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ser sous silence. On ne l'a encore trouvée que dans les environs de Villa-Rica, au Brésil, dans des schistes qui appartiennent, aux dernières séries de la formation granitique.

PIERRES TENDRES. Les substances dont nous allons nous occuper n'étant point assez dures pour rayer le cristal de roche doivent être considérées comme pierres tendres.

Tourmaline. Quoique peu estimée, cette pierre obtient fréquemment les honneurs de la monture. Elle prend différents noms, suivant ses couleurs : la noire est appelée schorl❘ électrique par le lapidaire; la verte se vend sous le nom d'émeraude du Brésil; celle d'un vert jaunâtre reçoit celui de peridot de Ceylan; celle d'un bleu verdâtre, celui de saphir du Brésil; enfin la cramoisie, celui de sibérite, parce quelle nous vient de Sibérie. Cette dernière imite quelquefois le rubis à s'y inéprendre; et la verte, que l'on recueille au mont Saint-Gothard, a tout à fait l'aspect de l'aigue-marine. Presque toutes ces variétés se trouvent dans les diverses séries de la forma tion granitique.

Cordiérite. Connue dans le commerce sous le nom de saphir d'eau, la cordiérite est rarement employée sa couleur est d'un bleu violâtre. La roche dans laquelle on la trouve près de Bodenmais, en Bavière, et du cap de Gate, en Espagne, est le micaschiste.

Péridot. Connue des lapidaires français sous le nom de chrysolithe, et des allemands sous celui d'olivine, cette pierre est d'un jaune verdâtre ou d'un jaune pâle mêlé d'une teinte verte; elle n'est pas assez dure pour conserver un beau poli, ce qui explique pourquoi elle est peu estimée. On la trouve ordinairement dans les roches volcaniques.

Idocrase. Cette pierre se trouve dans les laves; l'hyacinthe du Vésuve est une idocrase; on en trouve aussi dans les monts Oural et en Hongrie, probablement au milieu de roches d'origine ignée, quoiqu'on les ait considérées comme des micaschistes.

Épidote. Cette pierre, qui pourrait être utilisée en bijouterie aussi bien que l'idocrase et le péridot, est cependant rarement employée. Peu transparente, sa couleur est d'un vert-olive foncé. Elle est très-répandue dans les roches appartenant aux terrains primitifs.

Disthène. Souvent bleu, quelquefois blan⚫ châtre ou jaunâtre, mais doué d'un éclat na. cré qui lui donne des reflets agréables, le disthène est l'une des pierres tendres qui méritent le plus d'être montées en bijoux. Malgré son peu de dureté, il reçoit un assez beau poli; la variété bleue est quelquefois taillée en cabochons, que l'on vend sous le nom de saphir. Le disthène se trouve fréquemment en Europe et au Brésil, dans les roches schisteuses de la série granitique.

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Hypersthène. Cette substance n'a peut-être encore été employée en objets d'ornement qu'au Labrador, où on la trouve. Elle est peu connue des lapidaires. Son beau poli, ses reflets jaunâtres et métalliques, devraient engager les bijoutiers à en faire usage. Jusqu'à présent on l'a trouvée dans des roches appartenant au dernier échelon de la formation primitive, ou dans les plus anciennes de la formation suivante.

Axinite. Quoique cette pierre ne soit pas employée en bijouterie, comme elle ressemble lorsqu'elle est polie à quelques variétés de spinelle, il nous semble utile de la comprendre dans cette nomenclature. Elle est trèscommune dans les montagnes du Dauphiné; elle se montre dans les veines qui traversent certaines roches granitiques.

Diallage. Cette substance agréable à l'œil par son chatoiement, et quelquefois par ses reflets métalliques, qui ont valu le nom de bronzite à l'une de ses variétés, n'est pas non plus employée en bijouterie. Elle se trouve disséminée irrégulièrement dans des roches de serpentine.

