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grande quantité serait devenu la proie des animaux dévastateurs.

Voici la liste des principaux arbres dont il est à propos de stratifier les semences: le châtaignier, le marronnier d'Inde, l'amandier, le noyer, le noisetier, l'avelinier, le chêne, le hê. tre, le pêcher, l'abricotier, le prunier, le genévrier, l'aubépine, le buisson-ardent, le sorbier, l'azerolier, le néflier, le pommier, le poirier, le cognassier, l'olivier, le pistachier, le staphilée, le micocoulier, le magnolier, le frêne, le mûrier, l'if, le houx, le merisier, et toutes les autres semences un peu dures.

Pour la plus commode exploitation de la pépinière, on y trace des sentiers assez larges pour la traverser avec de petits banneaux, ou du moins avec des brouettes.

Au moyen d'un intervalle de quarante à cin. quante centimètres (quinze à vingt pouces), qu'on laisse entre chaque ligne d'arbres, les ouvriers peuvent serfouir et tailler partout commodément.

Il est indispensable de protéger par une bonne clôture la pépinière contre les incursions des animaux, même des lièvres et des lapins, qui coupent et écorcent le jeune plant. Il est aussi à propos d'y attirer les chats, ou d'y placer des souricières et autres petits piéges, pour détruire les mulots, qui pendant l'hiver rongent les racines tendres des jeunes arbres.

De tous les modes de multiplication des végétaux, et surtout de ceux qui doivent se développer fortement, acquérir de grandes dimensions et vivre longtemps, le meilleur est le semis; il faut réserver les autres modes, qui sont plus expéditifs, pour les arbustes d'agrément et les arbres de peu d'importance.

Les graines qui d'elles-mêmes, dans la saison convenable, tombent sur le sol, y trouvent ordinairement de l'humus, des feuillages desséchés, des débris de rameaux décomposés et des pierres qui leur procurent un abri, une stratification naturelle; leur germe, qui n'a pas eu le temps de se dessécher, se développe bien: ce semis naturel réussit presque toujours parfaitement. C'est d'après ces sortes d'indications qu'il faut se diriger. En effet, les meilleurs ensemencements d'arbres seraient ceux que l'on ferait avec de bonnes graines trèsmûres, peu de temps après qu'elles ont été recueillies; mais la crainte de les voir dévorer pendant l'hiver force de différer leur emploi jusqu'au printemps. En effet, à cette époque, la germination commence, et les animaux qui attaqueraient les graines se procurent déjà plusieurs espèces d'aliments qui les attirent loin des semis on est donc alors exposé à moins de pertes. C'est pour conserver pendant l'hiver les graines en bon état, pour empêcher les germes de se raccornir et de se dessécher,

et pour imiter ce qu'eût fait la nature, que l'on a recours à la stratification, que nous avons prescrite plus haut.

Les menues graines se sèment à la volée ou en rayons éloignés de quinze centimètres (six pouces), dans lesquels on promène la binelle ou petite houe à deux dents, afin de sarcler et d'ameublir la terre, qui doit être peu exposée à l'ardeur du soleil pour ces premiers semis, qu'à deux ans on transplante dans la pépinière proprement dite, à la distance de quinze à trente centimètres (six pouces à un pied), suivant la force que doit avoir le jeune arbre.

Les grosses graines qui ont été stratifiées, qui souvent même ont déjà commencé à ger mer, sont transportées avec précaution, à l'abri du soleil et du hâle, dans la pépinière, où on les établit comme les semis dont on vient de parler, et dans de petites rigoles ou rayons, profonds de cinq à huit centimètres (deux à trois pouces). Quelques pépiniéristes, pour abriter leurs jeunes plants, qui pourraient souffrir des grandes chaleurs, jettent dans la pépinière un demi-ensemencement d'avoine, que l'on coupe ou arrache avec précaution à l'époque de sa maturité.

