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BIBLIOGRAPHIE

Militärgeographische Uebersicht des Kriegschauplatzes in Ostasien, par le major J. SCHÖN. Vienne, Seidel & Sohn, 1904. 64 pages in-8 et cartes. Prix: 1 fr. 60.

Le but de cette brochure est de mettre le public militaire au courant des conditions d'existence sur le théâtre de la guerre russo-japonaise. L'auteur expose successivement non seulement l'orographie et l'hydrographie, mais surtout le climat, la civilisation et les ressources de ces régions si peu connues des Européens.

Nous y apprenons entre autres que la Mandchourie est un pays beaucoup plus productif que l'on ne se l'imagine communément et que, à peu de choses près, elle peut fournir presqu'indéfiniment la subsistance nécessaire aux belligérants. D'autre part, l'insuffisance absolue du réseau routier, soit en Mandchourie, soit plus encore en Corée, rend très difficiles non seulement les opérations elles-mêmes, mais encore et surtout le ravitaillement soit en vivres soit en munitions.

Une bonne carte d'ensemble et des plans de Port-Arthur, de Vladivostok et de la vallée du Yalu accompagnent ce petit volume que devraient connaître tous ceux qui veulent suivre de près les opérations d'ExtrêmeOrient.

L.

La télégraphie sans fil, l'œuvre de Marconi, par Emile GUARINI. Bruxelles. Ramlot frères, 1903. 64 p. in-8°. Prix : 2 fr. 50.

Cette brochure, publiée d'abord en anglais par le Scientific American. de New-York, fait l'histoire de la télégraphie sans fil depuis les premiers essais de Hertz jusqu'aux dernières expériences de Marconi.

Elle se termine par un aperçu sur l'avenir de la télégraphie sans fil, qui a d'autant plus d'intérêt que l'auteur est lui-même l'un des spécialistes les plus distingués dans la partie.

M. Guarini reconnaît que le système, dans son état actuel, présente encore deux grands défauts :

Premièrement, il ne garantit pas le secret des dépêches: il est toujours possible bien entendu si la distance ne dépasse pas certaines limites - de surprendre les dépêches, par exemple, en se servant d'un cohéreur suffisamment sensible, relié d'une part à la terre et de l'autre à une antenne appropriée. On peut, en outre, rechercher la longueur d'onde du transmetteur dont on surprend la dépêche et dès lors on peut recevoir aussi loin que Marconi avec ses appareils.

Deuxièmement, lorsqu'il y aura dans un rayon déterminé un grand nombre de stations, la communication intelligible cessera de pouvoir se faire, puisque les différentes stations s'influenceront réciproquement.

Le remède proposé, la syntonisation ou l'accord des appareils, n'a pas produit l'effet désiré. Il assure bien, dans une certaine mesure, le secret des dépêches, mais il ne peut empêcher l'interférence et la confusion des dépêches.

Les nombreuses expériences de M. Guarini l'ont amené à conclure que

ja véritable solution se trouve dans la limitation de l'espace; il faut arriver à concentrer les ondes dans la direction voulue tout comme on projette un faisceau lumineux. Théoriquement, cela semble assez simple; pratiquement, le problème est des plus compliqués; M. Guarini en a déjà trouvé la solution partielle; on peut prévoir que la solution définitive et complète ne se fera pas longtemps attendre.

M. Guarini ne parle de l'avenir de la télégraphie sans fil qu'au point de vue commercial. Sans prétendre à être compétent en ces matières, il nous semble que la solution qu'il indique serait aussi la meilleure au point de vue militaire. Le jour où l'on pourra braquer un appareil télégraphiquedans une direction donnée, la transmission pourra se faire d'une manière aussi secrète, aussi intelligible et beaucoup plus rapide que par les signaux optiques. L'introduction de la télégraphie sans fil s'imposera alors dans toutes les armées.

L.

Une petite garnison française, roman de moeurs militaires, par le lieutenant CHARLY. Un vol. in-12 de 317 pages. Paris, Librairie illustrée, 1904.

Prix: 3 fr. 50.

