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poètes comme Rd François-Victor de Gerbaix de Sonnaz, né le 22 octobre 1668, prêtre de la SainteMaison en 1731, dont nous avons publié quelques poésies qui, avec de beaux sentiments, décèlent une belle imagination et de sérieuses études littéraires (1); d'éloquents prédicateurs comme le Père Barnabite Dom Sigismond Quisard de Massongy (2), etc., etc.

L'Académie Chablaisienne a recueilli pieusement, depuis quelques années, plusieurs manuscrits renfermant les cours de théologie, de réthorique, philosophie, de sciences, donnés au collège des Barnabites et à la Sainte-Maison à la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe siècle (3). Il sera donc possible d'établir plus tard le niveau des études sacrées et profanes à diverses époques de l'éxistence de l'Université Chablaisienne.

Si l'Université de Thonon a laissé de si glorieux souvenirs, c'est que les sections ecclésiastiques et religieuses de cet institut ont toujours donné de grands exemples de science et de vertu. Aucun des chapitres de Savoie n'a eu l'honneur d'une moralité aussi irréprochable, ainsi qu'en témoignent des extraits d'un obituaire du diocèse d'Annecy-Genève que nous citerons, et les mémoires du baron Vignet des Etoles qui figurent aux archives de la SainteMaison ou du presbytère actuel de Thonon.

Si des contestations ont pu s'élever entre la Congré(1) Académie Chablaisienne xxIII, p. 31-33; xxv, p. 260 et sui

vantes.

(2) Piccard, Histoire de Thonon. I, p. 431.

(3) Académie Chablaisienne, XVI, p. Lvu et passim.

gation des Prètres de la dite institution et les Barnabites ou autres, la bonne foi de chacune des parties dans la justice de leur cause était incontestable, et le gros public ignorait, selon toute probabilité, la plupart de ces difficultés.

Les libéralités des prètres de la Sainte-Maison sont incessantes: En 1617, Rd Petit lègue plusieurs pièces de terre au Séminaire de l'établissement; en 1640, Rd Jacques Mojonier donne, à la Sainte-Maison, une vigne située à Ballaison; en 1649, Rd Gaspard Dunant fonde des célébrations de messes; Rd Bouverat (16471669) laisse ses biens à partager entre l'hôpital de Thonon et l'église de Notre-Dame de Compassion; Rd Tavernier (1639-1770) donne 5647 florins dont une partie pour l'orgue de l'église de Saint-Hippolyte ; Rd Etienne Mugnier reconstruit, à ses deniers, la chapelle de Tully (1681), ruinée par l'hérésie ; en 1698, c'est Rd C. Michaud qui fonde dans l'église de Saint-Hippolyte, la chapelle de Sainte-Madeleine; R. R. Meynet et Dantand s'occupent des chapelles de Corzent et de Vongy, comme il sera dit, etc., etc. Enfin Rd Droit Noël (1790) laisse la presque totalité de ses biens à l'hôpital et aux pauvres de Thonon (1).

Nous avons donc raison de dire que la Sainte-Maison fut pour Thonon un grand bienfait.

(1) Académie Salésienne, XXXII. p. 252.

CHAPITRE Ier

SOMMAIRE: Opportunité de la Sainte-Maison, OEuvre précieuse pour Thonon et Thonon favorable à cette œuvre. Saint François de Sales en est le véritable fonBulle d'érection.

dateur. Règlement dressé par l'Apôtre du Chablais. Les quatre sections. Confrérie de Notre-Dame de Compassion.

patentes de 1601. Ressources et privilèges.

Lettres

Tho

non pouvait-il loger les membres de l'Institution naissante? Oppositions. Délégués du Duc.

L'Erection

solennelle de 1602.

L'Université.

On sait quel grand intérêt notre siècle attache aux questions de l'instruction publique, de l'industrie, de l'ouvrier et aux autres problèmes sociaux.

Or, dès la fin du XVIe siècle, la petite ville de Thonon devint, par l'initiative et le zèle de l'Apôtre du Chablais, le centre d'une œuvre qui éclipsait d'avance, tout ce que les siècles postérieurs devaient faire dans notre pays, en faveur de ces grands intérêts. Mais, pour donner la fécondité et pourvoir à la durée de l'établissement qu'il méditait, l'Apôtre lui assigna pour principal but: la gloire de Dieu et le salut des âmes. Il venait de ramener le Chablais au giron de l'Eglise; il s'agissait donc d'assurer les fruits de ce laborieux apostolat.