On a remarqué que les plants sauvageons tirés des bois ou des haies, et les semences qui en proviennent, sont robustes et conservent plus purement aux greffes qu'on leur confie leur qualité et leur véritable espèce : c'est ce dont j'ai lien de douter d'après mes propres observations. Le doucin fournit les meilleurs sujets de pommier pour l'espalier et les demitiges. Les pommiers de paradis ne peuvent servir que pour recevoir la greffe des arbres nains. Le meilleur de tous est le paradis de Hollande. Le codling d'Angleterre admet trèsbien aussi la greffe des pommiers nains; mais les fruits qui en proviennent ont la chair molle et se conservent peu; aussi n'est-il véritablement convenable que pour les pommes d'été. Quant aux sauvageons, leur bois dur et serré les rend peu sujets au chancre, et les fruits qu'on en obtient ont en général la chair ferme, et par conséquent de longue garde.

Le cognassier, le saule, le peuplier, etc., viennent plus vite de boutures, et réussissent mieux que par tout autre procédé. On plante ces boutures couchées en rayons au mois de février; l'année suivante on rebotte, on recoupe les boutures rez-terre, et l'on ne conserve ensuite que le jet le plus vigoureux, pour en former une belle tige.

Aussitôt que les fruits, les noyaux ou pepins que l'on a semés, sont sortis de terre, il faut les sarcler avec adresse, afin de ne pas briser les germes, et pour que les herbes parasites ne les étouffent pas. Un serfouissage assez superficiel pour ne pas offenser les racines, et assez fréquent pour maintenir le sol

meuble et nettoyé d'herbes, ne peut que favoriser beaucoup l'accroissement des pépinières; plus le plant grandit, moins le serfouissage a besoin d'être répété.

Si, par hypothèse, le terrain consacré à la pépinière présente l'étendue d'un hectare (deux arpents), et que l'on y sème soit des glands, soit des faînes, soit des châtaignes, cet espace produira près de cent mille indivi dus, qui suffiraient, au moment de la transplantation, à garnir convenablement neuf hectares (près de vingt arpents) de massifs. En général, dans une pépinière d'un hectare, on sème trente hectolitres ( vingt setiers) de glands, d'où il peut résulter six cent mille petits chênes. A leur troisième année les jeunes plants suffiraient pour planter eu bons massifs plus de cinquante hectares (cent dix arpents) de terrain, où on les établit provisoirement à un mètre (trois pieds) de distance les uns des autres.

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Les plants destinés à peupler les parcs, quel. ques arbres forestiers qui dès leur première jeunesse exigent un grand espace se sèment à un mètre d'intervalle tout au plus dans ce cas l'arpent ne produira que dix à douze mil. liers de sujets. Au surplus, il est bon de semer plus dru, sauf à éclaircir successivement: par ce moyen, on perd moins de terrain, et le jeune plant se défend par son propre ombrage de l'ardeur des rayons du soleil. En tout ceci il faut veiller à ce que les jeunes arbres soient assez pressés pour qu'ils tendent à s'élever, mais aussi à ce qu'ils aient assez d'air circulant entre eux pour qu'ils croissent vite et se fortifient convenablement.

Lorsque l'on doit transplanter les sujets de Ja pépinière dans un bon terrain, on peut les placer en terre de bonne qualité, et même, pendant le mois de février, y étendre du terreau de curures, des marnes mûries par l'hiver, et même des fumiers consommés. Si au contraire le sol où le plant doit être établi à demeure est médiocre ou mauvais, il faut bien se garder d'amender la pépinière. En général, il convient que les arbres à transplanter proviennent d'un sol inférieur en qualité à celui qui les reçoit à demeure.

