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Maison (le prieuré) contre l'intention de la fondation et contre les statuts. Dès lors, ils ont établi des officiers contre les conventions de l'aggrégation. Elle est encore attentatoire, puisque y ayant opposition, il devoit y déférer, et non pas passer outre, de manière que la justice veut qu'on rétablisse les prébendes avant toute œuvre...

On est fondé d'enlever le collège aux RR. Pères Barnabites par les clauses insérées dans l'aggrégation et par les raisons cy dessus qu'ils ne satisfont pas etc. Il faudrait le logement (l'établissement) de l'Université pour la faculté du droit 4 professeurs, un institutaire, un pour le c. (sic), un pour le ff. (sic), et un pour les canons, avec 6 agrégés qui assisteroient ordinairement aux actions publiques et aux promotions et jugeroient de la capacité des proposants; que les chaires se donassent en concours par devant le Sénat aux plus capables (les régents de théologie sont établis par l'acte d'aggrégation), les agrégés, les prêtres docteurs, 2 professeurs de médecine, un pharmacien pour avoir soin du jardin, des simples et la démonstration des drogues, et un chirurgien pour l'anatomie et les médecins seroient les aggrégés.

L'Evêque seroit le chancelier, le préfet vice chancelier qui donneroit les degrés et expedieroit les lettres, sous le nom du chancelier, quand il y seroit, et en son absence du vice chancelier, sous le sceau de la Sainte-Maison. On donneroit pour juge conservateur le Sénat, et, sur les lieux, pour lieutenant du conservateur, le juge-mage qui, par provision, connaî

troit des choses qui veulent prompte provision avec les deux premiers professeurs qu'il auroit pour assesseurs. Et il auroit droit d'assister au Conseil de la Sainte-Maison et dans les acles publics et promotions. Et tous les actes qu'il feroit en cette qualité seroient reçus par le Secrétaire de l'Université.

Gages: le gage du pharmacien de 25 pistoles, du chirurgien de 15, du secrétaire de 12, du bedau de 4.

L'Etat se peupleroit de savants hommes pour servir l'église, le prince, le publique ; et, comme il n'y a point d'université au pays, la plupart n'ayant de quoy aller ailleurs se contentent de cinq ou six mois d'institut. Et comme ils n'ont pas assez de principes, de 30 il n'y en a pas 3 qui restent, au lieu que s'il y avoit au pays etc... (une université, ils y demeuraient).

Et la médecine! point de médecin ici, on porte l'argent à Genève !

Et les sommes qu'on porte aux pays étrangers ; annuellement il s'en gradue 20 en droit et autant en theologie! Comptez les frais des degrés et du voyage.

Les étrangers viendroient pour la théologie et la médecine; Thonon se peupleroit de fribourgeois et de rallaisans, d'ecoliers du pays de Gex, de SaintClaude, des allemands.

Le Droit auroit encore les bressans, les étudiants de Savoye, les allemands (1).

Ici se termine notre document.

En 1669, la ville de Thonon réclamait l'Université

1) Manuscrit contemp. de 16 p. 12 de texte, portant pour titre « Sainte-Maison ».

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promise, par l'organe de l'un de ses bourgeois du nom de Charrière. Notre document nous apprend que des conférence avaient déjà eu lieu à Thonon, en décembre 1626, pour accomoder les parties sous la direction du comte de Montfalcon, premier président. de la Chambre des Comptes de Savoie. Madame Royale Christine de France, régente naguère pour son fils Charles-Emmanuel II, s'y employa en 1646. Prévenue par les Barnabites contre le Préfet Gilette, elle mit en mouvement Mgr Charles-Auguste de Sales et autres pour obtenir la démission dudit Gilette. Enfin, le 31 mai 1653, elle somma le marquis de Lullin d'exécuter son désir transformé en ordre formel (1).

La sentence souveraine de la régente du duché, Madame Royale Christine de France, exigeait donc la démission du préfet Gilette. Les adversaires qu'il s'était créés en défendant les droits de l'établissement (2) essayèrent en vain de lui substituer Rd Messire François de Compois. Le vénérable chapitre de l'Université qui voulait aussi le développement des plans primitifs de l'Apôtre du Chablais, soutint son préfet qui en avait appelé au Sénat de Savoie. Le Sénat le confirma dans sa charge (3).

(1) Délibérations de la Sainte-Maison, p. 80; Académie Salėsienne, XXXIII, p. 167.

(2) Le Comte de Sonnaz soutenait les Barnabites et le marquis de Genève-Lullin, les prêtres de la Sainte-Maison (Délibér. de la S. M.).

(3) Il déclara obreptices les lettres du Souverain présentées par Rd Naz, prêtre de Thonon, lettres qu'on avait obtenues pour accomplir cet acte (Ibid.). Rd François de Compois était fils de Noble Charles de Compois, seigneur de Féternes, le dernier gouverneur de Ripailles. On sait que ce château fut cédé aux Chartreux en 1623.

Les Barnabites encouragés par le juge-mage du Chablais, François de Gerbais de Sonnaz, père d'un des religieux, continuèrent leurs poursuites contre Rd Gilette, voulant obtenir à tout prix son départ. Mais l'influent marquis de Lullin, Albert de Genève, gouverneur du Chablais, le soutint énergiquement. Il proposa un accord amiable consistant à donner à Rd. Gilette, la surintendance à vie de la Sainte-Maison, à lui conserver la Rectorie de Saint-Jeoire et lui maintenir tous ses privilèges et avantages.

Les Barnabites et les leurs refusèrent toute transaction. Cependant Rd de Compois ne se pressa pas assez de venir occuper à Thonon le poste de Préfet. Entre temps on nomma Rd Etienne Mugnier, vicepréfet, pour suppléer à Rd Gilette lors de ses nombreuses absences.

Nous n'avons pas à insister sur les diverses phases de cette lutte sourde de couvent à couvent, où quelques champions des deux causes s'emportèrent un peu trop vivement dans leurs discussions et protestations. Nous remarquerons simplement le peu d'enthousiasme que mit Rd de Compois à venir à Thonon au milieu d'une congrégation qu'il sentait hostile. L'autorité ecclésiastique avait donné à Rd de Compois la cure d'Allinges; Rd Gilette mit fin à la lutte en le nommant son coadjuteur avec future succession, le 25 Avril 1656 (1).

Mgr Jean d'Arenton d'Alex, faisant sa visite pasto

(1) Cependant l'année suivante, Rd Gilette ayant renoncé à son canonicat de Saint-Jeoire, en faveur de Rd Jean-Jacques Gilette son neveu, des protestations partirent du Collège des Barnabites et du Château de Sonnaz (6 janvier 1658) (Ibid.).

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