Turquoise. On connaît la vogue dont jouit depuis longtemps cette pierre, que plusieurs minéralogistes appellent calaite. Les lapidaires distinguent deux sortes de turquoises, d'un bleu à peu près semblable, mais d'une dureté bien différente. L'une, qui raye le verre, est inattaquable par les acides; l'autre ne peut résister à l'acide nitrique. La première est connue sous le nom de turquoise de vieille roche, et la seconde sous celui de turquoise de nouvelle roche. C'est à la première seulement qu'appartient la dénomination de calaïte; elle peut être classée avec raison parmi les gemmes opaques, malgré ce qu'en ont dit Haüy et M. Brard son abréviateur. Il paraît certain que la seconde n'ets due qu'à des parties osseuses d'animaux fossiles, colorés par quelque oxyde de fer ou de cuivre. La calaïte, ou la turquoise de vieille roche, présente sou. vent différentes nuances: tantôt un beau bleu de ciel, d'autres fois un bleu verdâtre. Suivant quelques auteurs, au nombre desquels il faut citer Haüy, la turquoise de vieille roche est inaltérable, tandis que celle de nouvelle roche perd quelquefois sa couleur ; mais nous nous sommes assuré que cette altération, qui n'aurait rien d'extraordinaire dans des ossements colorés en bleu, attaque aussi la calaïte. La véritable turquoise est employée en bijou. terie dès la plus haute antiquité; on peut voir dans le Musée Charles X des colliers égyp. tiens ornés de ces pierres, qui, malgré une antiquité de deux à trois mille ans, ont conservé leur belle teinte bleue. Cette pierre est beaucoup plus connue par l'emploi qu'on en fait que par son gisement géologique : on 25

sait seulement qu'on la recueille dans le Khorassan, en Perse; et ce qui empêche de la confondre avec des ossements qui auraient pu être pétrifiés, c'est qu'elle forme des veines et des filons dans la matière terreuse qui lui sert de gangue. Nous possédons plusieurs échantillons qui présentent cette disposition. Quant aux ossements fossiles colorés, il est possible qu'on en trouve en Perse; mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'on en a souvent recueilli en Bo. hême, en Silésie, en Suisse, en Espagne et en France.

Lapis. Cette substance, d'un beau bleu, souvent veinée du sulfure de fer, et plus estimée quand elle n'en renferme pas, est employée en bijoux et en objets d'ornement et de luxe. On la trouve en Perse, en Natolie, en Boukharie, en Chine, et en Sibérie, dans les environs du lac Baïcal. On croit qu'elle forme des filons dans une roche granitique.

Feld-spath. Plusieurs variétés de cette substance peuvent être rangées parmi les pierres précieuses : ce sont le feld-spath nacré, le feld-spath opalin, le feld-spath vert, et le feld-spath bleu. Ils sont partie constituante de toutes les roches primitives.

Le feld-spath nacré est connu en bijouterie sous les noms de pierre de lune, d'argentine, d'œil de poisson, etc. On le taille en cabochon.

Le feld-spath opalin, auquel on a donné le nom de pierre de Labrador, parce que c'est au Groenland, sur la côte de Labrador, qu'il fut d'abord trouvé, se fait remarquer par des reflets irisés sur un fond gris sombre. On l'emploie à faire des tabatières et d'autres bijoux.

Le feld-spath vert, connu sous le nom de pierre des Amazones, est assez recherché dans la bijouterie, lorsque sa uuance approche de la couleur de vert-de-gris: quelquefois il est parsemé de petits points blancs, qui lui donnent un brillant aventuriné. Les premiers échantillons furent découverts sur les bords du fleuve des Amazones; mais on en trouve aussi beaucoup dans la chaîne de l'Oural.

Le feld-spath bleu céleste offre des reflets argentins. Cette variété, assez rare, est susceptible de faire de très-jolis bijoux. On la trouve en Styrie.

