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IV. Le Concile de Trente demande, dans les sujets promus au Cardinalat, les mêmes qualités qu'il exige pour les Evêques (1). Il désire encore que le Souverain-Pontife les choisisse, autant que possible, parmi les hommes les plus capables de toutes les parties du monde catholique (2).

Une naissance illégitime, même réhabilitée par un mariage subséquent, est, d'après la Constitution Postquam de Sixte V, un obstacle. Le même Pape établit encore que le sujet à élire doit être au moins dans les ordres mineurs et avoir porté l'habit et la tonsure cléricale depuis un an; n'avoir ni fils ni petits-fils au moment de son élection; n'avoir dans le sacré Collége ni frère, ni cousin, ni collatéraux ascendants ou descendants dans le second degré de consanguinité.

L'âge exigé n'est pas déterminé pour les Cardinaux-Evêques ou prêtres; mais, d'après le décret du Concile de Trente que nous citions tout à l'heure, les canonistes le fixent à trente ans. Quant aux Cardinaux-Diacres, Sixte V veut qu'ils aient vingt-deux ans accomplis, et qu'ils soient obligés de recevoir l'ordre du diaconat au bout d'un an après leur élection sous peine d'être privés de voix active et passive, tant dans les actes consistoriaux et autres que dans l'élection du Souverain-Pontife (3).

Jusqu'à l'époque d'Alexandre V (1409), les Cardinaux gardaient jusqu'à la mort le titre qui leur avait été conféré. Ce Pape, à cause des besoins de l'Eglise, leur permit de passer de l'un à l'autre. Eugène IV autorisa cet usage, qui fut enfin sanctionné, et soumis à des règles précises, par Sixte V. Quand un titre devient vacant par la mort du titulaire, il peut être pris par l'option d'un des survivants. Si c'est un des évêchés suburbicaires (sauf celui d'Ostie, qui est réservé au Cardinal-doyen ), le plus ancien des Cardinaux-Evêques y a droit. Le plus ancien des prêtres peut opter pour le dernier évêché quand il devient vacant, et garder quelquefois par indult son titre presbytéral. Le plus ancien des Diacres a la même prérogative pour im titre presbytéral, qu'il occupe per saltum; il y prend rang, près son ancienneté dans le cardinalat, et a la préséance sur les Cardinaux-Prêtres nommés à leurs titres pendant qu'il était parmi les Cardinaux-diacres. Clément VIII ajoute à cette disposition que les Cardinaux doivent avoir, avant de jouir de cette faculté, passé dix ans dans leur ordre.

d'a

Le privilége de l'option n'est accordé qu'aux Cardinaux résidents à Rome ou à peu de distance..

Le décanat du sacré Collège appartient au plus ancien des Cardinaux-Evêques, présent à Rome au moment de la vacance, ou absent

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par commission spéciale du Saint-Père. Le Cardinal-doyen reçoit le premier les visites des ambassadeurs et les hommages des Cardinaux nouvellement créés. Il a le privilége de consacrer le Souverain-Pontife et de porter en conséquence le pallium.

V. La dignité du Cardinal est la première dans l'Eglise après celle du Souverain-Pontife. Eugène IV, dans sa Constitution Non mediocri, les place au-dessus des Évêques, Archevêques et Patriarches. Cette décision, reproduite et confirmée par plusieurs Papes, repose sur la participation qu'ont les Cardinaux aux affaires de l'Eglise universelle, dont ils partagent les soins avec le Souverain-Pontife. Leur prééminence n'a pas cependant toujours été reconnue, car (1), au temps de Boniface VIII, des Évêques refusaient le cardinalat « quia putabant non licere descendere a majore dignitate ad minorem.» On ne réfléchissait pas assez à cette distinction si juste cependant, entre l'ordre et la dignité des fonctions. C'est une règle admise dans le droit que la dernière l'emporte sur l'autre. Ainsi un archidiacre qui n'aurait pas la prêtrise jouirait, en vue de sa juridiction, d'un droit de préséance sur l'archiprêtre; et le vicaire-général, qui pourrait n'être qu'un simple clerc, a le pas sur tout le clergé du diocèse.

