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RACE DES CAPÉTIENS.

De l'origine de Hugues-Capet. AVANT d'entrer dans le détail généalogique de la race des Capétiens, il est à propos de dire un mot sur les ancêtres de son chef. Personne n'ignore que hugues-Capet n'avoit pas de titres suffisans pour parvenir au trône par les liens du sang, puisque Louis V, dernier roi de la race des Carlovingiens, étant mort sans enfans, la couronne appartenoit de droit à Charles, duc de la basse Lorraine, fils de Louis d'Outremer et oncle de Louis V. Mais comme Charles s'étoit rendu odieux aux Français par sa conduite, et particulièrement par son traité avec Otton II, roi de Germanie, auquel il prêta hommage, les seigneurs le regardèrent comme un transfuge et comme un déserteur de l'état, l'exclurent de la succession, et déférèrent la couronne à Hugues-Capet, duc de France, et prince le plus puissant du royaume. Ce n'étoit pas la première fois que le sceptre avoit été dans la maison des comtes de Paris; Eudes et Robert, l'un et l'autre fils de Robert le Fort, comte d'Anjou, ou ou l'Angevin, l'avoient porté, sans pouvoir alors le conserver à leurs descendans. Hugues-Capet fut plus heureux et plus adroit. Voyons si ce prince étoit digne par sa naissance du haut rang où il

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est parvenu. Sa généalogie a toujours été un grand point de discussion entre les savans; mais parmi les différentes opinions émises à ce sujet, nous avons cru devoir nous arrêter à celle des savans Bénédictins, qui, dans l'Art de vérifier les dates, établissent cette généalogie de la manière qui nous a paru la plus satisfaisante. Nous ajoutons deux mots à ce qu'ils ont dit de Saint Arnoul premier ancêtre connu de Hugues-Capet, et nous supprimons les preuves qui nous entraîneroient beaucoup trop loin. Voici donc la liste des aïeux de Hugues-Capet, remontant non pas jusqu'à Clovis, comme l'ont prétendu quelques auteurs, ou à Ansprand, roi des Lombards, selon d'autres mais aussi haut que des recherches approfondies et appuyées de preuves, ont paru le démontrer. Cette liste commence à la fin du VI. siècle, ancienneté déjà assez respectable.

1.o S. ARNOUL, de race noble parmi les Francs. (Il exerça plusieurs emplois à la cour de Théodebert II, roi d'Austrasie, à Metz, en 596. Après la mort de son épouse, il entra dans l'état ecclésiastique, fut évêque de Metz en 614, et finit par se retirer dans les déserts des Vosges, où il mourut en pieux solitaire.) 2.o Ansigise, fils de S. Arnoul.

3.o PEPIN le Gros, ou de Heristel, fils d'Ansigi se. Il fut maire du palais, et gouverna pendant vingt-sept. ans sous différens rois, moins en ministre qu'en souverain. Il mourut en 714.

4. CHILDEBRAND I, fils de Pepin le Gros, et frère germain de Charles Martel, qui étoit également fils de Pepin, mais né d'une autre mère nommée Alpaïde ou Alphéïde.

5.o NIVELON OU NEBELONG I, fils de Childebrand I, et comte de Madrie.

6. THÉOTBERT, fils de Nivelon I. Il eut pour frère Childebrand II.

7.° ROBERT LE FORT ou l'Angevin, fils de Théotbert, comme l'ont démontré les Bénédictins cités plus haut. Robert le Fort et Robert l'Angevin, c'est le même homme, quoique des auteurs en aient fait deux individus; il étoit de race royale, frère de la reine Ingeltrude, et beau-frère de Pepin I, roi d'Aquitaine; il a pris la défense de Pepin II, son neveu, contre le roi Charles-le-Chauve.

8.o ROBERT, élu roi de France en 922, fils de Robert le Fort, et frère d'Eudes, qui fut roi de France avant lui.