Quartz hyalin. Cette substance prend le nom de cristal de roche quand elle est transparente; lorsqu'elle n'est que translucide on la distingue encore par diverses dénominations. Seş variétés de couleur et de transparence sont utilisées par le lapidaire.

Le quartz hyalin violet est recherché et employé très-fréquemment en bijouterie, où on le connaît sous le nom d'améthyste. La Sibérie fournit les plus estimées.

Le quartz hyalin rose a reçu le nom de prime de rubis.

Le quartz hyalin bleu est le saphir d'eau des lapidaires. Il est généralement plus dur que le quartz blanc, et conséquemment susceptible de prendre un plus beau poli.

Le quartz hyalin jaune a reçu le nom de topaze orientale.

Le quartz hyalin enfumé, improprement appelé diamant d'Alençon, a été appelé aussi topaze enfumée.

Le quartz hyalin rouge est connu sous le nom de hyacinthe de Compostelle.

Le quartz hyalin girasol est l'astérie des lapidaires; il est d'un blanc bleuâtre, légèrement laiteux, et d'un aspect un peu gras. Son nom lui vient des reflets qu'il présente lorsqu'on le fait mouvoir aux rayons du soleil.

Le quartz hyalin chatoyant est remarquable par ses reflets, qui sont dus aux filaments d'asbeste qu'il contient, et qui lui font mériter le nom d'œil de chat lorsqu'il est poli et taillé en cabochon.

Le quartz hyalin aventuriné, plus connu sous le nom d'aventurine, est composé de lamelles qui lui donnent un reflet particulier.

Le quartz hyalin vert, faussement appelé prase, est moins transparent que les autres variétés.

Quartz agate. Cette substance, de la même nature chimique que la précédente, se distingue par les diverses dénominations que nous allons rappeler.

L'agate, tantôt rubanée, tantôt appelée onix, parce qu'elle offre des bandes circulaires ou parallèles, d'autres fois appelée herborisée, parce que des infiltrations métalliques y figurent des plantes, est fréquemment employée en bijouterie. Les agates xiloïdes, ou bois aga. tisé, sont souvent recherchées, surtout si elles appartiennent au palmier.

La calcédoine, agate qui varie du blanc laiteux au blanc rosâtre et bleuâtre, est plutôt employée en camées qu'en plaques unies.

La sardoine, ordinairement d'une teinte rougeâtre, mais plus souvent orangée, est employée comme la précédente. Il en est de même de la cornaline, que l'on reconnaît à sa belle couleur rouge.

La prase, appelée aussi chrysopras, doit sa couleur vert pomme à l'oxyde de nickel; elle prend un assez beau poli.

Le cacholon, qui a la singulière propriété de happer à la langue, est d'un blanc mat et d'un aspect gras et luisant. Les lapidaires le taillent en cabochon.

L'hydrophane, qui ressemble à la variété précédente, à l'exception qu'elle est quelquefois colorée, ne happe point à la langue; mais. sa translucidité se change en transparence lorsqu'on la plonge dans l'eau; elle y devient quelquefois irisée, et perd cette propriété en séchant.

