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MEMOIRE I

MGR L.-E. PICCARD

PROTONOTAIRE APOSTOLIQUE

VICE-PRESIDENT DE L'ACADÉMIE CHABLAISIENNE

MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES NATIONALES ET ÉTRANGÈRES

L'UNIVERSITÉ CHABLAISIENNE

ou la SAINTE-MAISON DE THONON

AVANT-PROPOS

Nous avons publié, en 1882, au chapitre XV de l'Histoire de Thonon et du Chablais, une notice sur l'Université soit la Sainte-Maison de Thonon. Nous avions donné, à cette institution le nom d'Université Chablaisienne ou d'Université de Thonon, pour attirer l'attention des savants du XIXme et du XX siècle, sur son magnifique programme, car toutes les sciences et les arts deraient y être enseignés. Et nous verrons que nous avions quelques raisons d'agir ainsi.

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Monsieur l'abbé Lavanchý, aujourd'hui chanoine, dans une étude sur la Sainte-Maison de Thonon, nous en fait un crime (1), ainsi que de n'avoir pas placé nos documents à la fin de notre travail dans un ordre plus ou moins chronologique. Nous avions adapté en effet nos documents à l'histoire de la contrée chablaisienne, et non les documents de l'Histoire du Chablais à l'Histoire de la Sainte-Maison. Inutile donc de nous réclamer, dans les pièces justificatives, un ordre chronologique plutôt qu'un autre.

Nous n'avions pu que signaler les obstacles qui empèchèrent la mise à exécution de cette grande entreprise de l'Apôtre du Chablais, obstacles qui laissèrent toujours les facultés de droit et de méde

(1) La Sainte-Maison de Thonon, par l'abbé J.-M. Lavanchy (Annecy 1910) p. 4.

Notre notice comprenant 148 pages (avec son texte et ses documents) a paru, avec l'Histoire de Thonon et du Chablais, au tome V des Mémoires et Documents de l'Académie Chablaisienne, pages 339-402, documents xxvIII-CVI, CIX-CXVI.

cine, tant réclamées, dans un lointain nébuleux et irréalisable. M. Lavanchy appelle cela une joyeuse affirmation de succès! Le lecteur pourra constater lui-même que nous avons dit le contraire aux pages 357, 364, 365, 379, 381, 382, 401, et 402 du tome I de notre Histoire de Thonon et du Chablais.

M. Lavanchy prétend enfin avoir eu sous la main. la plupart des manuscrits originaux par nous utilisés. Affirmation bien hasardée. Cet auteur n'a eu en effet connaissance ni du Mémoire manuscrit des Révérends Préfets de la Sainte-Maison, ni du fascicule des délibérations du Conseil de cet établissement de 1608-1609, ni de divers documents à nous communiqués dont il a été heureux de profiter. Quoiqu'il n'ait pas placé notre ouvrage parmi ceux par lui consultés pour la composition de son étude (1), il a trouvé beaucoup de choses bonnes à y prendre, comme l'ont remarqué plusieurs érudits des Savoie ; il s'est même vu réduit à nous citer tant de fois qu'il s'est donné un éclatant démenti (2). Confinée dans le cadre restreint d'un chapitre, notre notice faisait marcher de front les essais ou la réalisation des diverses sections de l'université Chablaisienne et présentait ainsi une certaine vie. M. Lavanchy appelle cette marche un désordre; et voulant éviter ce soi-disant désordre, il est tombé dans des divisions, subdivisions, redites

(1) Il cite cependant les documents ou pièces justificatives du tome V des Mémoires et Documents de l'Académie Salésienne qui n'est autre chose que notre Histoire de Thonon !!!

(2) Chacun peut s'en convaincre en parcourant les citations par lui faites aux pages 18, 22, 33, 37, 45, 48, 50, 56, 83, 99, 100, 108, 140, 144, 182, 209, 232 de sa notice, et en comparant nos deux monographies.

fatiguantes que la Savoie Littéraire (1910), organe de l'Académie de Savoie, a été des premières à lui reprocher. M. Lavanchy n'a donné ni les décrets rendus en 1601, 1602, par le duc de Savoie, relativement aux privilèges de la Sainte-Maison et aux détails de son organisation, ni ses instructions à ses délégués, pour l'exécution de ces décrets, ni les premières ébauches de règlement de la Sainte-Maison. Il eut été cependant très utile de le faire, car les constitutions de 1601, 1602 expriment toute la pensée des fondateurs pour l'organisation de l'université, tel par exemple l'article 3 des instructions de 1602, par lequel le duc ordonne d'appeler, au sein de la nouvelle institution, des hommes célèbres dans les sciences du droit et de la médecine, des chirurgiens distingués «< afin qu'il y ait toujours leçon ordinaire sur ces matières». Or, M. Lavanchy devait fournir ces intéressants détails au risque de laisser voir que l'on voulait bien la fondation des facultés de droit et de médecine, et que seul le manque de ressources empêcha, comme nous l'avons dit et répété, de donner tout son développement à l'entreprise de l'Apôtre du Chablais (1).

Mais, témérité bien grande, à l'encontre de tous les historiens du Bienheureux, il n'est pas «jusqu'à l'intervention de Saint-François de Sales, dans le concept du plan et dans la mise en œuvre de la Sainte-Maison », que M. Lavanchy n'ait cherché à nier indirectement ou à diminuer considérablement (2), pour grandir le

(1) Histoire de Thonon et du Chablais, I, p. 379, 381, 382, etc. (2) Lavanchy, La Sainte-Maison, p. 5, 12, 13.

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