Oh! qu'elle est pénible et douloureuse à lire, cette prétendue vie d'« un régiment français sous la Troisième République. » Peinture systématiquement poussée au noir, sans presque rien de doux et de consolant. Eussiezvous cru qu'on put entasser plus d'horreurs qu'il n'y en a dans léna ou Sedan? plus d'assassinats, de folies, de suicides, d'abus de pouvoir, de platitudes, de calomnies, de maladies, de viols, de débauches? Eh bien, je crois que, sur ce chapitre-là, le lieutenant Charly l'emporte sur F.-A. Beyerling. Et celui-ci a des descriptions poétiques, de fraîches échappées vers l'idylle, que vous chercheriez vainement sous la plume de celui-là.

Il est juste d'ajouter que le jeune écrivain français compose mieux que le romancier allemand: son talent est plus sobre. C'est avec pureté qu'il écrit, même quand il écrit des impuretés. Et puis, il a le mérite de bien connaitre le milieu dont il parle; du moins, il en connaît bien les mauvais sentiments, s'il a l'air de n'en avoir pas observé les bons. Son pessimisme amer et injuste ne l'empêche pas de voir juste certaines des choses qui se passent à la caserne; aussi ses descriptions ne manquent-elles pas d'exactitude, si tant est qu'on puisse être exact en n'envisageant et en ne montrant que l'une des faces, et la plus déplaisante. Peut-être tous ses personnages ne sont-ils pas très vivants; mais beaucoup de ses scènes sont vécues. Bref, l'œuvre qu'il a composée, pour si répugnante que je la trouve, ne manque ni de valeur ni d'intérêt. J'ajoute qu'il ne serait pas absolument impossible qu'il aimât l'armée. Seulement, il l'aime à sa manière qui est particulière et qui me parait particulièrement mauvaise telle qu'il nous la représente, cette armée ne saurait être qu'un objet de haine, de dégoût, de mépris. Mais, après tout, le lieutenant Charly n'a peut-être d'autre intention que de spéculer sur la vogue de la Petite Garnison, dont la publication a fait scandale en Allemagne. S'il en est ainsi, il faut convenir qu'il l'emporte sur le lieutenant Bils par les qualités littéraires; mais il manquera à son succès un procès comme celui qui, à Forbach, a prouvé l'exactitude des critiques formulées par l'officier allemand. Cette consécration lui fera défaut. Et c'est fant mieux.

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Après le double échec de leur tentative « d'embouteillage » de la flotte russe à Port-Arthur, les Japonais se tinrent éloignés pendant quelque temps de la forteresse. Les Russes s'attendaient à une reprise d'hostilités pendant les fêtes de Pâques. Celles-ci tombaient sur le 10 avril, nouveau style. Elles constituent pour les Russes la fête par excellence, et l'on pouvait supposer que les Japonais trouveraient opportune cette circonstance, pour profiter des distractions qui en pouvaient être le résultat.

L'amiral Makarof prévint la chose; il restreignit les festivités aux cérémonies strictement ecclésiastiques et multiplia les mesures de précaution. A bord d'un torpilleur, il patrouilla personnellement la rade pendant plusieurs nuits, afin de s'assurer du rigoureux service des bâtiments de garde. Cependant la flotte japonnaise ne fut pas aperçue. Le lundi de Pâques, le bruit avant couru que de grands transports japonais étaient en route pour Niou-Tschouang, Makarof, à l'aurore, fit lever l'ancre à toute sa flotte et croisa jusqu'en vue de Waï-heï-Waï. Il ne découvrit aucun bateau ennemi. Le mardi 12 avril, il rentrait au port.

La flotte japonaise mouillait dans son excellente position de surveillance à l'est des Hes Blondes. Ce petit groupe d'iles est situé à 150 kilomètres à l'est de Port-Arthur. La plus orientale et la

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plus étendue de ces îles, Hai-jang-Tao, possède un port naturel spacieux, dont la flotte japonaise a fait sa base d'opérations contre Port-Arthur. Elle se trouve ainsi à peu près au milieu de la grande baie de Corée et presque exactement sur la ligne de PortArthur à l'embouchure du Ya-Lu. Une flotte russe ne saurait entraver un débarquement japonais sur la côte occidentale de la Corée ou le rivage sud de la Mandchourie sans passer par là et sans être contrainte, par conséquent, à accepter, au préalable, le combat. L'amiral Makarof ne pouvait s'exposer à l'éventualité d'une bataille en haute mer; son infériorité numérique lui faisait un devoir de rentrer au port en temps utile.