C'est à cause de cette prééminence du cardinalat, qu'un Evêque, quand il y est promu, prend et porte, comme distinction principale, son titre presbytéral : NN. Cardinal-Prêtre, du titre de S. N. Evêque de N.

Saint Bernard reconnaissait leur haute position, quand il leur écrivait: Nulli dubium quin ad vos specialiter spectat de regno Dei surgentes succidere spinas, sedare querelas..... Agite pro loco quem tenetis, pro dignitate qua polletis, pro potestate quam accepistis. Et au Pape Eugène III: Veniamus ad collaterales et coadjutores tuos, Hi seduli tibi, hi intimi sunt; an non eligendi de toto orbe, orbem judicaturi.

La splendeur du cardinalat, au reste, avait été portée si haut par les contitutions des Papes et la déférence des princes temporels, qu'il s'en fit des applications abusives. Léon X, au Concile de Latran, dut porter un décret contre ceux des Cardinaux qui humilieraient les Evêques et les prêtres en les employant à des ministères indignes de leur caractère.

Sous Urbain VIII, le titre d'Eminentissime et Révérentissime fut attribué aux seuls cardinaux, avec des peines très-sévères contre ceux qui oseraient l'usurper. Les princes ecclésiastiques électeurs de l'empire, et le Grand-Maître de Jérusalem, partagèrent seuls avec eux cette appellation honorifique, que les Cardinaux doivent se donner entre eux. Il leur est défendu] de porter aucun autre titre que celui de Cardinal, et de surmonter leur écusson de couronnes héraldiques: Solo pileo, de pretioso Christi sanguine rubente insigniti, dit le

(1) Barbosa. Jur. Eccl. L. I. cap. 3. 17.

décret d'Innocent IX. On a souvent depuis dérogé à cette dernière ordonnance qui s'observe encore régulièrement à Rome.

Sous peine de déposition après les citations canoniques, les Cardinaux sont obligés à résider dans leurs titres, et ne peuvent s'éloigner de Rome sans y être autorisés par la nature de leurs fonctions, comme les Evêques (1), ou par une permission du Pape.

Les Cardinaux-Prêtres et Diacres (quand même ils n'auraient reçu que les ordres correspondants à leurs titres) exercent dans les églises de leurs titres ou de leurs diaconies une juridiction quasi épiscopale. Ils y ont le droit de visite, y officient et bénissent pontificalement; en confèrent les bénéfices (quand ils résident à Rome; autrement la collation retourne au Pape); donnent la tonsure et les ordres mineurs aux officiers de leur église. Quant aux nombreux priviléges qui leur sont attribués par divers auteurs, nous les passons sous silence, parce que quelques-uns sont tombés en désuétude, que d'autres sont controversés, et qu'enfin la pratique est loin d'être uniforme.

Tous les cardinaux doivent être pourvus de bénéfices formant un revenu de 4,000 scudi (2), et ceux qui n'arrivent pas à cette somme, reçoivent 100 scudi par mois. C'est ce qu'on appelle vulgairement piatto di Cardinale (pitance de Cardinal).

Ils touchent encore quelques émoluments qui correspondent aux distributions manuelles en usage dans nos anciens chapitres, et qu'ils reçoivent pour leur assistance aux consistoires, aux Congrégations, et aux chapelles papales. C'est ce qu'on appelle le rotolo; l'administration en appartient au camerlingue du sacré Collége, qu'il ne faut pas confondre avec le camerlingue de la S. E. R. Celui dont il s'agit ici est le Cardinal chargé d'administrer les revenus du sacré Collége. Chacun des membres présents à Rome doit à son tour remplir ces fonctions, dont la durée est fixée à un an. Il a sous sa direction un solliciteur (ou avoué), un collecteur (de rentes) et un computiste (ou teneur de livres). E. DE VALETTE, ch. hon.

Retraite pastorale et Synode diocésain d'Orléans. On lit dans le Moniteur du Loiret :

« Les huit jours qui viennent de s'écouler laisseront une impression profonde dans la mémoire du clergé et des fidèles du diocèse d'Orléans.

« Commencés par une retraite à laquelle ont pris part environ 230 prêtres, ils ont été terminés par les sessions solennelles et publiques du Synode diocésain.