Valeur des pierres précieuses. Lorsque le diamant est d'une limpidité parfaite, qu'il ne présente ni taches ni fêlures, sa valeur est toujours très élevée, et augmente en raison de son volume. Le diamant brut, qui par sa couleur et ses taches ne peut servir qu'à être broyé pour former la poudre nommée égrisée, qui sert à tailler et à polir le diamant, et à graver les autres pierres, se vend environ 30 fr. le karat ou les quatre grains: ceux qui sont, au contraire, susceptibles d'être taillés valent 48 fr. le karat ; mais lorsqu'ils dépassent individuellement ce poids, leur valeur s'estime par le carré de leur poids multiplié par le prix que nous venons d'indiquer ; c'est-à-dire qu'un diamant de trois karats donnera pour le produit de son carré 9 à multiplier par 48: ainsi, d'après cette règle, il vaudra 432 fr. Mais si ce calcul a pu être généralisé par l'usage, relativement au diamant brut, il n'en est pas de même lorsqu'il est taillé par exemple, un brillant d'un karat peut valoir de 200 à 280 fr., lorsqu'il est très-beau, tandis qu'une pierre de deux karats vandra au delà de 800 fr.; une de trois karats, 1,700 à 2,000 fr.; une de quatre karats, 2,400 à plus de 3,000 fr., et qu'enfin une pierre de cinq karats variera de valeur suivant les demandes du commerce, puisqu'elle peut aller de 4,300 à 6,000 fr. On a cependant cherché à établir pour le diamant taillé une base d'estimation comme pour le diamant brut on évalue, par exemple, le prix du karat à 192 fr., et la pierre qui dépasse un karat, au carré de son poids multiplié par ce prix; mais celte estimation est loin d'être exacte, puisque l'on sait qu'un brillant de quarante-neuf karats, qui d'après cette règle aurait dû valoir 460,992 fr., a été vendu 760,000 fr. au pacha d'Égypte.

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Les diamants de six karats d'après l'estimation ci-dessus, que nous prendrons provisoirement pour base, sont donc déjà des pierres d'une valeur importante ; ceux de vingt karats et au-dessus passent pour rares, et l'on n'en connaît qu'un petit nombre d'un poids au-dessus de cent karats.

Nous allons donner la liste des plus beaux diamants connus, avec l'estimation de leur valeur d'après leur poids.

Celui du raja de Matun, à Bornéo, pèse plus de trois cents karats (plus de deux onces). D'après ce poids, il vaudrait au moins 17,280,000 fr.

Celui de l'empereur du Mogol père 279 karats; valeur, 14,926,272 fr.

Celui de l'empereur de Russie pèse cent quatre-vingt-treize karats, valeur 7,151,808 fr.

Celui de l'empereur d'Autriche pèse cent trente-neuf karats; valeur, 3,096,632 fr.; mais comme il est d'une teinte jaunâtre et taillé en rose, il n'est estimé que 2,600,000 fr.

Le régent, diamant qui appartient à la France, est plus parfait que tous les précédents; il pesait quatre cent dix karats avant d'être taillé, ce qui a demandé deux années de travail. Son poids est de cent trentesix karats; sa valeur serait de 3,551,232 fr.; il a été acheté par le duc d'Orléans, régent, 2,252,000 fr., et il est estimé environ 5,000,000 fr.

Matières et instruments employés dans la taille des pierres précieuses. On se sert pour tailler et polir les pierres de moulins dont l'ouvrier fait mouvoir d'une main la grande roue, pendant que de l'autre il appuie l'objet qu'il veut tailler ou polir contre une petite roue mise en mouvement par la première, au moyen d'une corde qui fait tourner le pivot qui la supporte. Dans ces machines, les roues sont tantôt horizontales et tantôt verticales, selon qu'il s'agit de tailler, de creuser ou de scier les pierres plus ou moins dures; mais en général elles diffèrent peu dans les parties les plus essentielles de leur mécanisme. Les roues qu'on y adapte sont ordinairement de quatre matières différentes: de bois pour polir les pierres dures; de plomb pour les pierres fines, excepté le diamant; d'étain pour le lapis, la turquoise, et autres substances de moyenne dureté; enfin de cuivre rouge pour polir et tailler à facettes les gemmes les plus dures. A l'exception du diamant, qui ne peut être attaqué que par la poudre du diamant même, on se sert pour polir les autres pierres du tripoli ou poussière du schiste qui a éprouvé l'action des feux volcaniques, de la pierre-ponce, qui n'est elle-même qu'un verre volcanique ; de l'émeri, poussière que l'on obtient du corindon, de la potée d'étain et du rouge d'Angleterre, qui sont des oxydes d'étain et de fer.

