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notre armée a besoin. Elle renferme beaucoup de « bonélèves » de « fortenthème ». Elle manque d'officiers qui aient du caractère et de la virilité. La minorité qui en a est si faible qu'elle est étouffée par la masse des autres. Si conservateur que je sois, je souhaite une réforme. Puisse-t-elle seulement être judicieusement conçue et intelligemment effectuée.

Le général Decharme, commandant le XIIe corps d'armée, vient d'être invité à faire ses malles et à quitter l'hôtel qu'il occupe à Limoges. On commente assez vivement cette mesure. On aurait mieux fait de commenter le choix de ce divisionnaire pour le poste qu'il occupe. Connaissant ses opinions politiques et le reste, j'ai été surpris, pour ma part, que le général André, qui les connaît bien, lui aussi, ne se soit pas fait scrupule de le nommer. J'ai été plus surpris encore quand, l'ayant vu à l'œuvre, l'an dernier, aux manœuvres du général de Négrier, j'ai constaté qu'on ne le remerciait pas. On dit que c'est le dit général de Négrier, venu à résipiscence, qui a déterminé le ministre à cette exécution. Il n'y a pas lieu de s'en émouvoir. Le général Decharme est invité à aller planter ses choux : c'est toujours mieux que d'aller au café, comme dit l'autre.

On a reproché au général Pelloux, qui commande le Ile corps d'armée (Nantes), d'avoir officiellement encouragé les officiers sous ses ordres à la délation, dans des discours publics prononcés à l'occasion de sa prise de commandement. Mes renseignements, que je crois très sûrs, opposent à cette information une dénégation formelle. Le général Pelloux a énergiquement recommandé le loyalisme à ses subordonnés. Il leur a dit qu'ils ne devaient rien faire contre la République qu'ils servent. Il a ajouté que, s'ils se rendaient coupables de cette félonie, il leur en cuirait, et qu'ils devaient se retirer spontanément de l'armée s'ils ne se sentaient pas hommes à sacrifier leurs secrètes préférences personnelles aux règles de la profession qu'ils avaient embrassée.

Mais tel est l'état des esprits chez nous que ce langage correct y est considéré comme subversif, et que la calomnie met tout en œuvre contre le général qui s'exprime avec cette netteté.

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CHRONIQUE ITALIENNE

(De notre correspondant particulier.)

Essais d'équipement.

Les grèves et l'armée.

Manoeuvres.

Comme en Autriche, comme en France, comme en Suisse, nous cherchons les moyens d'alléger le paquetage de nos soldats. Des expériences sont en cours dans un régiment d'infanterie. Si elles aboutissent, elles profiteront à tous nos fantassins, ligne, chasseurs à pied et chasseurs .alpins

La diminution du poids est obtenue par les moyens suivants : 1. Remplacement du havresac actuel par un sac de toile. 2. Adoption comme seconde paire de souliers d'un brodequin de quartier. 3. Disparition du veston de toile, d'une paire de guêtres et d'une brosse. On obtient ainsi une réduction de 300 grammes.

Le nouvel équipement se propose aussi une meilleure répartition de son poids. Les cinq paquets de cartouches et les deux boîtes de conserve de viande portés jusqu'ici dans le havresac, seront placés dorénavant dans le sac à pain, sauf un des paquets de cartouches qui peut être logé dans les cartouchières. Ce procédé permet de saisir plus rapidement les munitions.

Le havresac actuel offre de nombreux inconvénients. Il courbe le soldat dans sa marche; il empêche de mettre en joue avec aisance; si la couverture de campagne est arrimée, cela devient une science que d'entrer dans un wagon de chemin de fer. Enfin les courroies sont difficiles à crocher et à décrocher. Le sac à l'essai élimine tous ces inconvénients.

Mais il y a d'autres innovations :

Le képi actuel, lourd, visible à grande distance, est remplacé par un béret léger, difficilement perceptible de loin. Le sac à pain, lourd aussi et malcommode en sa forme actuelle, est remplacé par un modèle plus pratique, pouvant renfermer sans difficulté les vivres de réserve et les paquets de cartouches à côté du pain, et construit de telle sorte qu'il est beaucoup plus aisé pour le soldat de saisir les objets qu'il contient. L'usage du bidon attaché au sac à pain est également facilité. On peut, au surplus, si l'on n'emporte pas le havresac, porter le sac à pain sur le dos.

