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magne, l'Autriche, la Belgique, la Hollande, l'Italie, le Portugal, la Roumanie et la Serbie.

Enfin deux Etats, la Bulgarie et la Grèce ne paraissent pas avoir abordé la question, ou si elles l'ont fait, rien n'en a transpiré, disent les Jahrbücher für die deutsche Armee und Marine, à qui nous empruntons partie de nos renseignements.

Entrons dans quelques détails.

France. On sait maintenant à quoi s'en tenir, au moins sur les points essentiels. Depuis 1897 déjà, l'artillerie de campagne a été armée du nouveau canon, construit en grand secret sur les plans du colonel Deport, dans les établissements de l'Etat, à Bourges. Ce canon, dont la puissance balistique est grande et dont le projectile pèse un peu plus que celui des canons similaires fabriqués ailleurs, a le seul inconvénient d'être d'un poids un peu élevé, 1100 kg. On reproche également à ses boucliers qui ont 140 de hauteur d'ètre d'une surface un peu réduite.

ait

Angleterre. Avec la France, l'Angleterre est le seul pays qui pu fabriquer chez elle son matériel d'artillerie. Cette fabrication n'est du reste pas achevée, quoique les essais en vue de l'adoption du recul sur l'affût remontent assez haut, ayant été commencés avant la guerre sud-africaine. On espère que les nouvelles pièces pourront être livrées pour la plus grande partie de façon à participer aux prochaines grandes manoeuvres. Le modèle adopté réunit les qualités essentielles des pièces présentées par les maisons Amstrong et Vickers.

Norvège1. La Norvège a terminé ses essais en 1901 déjà. Elle les a poursuivis avec des modèles de Armstrong, Hotchkiss, Nordenfeld-Cockerill, St-Chamond, Schneider-Le Creuzot et Ehrhardt. Le programme fut rigoureux : « On tira 350 coups avec chaque pièce, expose le lieutenant-colonel norvégien Stang; puis on procéda à des épreuves de marche et de transport : d'abord un long transport en chemin de fer, suivi d'une épreuve de roulement de 61 km. Les pièces furent ensuite démontées, placées sur des traîneaux ordinaires de paysans et transportées en pays de montagne pendant 144 km. Pendant ce

1 Revue militaire suisse. Chronique allemande, avril 1903, p. 332.

transport, elles versèrent fréquemment et eurent en outre à supporter un très rude traitement. Puis vint une nouvelle épreuve de 98 km. Enfin, après quelques tirs et un nouveau transport en chemin de fer, on exécuta une dernière épreuve de marche, comprenant environ 100 km. en terrain difficile et dans des conditions variées. Dans le tir qui suivit, le frein montra qu'il était en parfait état; il ne se produisit aucune fuite ni dans le cylindre à liquide, ni dans le cylindre à air. »

La Norvège a acquis 132 canons du système Ehrhardt et 72 caissons. Comme celui des Français, le canon norvégien a l'inconvénient d'être un peu lourd, 1004 kg. sans bouclier.

Danemark 1. Les essais du Danemark commencèrent comme la Norvège terminait les siens. Schneider-Le Creuzot, Krupp, Ehrhardt et Cockerill présentèrent des modèles. La décision intervint en octobre 1902. 128 canons avec les caissons furent commandés chez Krupp, livrables pour le 1er avril 1904.

Suède 2. La Suède, qui a borné son étude aux modèles Krupp et Cockerill, a pris une décision analogue à celle du Danemark. Elle a commandé à Essen 132 pièces et 66 caissons.

Turquie. Sans s'être livrée à aucun essai chez elle, la Turquie a commandé 184 canons Krupp destinés à armer 16 batteries de 6 pièces et 22 batteries de 4 pièces. Récemment les journaux ont annoncé que la Turquie hatait la prise de livraison des six premières batteries construites.

Espagne. En Espagne, la situation est plus compliquée. L'armée dispose actuellement de 144 pièces livrées par les maisons Schneider-Le Creuzot, St-Chamond et Krupp. En même temps, elle continue ses études. Une commission a été envoyée en France, en Angleterre et en Allemagne.

Suisse. Inutile d'insister. Nos lecteurs sont suffisamment au courant. La Suisse a commandé en 1903 à la maison Krupp 288 canons, dont elle se propose d'armer 72 batteries de 4 pièces. Cet armement doit être achevé au printemps 1906.

1 Revue militaire suisse. Chronique allemande, avril 1903, p. 332.

2 Einführung des Rohrrucklauf - Systems bei der Feldartillerie. Livraison de décembre 1903 des Jahrbücher für die deutsche Armee und Marine.

3 Revue militaire suisse. Chronique espagnole, mai 1909, p. 437; novembre 190", P. 961.

Examinons la situation dans les pays dont la décision n'a pas encore été prise.

Allemagne. L'Allemagne est un peu embarrassée. Elle s'est trop hatée d'adopter son modèle 1896 à bèche élastique, si bien que des considérations financières l'empêchent actuellement de se livrer à une nouvelle transformation, si nécessaire qu'elle puisse paraître.

Les artilleurs allemands ont donc cherché une adaptation du recul sur l'affût à leur modèle actuel, c'est-à-dire que conservant la bouche à feu, ils ont imaginé un affût à berceau permettant de la recevoir; ils ont également muni cet affût d'un bouclier protecteur.

S'il faut en croire la presse militaire allemande, les résultats auraient été satisfaisants, tant au point de vue du tir qu'à celui du roulement. Cinq batteries transformées ont en effet pris part aux manœuvres. Mais on a eu soin de les mettre à l'abri de regards trop indiscrets. On commence cependant à avoir quelques renseignements plus ou moins précis 2.