Les machines pour tailler, creuser et polir les agathes diffèrent de celles qui servent à travailler les gemmes; c'est à Oberstein, industrieux bourg de la principauté de Birken: feld, que l'on est parvenu, en simplifiant les machines, à fournir à très-bas prix des agates taillées pour toutes sortes d'usage. Le moulin dont on se sert se compose d'un arbre portant plusieurs grandes meules, qu'un cours d'eau fait mouvoir, au moyen d'une grande roue et de plusieurs roues d'engrenage; un ouvrier, couché à plat ventre sur une planche horizon. tale, appuie fortement, à l'aide d'un bâton court, l'agate sur la meule, qui tourne rapidement, et qu'un filet d'eau humecte sans cesse. Ces meules sont faites d'un grès rouge fort dur; on a soin de pratiquer sur leur épaisseur des cannelures, qui, ainsi que les angles, sont employées avec beaucoup de dextérité par l'ouvrier pour exécuter des ouvrages délicats ou compliqués. Les deux extrémités

de l'arbre qui porte les meules font mouvoir, à l'aide de fortes lanières, des roues et des cylindres en bois tendre que l'on enduit d'une espèce d'argile qui n'est que du feld-spath décomposé, et au moyen desquels on donne le poli et le fini aux ouvrages. Ce sont ordinairement des femmes qui sont chargées de ce soin.

Tailler et polir les pierres fines n'est pour ainsi dire qu'un métier; mais les graver est un art qui exige tant de soins et de talent, que les modernes sont loin d'avoir surpassé les anciens sous ce rapport. Lorsque le graveur a donné à la pierre la forme qui convient au sujet qu'il veut représenter, il esquisse ce sujet à la surface, à l'aide d'une pointe de cuivre ou de diamant; il l'assujettit ensuite sur une poignée en bois, pour faciliter le moyen de la tenir commodément dans toutes les positions convenables; puis il se sert d'un tour formé d'une table, sous laquelle une roue fait mouvoir, au moyen d'une corde, une chape montée sur la table, et soutenant un étui dans lequel il fixe tour à tour les divers instruments en acier propres à attaquer la pierre.

Pierres fausses. L'amour du luxe et de la parure, qui s'est répandu dans toutes les classes, a tellement servi à faire perfectionner l'art d'imiter les pierres fines, que dans les contrées d'où l'Europe tire celles-ci elle expédie en grande quantité des pierres fausses. La France a porté si loin ce genre d'imitation, que l'œil le plus exercé a souvent de la peine à reconnaître ces pierres, surtout lorsqu'elles sont dans leur fraîcheur. Le vert coloré en bleu par l'oxyde de cobalt, en vert par celui de chrome ou celui de cuivre, en violet ou en rouge par les oxydes de manganèse, de fer et d'or, en jaune par un excès de carbone, sert, ainsi que d'autres combinaisons, à imiter toutes les pierres colorées, et même le diamant. Cependant l'art ne peut aller jusqu'à donner à ces imitations la pesanteur spécifique des pierres qu'elles représentent, non plus que la dureté de celles-ci. Toutes les pierres fausses se laissent entamer par une pointe d'acier; d'ailleurs, il est très-rare qu'elles ne montrent pas dans leur intérieur les petites vésicules rondes si fréquentes dans le verre. Le diamant faux, quelquefois si brillant, mais toujours fait avec un verre de plomb appelé strass, auquel on ne peut pas donner assez de dureté pour que son éclat puisse résister au frottement même du linge, est aussi très-facile à reconnaître, quand on ne s'en tient pas à la simple vue.

Quant aux pierres fausses opaques, telles que la turquoise, le lapis, etc., l'œil peut ai sément distinguer leur fausseté, parce qu'elles ont toujours, surtout dans leur cassure, cet

aspect vitreux que l'on ne peut enlever au verre, et que n'ont jamais les pierres naturelles. HUOT.