Les nouvelles cartouchières, à parité de poids et de volume, contiennent quatre chargeurs de plus. Elles ne sont plus doublées d'une lanière de fer blanc dont l'effet était de les alourdir et de les déformer.

Les souliers de quartier, légers et souples, permettent au soldat éclopé de marcher avec moins de fatigue. Enfin les piquets de tente, trop longs et gênants dans le rang, sont échangés contre des piquets plus courts.

Il faut attendre maintenant les résultats des essais.

Au moment où je vous écris, l'agitation est grande dans plusieurs villes d'Italie. Les associations socialistes croient devoir protester, en proclamant la grève, contre l'emploi de l'armée dans la répression de certains troubles ruraux ou ouvriers.

Il est juste de faire remarquer que dans la plupart des cas sur lesquels les manifestants insistent, la troupe n'est pas intervenue, mais uniquement la gendarmerie dont c'est la mission d'intervenir quand l'ordre est troublé quelque part. On a constaté que dans un cas les carabiniers avaient tiré trop rapidement sur des ouvriers qui les attaquaient, et sans avoir attendu l'ordre de leur chef. Des éventualités de ce genre peuvent se produire; il n'en résulte pas que l'armée soit, comme on le prétend, un pouvoir despotique préparé pour tirer sur le peuple.

Il ne faut du reste pas s'exagérer la portée de ces manifestations; elles rentrent dans un plan de politique générale du parti; celui-ci croit avoir trouvé un thème à popularité en rendant toujours l'armée responsable de tout ce qui arrive sur un point quelconque du territoire national. Cela n'ôte rien au sentiment du devoir qui se conserve intact dans les troupes.

Pendant le mois de septembre, nous avons eu en divers lieux des exercices en campagne, mais pas de grandes manœuvres. Le Ve corps à Vérone a exécuté cependant une série d'exercices à la frontière nord, du côté autrichien; trois régiments alpins avec plusieurs compagnies de milices mobiles et le groupe d'artillerie de montagne de la Vénétie y ont pris part. Les résultats paraissent avoir été satisfaisants.

Les principales manœuvres ont été celles de débarquement vers le golfe de Gaëte. Y ont pris part, comme troupes de terre, du côté du défenseur, trois brigades d'infanterie, un régiment de cavalerie, un groupe d'artillerie, une brigade de milice territoriale de trois régiments et des détachements des services auxiliaires. Du côté de l'attaque, les troupes de débarquement ont comporté une brigade d'infanterie, un bataillon de bersagliers, trois escadrons de cavalerie, deux batteries de campagne et une compagnie du génie. Ces troupes appartiennent au Xe corps d'armée. Le commandant du corps, lieutenant-général Valles, a dirigé les manœuvres.

INFORMATIONS

SUISSE

Le projet des commandants supérieurs.

Au moment de mettre en pages, nous recevons le projet de loi arrêté par la conférence des commandants supérieurs. Nous en détachons le chapitre relatif aux attributions des commandants de troupes et un certain nombre d'articles intéressant la condition des officiers.

Art. 146. Les commandants des unités, des corps de troupes et des unités d'armée en ont la direction en temps de guerre et en temps de paix. Il les instruisent. Ils dressent les programmes de travail pour les cours de répétition, commandent ces cours ou les inspectent (87, 115) 1.

Ils veillent à ce que les services manqués soient remplacés.

Art. 147.

Ils nomment les sous-officiers de leurs unités ou de leur état-major et font des propositions pour leur remplacement et pour les écoles d'aspirants-officiers.

Ils tiennent un contrôle de corps de leur unité ou de leur état-major et surveillent l'entretien du matériel.

1 Art. 87.

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Dans l'élite, les cours de répétition sont annuels et durent 11 jours, pour toutes les armes.