9.o HUGUES LE GRAND ou le Blanc, fils de Robert le précédent.

io. Enfin, HUGUES-CAPET, fils de Hugues le Grand, et père de Robert, l'un et l'autre rois de France et dont nous parlerons bientôt plus en détail.

pas

On voit par cette généalogie, quesi HuguesCapet n'avoit de droits à la couronne comme le plus près parent de Louis V, mort sans enfans, il n'étoit pas indigne d'y être appelé par son illustre naissance, puisqu'il étoit de race royale; par ses hautes dignités puisqu'il étoit duc de France, comte de Paris et d'Orléans; enfin par ses grandes qualités et ses talens distingués, puisqu'il sut gouverner avec gloire et transmettre le trône à son fils, ce que n'avoient pu faire les deux comtes de Paris, rois de France, ses prédécesseurs, à l'égard de leurs enfans.

Abordons maintenant la généalogie des rois de la race capétienne, divisée comme nous l'avons dit en trois branches.

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38. Roi de France, 1.er de la 3. race 1. er de la branche capétienne.

HUGUES - CAPET, fils de Hugues - leGrand, duc de France, comte de Paris, puis duc de Bourgogne, et de Hatwige, fille de Henri l'Oiseleur roi de Germanie, né

vers.

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941. Duc de France et comte de Paris, en 960. Elu roi de France à Noyon, par ses vassaux et quelques seigneurs de ses amis, le 15 mai. 987. Couronné et sacré à Reims par l'archevêque Adalberon le 3 juillet de la même année 987.

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Marié à ADELAIDE, que l'on croit fille de Guillaume III, dit Tête d'étoupes, duc de Guyenne et comte de Poitou, vers 965. Meurt le 24 octobre.

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· 996.

Les enfans qu'il a eus d'ADELAÏDE sont:

1.o ROBERT, son successeur.

2.o Hatwige, mariée à Rainier, comte de Hainaut, puis à Hugues III, comte de Dagsbourg.

3.o Gisele, femme de Hugues, avoué de

Saint-Riquier, dans le Ponthieu, et Sei-. gneur d'Abbeville.

Fils naturel: Gauzlin, abbé de SaintBenoît-sur-Loire, puis puis archevêque de

Bourges.

Le tombeau de Hugues-Capet se voyoit à SaintDenis; il étoit sculpté en pierre, de grandeur naturelle, et portoit pour inscription HUGO CAPET Rex. -Hugues-Capet réunit à la couronne le duché de France, le comté de Paris et le comté d'Orléans.

Mezerai dit que sur la fin de la seconde race « le royaume étoit tenu selon la loi des fiefs et se gouver noit comme un grand fief plutôt que comme une monarchie. » C'est le cas de dire ici un mot de l'origine du gouvernement féodal et de la création des fiefs parce qu'il en est souvent question dans l'histoire de France.

Charles Martel avoit institué, pour récompenser les services qu'on lui rendoit, des bénéfices dont les possesseurs étoient tenus de lui garder fidélité; ces bénéfices n'étoient qu'à vie. Charles-le-Chauve les rendit héréditaires, et ils prirent alors le nom de fiefs. Tous ceux qui tenoient ainsi des fiefs du roi, furent ses vassaux directs; ils le reconnoissoient pour leur seigneur ou suzerain, car la supériorité de celui qui donnoit des terres en fief, s'appeloit suzeraineté. Ces vassaux directs du roi étoient tenus de lui faire hommage de leurs fiefs, de lui rester fidelles, et de le suivre à la guerre; autrement ils étoient cités au tribunal du roi leur suzerain et condamnés à perdre leurs fiefs. Ces vassaux cédèrent à leur tour en fief, à des nobles moins riches qu'eux, soit des terres de leur patrimoine, soit une partie de celles qu'ils avoient reçues du roi. Ils furent donc suzerains et eurent des vassaux. Les seigneurs les plus puissans prirent le titre de duc qui étoit fort ancien, et donnèrent aux provinces dont ils s'emparèrent à titre de fief, la qualité de duché. C'est ainsi que se formèrent les grands fiefs appelés duchés de Normandie, de Bretagne, d'Aquitaine, de Bour

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