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l'attitude des Français, bons manœuvriers qu'ils contraignent tout ce qui restait de l'avant-garde moscovite à lâcher pied pour aller se réfugier derrière le 2e bataillon... >>

Et plus loin.

un matériel hors d'usage

« Abusé le 24, à l'arrivée des bateaux, que les pontonniers des 8o compagnies des 1er et 2e bataillons feignaient de dissimuler devant Rein, à l'échelonnement de plusieurs pelotons, au passage des officiers d'état-major en reconnaissance vers Stilli, et à la canonnade qui éclatait le 25, le général russe ne pénétrait qu'à 10 heures du matin, le dessein des Français, quand il se trouvait séparé de Markoff, dont les troupes attaquées avant le jour étaient en partie détruites. >>

Ou bien ce sont des rapprochements de termes éveillant pour le même fait, des impressions contradictoires. Par exemple : « Un moment, Rosenberg et Bagration marquèrent le pas, laissant passer Miloradowitsch qui, entraînant deux bataillons, marchait en bon ordre, s'avançait prudemment.... »

Des fautes de ce genre ne sont pas rares; elles contribuent à l'impression que l'ouvrage aurait gagné à être mûri davantage et contrôlé de plus près dans le détail. 1 Il n'en reste pas moins que l'auteur a compulsé un grand nombre de documents dont quelques-uns peu ou pas connus, et que dans l'ensemble, son volume expose de façon intéressante les péripéties d'une campagne difficile à décrire et ingrate à étudier pour qui n'y cherche pas surtout des enseignements tactiques.

F. F.

CHRONIQUE ALLEMANDE
(De notre correspondant particulier.)

L'Annuaire de l'armée pour 1904.

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Le corps de protection dans l'Afrique
Les mutations et les

sud-occidentale. L'Etat militaire de l'Empire. décès du mois. Quelques livres.

L'« Annuaire de l'armée » de 1904 accuse des mutations en foule dans les hauts emplois. Il nous présente comme personnel nouveau le ministre de la guerre, des titulaires à la tête de trois des départements du ministère, deux inspecteurs d'armée aux IIe et III inspections, 5 commandants de corps d'armée, soit ceux des VIe, IX, XI, XVIe, XVIIIe corps, 13 divisionnaires, 26 brigadiers d'infanterie, 15 de cavalerie, 9 d'artillerie de campagne. Dans les unités subalternes dont les chefs ont changé, on compte 46 régiments d'infanterie, 22 de cavalerie, 22 d'artillerie de campagne, 4 d'artillerie à

1 Voici encore un de ces détails : l'auteur déclare que Hotze est né dans le canton de St-Gall; en réalité Hotze est né à Richterswyl, canton de Zurich.

pied, 2 bataillons de chasseurs, 7 écoles de sous-officiers, 9 bataillons de pionniers, 1 de télégraphe, le bataillon d'aérostiers, 6 bataillons du train, 5 écoles de guerre, 2 de cadets. Les places fortes de Cologne, Mayence, Thorn, Ulm et la garnison de Stuttgart ont de nouveaux gouverneurs, BitscheCuxhaven, Diedenhofen et Posen de nouveaux commandants. Dans l'état, major général il y a un nouveau quartier-maître général en la personne du lieutenant-général v. Moltke.

L'inspection générale des instituts d'instruction et d'éducation militaires a un nouveau chef; la commission d'essai de l'artillerie un nouveau président. A citer encore pour être complet le directeur de l'école de tir de l'artillerie de campagne et un inspecteur des ingénieurs.

Ont été promus 2 colonels-généraux, 9 généraux, 25 lieutenants-généraux, 30 majors-généraux, 53 colonels, 78 lieutenants-colonels, 308 majors; sont décédés: le président du tribunal militaire suprême de l'Empire, général d'infanterie Frhr. v. Gemmingen et le président de la commission d'essai de l'artillerie, le lieutenant-général bavarois Fuchs v. Bimbach.

En revanche, les changements de garnison ont été insignifiants. Dans T'organisation on trouve quelques régiments qui ont reçu d'autres désignations, par exemple le régiment d'artillerie de campagne no 63 à Francfort s. Mein, auquel on a ajouté le nom de cette ville: « régiment Francfort ». En général l'annuaire de 1904 indique de nombreux changements dans les personnes, mais presque aucun dans l'organisation.

L'attention s'est plus particulièrement portée sur la publication d'un Annuaire du « corps spécial de protection » dans l'Afrique sud-occidentale existant actuellement. J'en donne un aperçu.