PIGEON. (Histoire naturelle.) Les ornithologistes ne sont pas encore d'accord aujour d'hui sur l'ordre dans lequel ils doivent ranger les pigeons; en effet, ees oiseaux ont à la fois des caractères propres aux passereaux et aux gallinacés; aussi les uns, avec Linné, en font-ils des passereaux, et les autres, avec G. Cuvier, des gallinacés. Une autre opinion a été émise, et semble plus raisonnable; elle consiste à créer avec les pigeons un ordre distinct, celui des sponsores de M. de Blainville, qui vient établir un passage sérial entre les passereaux et les gallinacés.

Quoi qu'il en soit, le genre PIGEON (columba de Linné), forme aujourd'hui une famille distincte, ayant pour caractères: Bec généralement faible, grêle, droit, comprimé latéralement, couvert à sa base d'une membrane, voûtée sur chacun de ses côtés, étroite en avant, à mandibule supérieure plus ou moins renflée vers le bout, crochue ou simplement inclinée à la pointe; narines oblongues, ouvertes vers le milieu du bec, percées dans une membrane qui forme une protubérance plus ou moins prononcée, plus ou moins molle; pieds marcheurs ; quatre doigts, trois devant, un derrière, celui-ci articulé au niveau des doigts antérieurs; ailes médiocres ou courtes.

Presque tous les pigeons sont granivores; quelques-uns seulement mêlent des baies à ce régime, et il en est certains qui se nourrissent d'insectes et de colimaçons; mais ce dernier fait est tout à fait exceptionnel. Les aliments sont ingérés dans un jabot ou sac membraneux très-extensible, et y subissent une macération qui rend la digestion plus facile; en outre, l'estomac, déjà très-musculeux par lui-même et susceptible par conséquent d'agir puissamment sur des substances alimentaires trèsdures, est encore aidé dans ses fonctions digestives par les petits cailloux dont presque tous les granivores non triturateurs ont la précaution d'emplir leur gésier, dans l'intention sans doute d'accélérer la décomposition des aliments, par l'action immédiate qu'ils exercent sur eux. Il est à peu près certain que ces oiseaux, dans l'état de nature, ne doivent contracter qu'une union, à moins d'accident funeste arrivé à l'un des deux individus, et qui force l'autre à chercher un nouveau compagnon. Vers la fin de l'été, après les nichées et l'éducation des jeunes, les pigeons se réunissent en troupes nombreuses, soit pour aller chercher ensemble des climats qui puissent leur offrir une température et une nourriture convenables, soit pour errer dans les bois et

les champs voisins des lieux qui les ont vus naître. Ces sociétés nombreuses ne se dissolvent qu'au printemps. Alors les couples se forment, se séparent de la troupe, et vont se cantonner dans des lieux convenables à leur reproduction. Le nid est toujours informe, presque plat et assez large pour contenir le mâle et la femelle; il est placé tantôt sur les arbres les plus élevés, tantôt sur de jeunes taillis, tantôt enfin dans des crevasses de rocher, ou même dans les trous poudreux des ruines et des vieux bâtiments. La ponte n'est que de deux œufs, et dans le plus grand nom. bre de cas ces œufs produisent un mâle et une femelle; mais ce fait n'est pas général, et nous avons été à même d'observer le contraire. Le mâle et la femelle partagent le soin de l'incubation et de l'éducation des petits, et ceuxci sont longtemps nourris dans le nid. Le premier aliment qu'ils reçoivent est une sorte de bouillie, qui est en partie un produit sécrété par les cryptes muqueuses qui criblent la face interne des parois de l'œsophage, au moment où cet organe se dilate pour former le jabot. Les pigeons ont une manière toute particulière de donner la becquée à leurs petits; ces derniers, au lieu d'ouvrir largement le bec, ainsi que le font presque tous les jeunes oiseaux élevés dans un nid, afin de recevoir leur nourriture, l'introduisent en entier dans celui de leurs parents, et l'y tiennent légèrement entr'ouvert; de cette façon, ils saisissent les matières à moitié digérées que les nourriciers, par un mouvement convulsif, qui semble pénible, chassent de leur jabot : cette opération est toujours accompagnée d'un tremblement rapide des ailes et du corps. Les pigeonneaux n'abandonnent le nid que fort tard, et seulement lorsqu'ils essayent de saisir eux-mêmes leur nourriture. On connaît le cri rauque qu'ils font entendre souvent. Buffon a vu dans les pigeons le modèle de presque toutes les vertus domestiques et sociales; et il en fait un tableau magnifique, ainsi qu'on peut le voir dans son Histoire Naturelle générale et particulière; malheureusement il n'en est pas tout à fait ainsi de leur fidélité; leurs soins à toute épreuve ne sont pas toujours constants: l'erreur de Buffon provient principalement de ce qu'il a étudié ces animaux à l'état domestique, et qu'il n'a pas été observer leurs mœurs à l'état de nature. Les pigeons sont des animaux domestiques par excellence, et l'on sait qu'ils nous fournissent un bon aliment; en outre, une industrie, renouvelée des anciens, en a fait dans ces derniers temps des messagers rapides.

