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mais souvent aussi, pendant des épidémies par exemple, et lorsqu'il fut appelé à fonctionner comme chargé d'affaires ad interim. Les services signalés par lesquels il s'est si hautement distingué resteront profondément enracinés dans mon cœur avec la sympathie et la gratitude qu'ils méritent.

CHAPITRE XIX

MA DÉMISSION COMME MINISTRE DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE. DOCUMENTS OFFICIELS

A l'occasion de ma retraite, je reçus de nombreuses marques de sympathie de la part du conseil fédéral et du président de la République française, S. Exc. Monsieur Jules Grévy.

J'ai hésité longtemps à livrer à la publication la lettre que le conseil fédéral a bien voulu m'adresser à cette occasion, de même que celle de S. Exc. Monsieur Jules Grévy à la Confédération, et que le conseil fédéral m'avait communiquée en son temps, par la raison que je les trouve trop élogieuses. Cependant, comme elles font partie intégrante de mes souvenirs politiques qu'elles complètent, je me décide à les publier, mais je le fais sans ostentation aucune comme sans prétention, simplement à titre de documents officiels.

Kern, Souvenirs politiques.

24

Berne, le 24 novembre 1882.

Le conseil fédéral suisse à M. le Dr J.-C. Kern, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la Confédération suisse, à Paris.

Monsieur le ministre,

Par lettre du 20 courant, vous nous avez demandé de vous relever de vos fonctions d'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la Confédération suisse auprès du gouvernement français, que vous occupez depuis vingt-cinq ans.

Votre détermination a excité en nous un profond regret, car elle met un terme à votre activité prolongée et bienfaisante pour votre pays, auquel vous avez rendu, dans un grand nombre d'occasions, des services extraordinaires.

Il n'y a que bien peu d'hommes d'état suisses auxquels il ait été donné de fournir une carrière aussi longue et aussi utile que celle que vous avez parcourue, pendant un demisiècle, au service de l'état.

A votre nom se rattache toute une série des négociations les plus importantes, qui, principalement grâce à votre coopération, ont été menées à bonne fin.

Si maintenant, après une vie aussi occupée, vous exprimez le vœu de résigner vos fonctions, nous devons reconnaître que ce désir est pleinement justifié.

En conséquence, nous acceptons votre démission, et nous vous prions de recevoir l'expression de notre profonde gratitude pour les services que vous avez rendus à votre patrie, tout en désirant qu'il vous soit donné de jouir encore pendant de longues années de l'amour et de l'estime de vos concitoyens.

Agréez, Monsieur le ministre, l'assurance de notre considération distinguée.

Au nom du conseil fédéral, Le président de la Confédération : (Signé) BAVIER.

Le chancelier de la Confédération :

(Signé) RINGIER.

Monsieur Jules Grévy, président de la République française, à la Confédération suisse, et, en son nom, au conseil fédéral.

Fidèles et grands amis,

Alliés et confédérés,

L'honorable Monsieur Kern nous a remis la lettre que vous nous avez écrite, pour nous annoncer que vous avez dû vous rendre à son désir de se retirer de la vie publique et que vous avez mis fin à la haute mission qu'il remplissait depuis de longues années en France, au nom de la Confédération suisse. Nous partageons les regrets que vous fait éprouver la détermination de cet agent, dont nous avons vivement apprécié l'expérience, l'esprit de conciliation et le patriotisme sincère.

Nous nous plaisons à lui rendre, auprès de vous, cette justice qu'il s'est acquis l'estime et la confiance la plus entière de tous ceux qui se sont trouvés à même de travailler avec lui au maintien et au développement des relations si nombreuses et si importantes que le voisinage et une amitié constante ont établies entre les deux pays.

Nous profitons de cette occasion, pour vous renouveler l'assurance des vœux que nous formons pour la prospérité de la Confédération suisse et nous vous offrons, chers et grands amis, alliés et confédérés, l'expression de notre haute estime et de notre amitié.

Ecrit à Paris, le 5 mars 1883.

Votre bon ami, allié et confédéré : (Signé) JULES GRÉVY.

(Contresigné) Challemel-Lacour.

D'autres lettres me furent encore adressées à l'occasion de ma retraite, entre autre par M. ChallemelLacour, alors ministre des affaires étrangères de la

République française, et par les consuls et vice-consuls de la Confédération suisse résidant en France et en Algérie.

Une adresse, signée par environ 3000 compatriotes habitant la France, me fut en outre remise, à l'occasion de mon départ de Paris, par une députation spéciale.

Tous ces documents renferment trop d'éloges pour qu'il me soit permis de les reproduire ici: j'y ai vu essentiellement les témoignages d'une amitié et d'une estime dont j'ai été vivement touché.

Avant de poser ma plume, il me reste un grand devoir à remplir, celui de consigner ici l'expression de ma plus vive gratitude pour tous les sentiments de bienveillance qui m'ont été exprimés pendant ma carrière politique.

Une sincère reconnaissance restera profondément gravée dans mon cœur jusqu'aux derniers jours de ma vie.

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