Ont l'obligation de prendre part :

1. A tous les cours de répétition : les officiers;

2. A dix cours de répétition: les adjudants sous-officiers, sergents-major et fourriers ;

3. A huit cours de répétition: les sergents et caporaux ;

4. A six, et dans la cavalerie, à huit cours de répétition : les appointés et soldats. Dans les cours de répétition, les exercices des différentes armes, agissant séparément, alternent avec ceux des différentes armes combinées.

Chaque commandant dirige le cours de répétition de son corps.

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Sont inspectés :

1. Les cours auxquels participent exclusivement des troupes d'un corps d'armée, d'une division ou d'une garnison de forteresse, par les commandants de ces unités; 2. Les cours de répétition, par le chef immédiat du commandant du corps de troupe;

3. Les écoles et cours dirigés par les commandants de forteresse, par le commandant du corps d'armée dans le territoire duquel est située la forteresse ;

4. Les exercices dirigés par un commandant de corps d'armée, par le chef du département militaire ou un remplaçant de celui-ci, désigné à cet effet par le Conseil fédéral;

5. Les écoles de tir de l'infanterie, par les commandants de division ou de brigade ; 6. Tous les autres cours et écoles militaires auxquels ne participent pas exclusi

vement des troupes d'un corps d'armée, par les chefs d'armes ;

7. Les écoles centrales et les écoles d'état-major général, par un commandant de corps d'armée, un commandant de division ou un chef d'arme désigné, à cet effet, par le département militaire.

Ils inspectent le matériel de corps et surveillent l'entretien de l'équipe. ment personnel (art. 75) '.

Ils sont entendus sur l'incorporation des officiers d'état-major général et des secrétaires d'état-major et font à l'autorité qui les désigne des propositions sur le déplacement des officiers et la nomination de leurs adjudants.

Ils prononcent sur la réintégration de sous-officiers réhabilités et font des propositions pour la mise en disponibilité d'officiers et de sous-officiers Art. 148. Les commandants supérieurs :

Règlent ce qui touche l'instruction de la troupe et des cadres de leur

unité;

Dirigent l'instruction des états-majors supérieurs (art. 108);

Surveillent l'activité des commandants d'arrondissement de division; Contrôlent les préparatifs pour la mobilisation et la protection des fron tières dans le territoire de leur unité d'armée.

Art. 149. Ils inspectent tous les cours et écoles militaires appartenant à leur unité d'armée. Ils visitent les écoles militaires et cours auxquels prennent part des unités de leur division ou de leur corps d'armée et contrôlent le maintien des effectifs et la présence dans les magasins et arsenaux du matériel de guerre au complet.

Art. 150. Il leur appartient en outre:

De prononcer sur les demandes de dispense des officiers subalternes, après avoir entendu les chefs immédiats de ceux-ci, et de préaviser auprès du Département militaire sur les demandes de ce genre présentées par des officiers supérieurs;

D'approuver les propositions pour les écoles d'aspirants-officiers et les certificats de capacité pour la nomination et la promotion des officiers subalternes.

Ils doivent être entendus sur l'incorporation des officiers.

1 Art. 75. Par des inspections périodiques, on s'assure que le matériel est emmagasiné au complet, en bon état et de manière à permettre une prompte mobilisation. 1. L'équipement personnel est inspecté :

An service militaire, par les officiers, secondés, tous les deux ans, par le contròleur d'armes ;

Dans les communes, pour les hommes de l'élite qui ne font pas de service pendant l'année et pour les hommes de la landwehr et du landsturm, par les commandants d'arrondissements, avec le concours des contrôleurs d'armes, qui inspectent l'armement, et d'officiers de troupes subalternes, qui inspectent les autres effets d'équipement. Ces inspections ne donnent droit ni à la solde, ni à la subsistance.

2. Les chevaux de cavalerie sont revisés chaque année par les officiers de troupe, au lieu où ces chevaux stationnent.

3. L'équipement de corps est inspecté par les commandants de troupes.

4. Le surplus du matériel de guerre est inspecté tous les deux ans par des officiers commandés à cet effet.

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