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peut-être porté à sept; certains journaux russes disent même neuf, ce qui est difficilement admissible.

Un exemple nous mettra mieux à même d'apprécier le rendement possible.

Un régiment d'infanterie russe, à 4 bataillons (3200 fusils), compte, sur pied de guerre, 7 officiers d'état-major, 72 capitaines et officiers subalternes, 4000 hommes, 43 chevaux de selle dont 13 pour estafettes montées, 150 chevaux de trait, 43 chariots à quatre roues, 34 chariots à deux roues.

Pour évacuer un régiment, il faut : Pour l'état-major et son bureau: 4 essieux; pour les officiers de troupe: 16 essieux; pour les 4000 soldats, à 14 par essieu: 286 essieux; pour 193 chevaux, à trois par essieu : 64 essieux; pour 120 essieux de chariots: 80 essieux de vagons; soit, au total, 450 essieux.

En outre, le régiment doit emporter des vivres pour 25 jours au moins, afin de n'être pas obligé, pendant le voyage et les premiers jours de son arrivée à destination, de prélever sur les rations de réserve ni sur les approvisionnements de l'intendance.

Tablons sur un minimum, admettant qu'ici ou là, en cours de route ou sur le théâtre des opérations, il est possible de compléter l'ordinaire. A un kilo par jour et par homme, y compris l'eau potable, et à cinq kilos par jour et par cheval, cela représente 125 tonnes pour 25 jours. Déduction faite du poids propre des vagons, l'on peut charger l'essieu de deux tonnes, au plus, en sorte que c'est encore 63 essieux accaparés par les vivres.

Le transport du régiment d'infanterie exigera donc 512

essieux.

Or, sur un train de 30 essieux, il en faut réserver deux pour le personnel du train et deux autres pour une voiture-cuisine avec pharmacie, provisions courantes, etc. Restent disponibles pour les besoins proprement militaires, 26 essieux, ce qui représente pour les 512 essieux du régiment 20 trains en chiffre rond. A raison de sept convois par jour, le transport exigera donc trois fois vingt-quatre heures; à raison de neuf Bonvois, deux jours et demi. En définitive, on peut poser cette donnée, que le Transsibérien est capable de transporter une moyenne de 1300 à 1600 combattants par jour, avec leurs étatsmajor, leur train et le matériel d'entretien.

S'il s'agit des réservistes, sans chevaux, ni train, ni appro

visionnements, cette moyenne peut être élevée à 2500-3000 hommes.

Un autre calcul, que nous ne détaillerons pas, permet de conclure que la ligne n'est pas en mesure de ravitailler en denrées alimentaires une armée de plus de 250 à 300 000 hommes et 40 à 50 000 chevaux. Une fois cet effectif atteint, toute la capacité de transport du chemin de fer sera accaparée par les exigences de l'entretien et les convois de renforts cesseront d'eux-mêmes.

Ces appréciations paraissent confirmées par la récente nouvelle que le 15 mars commencerait le transport de troupes des Xe et XVIIe corps d'armée. Ainsi les envois de renforts nécessités par la mobilisation des formations ci-dessus indiquées ont duré jusqu'au 15 mars, c'est-à-dire que ce jour-là se sont ébranlés les convois emportant les derniers échelons de ces renforts. Le trajet comportant une durée de 22 jours, ils ne parviendront que le 5 avril à Kharbin.

Le transport des deux corps d'armée, dont deux brigades, avec probablement deux groupes d'artillerie, sont déjà en Extrême-Orient, prendra deux mois, durée du voyage compris. Ces troupes ne seront donc prêtes à entrer en ligne en Mandchourie qu'au milieu de juin. Nous n'avons donc pas, pour l'instant, à nous en occuper.

3. La flotte russe.

L'Empire russe possède deux flottes séparées, celle de la Baltique et celle de la Mer Noire. Cette dernière, de beaucoup la moins importante, ne peut, pour la guerre actuelle, entrer en ligne de compte, des traités internationaux lui interdisant le passage du Bosphore et des Dardanelles.

La flotte de la Baltique a libre accès dans toutes les mers. A elle seule, elle possède sur les forces japonaises une importante supériorité en vaisseaux de ligne et en croiseurs cuirassés. Mais au début de la guerre, une moitié de cette flotte seulement avait atteint les eaux de Chine.

En 1904, la flotte russe de la Baltique comptait 20 vaisseaux de ligne, soit 220 700 tonnes, dont 7 encore en construction et 13 en service, et 14 grands croiseurs déplaçant 111 200 tonnes. Au moment où le Japon ouvrit les hostilités, se trouvaient en Extrême-Orient :

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Sept vaisseaux de ligne: Cesarewitch, de 13 300 tonnes; Retvisan, Pobjeda, Pereswiat, de 12 900 tonnes chacun ; Sebastopol, Poltawa, Petropawlowsk, de 11 100 chacun.

Quatre croiseurs cuirassés: Rossija, 12 800; Gromoboï, 12 000; Rurik, 11 100; Bajan, 7900 tonnes.

Sept croiseurs protégés: Bogatyr, 6800; Diana et Pallada, 6700; Varyag, 6600; Askold, 6100; Bojarin, 3300; Novik,

3000 tonnes.

Sept canonnières de haute mer;
Trois croiseurs-torpilleurs ;
Vingt-quatre contre-torpilleurs ;
Dix-neuf torpilleurs ;

Deux transports-torpilleurs ;
Vingt vapeurs d'autres catégories.

En tout, 93 bateaux, avec un effectif d'équipages de 15 000 hommes, un déplacement de 202 000 tonnes et un armement de 42 gros canons, 220 moyens et 850 pièces à tir rapide.

Les cuirassés d'escadre et la plupart des grands croiseurs sont de construction nouvelle. Par le tonnage et l'armement de ses cuirassés et croiseurs-cuirassés la flotte russe se rapprochait fort de la flotte japonaise. Elle ne lui était dans tous les cas pas si fort inférieure que dans des circonstances un tant soit peu favorables elle ne pût contrebalancer les chances d'un combat décisif. Il est possible que la situation réelle n'ait pas répondu absolument aux apparences. Comme la majeure partie de ses constructions sortent de chantiers russes et ont été armées en Russie, il est permis de se demander si l'industrie de ce pays a atteint le degré de perfection nécessaire pour une aussi considérable entreprise. Il est aussi permis de se demander quels sont les qualités du facteur personnel. Certes, la Russie recrute sur les rives de la Baltique d'excellents marins de nationalités allemande et suédoise. Mais il faut tenir compte du rapide accroissement de la flotte, qui, peut-être, avec en outre les obligations politiques de la russification, ont engagé l'autorité à faire appel à des renforts de l'intérieur qui ne sauraient élever autant que cela peut être désirable les qualités de l'armée [ navale.

1904

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