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ils ne se séparent par couple qu'au temps des amours.

Cette espèce habite les environs du cap de Bonne-Espérance.

§ III. Les COLOmbes ou Pigeons PROPREMENT DITS (Columba Linné).

Bec faible et grêle; pieds plus courts que dans les deux subdivisions précédentes.

On place dans cette subdivision une centaine d'espèces, et particulièrement toutes celles qui portent les noms vulgaires de pigeons et de tourterelles. Nous en citerons quelquesunes, telles que :

Le PIGEON RAMIER (columba palumbus Linné). Il est généralement d'un cendré plus ou moins bleuâtre, avec les côtés et le dessous du cou d'un vert doré changeant en bleu et en rougeâtre; la poitrine est d'un roux vineux, et du blanc se voit sur l'œil et les côtés du cou.

Ces oiseaux sont répandus dans toute l'Europe; les climats chauds et tempérés leur conviennent mieux que les pays septentrionaux. En France ils sont abondants en automne, et quelques-uns y restent même pendant l'hiver, ainsi qu'on a pu le reconnaître dans nos grands jardins de Paris. Cependant le plus grand nombre émigrent en octobre et en novembre, pour ne reparaître qu'en février. Ils habitent surtout nos grandes forêts, où ils se nourrissent de glands, de faînes, de toutes sortes de grains, des jeunes pousses des arbres, etc. Leurs nids sont faits sur les arbres très-élevés, et presque exclusivement par les måles. La ponte ne se compose que de deux œufs; l'incubation dure quatorze jours; pendant tout le temps de leur accroissement les petits reçoivent de leurs parents leur nourri ture, à des heures réglées : le matin vers huit heures, et le soir entre trois et quatre heures. Pris jeunes les ramiers peuvent se familiariser aisément; mais de nos jours on n'est pas parvenu à les faire multiplier en cap. tivité.

Le PIGEON COLOMBIN OU PETIT RAMIER (COlumba anus Linné). Tout son plumage est bleu cendré, avec les côtés du cou d'un vert chatoyant et la poitrine couleur de lie de vin; il n'a pas de blanc ni sur les côtés du cou ni sur les ailes, et, en outre, sur ces dernières existent deux taches noires.

Il habite les grandes forêts de l'Europe; on le rencontre dans la Sibérie occidentale, et il visite en hiver le nord de l'Afrique.

Le PIGEON BIZET Buffon (columba livida Linné). Tout son plumage est d'un bleu cendré; les côtés du cou sont d'un vert chatoyant; le croupion d'un blanc pur; il a deux bandes transverses noires sur les ailes.

Cette espèce, que tous les ornithologistes, à

l'exemple de Buffon, ont considérée comme la souche d'où découlent toutes nos races domestiques, existe rarement à l'état sauvage dans les contrées les plus peuplées de l'Europe, où elle vit, au contraire, dans une sorte de captivité volontaire, dans les demeures que l'homme lui élève et qu'on nomme colombiers. Néanmoins on trouve l'espèce dans un état complet de liberté, vivant au milieu des rochers qui lui servent d'asile, et se livrant, quand la saison l'y invite, aux migrations lointaines on la trouve surtout sur les côtes rocailleuses de l'Angleterre, de la Norvège, et du midi de l'Europe, à Ténériífe et dans diverses îles de la Méditerranée.

Ce pigeon vit de toute espèce de semences et de graines; il niche dans les lieux rocailleux, qu'il fréquente de préférence, dans les fentes des rochers, dans les trous des vieux édifices, etc.; il pond deux œufs entièrement blancs. Il émigre en octobre, et à cette époque on en voit arriver des bandes assez nombreuses dans les départements du midi de la France.

