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vera trahi dans ses plus chères affections. Un serpent venimeux, et qu'il caresse, doit empoisonner la tranquillité intérieure.... Celui-là, dis-je, que je signale, est bien près de répandre à son tour des larmes amères. Il gémira, mais trop tard, sur de graves erreurs. fois la sagesse de mes conseils !!!

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regrettera plus d'une Son bonheur serait-il

détruit? Non par moi, j'en suis incapable. . . . . Mais, nous dit Plaute,

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Quant à moi, j'ai fait le saut de Leucade en Belgique, et me suis retrouvée sur les pieds en France. L'énergie et la force sont sorties du sein de la faiblesse. Aussi dirai-je aujourd'hui à ceux qui naguère se crurent mes obligés :

On n'exécute pas tout ce qu'on se propose;

Et le chemin est long du projet à la chose.

42 A MM. les Rédacteurs des journaux belges.

Bruxelles, 3 octobre 1821.

LE DERNIER MOT DE L'EX-PRISONNIÈRE DU BRABANT.

France, ô ma patrie! je vais te revoir, mon vaisseau est à l'ancre, il m'a fallu combattre et lutter constamment l'espace de cent jours pour me garantir du naufrage; j'étais battue tour à tour par des vents occultes et dangereux : une main invisible s'appesantissait sur moi pour

* Ce que l'on craint de fâcheux arrive bien plus vite que ce qu'on désire avec ardeur.

m'éloigner du port salutaire. Grâces soient rendues à la cour supérieure de Bruxelles! je suis sauvée..... j'ai posé le pied sur la terre de délices; si d'une main j'ai cueilli des palmes en Belgique, de l'autre je burine à jamais mes remercîmens aux honorables Belges qui ont bien voulu m'applaudir au jour de l'équité.

Bruxelles, ô ville à jamais célèbre dans mes souvenirs! permets-moi de t'offrir un ouvrage. Un procès fameux dans tes fastes sera retracé par moi, les causes secrètes en seront dévoilées !!!! Cependant tu n'es plus ce champ de douleur qui me rappelle si cruellement ma captivité. Bruxellois, on peut aisément oublier le malheur en songeant au triomphe !!!! Il me fut décerné par vous; par vous! habitans d'une ville que j'aime, vous tous à l'envi applaudîtes à un grand acte de justice (oublions les quinze francs d'amende et les menusplaisirs de 2400 heures de captivité )..... L'œuvre d'une prisonnière en Brabant est écrite avec une noble et généreuse modération; cependant je veux faire connaître les sombres motifs qui ont pu faire river mes fers pendant deux saisons, une voix solennelle proclamera à la fin le nom du persécuteur... Ma plume, consacrée pour ainsi dire à chanter la reconnaissance, adressera de justes éloges à tous ceux qui, connaissant ma délicatesse, n'ont point désespéré de ma cause. C'est sur le point de ma justification qu'on voudra bien me permettre d'entretenir le public de moi; je peux tout faire pour oublier mes maux, excepté cependant de dégrader mon caractère ; ma conscience est le trésor de la Divinité, il ne m'est pas permis de la dépenser pour personne.

Je saurai concilier, dans cet ouvrage, le plus profond

respect pour les autorités belges avec le système de vérité indépendante que je me suis tracé de tous les temps; aussi, loin de moi la pensée de choquer les personnes tout en voulant relever leurs erreurs! Un pinceau peut être vigoureux, mais s'il est retrempé dans les eaux du Léthé, il doit nécessairement affaiblir ses teintes. Le mien évitera soigneusement les extrêmes, c'est un moyen légal d'exprimer son opinion contre la malveillance d'un seul, sans achever la comparaison sur plusieurs.

LE NORMAND.

Lille, 3 octobre 1821.

Mademoiselle Le Normand, dont le talent divinatoire est connu de toute l'Europe, vient d'arriver en cette ville. Délivrée heureusement du procès ridicule qu'on lui a intenté en Belgique, et rendue à la liberté que la justice néerlandaise lui avait si incivilement ravie, elle peut enfin se livrer sans crainte à l'exercice de l'art où elle excelle, et jouir en paix de toutes les prérogatives de son sexe et de son talent.

Elle est descendue à l'hôtel du Commerce, rue Esquermoise.

(Extrait de l'Echo du Nord.)

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PROCÉDURE.

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PLAINTE rendue par M. Bourgeois, procureur du roi du tribunal de première instance à Bruxelles, en date du 13 avril 1821; elle porte en substance « qu'attendu qu'il paraîtrait prouvé que la demoiselle Le Normand a reçu deux cents francs de la dame de Per**** de Malines, il faut informer contre elle.

Lettre de M. Bourgeois, procureur du roi, à M. le juge instructeur Greindl, où il dit: Il faut faire assigner un nommé Jean-Baptiste de Lan***; s'il se refuse à déposer, j'indiquerai des personnes qui déclareront ce qu'il a dit.

DÉPOSITIONS DES TÉMOINS.

Franç***, Jacq***, Ant*, Vand***, Nieuv***, Hey***, épouse de J***, H***, E***, Jh*** de Per***, âgée de vingt-six ans demeurant à Malines, logée actuellement à Bruxelles, montagne de la Cour, maison enseignée Répertoire des Arts, rentière, ni parente, ni alliée, ni servante des parties, laquelle a déposée

comme suit :

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sœur

Que vendredi passé, 8 avril, à ce qu'elle croit pouvoir se rappeler, elle fut dans une maison située à Bruxelles, près la porte de Louvain, chez la demoiselle Le Normand qui occupe un quartier; qu'elle fut accompagnée par la demoiselle de Pro*** du sieur de Pro***, hôte de l'hôtel de Belle-Vue ; qu'il était alors vers six à sept heures du soir; qu'elle s'adressa d'abord à la demoiselle Le Normand, qui la conduisit dans un salon; que la demoiselle de Pro*** était restée dans une chambre, qu'elle déposante croit être la chambre à manger; qu'elle fit à la demoiselle Le Normand différentes questions qu'elle ne se rappelle

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