivies au Conseil d'État.

L'instruction publique, pendant le Consulat, fut soumise à une suite de tâtonnements et de mesures provisoires, qui aboutirent, enfin, en 1806, à la création de « l'Université ». Du milieu de ce chaos,

1. De Gourgaud, t. II, p. 61. Napoléon disait :

« J'avais fait un concordat avec le Pape pour tout consolider et me rattacher, par suite de ce nouvel arrangement, les vrais catholiques. Je devais avoir le Pape près de moi, et alors j'aurais été le maître de la religion, comme si j'en étais le chef unique. Le Pape aurait fait tout ce que j'aurais voulu, et je n'aurais éprouvé aucun ennui de la part des dévots. Le Pape eût été censé faire tout; et c'était pour lui que j'ai dépensé plusieurs millions à disposer magnifiquement l'hôtel de l'archevêché à Paris. Mon intention était que, après ma mort, toute l'Italie fût réunie en un seul royaume ayant sa capitale à Rome et dont mon deuxième fils eût été le souverain. Il est ridicule que les Papes exercent leur puissance sur les sujets d'un autre souverain. »

on voit émerger deux figures très opposées l'une à l'autre celle de Fourcroy, savant convaincu et honnête homme, qui dut céder au politicien insinuant et ambitieux que fut Fontanes, lequel obtint, par son obséquiosité et ses courbettes, la place de grand maître de l'Université, que méritait Fourcroy.

J'ai terminé ce volume par une conclusion, un jugement sur Bonaparte, premier consul et non, l'empereur Napoléon; jugement que m'ont inspiré les dix ans de lectures et d'observations d'où est sorti cet ouvrage.

G. S.

LIVRE I

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CHAPITRE PREMIER

L'ARMÉE

§ 1. L'armée, avant le coup d'État de Brumaire. ·

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Ce qu'a écrit Stendhal sur l'armée. L'enthousiasme de l'armée, à l'annonce du retour de Bonaparte revenant d'Égypte. Manière d'être de Bonaparte, en Égypte. Ses travaux de réorganisation de l'armée. Comment il recrute des chevaux pour la cavaleric. Adulations de Bonaparte envers l'armée. — Translation aux Invalides, des restes de Turenne. Le discours de Carnot. - Sévérité envers les réfractaires et les déserteurs.

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Mort de Desaix.

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Sa victoire

SOMMAIRE. § 2. Bonaparte s'aperçoit que ses adulations ont été poussées trop loin; il réagit. Il fait prononcer par Fontanes l'éloge de Washington, qui vient de mourir. de Marengo. Résurrection, dans le peuple, de l'esprit militaire, provoqué par cette victoire. Bonaparte accepte, comme aides de camp, ceux de Desaix: Rapp et Savary. Inspection de Savary dans les places fortes des provinces. italiennes, nouvellement conquises sur les Autrichiens. - Généraux qui deviennent ambassadeurs; vieux militaires placés dans les administrations civiles. Prestige que donne à Bonaparte Distribution d'armes d'honneur ; lettre du Premier Consul au sergent Léon Aune. Création d'une garde consulaire ; conditions pour y être admis; quatre officiers généraux la commandent. Ce qu'est un grenadier de cette garde, d'après le capitaine Coignet. Visite aux casernes; les corps de garde; salaire d'un grenadier. Inscriptions aux drapeaux, afin d'enflammer davantage le courage des soldats. Les costumes éclatants donnés aux brigades. gnard, d'après d'Houdetot.

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SOMMAIRE.

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fêtes officielles.