Le commandant en chef est le lieutenant-général v. Trotha avec, comme chef d'état-major, le lieutenant-colonel Chales de Beaulieu et comme adjudant le capitaine v. Lettow-Vorbeck. Le commandant en chef dispose de 3 officiers d'état-major général. Le détachement des signaux compte 6 lieutenants dont un comme chef. Nous trouvons ensuite à l'intendance: 2 conseillers dont l'un comme chef, un trésorier; à l'office de santé, un médecin supérieur et un second médecin, un vétérinaire; enfin deux fonctionnaires judiciaires.

A la suite du corps spécial est inscrit le colonel Leutwein, le gouverneur bien connu.

Les troupes comprennent 2 régiments de campagne, à cheval, le premier sous le lieutenant-colonel Muller, le deuxième sous le colonel Deimling. Un régiment de campagne comporte 3 officiers supérieurs, le 1er régiment possède 12 capitaines, l'autre 8. Comme lieutenants, on parle de 58 lieutenants en premier et en second au 1 régiment, 44 à l'autre. Ces chiffres

ne sont pas définitifs, non plus que le nombre des médecins, 34 au 1er régi. ment dont deux devaient passer à l'artillerie, 6 au second régiment. Les régiments ont des vétérinaires et des trésoriers.

Le détachement compte une subdivision de mitrailleuses, capitaine Dürr avec 3 officiers, deux groupes d'artillerie à cheval, commandés par des majors, (1 groupe, 4 capitaines, 21 lieutenants; 2, 2 capitaines, 9 lieute nants): comme troupes techniques: 1 détachement de chemin de fer (4 officiers), 1 détachement de télégraphie sans fil (5 officiers). On trouve encore un commandement des étapes sous les ordres d'un major (4 officiers, 5 employés) un dépôt de chevaux (2 officiers, 3 médecins et employés), un major de l'habillement et de l'équipement (2 officiers). Pour le ravitaillement en munitions, etc., il y a un convoi commandé par un major (12 officiers) et le dépôt d'artillerie (3 officiers).

Le lazareth a un chef et 13 autres médecins. Enfin une manutention avec boulangerie.

*

L'Etat militaire de l'Empire (Reichs-Militäretat) pour 1904 a reçu quelques modifications dont je cite les plus importantes. Au XVIe corps d'armée, à Metz, a été attachée une subdivision de mitrailleuses; elle relève du régiment d'infanterie no 67. Les autres subdivisions ont été renforcées, aussi bien les sections attelées de l'artillerie à pied que les autres formations. Les lieutenants-colonels de l'infanterie et du corps des ingénieurs et pionniers qui ne sont pas commandants de régiments recevront, à titre d'indemnité, une haute paie de 1150 marks par an; les lecteurs se souviendront que les lieutenants-colonels de cavalerie et d'artillerie sont tous faisant fonction de commandants de régiments.

*

Les mutations mensuelles n'ont pas dépassé les limites des commandements de brigade. Ont été promus 7 majors-généraux, 3 colonels, 6 lieutenantscolonels, 5 majors, 12 capitaines, 59 lieutenants. Ont obtenu leur démission 3 majors-généraux, 1 colonel, 2 lieutenants-colonels, 3 majors, 7 capitaines, 24 lieutenants. Parmi les nouveaux majors-généraux, le commandant de la 7e brigade d'infanterie Brauer a appartenu longtemps au 12 grenadiersLa 76° brigade d'infanterie a été conférée au major-général v. Frankenberg und Ludwigsdorff du 34o fusiliers. Le nouveau commandant de la 60° brigade d'infanterie major-général Pavel est sorti du 5e chasseurs. Pendant l'expédition en Chine il s'est distingué à la tête d'un régiment (2e Ostasiatisches) et a reçu l'aigle rouge de II classe aux épées. Le comte de Haslingen qui a été promu également commandait déjà comme colonel la 37° brigade d'infanterie. Ont, avant leur mutation, commandé des brigades comme colonels le major-général v. Mitzlaff, Scheller et Werwitz. Mitzlaff a la 3e brigade de cavalerie de la Garde. Scheller appartient à l'artillerie de

campagne et commande la 29e brigade. Werwitz, de la cavalerie, prend la 35 brigade; il appartient à l'Institut d'équitation militaire comme directeur de l'école de sous-officiers de cavalerie.

Deux commandants de forteresses ont reçu le grade de majors-généraux : Rauscheaftat, de Bitsche, et Weber, de Wesel. Le commandant de Berlin. lieutenant-génǝral v. Höpfner, qui commanda une brigade en Chine, a été nommé, les premiers jours de juin, à la tête de l'inspection de Berlin pour la landwehr.