Nous venons de dire que notre pigeon de colombier avait pour souche le pigeon bizet. Ce fait est admis généralement; mais il est également probable qu'il y a eu croisement d'espèces, particulièrement avec le ramier, ainsi qu'avec certaines espèces de tourterelles. Dès lors, et surtout si l'on considère que les pigeons ont été rendus domestiques depuis la plus haute antiquité, on comprendra aisément comment il se fait que les races en soient aussi nombreuses, et que souvent elles se confondent les unes dans les autres. Les auteurs ne sont pas d'accord sur le nombre de races que l'on en doit admettre; suivant MM. Boitard et Corbié, qui ont fait sur ce sujet un traité important, il y en aurait vingt-quatre, que nous nous bornerons à nom. mer, l'espace ne nous permettant pas de les caractériser dans cette Encyclopédie; ces races portent les noms de pigeons bizets, mondains, patus, tambours, grosse-gorge ou roulants, lillois, maillés, cavaliers, bagadais, turcs, romains, miroités, nonnains, coquilles, hirondelles, carmes, polonais, à cravatte, volants, culbutants, tournants ou batteurs, heurtés, trembleurs ou paons, suisses. Ces races sont caractérisées par la forme générale et la disposition particulière de certains organes, par le système de coloration, etc.; selon les localités ou les climats, certaines races peuvent mieux réussir que d'autres dans certains pays plutôt que dans d'autres. Le croisement de ces nombreuses. races peut produire des variétés nombreuses. Ces oiseaux nous sont d'une grande utilité : aussi a-t-on étudié avec soin tous les points qui concernent leur conservation, la manière

d'améliorer leur race, les soins à leur donner, la nourriture qui leur est la plus convena. ble, et un grand nombre d'autres questions importantes; l'espace ne nous permet pas d'entrer ici dans des détails sur ce sujet ; nous nous bornerons à dire, en terminant, que si les pigeons nous sont nuisibles en détruisant une partie de nos semences, ils nous sont d'une très-grande utilité, et comme aliment, et pour l'engrais que l'on fait avec leur fiente, engrais des plus puissants pour les terres destinées à la culture du chanvre.

Après ces grandes espèces de pigeons nous parlerons des plus petites espèces, qui sont connues sous le nom de tourterelles ; nous citerons :

La TOURTERELLE DES BOIS (colomba turtur Linné). De petite taille: elle a la tête et la nuque d'un cendré vineux; sur les côtés du cou on voit un croissant, composé de plumes noires terminées de blanc; le devant du cou, la poitrine et le haut du ventre sont d'un vineux clair, le dos d'un brun cendré, les tectrices alaires d'un roux de rouille, tachées de noir à leur centre, l'abdomen et les couvertures inférieures de la queue d'un blanc pur.

La tourterelle des bois habite pendant la belle saison toutes les parties de l'Europe, mais plutôt le midi que le nord; on la voit aussi en Afrique. Elle se retire en général dans les parties les plus sombres et les plus silencieuses des bois, et niche sur les grands arbres. Vers l'arrière-saison elle fréquente les champs d'avoine et de blé nouvellement moissonnés ; elle engraisse alors beaucoup et est très-recherchée comme aliment. Cet oiseau s'apprivoise facilement, devient même familier quand il est pris jeune, et s'unit volontiers à la tourterelle à collier; mais les métis qui en proviennent sont inféconds.

La TOURTERElle a collier OU RIEUSE (COlumba risoria Linné). Le plumage est en dessus d'un blanc rougeâtre, en dessous d'un blanc pur; il y a une légère nuance vineuse sur la poitrine, et le dessus du cou est occupé par un collier noir; une race particulière de cette espèce est entièrement blanche.

La tourterelle à collier se trouve à l'état de nature en Afrique et aux Indes; en Europe on en a un grand nombre en domesticité; on les tient généralement dans des cages et à l'intérieur des maisons; car il n'a pas été possible de les acclimater complétement et de les avoir dans des colombiers comme les pigeons communs. Cet oiseau est très-fécond; hors l'époque de la mue il donne constamment une couvée par mois, et celte couvée est composée de deux petits, presque constamment un måle et une femelle. Son roucoulement est diffé

rent de celui de la tourterelle des bois : il est d'autant plus monotone et ennuyeux que le måle le fait entendre très-souvent, non-seulement pendant le jour, mais encore pendant la nuit. On sait que les tourterelles sont devenues le symbole de l'amour, et l'on connaît les éloquentes pages que Buffon leur a consacrées; mais on a exagéré la fidélité du måle pour sa femelle, ainsi que leur amitié réciproque.