Au bout de deux à trois ans de semis on lève les plants de pommier, de poirier, d'acacia, d'orme et autres qui proviennent de me. nues graines, et on les plante au cordeau à trente centimètres ( un pied) de distance entre les individus, et à soixante centimètres ( deux pieds) entre les lignes ou rayons. Si ces jeunes arbres sont destinés à des terrains peu profonds, il faut leur raccourcir le pivot, afin de fortifier les racines latérales, qui nourriront l'arbre avec plus d'abondance, parce que, tracaut dans la bonne terre, elles se développent mieux, sont plus échauffées par le soleil, et

reçoivent plus pleinement les bienfaits des principaux météores.

Recommandons l'usage de planter en jauge ou rigole le jeune semis qui ne serait pas assez fort pour être mis en place, ou qui, étant d'un petit volume dans sa première jeunesse, finit par en acquérir un considérable au bout de trois ou quatre ans. Ce mode de plantation, qui économise l'emploi du terrain, consiste à creuser une rigole profonde de seize centimètres (six pouces), sur une largeur égale. Sur la paroi opposée à la suite du travail, on établit le jeune plant à une distance suffisante de huit à vingt centimètres ( trois à huit pouces), suivant son volume, et l'on remplit la première rigole, à mesure que l'on creuse la suivante, avec la terre qui en provient. Ces jeunes sujets acqnerront bientôt assez d'accroissement pour pouvoir, au bout de deux à quatre ans, être plantés dans la pépinière à une distance convenable.

Les diverses espèces d'arbres y seront distribuées de manière qu'elles ne puissent pas se nuire les plus grands seront au nord, et les plus petits au midi, en passant par degrés des premiers aux derniers; au moyen de cette disposition, tous les sujets seront bien aérés et jouiront du soleil. On consultera aussi le goût de ces végétaux: par exemple, les arbres verts, qui aiment le nord, y seront établis de manière que, surtout dans leur première jeunesse, ils reçoivent peu de soleil; les arbres les plus robustes et provenant d'espèces dès long temps acclimatées, seront placés à l'ouest. Les boutures et les marcottes, qui ont besoin de fraîcheur, occuperont le point le moins aride.

Peu de temps après la transplantation dans la pépinière, on jette au pied des jeunes sujets quelques débris de chaume, de paille, de bruyère ou de fougère cueillie sèche, ou de feuilles recueillies en automne et conservées pour cet emploi. On use du même procédé à la troisième année pour les gros semis, tels que châtaigniers, noyers, pêchers, etc. Ces abris, qui tiennent la terre fraîche et nette, économisent beaucoup le serfouissage, et contribuent à amender le terrain.

Toutefois, lorsque les mauvaises herbes parviennent à se faire jour, ou si la terre, naturellement disposée à se durcir, ne reste pas assez meuble, le pépiniériste s'arme d'une petite houe, et remue la superficie du terrain de ses rayons avec assez de ménagement pour ne pas attaquer les racines, n'enlever que les herbes et ne faire qu'ameublir la croûte du sol. Il est à propos de choisir pour cette opé ration, en mars on en avril, en septembre ou en octobre, un beau jour de temps sec, afin de ne pas pétrir sous les pieds la surface de la terre, afin aussi que les herbes arrachées se

dessèchent promptement, et ne puissent plus, s'enraciner de nouveau. Ce n'est même pas un soin inutile de les tirer avec un râteau de bois hors des rayons de la pépinière.

Au bout de deux ou trois ans de semis ou de transplantation, quand les sujets ont quinze millimètres (six à huit lignes) de circonférence, il faut, au mois de mars, les couper à la serpette, en bec de flûte, à vingt-cinq millimètres (un pouce ) au-dessus du sol. La racine ayant moins de bois à nourrir, et la séve montant par des canaux plus poreux, fait pousser de nouveaux jets plus largement nourris que leurs prédécesseurs, et formant une tige plus élancée, plus vigoureuse et plus belle; c'est ce qu'on appelle rebotter la pépinière. En juillet on visite les nouveaux jets, et l'on conserve le plus beau sur chaque pied; c'est celui qui formera l'arbre. Les autres jets devront être enlevés proprement à la serpette, et quinze jours après le pied sera butté un peu au-dessus des coupures qu'on lui a fait éprou ver. Toutefois, lorsque la pépinière renferme de jeunes sujets bien vigoureux et bien droits, il est inutile de les couper; ils feront d'euxmêmes de beaux arbres, et deviendront tels plus promptement. Le rebottage est surtout utile aux pommiers, aux poiriers, aux ormeaux, aux châtaigniers, aux acacias.

