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Avec l'armement actuel, toute maladresse dans le combat est payée par des flots de sang. Au surplus, ainsi que l'histoire des guerres permet de le constater, les armées russes n'ont jamais gagné aucune grande bataille offensive en rase campagne, et cela spécialement parce que le haut commandement ne possède pas les qualités indispensables. Le général russe est accoutumé à n'agir que sur des ordres lui détaillant tout ce qu'il doit faire. Qu'au moment de leur réception, ces ordres ne cadrent plus avec la situation, les opérations de l'ennemi l'ayant modifiée, le général russe ne sait pas faire acte d'initiative. Une armée qui est une machine, et que n'anime pas la vie de l'esprit à tous les échelons de la hiérarchie, ne saurait, malgré la plus belle intrépidité possible, répondre aux hautes exigences de l'art de la guerre 1.

30 novembre.

W.

1 Le cliché de la page 854 et la photographie de la grande redoute de Liao-Yang nous ont été obligeamment prêtés par l'Illustration. Ces deux vues accompagnent dans ce journal, numéro du 26 novembre 1904, un fort intéressant article de son correspondant en Mandchourie, M. Reginald Kann. On sait que ce dernier a été prié par les Japonais de quitter leur armée. Dans l'article en question, M. Reginald Kann fait le récit de cet incident.

CHRONIQUES et NOUVELLES

CHRONIQUE SUISSE

Instructeur d'arrondissement et divisionnaire. Reorganisation de l'artil La Société des officiers et la réforme militaire. Général Amédée de la Harpe.

lerie de campagne.

Société romande des armes spéciales.

Le général Jomini. Licenciements.

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Depuis notre chronique de novembre, le Conseil fédéral a pris la décision de principe sollicitée par le Département militaire au sujet du cumul ou de l'incompatibilité entre les fonctions d'instructeur d'arrondissement et celles de commandant de division. Il a confirmé le statu quo, c'est-à-dire I incompatibilité, c'est-à-dire la loi. Les motifs sont ceux que nous avons indiqués en partie :

1o L'instructeur d'arrondissement est un fonctionnaire du Département militaire fédéral et, comme tel, ne doit qu'exceptionnellement (provisoirement) revêtir un commandement.

2o Le divisionnaire devant inspecter les écoles commandées par l'instructeur d'arrondissement, on ne peut admettre que les deux charges soient confondues. Donner à un instructeur d'arrondissement le commandement d'une autre division que celle dont il dirige l'instruction, serait faire inspecter un de ces officiers par son collègue qui peut être plus jeune que lui.

La question est ainsi tranchée. Les commandants de corps d'armée de vront faire une nouvelle présentation pour le commandement de la Ve division

*

Le Conseil fédéral ne tardera pas à éditer l'ordonnance d'exécution de la loi d'avril 1904 relative à la réorganisation de l'artillerie de campagne, Le bureau d'artillerie en a arrêté le projet. Il est probable que celui-ci sera admis sans modifications majeures.

Les 72 batteries nouvelles, à 4 pièces, numérotées de 1 à 72, seront attribuées aux divisions et aux corps d'armée à raison, par division et par corps, d'un régiment de deux groupes à trois batteries. Les régiments seront numérotés de 1 à 12, le régiment de corps prenant rang, dans chaque corps d'armée, immédiatement après les deux régiments divisionnaires. Ains dans le premier corps d'armée, le neuvième régiment actuel deviendra le troisième, batteries 13 à 18, tandis que les régiments du deuxième corps por teront les numéros 4 à 6 et ainsi de suite.

Les cantons continueront à fournir 48 batteries, les 24 autres étant f

dérales. Ces dernières formeront autant que possible la troisième batterie de chaque groupe. Elles seront recrutées sur l'ensemble du territoire du corps d'armée auxquels elles appartiennent, et le plus possible, eu égard aux exigences de la mobilisation, dans le canton avec les batteries duquel elles forment groupe. Genève par exemple, qui lève deux batteries, fournira dans la mesure où son recrutement le permet, le personnel de la batterie fédérale, troisième de son groupe. Ne seront pris hors de ce canton, que les hommes qu'il ne pourrait pas fournir. Ce sera le cas d'un certain nombre de conducteurs. Genève éprouve déjà quelque peine à se procurer ceux qui lui sont actuellement nécessaires.