§ IV. Les COLOMBARS Levaillant (Treron Viellot).

Bec court, épais, assez robuste, renflé à l'extrémité, comprimé sur les côtés; narines entièrement couvertes; tarses robustes, courts, emplumés jusqu'au talon; doigts réunis par la base; ailes moyennes; queue courte, plus ou moins cunéiforme.

Les colombars appartiennent à la zone torride de l'ancien continent; ils vivent dans les bois, nichent dans les trous des arbres, et ont un vol moins précipité que celui des colombes leur ramage est une espèce de gé. missement concentré, qui diffère aussi des roucoulements vifs et cadencés des tourterelles.

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PILE. Voyez ÉLECTRICITÉ.

PILLAGE. (Jurisprudence.) Dans toute société bien organisée, le respect de la propriété d'autrui est un principe fondamental, et l'atteinte qui y est violemment portée est un crime.

Ainsi, la constitution de 1848, de même que les autres constitutions que la France s'est données à diverses époques, dispose d'abord que la république française a pour base la famille, le travail, la propriété, l'ordre public; et elle ajoute ensuite: la république doit protéger le citoyen dans sa personne, sa famille, sa propriété, son travail, etc.

Mais de telles recommandations ne suffisent

pas; elles doivent être garanties par une sanction pénale. Aussi, la dévastation et le pillage public sont-ils compris au nombre des crimes tendant à troubler l'État. L'article 96 du Code pénal dispose que quiconque, soit pour envahir des domaines, propriétés ou deniers publics, places, villes, forteresses, postes, magasins, arsenaux, ports, vaisseaux ou bâtiments appartenant à l'État, soit pour piller ou partager des propriétés publiques ou nationales ou celles d'une généralité de citoyens, soit enfin pour faire attaque ou résistance envers la force publique agissant contre les auteurs de ces crimes, se sera mis à la tête de bandes armées, ou y aura exercé une fonction ou un commandement quelconque, doit être puni de MORT.

La même peine est applicable à ceux qui auraient dirigé l'association, levé ou fait lever, organisé ou fait organiser les bandes, ou leur auraient sciemment et volontairement fourni ou procuré des armes, munitions et instruments de crime, ou envoyé des convois de subsistances, ou qui auraient de toute autre manière pratiqué des intelligences avec les directeurs ou commandants des bandes.

Quant aux propriétés particulières, elles sont l'objet de dispositions diverses.

S'il s'agit d'immeubles, ils sont protégés contre l'incendie par les articles 434 et suivants du Code pénal, contre la destruction ou renversement par l'article 437 du même Code.

Enfin, tout pillage, tout dégât de denrées ou marchandises, effets, propriétés mobilières, commis en réunion ou bande et à force ouverte, est puni des travaux forcés à temps, aux termes de l'article 440; chacun des coupables est de plus condamné à une amende de deux cents à mille francs.

Néanmoins ceux qui prouvent avoir été entraînés par des provocations ou sollicitations à prendre part à ces violences peuvent n'être punis que de la peine de la réclusion.

Si les denrées pillées ou détruites sont des grains, grenailles ou farines, substances farineuses, pain, vin ou autres boissons, les chefs, instigateurs ou provocateurs seulement, doivent être condamnés au maximum des travaux forcés à temps et de l'amende prononcée par l'article 440.

Il semble que tout citoyen doive être disposé à défendre spontanément la propriété d'autrui; car le respect de la sienne propre est à ce prix. Cependant la loi a dû prévoir le cas où un citoyen, le pouvant, aurait refusé ou négligé de prêter le secours dont il aurait été requis en cas de brigandage ou pillage; les articles 475, § 12, et 478 y pourvoient en punissant le délinquant de peines de simple police.

G. DE VILLEPIN.

PILORI. (Législation). C'est le nom d'un instrument de supplice autrefois usité en France, et qui différait suivant les lieux. Dans quelques endroits le pilori ressemblait beaucoup à ce qu'on nomme le carcan. A Paris c'était un tour de pierre, au milieu duquel se trouvait un pivot de bois; sur ce pivot reposait une machine qui avait des trous pour passer la tête et les poings des coupables condamnés à la peine du pilori. Cette machine tournait et faisait voir le criminel dans la posture indiquée par des ouvertures pratiquées dans le tour. Le mot de pilori vient de pilorium, qui dans la base latinité signifie une marque de haute justice.