Quand les nouveaux jets sont parvenus à la hauteur d'un mètre ( environ trois pieds), toujours bien serfonis et nettoyés au printemps et en automne, on commence à tailler à la serpette les branches latérales gourmandes qui croissent le long de la tige, c'est-àdire celles qui sont très-fortes, qui forment des déviations et des bifurcations, parce que elles empêcheraient cette tige d'acquérir une belle direction perpendiculaire. On laisse subsister, ou tout au plus on rabat, ou bien on tord quelques petites branches qui arrêtent un peu de séve vers les parties inférieures de la tige, et s'opposent à ce qu'elle s'étiole et devienne grêle et chétive. Ce n'est qu'à la cinquième ou même à la sixième année, c'està-dire lorsqu'ils ont acquis huit à dix centimètres (trois à quatre pouces) de circonférence, que l'on nettoie entièrement le tronc de toutes ses petites branches. Les meilleurs arbres sont toujours ceux qui ont plus de grosseur au pied qu'au hant du tronc, et qui vont en diminuant insensiblement de leur base à leur cime.

L'époque de la greffe des arbres fruitiers dépend de la nature de cette opération : si on emploie la greffe en fente on attend que l'arbre ait acquis dix centimètres (quatre pouces) de circonférence à sa tête; si on se sert de l'écusson, on peut l'appliquer à de jeunes entes de deux à quatre ans.

Les plants les plus forts ayant été greffés,

puis enlevés un an après, les autres sujets, plus lents à croître, se trouvent éclaircis, reçoivent plus d'air, et s'élèvent avec plus de liberté à mesure qu'ils ont acquis de la force, on les traite comme les précédents.

Pour ne pas perdre l'emploi des éclaircis qui chaque année s'angmentent, on peut semer des pommes de terre, ou des haricots, ou des racines potagères dans ce terrain disponible, à moins qu'on n'ait le désir de continuer la pépinière : alors on couvre ces éclaircis de boutures de peupliers ou de nouveaux semis.

Les jeunes chênes et les arbres verts supportent difficilement la transplantation, pour peu que leurs racines aient éprouvé quelques ruptures, et qu'on ait été obligé d'y porter la serpette. Pour éviter ces inconvénients il faut les transplanter très-jeunes et sans laisser håler leurs racines, après les avoir arrachés avec beaucoup de précaution.

N'oublions pas de dire que lorqu'on est bien maître de son terrain et de son temps, on doit ou semer, ou stratifier dans le sable les fruits et les graines à peu près à l'époque de leur maturité : ceux surtout qui sont indigènes ou naturalisés, et se trouvent à proximité, doivent être mis en terre ou en sable, lorsque, bien mûrs, ils se détachent spontanément de l'arbre qui les produit, et qu'ils ont passé quelques jours à compléter et à perfectionner leur maturité, et même, pour les fruits à pulpe, à entrer en pourriture. Ainsi on semera au printemps les graines de l'orme, des pins, des sapins, des mélèzes, etc.; en été les noyaux des cerisiers, des pruniers, etc.; en automne, les fruits du hêtre, du châtaignier, du chêne; et à la fin de l'hiver les pepins des poires et des pommes tardives, dont les fruits n'ont mûri que pendant la mauvaise saison.

Les boutures, les marcottes et les drageons, font partie de la pépinière, et servent pour l'entretien de diverses espèces.

