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dre de vaisseaux Hollandois,qui escortoient
une nombreufe flotte de navires marchands.
Après un rude combat, l'un des vailleaux
du General Hollandois fut coulé à fond.:
on en prit quatre, fur lefquels on trouva
le Comte de Valftein, Ambaffadeur de
l'Empereur à la Cour de Portugal, avec
fes meubles & fes papiers, les meubles,
& les meilleurs effets de l'Amirante de
Caftille réfugié en Portugal. La flotte des
vaiffeaux marchands fe diffipa, & se sau-
va pendant le combat. Si l'on avoit eu
alors un bon nombre d'armateurs avec les
vaiffeaux de guerre, ils auroient pu faire

un riche butin,en fe faififfant des vaiffeaux
marchands qui eurent le tems de fe fau-

ver.

riere d Ef

pagne vient fa

Peu de tems après l'arrivée de Philippe La ReiV. à Madrid, la Reine doüairiere d'Ef- ne Douaipagne, qui faifoit fon féjour ordinaire à Tolede, vint faluer le Roi, & le compi- uer le Roi menter fur fon retour. Les deux Reines à Madrid. s'embrafferent avec des démonstrations d'une grande tendreffe. Elles dînerent, & demeurerent ensemble jufqu'à cinq heures du foir; alors leurs Majeftez fe féparerent & fe dirent adieu. La Douairiere en partant donna à la Reine un diamant de grand prix, & fon portrait enrichi de diamants à la Princeffe des Urfins.

L'année précédente le Duc de Bourgo

1703,

gne

avoit commandé l'armée de Flandres: le Roi l'envoya en Allemagne en 1703. Ce Prince arriva à Strasbourg le 6. de Juin. Il apprit en arrivant que les Imperiaux avoient abandonné les lignes de Weiffembourg, où ils étoient fi bien retranchez depuis quinze mois. Ils fe retirerent sous Landau le Prince Louis de Bade : y mit huit mille honimes de garnifon, craignant que le Duc de Bourgogne n'eût deffein d'en faire le fiege.

L'armée d'Espagne que commandoit en Flandres le Marquis de Bedmar, jointe à l'armée Françoife, commandée par le Maréchal de Bouflers, gagna un grand combat fur les troupes des Alliez, lefquels après avoir forcé les lignes de Waés, tout fiers de ce fuccez, menaçoient encore d'attaquer les lignes d'Anvers. Le Baron d'Obdam General de l'armée ennemie, s'étoit déja avancé jufqu'auprès d'Ekeren le 30. du mois de Juin, & pofté trèsavantageufement derriere des hayes, & des foffez pleins d'eau, ce qui empêcha la Cavalerie d'avoir part au combat: elle demeura en bataille pour voir combattre l'Infanterie, qui chassa d'abord les ennemis de leurs premiers poftes. Le Baron d'Obdam General de l'armée ennemie, fe retira peu accompagné vers Bergopzom. Après ce premier fuccez les enne

mis

ris furent chaffez de tous leurs poftes jufqu'à la nuit obfcure: ils fe retirerent Lillo après avoir forcé un paffage. Sans et évenement, ils auroient été obligez de fe rendre tous à difcretion. Ces mêmes ennemis qui s'étoient flatté de forcer les lignes d'Anvers, & d'envahir les Provinces de Flandre, & de Brabant, fe virent attaquez & forcez dans leur camp, où ils étoient bien retranchez. Leur défaite auroit été entière, ils auroient été tous tuez ou pris, fans la facilité qu'ils avoient de fe fauver de polte en pofte; de forte qu'on ne put jamais les joindre l'épée à la main, Ils abandonnerent dans le champ de ba taille leurs bleffez, leur artillerie, leurs tentes & leurs bagages, leurs canons, leurs drapeaux, leurs munitions, & quatre mil le hommes tuez fur la place.

On intercepta une lettre du Barow d'Obdam, adreffée au Duc de Marleboroug, dans laquelle il fe plaignoit amerement du malheur qui venoit de lui arriver. Il lui mandoit que l'armée des deux Couronnes, forte de vingt ou trente mille hom mes, fortit de fes lignes & l'attaqua, fans qu'il eût eu la moindre nouvelle de cette marche. Il avoue ingenuement dans fa lettre, que fon Infanterie à été mise en defordre, & battue à plate-couture, fans qu'il eût été poffible à la Cavalerie de la

Tome IX.

C

foûtenir, & de la fecourir, dans un terrein fi peu praticable. Enfin, ajoûroit-il, les

chofes étoient réduites à une telle extrémité, & nos troupes dans une fi grande confufion, qu'à peine ai-je eu le tems de me fauver à la tête de trente chevaux.

Le Roi d'Espagne ayant reçu la nouvelle de cette victoire, fit publier une Declaration, par laquelle il ordonna à tous les Anglois & Hollandois qui fe trouvoient actuellement dans l'étendue de la domi Le Roi nation Efpagnole, & dans les Païs de l'oEfpagne beiffance de fa Majefté Catholique d'en anglois & fortir, dans le terme de quarante jours. Jes Hol. On exceptoit de cette profcription ceux Le retirer, qui faifoient profeffion de la Religion Ca

oblige les

landois de

tholique, ou qui étoient naturalifez en quelques Provinces d'Efpagne. Il leur étoit enjoint de fe prefenter devant les Juges des lieux de leur réfidence, pour examiner s'ils étoient bien fondez à de mander une exception de cette profcrip tion generale.

Les Imperiaux avoient cru que le Duc de Bourgogne Generaliffime de l'armée de France, commenceroit la Campagne par le fiége de Landau, que le Roi des Romains avoit affiégé & pris l'année derniere. On jugea plus à propos de faire le fiége de Brifac. En effet, on ouvrit la tranchée le vingt-trois du mois d'Aoult, à la gauche

...1

par

gogne af

Brifac.

du village d'Ochftet. Le Duc de Bour+ gogne alla dans la tranchée voir placer les fafcines, & pofer les travailleurs, ausquels il fit diftribuer deux cent cinquante Le Duc Louis d'or, pour les encourager à bien de Bourfaire. Le Comte d'Arco Maréchal Lieu- fiége & tenant General de fa Majefté Imperiale, prend étoit alors Gouverneur de Brifac. N'efperant point d'être fecouru, dautant que l'armée du Maréchal de Villars tenoit en échec celle du Prince Louis de Bade, il confentit de capituler, & de rendre la Place, le fixième jour du mois de Septem→ bre; à condition que la Garnifon fortiroit la bréche avec toutes les marques d'honneur que l'on a accoûtumé d'accorder à de braves foldats qui fe font bien défendus. On leur permit d'emmener quatre piéces de canon & deux mortiers. Tous les chevaux & les bagages qui appartenoient aux Officiers de fa Majesté Imperiale eurent la liberté de fortir. On ne perdit que deux cens hommes pendant tout le cours du Siége, pas un feul Officier de diftinction. Le Duc de Bourgogne fit chanter le Te Deum dans la Cathedrale. de Brifac, en prefence des Maréchaux de Tallard & de Vauban, & des Officiers Genéraux. Brifac l'une des plus fortes Places de l'Europe, fut prife en treize jours de tranchée ouverte. Cette conquête

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