L'amiral Togo constatant que son abstention n'engageait nullement les Russes à sortir de leur abri, décida, le 12 avril, de les entreprendre d'une autre façon, de les attirer hors de PortArthur ou tout au moins de leur causer quelque dommage et les affaiblir.

Demeurer dans le port passive, sans combattre, équivalait, pour la flotte russe à subir des pertes en hommes, en matériel et en puissance morale pendant chaque bombardement, cela sans aucune diminution de l'adversaire. Une pareille attitude était aussi opposée aux principes de la guerre que contraire au tempérament de l'amiral Makarof. En sortant dans la rade pour combattre, l'escadre russe, agissant en coopération avec les batteries côtiè res, avait au moins l'espoir de causer un dommage à l'ennemi. Elle entretenait en même temps l'esprit guerrier de ses équipages et, comme ces sortes de canonnades se terminaient généralement par la retraite de la flotte japonaise, elle procurait aux siens l'impression d'une victoire.

Cette conception de ses devoirs manifestée dans les combats précédents par Makarof ne fut sans doute pas étrangère au plan d'attaque que combina l'amiral Togo pour la nuit du 12 au 13 avril. Trois divisions de torpilleurs escortèrent dans la rade de Port-Arthur, au milieu de la nuit, le bateau porte-mines Koriomaru. Le brouillard et la pluie rendaient plus opaques les ténèbres, si bien que les projecteurs russes éclairaient mal et que le Koriomaru réussit à immerger plusieurs mines devant l'entrée du port. A l'aube, les Japonais furent appréhendés par sept torpilleurs russes; un combat s'engagea dans lequel les Russes ne tardèrent pas à se trouver en état d'infériorité. Leur contre-torpilleur Bestraschy (350 tonnes, 27 nœuds) fut en

touré de plusieurs torpilleurs japonais, et coulé, corps et biens, à coups de torpilles.

Vers 8 heures, le grand cuirassé Bajan se présenta et donna vivement de sa grosse artillerie contre les torpilleurs ennemis; mais ceux-ci furent appuyés par une escadre de six croiseurs qui prirent rapidement sur le Bajan la supériorité du feu, si bien que l'amiral Makarof lui donna l'ordre de regagner le port. L'amiral lui-même, ayant hissé son pavillon sur le Petropawlosk, sortit à la tête de son escadre de combat. Le suivaient les vaisseaux de ligne Pobjeda, Peresviet, Sebastopol et Poltawa, accompagnés de cinq torpilleurs. Ils avancèrent dans la rade extérieure pour attaquer l'escadre des croiseurs japonais, croiseurs rapides, d'une construction légère, qui n'acceptèrent le combat par le feu qu'à longue portée, se retirant au large dans la direction de l'est. Les Russes les poursuivirent quelque 15 milles (28 km.) à l'est de la rade; mais sur ces entrefaites, surgissant du brouillard au sud, se présentèrent douze grands bâtiments japonais qui firent mine de marcher sur l'escadre russe. Aussitôt Makarof donna l'ordre de virer de bord et de se diriger à toute vapeur vers la rade. C'était le gros de la flotte de combat japonaise. Avertie par les croiseurs au moyen de la télégraphie sans fil, elle s'était approchée, un peu trop tôt à la vérité, car Makarof n'était pas encore assez éloigné du port. Elle ne put le joindre qu'à grande distance, comme il regagnait la protection des ouvrages de la

côte.

Au moment où, rentrant dans la rade, l'amiral russe disposait. son escadre pour le combat suivant son plan coutumier, le Petropawlosk donna sur une mine japonaise. L'explosion fut aussitôt suivie d'une seconde, provoquée par la première dans la soute aux munitions du navire; en moins de deux minutes, l'immense bâtiment s'abimait dans les flots. Il était 10 h. 40 du matin. A peu près au même instant, le Pobjeda recevait un coup de torpille sous la ligne de flottaison. Il parvint néanmoins à regagner le port sans mort d'hommes, suivi des autres unités qui n'éprouvèrent pas non plus de pertes

sérieuses.

L'escadre japonaise ne poursuivit guère. Elle se livra pendant quelque temps à un bombardement plutôt mou et à longue portée des batteries de côtes. Un peu après midi, elle faisait vapeur

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