A noter que le budget pour 1904 ne prévoit aucun crédit pour le réarmement de l'artillerie de campagne.

Autriche. Après sept années d'essais toujours renouvelés, on annonce une résolution définitive pour le printemps. De nombreux modèles ont été expérimentés, présentés entre autres par la maison Ehrhardt et par la maison Skoda. Des batteries de ces pièces sont actuellement en mains de la troupe.

Indépendamment de la question de l'affût, celle du métal à employer pour la bouche à feu a été longuement discutée. Comme on pouvait s'y attendre, le bronze forgé que fabrique l'industrie autrichienne l'a emporté.

Belgique. Comme l'Autriche, la Belgique éprouve beaucoup de peine à se décider. Elle ajourne son choix d'année en année. Il semble toutefois qu'une solution doive être considérée comme prochaine.

La Belgique militaire nous apprend que le concours entre les différents matériels s'est rouvert au polygone de Brasschaet

Revue militaire suisse. Chronique allemande, juillet 1903, p. 554; septembre 1993, p. 704.

V. Hoffbauer. Altes und Neues aus der Deutschen Feldartillerie.

↑ Revue militaire suisse. Chronique autrichienne, décembre 1903, p. 917.

le 15 septembre. Les épreuves sont faites dans le plus grand secret. Y prennent part, avec des matériels à déformation: les usines Cockerill-Nordenfelt, Ehrhardt, Krupp, St-Chamond, Skoda de Pilsen. La Société Cockerill présente, en outre, une pièce à affùt rigide de la batterie en service depuis trois ans au 3 régiment d'artillerie.

Les opérations ont commencé le 16. Les épreuves de roulage (5 lieues par jour) interrompues momentanément en raison d'ava ries causées au matériel Skoda par l'explosion d'une fusée dans un avant-train, ont été reprises et tous les matériels en sont sortis avec succès. Les épreuves de tir leur ont succédé. On a commencé par les tirs de sécurité avec charge renforcée et les tirs balistiques et continué pardes tirs de précision qui ont eu lieu du 3 au 10 novembre. Le 11, tous les matériels ont été essayés en présence du ministre de la guerre. Depuis, on a exécuté des tirs en terrains variés, puis des tirs de guerre contre buts divers, dernière partie du programme. Chacun des tirs était précédé d'un roulage de 15 kilomètres, moitié au pas sur le pavé, moitié au trot sur les accotements. La dernière période, très contrariée par le mauvais temps, aurait été marquée, parait-il, par des incidents de toute sorte. On prévoit que les expériences seront terminées à la fin de janvier.

Hollande. La Hollande est plus avancée. Elle a terminé la série des essais auxquels ont participé des modèles d'Ehrhardt, de Schneider-Creusot et de Krupp. C'est pour ce dernier que s'est prononcé le gouvernement dans son projet déposé à la Chambre. Les acquisitions proposées comporteraient 204 canons, 408 caissons de batterie et de plus 200 caissons destinés au pare de l'artillerie. Le réarmement serait terminé, comme pour la Suisse, en 1906.

Italie1. L'Italie est passablement en retard. C'est peut-être l'armée où les esprits sont restés le plus longtemps réfractaires à l'idée du recul sur l'affût.

Il est juste d'ajouter que l'Italie a commis, au moins pour son matériel léger, la même erreur que l'Allemagne, avec cette circonstance apparente que sa transformation est plus récente. Les dernières batteries de son canon à tir acceléré, avec affût

1 Revue militaire suisse, mai 1902, janvier et août 1963. Chronique italienne, livraison de mai 1903, p. 443. V. aussi la Chronique italienne de la présente livraison.

rigide, modèle analogue au canon allemand de 1896, ont été livrées aux troupes il y a six mois à peine. Il est difficile de reconnaître déjà qu'une erreur a été commise.

La transformation du matériel lourd n'en a pas moins été suspendue. Onfétudie à l'arsenal de Turin soit une transformation du dernier affùt qu'il s'agirait de munir d'un berceau destiné à recevoir la bouche à feu, soit un affùt entièrement nouveau. Pour l'un et l'autre, le système de déformation est analogue à celui de l'affût Krupp modèle 1901, avec récupérateur à

ressort.

Roumanie. Les premiers essais comparatifs ont commencé en Roumanie en 1898 déjà. Y ont pris part St-Chamond, Krupp, Schneider-Creusot, Hotchkis. Un canon a été présenté aussi par le colonel roumain Perticari en collaboration avec DarmancierLafette. Actuellement de nouvelles expériences sont poursuivies avec une batterie Krupp à recul sur l'affût.

Russie1. Une partie de la nombreuse artillerie de campagne russe, 1200 pièces, dit-on, a été armée du nouveau canon Engelhardt, construit dans la fabrique de Putilow. La bouche à feu recule sur l'affût avec le berceau qui la supporte. Le recul est absorbé par un frein à glycérine suivant les uns, un frein hydraulique suivant d'autres. Le retour en batterie est provoqué par des tampons en caoutchouc. On fait à ce canon les mêmes reproches qu'aux types français et norvégiens: son poids; aussi ne porte-t-il pas de boucliers. Il n'est pas certain que le canon Engelhardt doive être fourni à toutes les unités de l'artillerie de campagne.

Serbie. Jusqu'ici les essais tentés en Serbie n'ont porté que sur une batterie Skoda. Ils étaient engagés au moment de l'assassinat du roi Alexandre. Dès lors, on a annoncé qu'ils seraient repris concurremment avec d'autres modèles non encore désignés.

1 Revue militaire suisse, nov. 1903, p. 868.

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