Dans ce but, il conçut le projet et provoqua la fondation d'une Université avec ses précieuses ramifications, plus connue sous le nom d'Institution de la Sainte-Maison; conception admirable, qui, n'eut-elle

pas même obtenu tout son épanouissement, ne suffirait pas moins, seule, à illustrer son auteur. On ne peut contester que, autant l'établissement d'une Université catholique à Thonon était précieux pour les intérêts religieux de cette ville et du Chablais au début de leur retour au catholicisme, autant il était favorable à leurs intérêts matériels. Placé aux frontières de Genève, de la Suisse, de la France, non loin de l'Allemagne et de l'Italie, un grand établissement universitaire ne pouvait manquer d'attirer à Thonon un nombreux concours d'étudiants (1), et par là même, la prospérité et l'abondance. Mais il faut convenir d'un autre côté, que Thonon, par la salubrité de son climat, par la beauté de son site, par la facilité des communications, semblait naturellement destiné à en devenir le siège.

Déjà dès l'automne de 1598, après que le Chablais eut abjuré l'hérésie, on vit un premier prélude de cette œuvre importante, lorsque, sur la motion du saint prévôt de Sales, le duc de Savoie dota Thonon d'un Mont de Piété et d'une Auberge de vertu (2). Mais ce ne fut que l'année suivante qu'on formula ce projet avec les principaux traits qui devaient le carac

(1) Actuellement, on connaît tout le succès de l'Université de Grenoble auprès des étrangers.

(2) Le Mont-de-Piété, nécessité par les suites de la guerre et par les charges qui grevaient les propriétés, devait s'ériger à l'aide d'un impôt de deux florins à percevoir sur chaque pièce de huit setiers de vin vendu en Chablais. L'auberge de vertu était destinée à soustraire les sujets du Due aux exigences de l'industrie étrangère, à les préserver du contact des hérétiques de Genève et de Vaud, et à maintenir le numéraire dans le pays. Ecrivant au duc, le 26 septembre 1599, François lui disait: Il serait expédient de faire paraître quelque acheminement pour l'Héberge, puisque sa Sainteté (le pape) l'affectionne beaucoup

tériser. C'était en 1599. Le jeune Apôtre du Chablais était de retour de Rome, où il avait traité les plus importantes affaires et subi devant le Pape son brillant examen d'admission à l'épiscopat. Ayant eu le regret de voir échouer le dessein de fixer le siège de l'évèché à Thonon, où le zèle de l'évèque et de son chapitre eût pu consolider et poursuivre plus efficacement la restauration religieuse de cette province (1), il s'arrêta incontinent au projet d'établir la SainteMaison de Thonon. Voici le plan sommaire de cette œuvre, tel que l'exposa Saint François de Sales en présence de Mgr de Granier, de ses principaux collaborateurs et d'autres personnages considérables. Son neveu et biographe, Charles-Auguste, le rapporte dans les termes suivants :

((

Puisque la cité de Genève, par le concours des peuples, et principalement catholiques, a beaucoup de commodités temporelles, et que ceux qui sont en son voisinage, difficilement peuvent se passer de son commerce à achepter ou vendre, d'autant qu'on ne peut pas bonnement treuver des choses vénales sinon en icelle ou à Lausanne, qui n'en est pas distante et est une autre retraicte d'hérétique; de là est que les

(Lettres II, p. 23). Le 9 décembre suivant, il écrivait au Nonce: Son Altesse (le duc) a commandé, au Sénat et à la Chambre des Comptes, de vérifier tous les ordres qu'elle a donnés pour la Maison de refuge de Thonon... Elle a une très ferme intention d'embrasser cette œuvre des deux mains, ayant chargé d'Avully d'en prendre soin (Ibid. p. 38), François préconisait l'idée de commencer par le collège à confier aux Jésuites, appelant ce collège : l'une des pièces fondamentales de ce saint édifice (Lettre du 26 septembre 1599. Ibid. p. 27). Il revient à cette idée en écrivant au nonce le 21 décembre 1601 (Vittoz, p. 144).

(1) Lettres (édition d'Annecy) II, p. 2, 3.

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