On trouve des pigeons dans toutes les parties du monde, et le nombre de leurs espèces est très-considérable. On a formé à leurs dépens un assez grand nombre de groupes génériques;

G. Cuvier n'y admet que trois subdivisions distinctes; nous suivrons cette classification, en y formant, toutefois, une quatrième subdivision, qui est admise généralement.

$ Ier. Les GOURAS (Lophyrus Viellot).

Bec à mandibule supérieure légèrement aplatie à son sommet et dépassant l'inférieure ; tarses nus, longs, robustes; ailes simples et convexes; tête surmontée d'une huppe.

La seule espèce de cette division est : Le PIGEON COURONNÉ OU GOURA (columba coronata Linné), qui est au moins deux fois aussi gros que notre pigeon ordinaire; son plumage est d'un beau bleu cendré, rembruni sur les pennes des ailes et de la queue; les couvertures supérieures des ailes sont d'un marron pourpré; un trait noir se remarque à travers l'œil; enfin la tête est ornée d'une belle huppe, composée de plumes à barbes désunies et un peu frisées.

Le goura est extrêmement commun à la Nouvelle-Guinée et dans plusieurs îles de l'archipel des Moluques. Il a été plusieurs fois apporté en Europe, et, il y a quelques années, on a pu en observer deux individus vivants à la ménagerie de notre Muséum.

§ II. Les COLOMBI-GALLINES Levaillant
(Verrulia Fleming).

Base de la mâchoire inférieure pourvue d'un barbillon charnu et rouge; tarses allongés, nus; ailes amples, arrondies; queue courte et pendante.

Parmi les espèces, assez nombreuses, de cette subdivision nous ne parlerons que de

La COLUMBI-GALLINE PROPREMENT DITE (COlumba carunculata Temminck), qui a la tête, le cou et la poitrine gris ardoisé; les scapulaires et couvertures des ailes d'un beau blanc ; les pieds rouge vineux; un barbillon nu et rouge pend sous son bec chez le mâle.

Cet oiseau niche à terre, dans un petit enfoncement recouvert de bûchettes et de quelques herbes sèches, sur lesquelles la femelle pond de six à huit œufs d'un blanc roux, que le mâle et la femelle couvent alternativement. Les petits, qui naissent couverts d'un duvet gris roussâtre, courent au sortir de la coque, et dès cet instant ils ne quittent plus le père et la mère, qui les mènent partout, en les rappelant sans cesse, et les couvrant de leurs ailes pour les réchauffer ou les préserver de l'ardeur du soleil; leur première nourriture est composée de nymphes de fourmis, d'insectes morts et de vers, que les parents montrent aux petits et que ceux-ci mangent seuls. Devenus plus forts, ils se nourrissent de toutes sortes de graines, de baies et d'insectes; quoiqu'ils aient acquis tout leur développement,

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