Le Bureau d'artillerie propose pour la nouvelle batterie l'effectif suivant: 5 à 6 officiers, 155 sous-officiers et soldats, 21 à 22 chevaux de selle, 102 chevaux de trait et 18 voitures (soit 4 pièces, 10 caissons, 1 voiture d'outils 1 fourgon et 2 chars d'approvisionnement), avec une dotation dans les divers échelons de 800 coups par pièce, qui sera portée ultérieurement à 1000 coups.

Il est probable que ces propositions ne seront pas intégralement admises. Il ne paraît guère possible, par exemple, de monter les sergents chefs de pièce. Si nous possédions en Suisse les chevaux disponibles, mieux vaudrait commencer par monter tout ou partie des chefs des compagnies d'infanterie ou, si l'on veut s'en tenir à l'artillerie, les officiers subalternes des compagnies de position.

Le parc de corps est sensiblement augmenté. Chaque corps d'armée reçoit deux colonnes de parc à 3 compagnies chaque. La Ire compagnie de la colonne de parc forme la colonne de munitions d'infanterie; les Ile et III les colonnes de munition d'artillerie. Ces dernières reçoivent 36 caissons, ce qui procure au corps d'armée un total de 144 caissons. Une partie de ces derniers seulement seront du matériel neuf; les autres seront les anciens caissons transformés. Ces derniers pourront contenir 120 coups, les neufs 98Le parc de dépôt est sorti du corps d'armée; il devient une institution d'armée.

La nouvelle organisation commencera à déployer ses effets dès 1905. La remise du canon se fera aux troupes, corps d'armée après corps d'armée, en commençant par le Ier qui sera armé avant le 30 juin. Le II corps recevra ses pièces pendant le deuxième semestre de l'année; les III et IVe recevront les leurs en 1906.

Les neuf plus jeunes classes d'âge seront appelées aux cours spéciaux d'instruction prévus par la loi, tandis que les trois dernières formeront, en vue des manœuvres, des batteries combinées de quatre pièces du matériel actuel. A fin 1906 la livraison du canon à tir rapide sera terminée, et toutes les formations nouvelles organisées.

La plupart des sections cantonales d'officiers ont arrêté leur programme de discussion des projets militaires. Le soin qu'elles y apportent montre assez combien l'œuvre de revision les intéressent. En général, elles sérient les questions, seul moyen de les approfondir. Ainsi, dans les deux séances qu'elle a déjà tenues cet hiver, la société des officiers de la ville de Berne a traité, le 23 novembre, « l'administration militaire et le commandement des troupes,» rapporteur le colonel Schmidt, instructeur en chef de l'artillerie, et le 30 novembre, «l'obligation de servir et l'organisation de l'armée, » rapporteur, le major d'état-major de Wattenwyl.

La Société des officiers de la ville de Lucerne a organisé pour la période du 25 novembre au 21 février sept soirées de discussion. Les rapporteurs sont les suivants : Obligation de servir, major Zelger; Organisation de l'armée (2 séances), colonel Kopp; Instruction de l'armée (2 séances), major Zingg: Administration militaire et Service actif (2 séances), colonel divisionnaire

Heller.

La Société des officiers de la ville Zurich a pris l'avance comme on sait. Déjà l'hiver passé, elle a discuté dans une série prolongée de séances, les principes auxquels devait répondre la future loi, et elle a résumé ces principes dans un certain nombre de thèses que nos lecteurs connaissent. Une commission a été nommée pour examiner maintenant les deux projets en présence, avec mission de présenter son rapport avant le mois de février.