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<< Camps d'instruction >>

§ 3. Les mots de république et de liberté disparaissent, peu à peu, des proclamations de Bonaparte à l'armée. — Différence entre les officiers de l'armée d'Italie, qui fut la sienne, et les officiers de l'armée du Rhin, qui fut celle de Moreau. Pour se débarrasser des officiers et des soldats de l'armée de Moreau, il les envoie combattre les révoltés de Saint-Domingue. Honneurs réservés aux officiers, dans les Révision des comptes des fournisseurs d'armée. Réformes dans l'administration de l'armée ; notamment celles préconisées par Marmont, touchant l'artillerie; celles de Junot, touchant la coiffure et la chevelure. Recrutement de l'armée par la « conscription ». établis, en face des côtes de l'Angleterre. Le camp no 1, commandé par Bernadotte, en Hanovre; le camp no 2, par Marmont, à Utrecht; le camp no 3, par Davout, à Ostende; le camp no 4, par Soult, à Boulogne; le camp no 5, par Ney, à Étaples et Montreuil; dédoublement de ce dernier par un camp no 6, pour Lannes. Les travaux exécutés à Boulogne par les soldats; creusement des ports de Vimereux et Ambleteuse; assainissement des terrains submergés par les eaux. Contentement des soldats. Activité de Bonaparte. - Ses visites inopinées à Boulogne. Son pied-à-terre à Pont-de-Brique. Les adulations de Soult envers Bonaparte. Le franc-parler de Lannes; son héroïque courage. Ney; son mariage avec M. Auguié, amie

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d'Hortense de Beauharnais.

SOMMAIRE. gleterre ?

mont.

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Bonaparte avait-il l'intention d'envahir l'AnL'opinion de Pelet de la Lozère ; l'opinion de MarBonaparte n'oublie pas l'Égypte ; il s'occupe de la ravitailler. Les vents contraires, seuls, empêchent ce ravitaillement, préparé par Savary. - Privilèges et honneurs, accordés à l'armée, par le Premier Consul. Ce qu'est, au total, un soldat. Création de la Légion d'honneur. Exaltation de l'esprit du soldat, en vue de mériter la croix de chevalier. Décoration du grenadier Coignet. Avec le temps, l'amour de la liberté, et de la gloire est remplacé, dans l'âme des officiers, par le culte de l'intérêt. Bonaparte a contribué lui-même à cette substitution. Comment il s'y est pris. fastes qui en résultèrent.

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C'était au lendemain du coup d'État de Brumaire : Bonaparte, premier Consul, n'avait encore qu'un pouvoir nominal. Il se sentait assurément plus fort que ses deux collègues ; mais, derrière lui,

s'agitaient des hommes importants, d'une renommée bien établie, et des généraux populaires, tels Moreau, Bernadotte, Masséna, Augereau, contre lesquels il était sans défense. L'armée commandée jadis en Italie, l'armée qui l'avait fait ce qu'il était, l'armée qu'il avait illustrée de victoires inoubliables, l'armée enfin, avec laquelle il avait pu dicter le traité de Campo-Formio, n'existait plus ; et, chef de gouvernement, son autorité, pour s'affirmer et grandir, ne disposait d'aucune force mobile. S'il avait des lieutenants dévoués, il n'avait plus de soldats. Sans troupes disciplinées dont il serait le maître, ses actes à l'intérieur, sa parole, envoyée au delà des frontières, ne produiraient aucun effet. Pour gouverner le pays, comme le désirait son ambition ardente et inassouvie, il lui fallait donc une nouvelle armée dont il se servirait contre ses ennemis personnels et contre les ennemis de la France.

Comment la faire surgir du chaos où se débattait la nation?

Depuis son retour d'Égypte, il était témoin du désarroi régnant au ministère de la guerre. Barras était trop occupé de ses plaisirs, pour veiller aux affaires publiques; Moulin était d'une incapacité notoire et les autres membres du Directoire, avo; cats beaux phraseurs, jaloux et défiants contre tout homme, qui portait l'épée, laissaient aller à la dérive les intérêts militaires. L'intrigue, alors, était plus puissante que le talent, plus féconde que la gloire. D'ailleurs, la concussion et le vol existaient partout, établissant la misère en permanence dans les rangs, - une misère effroyable '. Les recrues, découragées

1. Les fournisseurs qui offraient les plus fortes commissions étaient choyés et préférés aux moins généreux. Carnot seul fit exception. Il ra

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