Les boutures courbées, presque couchées et placées à l'ombre dans un lieu frais et même un peu humide, réussissent généralement bien. Quelquefois il est à propos de les recéper ou rebotter vers la deuxième ou troisième année, si elles n'offrent pas un jet droit et vigoureux. Pour le mieux, on doit les placer en rigole, et non les établir au plantoir. Cette opération se fait en février ou en mars: fé. vrier, pour les terrains secs; mars, pour les terres humides et froides.

Les marcottes ont l'inconvénient de n'avoir que des racines latérales : comme elles manquent de pivot, elles ne sont bonnes que pour les terrains qui n'ont pas de fond. Toutefois, elles contribuent à multiplier quelques espèces rares, et dans un besoin pressant elles offrent

promptement des sujets sur lesquels on peut greffer et écussonner. Ces marcottes se font en pliant et assujettissant, avec un crochet de bois, un rejet ou une jeune branche dont on recouvre de bonne terre une partie de la base, afin que cette partie pousse des racines.

Dès le mois de mars on peut marcotter, ainsi que pendant la durée du printemps : plus tard, les rameaux n'auraient pas le temps de s'enraciner assez pour être sevrés et mis en pépinière à la fin de l'année ou après l'hiver. Daus le courant d'octobre ou dans les premiers jours de novembre, au plus tard, on visite les marcottes, en écartant la terre avec précaution, et si elles offrent assez de racines, on peut les transplanter mais si les racines de la marcotte ne sont pas assez vigoureuses, on la laisse encore un an avant de la déplacer.

Le provignage est une sorte de marcottage, puisque il consiste à ployer les rameaux vers le sol, à les y fixer dans une fossette faite exprès, à les recouvrir de bonne terre pressée, en laissant à l'air l'extrémité de la branche dont on coupe la pointe.

Il est quelques arbres dont les branches ne se prêtent qu'avec peine à l'enracinement: on les détermine à jeter du chevelu et des racines, soit en leur faisant une incision horizontale, qui coupe le dessous du rameau jusque au milieu de son diamètre, comme on opère pour les œillets, soit en liant avec un cordonnet ciré le point où l'on désire que la séve, arrêtée dans sa marche, forme des mamelons d'où sortiront les jeunes racines. Pour être plus certain du succès, on serre en spirale le cordonnet autour de la branche, dans, une Jongueur de 50 millimètres (près de 2 pouces).

Outre les méthodes décrites ci-dessus, on peut encore marcotter les arbres en faisant passer une petite branche par le trou du fond d'un pot qu'on remplit de bonne terre, et que l'on assujettit, soit au tronc de l'arbre, soit dans son voisinage, à un mur ou à une perche, selon les facilités du lieu. Après qu'on s'est assuré que la marcotte a produit de bonnes racines, on la coupe au-dessous du pot et on la met en place. Le meilleur mode d'arrosement dans cette circonstance est celui qui se tait ainsi : on établit auprès de la plante qu'on veut tenir fraîche un vase rempli d'eau, dans Jaquelle plonge une extrémité d'une cordelette ou d'une lisière de laine dont l'autre bout va se rendre au point que l'on désire maintenir humide. En tous cas, un bourrelet, formé à la branche dont on veut faire une marcotte, ou un provin, ou même une simple houture, contribue beaucoup à son prompt enracinement. Pour cet effet on enlève, en mai, autour d'un rameau un anneau d'écorce de la largeur de 10 à 12 millimètres (5 lignes

au plus). Cet anneau emportera à la fois l'épiderme, le parenchyme et le liber, c'est-àdire l'écorce jusqu'au bois. Le liber intercepté ne tardera pas à se rejoindre; la séve s'y accumulera, et formera un bourrelet, dont les mamelons donneront facilement et promptement naissance à des racines, aussitôt que ce bourrelet se trouvera au printemps suivant, soit recouvert de terre, soit planté comme nous avons dit plus haut. Si le bois est dur et l'écorce mince, on peut laisser à l'air la plaie que l'on a faite : on recouvrira au contraire cette incision si le bois est tendre et l'écorce épaisse.