La section vaudoise a invité ses sous-sections à étudier, elles aussi, la question dans son ensemble, mais en priant chacune d'elles d'examiner plus spécialement les sujets qui lui sont désignés, de manière à pouvoir introduire, sur ces sujets spéciaux, la discussion générale dans les séances plénières que le Comité cantonal convoquera ultérieurement. Ces sujets spéciaux sont répartis sous huit rubriques, comme suit :

I. Instruction militaire avant l'école de recrues. al Instruction préparatoire du 1er degré : Préparation à l'école. Gymnastique et sport. Corps des cadets. Situation militaire des instituteurs.

b) Instruction préparatoire du 2o degré : Préparation hors de l'école. Exercices militaires préparatoires volontaires ou obligatoires? Organisation libre ou organisation officielle par l'autorité? Les sociétés de gymnastique; subside fédéral et contrôle. Subside fédéral aux tireurs volontaires avant l'école de recrues.

II. Instruction du soldat dès le recrutement à la fin de son temps de service. — a) Nombre total des jours de service. Egalité ou différence entre les armes.

b) Répartition des jours de service. Durée des écoles de recrues. Nombre et durée des cours de répétition. Périodicité des cours de répétition. Grandes

manoeuvres.

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III. Classes d'âge. Elite, jusqu'à quel âge? Landwehr, un ou deux bans? Landsturm, qui y admettre? Durée du service des officiers.

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Répartition et combinaison des unités tactiques. Faut-il comprendre la landwehr parmi les troupes de campagne? Répartition des unités faites par la loi organique ou latitude laissée au commandant en chef. Système de la division tripartite. Suppression des corps d'armée.

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IV. Les troupes de montagne. Leur constitution. Les « Alpins » : leur recrutement, leur instruction, leur incorporation.

Les bataillons de carabiniers.

Alpins.

Maintien, suppression, transformation en

V. Instruction des sous-officiers et des officiers. a) Pour les sousofficiers: Suppression ou maintien des écoles spéciales en dehors des écoles de recrues. Rôle d'instructeurs des sous-officiers. Création d'appointés dans l'infanterie.

b) Pour les officiers: Prolongation des écoles préparatoires. Suppression de l'école de tir et d'une des écoles spéciales en dehors des écoles de recrues? Ecole centrale obligatoire. Cours préparatoires pour officiers et cours d'officiers d'une unité.

VI. Recrutement et avancement en grade des sous-officiers et officiers. Obligation d'accepter un grade. Conditions d'avancement. Que doit contenir le certificat de capacité? Des autorités administratives ou militaires chargées de qualifier, proposer et nommer aux différents grades.

VII. Autorités administratives et autorités militaires. Limite des compétences. Extension des compétences des commandants supérieurs. Les divisionnaires de carrière. Situation du chef du Département militaire; inspections. Situation du bureau d'état-major général.

VIII. Questions spéciales et propositions nouvelles. — a) Etat-major du génie. b) Suppression du quartier-maitre du bataillon d'infanterie. c) Limite d'âge du recrutement, pour des jeunes gens renvoyés pour défaut physique. d) Examen de gymnastique au recrutement, etc.

Bien entendu, les indications de détail ne sont données qu'à titre d'exemple; ce plan d'étude n'est nullement limitatif; son but est de diriger et de faciliter la discussion.

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La Société romande des armes spéciales a tenu le 3 décembre, à Lau sanne, sous la présidence du colonel Lochmann, ancien chef de l'arme du génie, sa réunion annuelle de Sainte-Barbe. A l'ordre du jour figuraient deux conférences bien faites pour attirer le ban et l'arrière-ban des membres de la Société une conférence du colonel d'état-major Audéoud sur le Transsibérien, et un exposé du colonel d'état-major Schæck, agrémenté de nombreuses projections lumineuses, sur le service des aérostiers.

La réunion a été clôturée par le banquet d'usage.

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Les journaux quotidiens ont signalé l'inauguration d'une modeste plaque commémorative, érigée à Rolle à Amédée-Emmanuel-François De Laharpe, général de division à l'armée d'Italie.

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