Cette peine se prononçait quelquefois isolément, comme dans le cas des monopoles, des insolences commises par des soldats ou par des domestiques envers leur maître ou par des mendiants, ou enfin pour de simples vols; mais le plus souvent elle était jointe à celle des galères ou du bannissement, comme en fait de banqueroute frauduleuse, concussion, polygamie, bigamie et autres crimes, qui suivant l'usage du temps demandaient une punition exemplaire.

L'usage était aussi, dans l'application de cette peine, d'attacher un écriteau devant et dernière le coupable, sur lequel était marqué le titre du crime en général.

Aujourd'hui la peine du pilori n'existe plus en France; le carcan lui-même, qui s'en rapprochait beaucoup, a été supprimé en 1832; il ne reste plus que l'exposition publique (Voy. ce mot), qui ne présente pas le même caractère d'avilissement et d'inutile rigueur.

Le supplice du pilori est cependant encore pratiqué en Angleterre, et l'instrument dont on se sert offre une grande analogie avec celui qu'on voyait autrefois à Paris. C'est une planche fixée perpendiculairement sur un pivot qui tourne; cette planche a des ouvertures dans lesquelles on fait passer la tête et les mains du patient qu'on expose aux regards ou plutôt aux outrages de la multitude. La sévérité de cette peine dépend du caprice de cette foule de bourreaux. La victime, car alors c'en est une, couverte de fange, le visage meurtri et sanglant, les dents brisées, les yeux enflés et fermés, n'a pas un trait reconnaissable. La police de Londres voit ces désordres sans chercher à les arrêter;... et pourtant elle réprime avec sévérité les mauvais traitements commis sur les animaux.

G. DE VILLEPIN.

PILOTAGE. ( Marine. ) Ce mot signifie, strictement parlant, science du pilote; mais nous avons fait voir ailleurs que sa signification s'était considérablement étendue, et qu'il est aujourd'hui synonyme de navigation. Le pilotage est donc une science étendue, puis

qu'il comprend toutes les connaissances nécessaires pour conduire un vaisseau sur cette portión si considérable de la surface de notre globe qui a reçu le nom de mer.

L'art du pilotage ou de la navigation a pour objet principal, et même unique, d'enseigner à aller d'un lieu donné à un autre en traversant la mer, c'est-à-dire de résoudre ce grand problème : Déterminer en tout temps le lieu précis où se trouve un vaisseau qui parcourt la surface uniforme de l'Océan. Ce problème général se subdivise en un certain nombre de problèmes secondaires, dont la solution exige l'application de connaissan. ces très-variées et l'emploi de divers instruments. Pour bien connaître le lieu du vaisseau, c'est-à-dire la latitude et la longitude de ce lieu, il faudrait savoir exactement le chemin qu'on a tenu, ou, en d'autres termes, l'espace qu'on a parcouru et la direction qu'on a suivie. Ce que nous avons dit aux mots LOCH et BOUSSOLE a dû suffire pour faire concevoir l'impossibilité d'obtenir ces deux éléments avec une précision suffisante: aussi les résultats qu'on obtient à l'aide de ces deux instruments ont-ils reçu, à juste titre, le nom d'estime, qui caractérise parfaitement leur nature incertaine. Pour remédier à ces inconvénients il a fallu recourir à des moyens plus exacts, dont nous parlerons tout à l'heure, et qui sont basés sur l'observation du cours des astres. Au reste, les résultats donnés par le loch et la boussole eussent-ils présenté toute l'exactitude désirable, on aurait encore été obligé d'avoir recours à des opérations astronomiques, parce qu'une foule de circonstances peuvent empêcher et empêchent effectivement les navigateurs d'obtenir toujours ce qu'on appelle l'estime.