On compte sept modes principaux de boutures: 1o le rameau ou branche d'un an, qui est propre aux plants de serre et d'orangerie; 2o le bois de deux ans, c'est-à-dire la branche composée de deux pousses, dout on fiche en terre la plus âgée; 3o le talon : c'est le bois de deux ans, dont on ne réserve que le nœud, qui mis en terre formera bourrelet, et poussera des racines pour faire végéter le jeune rameau resté à l'air; 4o le plançon ou plantard, long de 3 mètres ( 9 pieds environ ), que l'on enfonce dans un trou fait avec un pieu ou le piquet de fer; 5o la ramée, qui est une branche garnie de ses rameaux, et qui réussira dans les marécages, les fossés et sur les bords des ruisseaux ou des rivières; 6o le bourrelet, obtenu soit par incision circulaire, soit par ligature ou étranglement; 7° les crossettes, longues de 40 centimètres (15 pouces), composées surtout de bois d'un an et d'un talon âgé de deux années, qui ne formera que le quart de cette sorte de bouture.

Par une conséquence très-juste du principe des assolements, il est bon de ne pas remplacer dans une pépinière les arbres qu'on en extrait par d'autres de la même espèce. Il est même utile de défoncer de nouveau le terrain afin de l'ameublir et d'en extirper ce qui y reste de grosses racines, dont quelques-unes auraient l'inconvénient de repousser et de former des buissons nuisibles au milieu des nouveaux semis.

Les drageons ont quelque rapport avec les marcottes ce sont des rejetons qui naissent des racines d'un arbre. On les enlève comme les marcottes reprises, pour les planter de même.

Voici quelles sont les variétés d'arbres des pépinières les plus propres à former des entes pour recevoir la greffe de certains autres :

Les amandes amères à coque tendre produisent des sujets sur lesquels on écussonne le pêcher, le prunier, l'abricotier, et l'amandier à fruits doux. Le prunier provenu de noyaux ou même de drageons de l'espèce de Damas ou de Sainte-Catherine admet la greffe et l'écusson des quatre arbres fruitiers que nous venons de nommer. Les cerisiers pros

pèrent sur le merisier, sur le cerisier venu de noyaux ou de drageons, et sur le mahaleb ou arbre de Sainte-Lucie. Le cognassier est propre à recevoir le cognassier de Portugal, le poirier et même le pommier : l'écusson y réussit mieux que la greffe en fente. L'aubépine admet la greffe du néflier et du poirier.

Indiquer les travaux qu'il convient de faire pour créer, diriger et cultiver les pépinières, c'est tracer les obligations du pépiniériste, qui doit connaître l'horticulture, l'agriculture, et surtout les principes de la physiologie végétale. Actif, alerte, adroit, il joindra à ces indispensables qualités l'intelligence et la force : car quelques travaux exigent un homme robuste, puisqu'il faut travailler en plein air, même à quelques époques de l'hiver; d'autres opérations, telles que la greffe, veulent une main légère; quelques autres ont besoin de discernement pour être faites comme il convient. Dans la pépinière surtout on peut dire : Et l'art, quand il fait bien, fait mieux que la nature. Et. Calvel, Traité complet sur les Pepinières ;3o éd., Paris, 1831, 3 vol. in-12.

LOUIS DUBOIS.

PERCHE. Voyez POISSONS. PERDRIX. Voyez OISEAUX. PERGAME, (Histoire.) Pergame était une ville de l'Asie Mineure, située dans la Mysie. Elle était bâtie dans une position heureuse, sur une montagne dont le pied est baigné par un fleuve. Remontant à une haute antiquité, elle resta longtemps peu importante; ce ne fut qu'en 283 avant Jésus-Christ, c'est-à-dire pendant les guerres qui suivirent la mort d'Alexandre, qu'elle commença à jouer un rôle brillant dans l'histoire du monde.

