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d'initiative de la Confédération nouvellement organisée en 1848, au point de vue des intérêts matériels.

Pouvons-nous, d'autre part, méconnaître l'influence exercée sur nos institutions politiques? Le citoyen suisse a commencé réellement à jouir d'une foule de droits primordiaux depuis l'adoption de la constitution fédérale de 1848 et les développements que la pratique du droit fédéral a donnés plus tard aux principes que renfermait cette constitution, qui a servi de modèle à celle de 1874.

Les conflits qui surgissaient fréquemment entre les cantons, presque toujours aux dépens du citoyen, ont cessé dès 1848, parce qu'un tribunal supérieur a fixé dès cette époque les limites du droit de chacun et pouvait prononcer sur les contraventions entre les diverses législations.

Les rapports du citoyen avec les institutions de son canton ont subi aussi une notable amélioration: tandis qu'auparavant la décision du gouvernement ou du tribunal cantonal tranchait les questions en dernier ressort et que le cri de détresse du droit méconnu restait sans écho, les institutions de 1848 ont ouvert à tous une nouvelle instance, de laquelle on peut attendre un jugement impartial.

Il a été fort désagréable pour les autorités cantonales de voir limiter par là leur souveraineté absolue, mais, pour la liberté du citoyen, le recours à la Confédé

ration constitue une des conquêtes les plus grandes et les plus fécondes.

On le voit, c'est grâce à la constitution fédérale de 1848 que la Confédération est devenue un refuge de la liberté individuelle, un protecteur du faible et un élément de confiance dans toutes les classes de la population.

CHAPITRE VII

MA MISSION EN 1848 COMME CHARGÉ D'AFFAIRES DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE EN AUTRICHE. RÉVOLUTION A VIENNE.

ASSASSINAT DU MINISTRE

DE LA GUERRE, M. DE LATOUR

Il est de mon devoir de ne pas passer sous silence dans mes souvenirs, mes débuts dans la diplomatie, c'est-à-dire mes fonctions diplomatiques, en 1848, comme chargé d'affaires de la Confédération à Vienne.

Je fus appelé à ce poste par la diète en remplacement de M. d'Effinger, qui exerçait ces fonctions depuis plusieurs années déjà. A mon arrivée à Vienne, je reçus un accueil très-bienveillant du ministère autrichien. Le ministre des affaires étrangères était alors M. de Wessenberg que j'avais l'honneur de connaître personnellement depuis longtemps, car, habitant Constance, il assistait quelquefois aux réunions de notre société d'utilité publique.

Mon entrée dans mes nouvelles fonctions tombait sur des temps extrêmement difficiles. A Vienne, les

étudiants jouèrent à cette époque, comme on s'en souvient, un rôle prépondérant.

A l'occasion d'un changement, entre l'Autriche et la Hongrie, dans la position des troupes de ce dernier pays, dont une partie se trouvait alors à Vienne, il se manifesta dans cette ville un mouvement révolutionnaire si général et si prononcé qu'il ne pouvait être question d'y exercer, avec quelque chance de succès, des fonctions diplomatiques.

Le soir du 6 octobre 1848, après que les troupes qui du reste n'étaient pas nombreuses dans la ville se furent retirées, les ouvriers des faubourgs arrivèrent, par groupes toujours plus nombreux, devant l'arsenal impérial défendu par quelques compagnies de troupes régulières et de gardes nationaux.

Déjà pendant la nuit précédente, on avait tenté plusieurs attaques contre l'arsenal, d'où l'on tirait à mitraille.

Les ouvriers, auxquels s'étaient joints un certain nombre de gardes nationaux, réussirent, grâce aux canons qu'ils avaient avec eux, à forcer la porte principale du bâtiment dans lequel ils entrèrent vers 8 heures du matin, le 7 octobre.

Le peuple s'empara des armes qui s'y trouvaient encore en grande quantité, de telle sorte que tout le monde fut, en un clin d'oeil, possesseur d'armes à feu.

Le jour précédent, on voyait encore nombre d'ou

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