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prix réduit à près de 1500 personnes et que des secours ont été accordés à 1053, parmi lesquels 137 Suisses seulement. A diverses reprises, il a été impossible de recevoir tous ceux qui se présentaient et, un jour, entre autres, à neuf heures du soir, il a dû être distribué des numéros d'ordre à 280 personnes qui n'avaient pu pénétrer dans ma chancellerie.

Les secours étaient de deux catégories: pour tous un billet à prix réduit représentant un voyage à Pontarlier et la Suisse, soit à Bâle pour les Badois et les personnes originaires de la Bavière rhénane, soit à Romanshorn pour ceux retournant en Bavière par Lindau; puis, pour ceux qui déclaraient être à bout de ressources, une somme de 5 francs à titre de secours de route.

Le nombre total des Badois et Bavarois qui reçurent des cartes de demi-place pour rentrer dans leur patrie s'élève à près de sept mille. Sur ce chiffre, 5509 personnes reçurent des secours en argent.

Il a été dépensé par ma légation pour le repatriement des Badois et Bavarois sans compter les frais des consuls de Suisse en France, qui eurent aussi à s'occuper de cette affaire 69,755 francs pour la Bavière, et 29,000 francs pour le grand-duché de Bade, sommes qui furent intégralement remboursées par ces deux pays.

Les princes de ces états ayant résolu de me donner un témoignage de satisfaction et de reconnaissance pour les services rendus à leurs sujets par ma légation, et, d'autre part, les principes constitutionnels de la Confédération suisse m'interdisant d'accepter aucune décoration, ils me firent présent de leur portrait, les représentant de grandeur naturelle.

Le roi de Bavière et le grand-duc de Bade en me faisant cet honneur, me témoignèrent leur vive gratitude pour l'activité et le dévouement dont la légation suisse avait fait preuve pour sauvegarder, sous tous. les rapports, les intérêts des deux pays.

CHAPITRE XV

DIFFICULTÉS RELATIVES AUX COMMUNICATIONS ENTRE LES MEMBRES DU CORPS DIPLOMATIQUE RESTÉS A PARIS ET LEURS GOUVERNEMENTS

Quand l'investissement de Paris par l'armée allemande fut devenu vraisemblable et que le gouvernement provisoire français eut envoyé une délégation à Tours, je demandai au conseil fédéral si je devais suivre cette délégation ou rester dans la capitale. Le conseil fédéral me donna pour instructions de ne pas quitter Paris, surtout parce qu'on devait à la colonie suisse de ne pas la priver de la protection de la légation dans ces circonstances difficiles, et parce qu'il était plus conforme aux usages diplomatiques de laisser le ministre plénipotentiaire dans la ville où se trouvait le ministère des affaires étrangères. J'accueillis cette décision avec plaisir, car elle était l'expression de mon plus vif désir, malgré les jours difficiles que je prévoyais dès ce moment

déjà. Mais, il s'agissait de savoir comment nous entretiendrions des relations directes avec nos gouvernements respectifs. Cette question préoccupa le conseil fédéral qui me chargea d'en conférer avec mes collègues du corps diplomatique et de nous mettre d'accord sur des démarches à faire en commun, en exprimant l'espoir que les assiégeants ne s'opposeraient point au passage d'un « courrier neutre ».

Recherchant les moyens d'aboutir à une entente avec mes collègues, j'appris que Lord Lyons, ambassadeur de S. M. Britannique, le prince de Metternich, ambassadeur d'Autriche, Djemil-Mehemed Pacha, ambassadeur de Turquie et M. Okuneff, chargé d'affaires de Russie, venaient de quitter Paris.

J'informai de ce fait le conseil fédéral en ajoutant qu'il ne restait plus à leur poste que les diplomates ayant le rang de ministre, avec lesquels je ne tarderais pas à entrer en relations au sujet de la question d'un « courrier neutre ».

En effet, le lendemain du départ des ambassadeurs, c'est-à-dire le dimanche 18 septembre 1870, je me rendis chez le nonce apostolique pour lui faire part de la demande de quelques-uns de nos collègues, tendant à provoquer une réunion dans laquelle chacun émettrait son avis sur les circonstances dans lesquelles le corps diplomatique se trouvait placé.

Monseigneur Chigi approuva pleinement l'idée d'agir d'un commun accord, et me déclara qu'il n'hésiterait

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