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vriers qui n'étaient armés que de faux et de gourdins munis de clous.

L'indignation, pendant ces journées de néfaste mémoire, était à son comble parmi le peuple, qui en voulait au ministère et tout particulièrement à M. de Latour, ministre de la guerre.

Aussi, après que la garde se fut retirée du bâtiment militaire, la populace y pénétra avec l'intention d'y rechercher le ministre Latour et de le tuer.

Celui-ci fut découvert à l'étage supérieur du bâtiment.

Il fut saisi, maltraité et percé de coups, puis pendu au candelabre d'une lanterne. J'eus le spectacle affreux de voir un ouvrier transpercer avec une bayonnette le corps du ministre.

Cet événement m'a laissé, pour la vie, une impression qu'il me serait impossible d'oublier jamais.

Dans la nuit qui précéda cet assassinat, le reichstag s'assemblait et déclarait bien qu'au commence

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ment de la séance il ne fût pas en nombre

compétent et en permanence.

être

Diverses décisions furent prises; la plus importante fut celle d'envoyer une députation à l'empereur pour déclarer que la formation d'un nouveau ministère populaire, dans lequel ne figureraient que deux des anciens ministres: M. Doblhoff, ministre de l'intérieur, et M. Hornbostel, ministre du commerce, était une nécessité urgente pour le rétablissement de

l'ordre, et pour exprimer en outre le vœu que l'on accordât une amnistie complète pour les faits qui étaient malheureusement en train de se passer.

L'empereur donna à la députation l'assurance qu'il nommerait un ministère dont la composition serait conforme au vou exprimé par le reichstag et qu'il délibérerait avec lui sur les mesures ultérieures à prendre pour le bien de la monarchie tout entière.

D'un autre côté, le reichstag donna l'ordre aux compagnies de chemins de fer, de ne pas diriger des troupes vers la capitale, et le commandant en chef de l'armée reçut pour instruction de s'abstenir de mesures repressives envers les émeutiers, jusqu'à nouvel ordre.

Pendant que tout ceci se passait, la diplomatie et les diplomates étaient laissés au second plan.

Je n'avais accepté le poste de chargé d'affaires qu'à titre provisoire et pour un temps limité; aussi, lorsque le ministère des affaires étrangères me conseilla, de même que mes collègues, de quitter une ville qui ne nous offrait nullement les garanties assurées par le droit des gens, je partis de Vienne en même temps que les représentants des autres nations.

Peu de temps après mon retour en Suisse, le peuple du canton de Thurgovie m'envoya sièger au sein du conseil national, et, à l'occasion de la nomination

des fonctionnaires fédéraux, prévus par la constitution fédérale de 1848 qui venait d'entrer en vigueur, l'assemblée fédérale me nomma président du tribunal fédéral.

Depuis lors, j'ai siégé au conseil des états jusqu'à l'époque où le conseil fédéral, en 1854, me fit l'honneur de m'appeler à présider le conseil de l'école polytechnique fédérale.

CHAPITRE VIII

FONDATION EN 1854 DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE A ZURICH ET DE L'ÉCOLE CANTONALE THURGOVIENNE A FRAUENFELD

Le 7 février 1854, les chambres fédérales adoptaient une loi sur l'établissement d'une école polytechnique fédérale, dont les besoins se faisaient sentir tous les jours davantage.

L'état de Zurich ayant répondu affirmativement à la question, qui lui avait été posée, de savoir s'il s'engageait à remplir les obligations que la nouvelle loi imposerait au siége de l'école, on nomma une commission chargée d'élaborer un règlement.

Cette commission fut en outre chargée de recueillir des renseignements sur les établissements analogues de l'étranger; de même aussi, les gouvernements cantonaux eurent à répondre à la question de savoir jusqu'à quel degré de culture leurs établissements prépareraient les élèves à la fréquentation de l'école polytechnique.

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