Quelque procédé d'ailleurs que l'on emploie pour s'en procurer les données, les questions relatives à la position du vaisseau en mer se réduisent à cinq principales, savoir :

1° Connaissant le point de départ, le rumb ou la direction suivie, et la longueur de la route parcourue, trouver la latitude et la longitude d'arrivée;

2o Connaissant le point de départ, le rumb suivi et la latitude d'arrivée, trouver le chemin parcouru et la longitude d'arrivée ;

3o Connaissant le point de départ, la longueur de la route et la latitude d'arrivée, trouver le rumb suivi et la longitude d'arrivée;

4° Connaissant le point de départ et celui d'arrivée, trouver le rumb à suivre et la longueur de la route;

5° Connaissant le point de départ, le rumb suivi et la longitude d'arrivée, trouver la longueur de la route et la latitude d'arrivée.

Ces questions constituent ce qu'on appelle vulgairement les cinq problèmes de navigation. Le lecteur tant soit peu familiarisé avec la géométrie verra tout de suite que ces cinq problèmes se réduisent à la résolution d'un triangle rectangle, dans lequel on connaît trois ou quatre des éléments qui le composent; triangle qui a pour hypothénuse la longueur de la route; pour côtés de l'angle droit ce qu'on a gagné dans la direction nord et sud et dans la direction est et ouest; et enfin pour angles aigus celui que fait le rumb suivi avec la ligne nord et sud et son complément.

Le commun des navigateurs résout ces problèmes d'une manière graphique, c'est-à-dire en construisant le triangle dont il s'agit, sur la carte, avec la règle et le compas, ce qu'on appelle pointer la carte; et comme si cette méthode était encore trop compliquée, on l'a simplifiée par l'invention du quartier de réduc tion, instrument où, à l'aide de lignes droites et de quarts de circonférence tracés à des distances très-rapprochées, sur un morceau de carton, un bout de fil et une épingle remplacent la règle et le compas. On conçoit que les solutions que donne un pareil instrument ne sont qu'approximatives; on ne peut même l'employer à résoudre le cinquième problème que par des tâtonnements qui augmenteraient les erreurs dues à l'instrument même.

La méthode à préférer pour résoudre les questions ci-dessus est le calcul, parce que c'est la seule exacte, puisqu'elle ne comporte d'erreurs que celles qui affecteraient les don⚫ nées. En outre, cette méthode est aussi facile et plus prompte pour les personnes exercées que les opérations graphiques : tout en effet se réduit à des règles de trois, et par conséquent à de simples additions en employant les logarithmes et les compléments de ceux de ces derniers qu'on doit soustraire. Quelque méthode, au surplus, qu'on emploie pour déterminer la position du vaisseau, ou le point du globe où il se trouve, cela s'appelle faire le point.

Le point obtenu au moyen des données fournies par l'estime ne saurait être d'une exactitude suffisante pour la sûreté de la navigation. Il convient par conséquent de le rectifier par l'observation des astres, toutes les fois que les circonstances le permettent. Pour faire les observations qu'exige le pilotage il faut posséder certaines notions d'astronomie générale, et particulièrement celles qui forment la branche de cette science appelée astronomie nautique. L'application de l'astronomie à la navigation comporte quantité d'opérations, dont voici les principales :

Prendre la hauteur des astres, et corriger cette hauteur des effets de la dépression de l'ho⚫ rizon, de la réfraction et de la parallaxe; cette

opération a principalement pour objet la détermination de la latitude.

Calculer et observer les différentes circonstances du mouvement diurne des astres, telles que le lever, le coucher et le passage au méridien.

Calculer l'angle horaire, c'est-à-dire l'heure qu'il est à bord du vaisseau.

Déterminer par l'observation des astres la variation du compas.

dire, les pilotes des vaisseaux du roi étaient en grande partie des hommes instruits; et nous avons compté depuis parmi nos amiraux quelques marins qui avaient été premiers pilotes, et qui peut-être ne fussent jamais par venus au dernier grade d'officier sous l'ancien régime.

Aujourd'hui un grand nombre de personnes à bord des vaisseaux français s'occupent de pilotage, depuis l'amiral jusqu'au dernier des Faire les observations diverses que nécessite officiers, des élèves et des volontaires, et le calcul de la longitude.

