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APPENDICE

AU CHAPITRE V

PIÈCES HISTORIQUES

§ 1. Déclaration de Napoléon au peuple français.

§ 2. Adieux de Napoléon à l'armée, sous Paris.

§ 3. Lettre du président de la commission de Gouvernement au président de la Chambre des représentants.

§ 4. Lettre de Napoléon au Prince-Régent d'Angleterre (13 juillet 1815).

§ 5. Dépêche du général Beker au ministre de la guerre. § 6. Adresse de remerciements de la Chambre des représentants aux braves qui ont défendu les approches de la capitale.

PIÈCES HISTORIQUES

S1

Déclaration de Napoléon au peuple français.

Français,

(Publiée le 22 juin 1815.)

En commençant la guerre pour soutenir l'indépendance nationale, je comptais sur la réunion de tous les efforts, de toutes les volontés, et le concours de toutes les autorités nationales; j'étais fondé à en espérer le succès, et j'avais bravé toutes les déclarations des puissances contre moi.

Les circonstances me paraissent changées. Je m'offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France. Puissent-ils être sincères dans leurs déclarations, et n'en avoir réellement voulu qu'à ma personne! Ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils sous le titre de Napoléon II, empereur des Français.

Les ministres actuels formeront provisoirement le Conseil du Gouvernement. L'intérêt que je porte à mon fils m'engage à inviter les Chambres à organiser sans délai la régence par une loi.

Unissez-vous tous pour le salut public et pour rester une nation indépendante.

Au palais de l'Élysée, ce 22 juin 1815.

Signé: NAPOLÉON.

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Napoléon aux braves soldats de l'armée devant Paris.

Malmaison, le 25 juin 1815.

Soldats,

Quand je cède à la nécessité qui me force de m'éloigner de la brave armée française, j'emporte avec moi l'heureuse certitude qu'elle justifiera, par les services éminents que la patrie attend d'elle, les éloges que nos ennemis eux-mêmes ne peuvent pas lui refuser.

Soldats, je suivrai tous vos pas quoique absent. Je connais tous les corps, et aucun d'eux ne remportera un avantage signalé sur l'ennemi, que je ne rende justice au courage qu'il aura déployé. Vous et moi nous avons été calomniés. Des hommes, absolument indignes d'apprécier vos travaux, ont vu dans les marques d'attachement que vous m'avez données, un zèle dont j'étais le seul objet. Que vos succès futurs leur apprennent que c'était la patrie par-dessus tout que vous serviez en m'obéissant, et que si j'ai quelque part à votre affection, je le dois à mon ardent amour pour la France, notre mère com

mune.

Soldats, encore quelques efforts, et la coalition est dissoute. Napoléon vous reconnaîtra aux coups que vous allez porter.

Sauvez l'honneur, l'indépendance des Français. Soyez jusqu'à la fin tels que je vous ai connus depuis vingt ans, et vous serez invincibles.

NAPOLÉON.

$ 3

Le président de la commission de Gouvernement

à M. le président de la Chambre des représentants.

« Monsieur le Président,

« La commission de Gouvernement n'a pas perdu de vue un instant que Napoléon, par suite de son abdication, se trouve placé sous la sauvegarde de l'honneur français.

« Son premier soin a été de demander aux généraux ennemis des saufs-conduits pour la sûreté de sa personne.

« Le 25 juin, Napoléon a demandé que deux frégates fussent mises à sa disposition.

« La commission a sur-le-champ autorisé le ministre de la marine à armer ces deux frégates. Le lieutenant général Beker a été chargé de pourvoir à la sûreté de la personne de Napoléon pendant sa route, et tous les ordres nécessaires ont été donnés pour assurer le service des relais.

« Cependant, hier 28, Napoléon n'était pas encore parti. Le sauf-conduit n'arrivant pas, l'approche de l'ennemi donnant de vives inquiétudes sur la sûreté de Napoléon, la crainte d'un mouvement de l'intérieur ajoutant encore à ces inquiétudes, la commission s'est décidée à presser de nouveau lé départ de Napoléon, et les ordres les plus positifs ont été donnés au ministre de la marine. Ce dernier a été envoyé près de lui avec le comte Boulay.

« La Chambre verra, par la copie ci-jointe de la réponse de

lord Wellington, qu'il ne s'est pas cru autorisé à donner les saufs-conduits demandés, et que la commission a rempli un de ses devoirs les plus sacrés en faisant partir Napoléon.

« La commission de Gouvernement informe la Chambre que Napoléon est parti à quatre heures, comme le prouve la lettre ci-jointe du général Beker.

« La commission invite la Chambre à s'occuper de son sort et de celui de sa famille.

« Agréez l'assurance de ma plus haute considération.

« Paris, le 29 juin 1815.

a Signé Le duc D'OTRANTE.»

:

Copie de la lettre du général Beker au président de la

commission de Gouvernement.

Malmaison, 29 juin 1815.

« Monseigneur,

« J'ai l'honneur d'annoncer à la Commission de Gouvernement que l'Empereur va monter en voiture pour se rendre à sa destination, en faisant des vœux pour le rétablissement de la paix et de la prospérité de la France.

« J'ai l'honneur d'être avec respect, etc.

« Signé Le général comte BEker. »

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