Je signale le décès de deux généraux qui se sont distingués aussi bien en temps de paix qu'en temps de guerre: le général de cavalerie Gebhard v. Krosigk, mort le 29 mai, et le général d'artillerie Julius v. Voigts-Rhetz, mort le 9 juin. Krosigk a été chef de l'Institut d'équitation militaire et inspecteur de cavalerie; il a beaucoup fait pour le perfectionnement de l'équitation dans l'armée, et étudié non sans mérite la tactique de la cavalerie. Il a pris part à nos grandes guerres de 1866 et 1870-71; dans cette dernière campagne, il a rempli avec une grande distinction les fonctions d'aide de camp du prince Frédéric-Charles de Prusse. Le général v. Voigts-Rhetz a été inspecteur général de l'artillerie de campagne; il fut le dernier titulaire de cet emploi. En 1866, il appartenait à l'Etat-major de la 2e division d'infanterie de la Garde. En 1870-71 il fut chef d'état-major du III corps d'armée sous le général v. Alvensleben II. Il s'est distingué aussi bien dans les batailles devant Metz que dans les combats de la Loire. Après la guerre il appartint longtemps au ministère de la guerre. Il avait obtenu la plus haute distinction pour le mérite en guerre : « l'Ordre pour le mérite ».

Le IX corps d'armée, qui prendra part aux manœuvres impériales, prépare sa revue devant l'empereur tout près de Hambourg-Altona.

*

Dans le domaine de la littérature, une publication du général v. Hoffbauer est digne d'attention: Schwebende Feldartillerie-Fragen; elle complète l'ouvrage précédent du même auteur: Altes und Neues aus der Deutsche Feldartillerie; revêtent une importance spéciale les pages appréciant l'obusier léger de campagne. En souvenir du général v. Göben, le célèbre représentant de l'armée du Mein en 1866, son ancien officier d'état-major général, lieutenant-général v. Iena publie les événements de la campagne sous le titre General von Gæben im Feldzuge 1866 gegen Hannover und die süddeutschen Staaten und meine Erlebnisse in diesem Feldzuge als Generalstabsoffizier der Division Gæben. L'ouvrage est très intructif et intéressant

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CHRONIQUE FRANÇAISE

(De notre correspondant particulier.)

Grandissimes manoeuvres de cadres. Le service dans les états-majors. — Le recrutement des officiers. Les ordonnances d'officiers.

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Aux Invalides.

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service de deux ans à la Chambre. — L'Armée républicaine.

Nous faisons du grandiose. Nous venons de nous payer des manœuvres de cadres d'armée, s'il vous plaît. Cinq corps contre cinq corps, et, comme chefs d'armées en présence, ni plus ni moins que nos grands chefs d'école : de Négrier contre Langlois. Au-dessus de ces deux-là, le généralissime en personne notre grand Brugère. Excusez du peu.

Et bien, malgré tout cela ou plutôt à cause de tout cela, on n'a pas fait de la très bonne besogne. En dépit de leur courtoisie, les deux rivaux ont... rivalisé; et, quand il a fallu les départager, on n'a plus trouvé personne.. L'arbitre suprême s'est dérobé, au vif désappointement de la galerie.

On avait compté sur une critique finale, sur une conférence contradictoire qui mettrait en contact les deux théories opposées et d'où sortiraient quelques enseignements. Par avance, on se léchait les lèvres à la pensée de savourer ce régal. Hélas! les opérations ont fini dans une sorte de deliquium amorphe. C'est dommage, grand dommage, car elles avaient fort bien commencé. Les principes avaient été clairement énoncés et intelligemment défendus. Mais, lorsqu'on est passé à l'application, on a été tout étonné de ne pas retrouver la même netteté.

J'ai dit, l'an dernier, que, aux manœuvres du Limousin, le général de Négrier avait agi au rebours des théories qu'il professe, et conformément aux traditions et aux règlements dont le général Langlois s'est constitué le défenseur.

Eh bien, dans les dernières séances de juin 1904, celui-ci n'est pas resté fidèle à ses propres doctrines, et on lui a vu commettre ce qu'il appelle d'ordinaire des hérésies: on les lui a vu commettre, sans s'expliquer pourquoi il le faisait.

Mais il faut faire la part des circonstances. La situation n'était pas aisée. Le général de Négrier est bel et bien le doyen des généraux de notre armée; il est l'ancien du généralissime. C'est par suite d'un accident ou même de plusieurs qu'il a vu celui-ci passer au premier rang. Le « pacificateur du Tonkin » jouit d'un prestige incontesté et d'une autorité que ses écrits n'ont pas ébranlée, ni ses contradictions non plus. Il a fait campagne. Son adversaire ne connaît la guerre que par les livres. Quant au directeur même des manœuvres, il est gêné par diverses causes. Bref, la chronique raconte qu'il y a eu des froissements, des coincements.

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