On pourra se former uue idée des procédés employés pour faire les observations énumérées ci-dessus, dans la description que nous donnerons, au mot SEXTANT, des principaux instruments dont on se sert pour observer

en mer.

Tels sont en abrégé les calculs et les opérations qui forment la base du pilotage. Nous ne parlerons que pour les indiquer de quelquesuns des autres moyens que cet art offre au navigateur pour déterminer sa position, comme les vues de côtes, ou l'aspect des terres qu'on découvre, la profondeur de l'eau, et la nature du fond, quand on peut l'atteindre. Ajoutons que la connaissance des vents généraux, des marées et des courants, ainsi que celle de la situation des principaux ports, hâvres, îles et écueils, appartiennent également au pilotage.

D'après l'aperçu que nous venons de tracer de la science du pilote, on peut juger combien le marin moderne investi de ce titre est supérieur aux palinures de l'antiquité. C'était en effet naguère encore un personnage considérable que le premier pilote d'un vaisseau du roi. Tout ce qui concernait la route du vaisseau le regardait presque exclusivement. L'ignorance ou l'orgueil, souvent l'un et l'autre, lui laissaient carte blanche. Les choses sont bien changées à cet égard. Nous ne sommes heureusement plus au temps où l'on nous assure (car nous sommes trop jeune pour l'avoir vu nous-même) que plus d'un capitaine n'arrivait de Versailles à Brest en chaise de poste à quatre chevaux que pour trouver son vaisseau complétement armé par les soins des maîtres du port et ceux de son équipage. Dès qu'il avait gagné le large il faisait appeler son premier pilote, et un court dialogue tel que celui-ci s'établissait entre eux : « Maître pilote, j'ai ouvert les paquets « de la cour; les ordres du roi me prescri« vent de me rendre au Cap Français. A vous « le soin. Cela suffit, commandant. » Après cela le capitaine courtisan ne s'occupait plus de la route que pour demander de temps à autre, pendant le cours de la traversée : « Maltre pilote, où sommes-nous mainte« pant? » A cette époque. hâtons-nous de le

même jusqu'à une classe entière d'hommes de l'équipage (les timonniers) : les uns pour en diriger ou exécuter les opérations; les autres dans le but d'acquérir l'instruction nécessaire pour les surveiller ou les pratiquer. Les ordonnances sur le service des officiers, élèves et maîtres, à bord des bâtiments de l'État déterminent la partie des attributions de cha. que grade relatives au pilotage.

L'amiral prescrit la route à son armée ou escadre, et se fait donner tous les jours par signal le point de chaque vaisseau. Il inspecte et vise les journaux des capitaines.

Le capitaine d'un bâtiment de l'État doit tenir un journal exact de sa navigation, et tracer sur les cartes la route du bâtiment, corrigée d'après ses propres observations. Il doit inscrire chaque soir sur son livre d'ordres ceux qui sont relatifs à la voilure et à la route à faire pendant la nuit, et les signer. Lorsqu'il fait partie d'une armée, escadre ou division, il lui est enjoint de présenter son journal à son chef direct dans tous les ports de relâche, et à la fin de la campagne de le remettre au chef de l'État-major, ainsi que tous les autres journaux tenus à bord pendant la campagne, et les notes, renseignements et observations nautiques qu'il a recueillis. Il est tenu d'exiger que les officiers, les élèves et les volontaires tiennent exactement leur journal, de se faire présenter ces journaux tous les mois, d'y apposer son visa, et de se faire remettre chaque jour par les officiers le point de midi et le résultat de leurs observations et de leurs calculs. Tous les matins il doit se faire rendre compte par les officiers qui ont été de quart pendant la nuit de la route et de la voilure qu'ils ont faites, ainsi que du chemin estimé.

L'officier en second doit participer, autant que possible, aux observations nautiques et astronomiques qui se font à bord. Il est tenu d'exiger que tous les élèves et volontaires lui remettent journellement, après midi, le résultat de leurs observations nautiques et de leurs calculs, et de veiller à ce qu'ils tiennent exactement leur journal de navigation. Il doit viser ces journaux le 1er et le 15 de chaque mois.

L'officier chargé spécialement du détail du maître de timonnerie, doit vérifier fréquem

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