Séleucus faisait la guerre à Lysimaque ; Philétère, lieutenant de ce dernier, avait été chargé par lui de garder une partie de ses trésors dans la citadelle de Pergame. Il profita des embarras de son maître pour l'abandonner et se déclarer indépendant. Ainsi fut fondé le royaume de Pergame, qui se composait de la ville de ce nom et de son territoire.

Lysimaque ayant été vaincu par Séleucus, Philétère échappa au premier danger qui le menaçait, la vengeance de son ancien maître; mais il avait encore beaucoup à redouter du roi de Syrie lui-même, qui, s'étant déclaré d'abord son protecteur, pouvait être tenté de réunir le royaume naissant à ses vastes possessions. Ce péril disparut encore par la mort de Séleucus, qui fut assassiné par Ptolémée Céraunus, et dont le successeur Antiochus, retenu d'ailleurs par ses propres embarras, traita Philétère avec bienveillance. Celui-ci mourut après être resté vingt ans maître paisible de Pergame.

263. Eumène, son neveu, lui succéda. Mais

des dangers nouveaux et plus pressants détruisirent sous son règne la paix que Philétère avait su conserver. Il lui fallut repousser, les armes à la main, les tentatives d'Antiochus, qui s'alarmait de ce nouvel État, croissant peu à peu et sans bruit. Eumène ne pouvait résister avec ses propres forces à son puissant ennemi; heureusement il avait su mettre dans ses intérêts tous les princes voisins, qui redoutaient également la puissance des Séleucides. En outre, il eut recours aux anciens trésors de Lysimaque, pour acheter une nombreuse armée de mercenaires. Il marcha avec elle contre Antiochus, le combattit près de Sardes, remporta la victoire, et s'empara de toute l'Éolide.

241. Attale ler ne fut pas moins heureux que son prédécesseur, bien qu'il eût à combattre un ennemi plus redoutable encore. Les Galates, introduits dans l'Asie Mineure par le roi de Bithynie, étant venus attaquer les possessions du roi de Pergame, il marcha contre eux, et remporta une importante victoire. La puissance de Pergame prit de telles proportions pendant le règne long et habile d'Attale, qu'il vit rechercher son alliance par le roi de Syrie et par la république romaine. Il aida Antiochus le Grand à réprimer la révolte d'A chæus, et les Romains à combattre Philippe, roi de Macédoine. Lorsque Rome déclara la guerre à ce prince (200), Attale, de concert avec les Rhodiens, opéra contre lui une importante diversion. Attale Ier mourat à l'âge de soixante-douze ans, après en avoir régné quarante-quatre, pendant lesquels il accrut de beaucoup l'importance des États que lui avaient légués ses prédécesseurs.

197. Eumène II, son fils, hérita de son royaume, et aussi de son habileté politique. La première preuve qu'il en douna fut de refuser l'alliance d'Antiochus III, qui lui offrait la main de sa fille. Eumène prévoyait une lutte imminente entre Rome et la Syrie, et il craignait d'être enveloppé dans la ruine d'Antiochus. Cette lutte eut lieu en effet; Eumène prit parti pour les Romains, auxquels il rendit d'importants services, et qui l'en récompensèrent en lui cédant toutes les possessions qui avaient appartenu au roi de Syrie au delà du mont Taurus. En conséquence, le royaume de Pergame s'agrandit de la Phrygie, de la Mysie, de la Lycaonie, de la Lydie, de l'Ionie, et d'un partie de la Carie. Rome mit le comble à ses bienfaits en défendant Eumène contre Prusias, roi de Bithynie, qui, aidé des conseils d'Annibal, réfugié chez lui, avait battu à plusieurs reprises les troupes et les flottes d'Eumène, et aussi contre Pharnace, roi de Pont. Eumène s'en montra reconnaissant: il alla à Rome exprès pour avertir le sénat des secrets préparatifs que faisait Persée, roi de Macédoine. Celui-ci s'en vengea en le faisant atta

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