(1) Les Evêques-Cardinaux sont obligés comme les autres à la résidence, dont l'obligation de droit divin l'emporte sur toutes celles que peut imposer le cardinalat. Si les Cardinaux-Evêques suburbicaires résident ordinairement à Rome, c'est que la proximité de leurs évêchés, qui leur permet de les visiter souvent, et les nombreuses et importantes affaires qui les retiennent sous les yeux du Pape, les dispensent d'une résidence matérielle (Const. ad audientiam.)

(2) Le scudo vaut environ 5 fr. 40 e.

« Cette retraite, à laquelle une autre vient de succéder en faveur de tous les ecclésiastiques qui n'ont pas pu faire la première, a été prêchée par M. l'abbé Pététot, curé de la paroisse Saint-Roch, à Paris; malgré les fatigues du plus laborieux ministère, ce prêtre vénérable a trouvé dans les ardeurs de son zèle assez de force pour annoncer quatre fois, chaque jour, la parole de Dieu son dévouement inépuisable, les conseils de sa haute et pastorale expérience, son éloquence tout évangélique devaient être compris et appréciés par l'excellent clergé de notre diocèse; aussi l'on s'accorde à dire que les fruits de ces saints exercices ont été des plus abondants.

a Mgr Dupanloup, afin de pouvoir admettre un plus grand nombre d'ecclésiastiques avait fait de son évêché une véritable succursale du grand-séminaire. Quarante prêtres au moins y étaient logés, gràce à des lits qui avaient été dressés jusque dans son cabinet de travail; lui-même était allé s'établir au séminaire, dans une chambre modeste, afin de se trouver au milieu de son clergé.

Malgré sa santé épuisée, Monseigneur a voulu présider en personne tous les exercices, depuis la prière et l'oraison à cinq heures et demie du matin, jusqu'à la prière du soir.

« Accessible à chacun, il a eu avec tous ses prêtres des entretiens particuliers et intimes, ce qui ne l'a pas empêché de faire chaque jour une conférence publique. Nous rapportons ce qui nous revient de tous côtés sa parole inspirée répandait dans tous les cœurs le feu qui l'embrase, pour la sanctification de notre diocèse, en même temps que ses tendres et paternelles sollicitudes pour les besoins de ses prêtres, les pénétraient de cette reconnaissance sympathique et généreuse qui accroît encore l'ardeur pour le bien; oui, ces communications cordiales entre l'Evêque et ses coopérateurs ont cimenté ces liens forts et doux qui en centuplant les forces de chacun peuvent nous faire présager des jours de régénération pour notre pauvre société.

Mgr Dupanloup était connu parmi nous comme l'un des restaurateurs de l'éducation religieuse en France, comme un écrivain illustre, comme l'un des princes de la chaire sacrée ; il a prouvé qu'il était avant tout l'Evêque d'Orléans. Les anciens du sacerdoce eux-mêmes qui l'ont entendu, exprimaient leur étonnement pour la connaissance approfondie dont il a fait preuve, des ressources et des besoins du diocèse.

On nous assure que la seconde retraite est prêchée comme la première par M. l'abbé Petétot; comment ce saint prêtre peut-il affronter de nouveau de semblables fatigues? Il n'y a que l'amour des âmes et de Dieu qui puisse expliquer et soutenir de pareils dévouements.

« On nous dit également que Monseigneur préside cette retraite et s'en occupe comme il l'a fait pour l'autre; nous n'osons pas exprimer nos inquiétudes, nous ne pouvons que former le vœu que la santé de notre Evêque, profondément altérée par les travaux non interrompus de cette première année, ne succombe pas à ce surcroît d'occupations.

Nous ne terminerons pas cet article sans entrer dans quelques détails sur le Synode diocésain dont la première session a eu lieu il y a quelques jours.

« Deux sessions ont été nécessaires pour épuiser les affaires; c'est dans notre magnifique cathédrale qu'elles ont été célébrées sous la présidence de Monsejgneur; plus de trois cents prêtres y ont participé.

• Réunis au grand séminaire, ils en sont partis chaque fois processionnellement, tous en habits de chœur, pour se rendre à leurs séances. La présence d'une population nombreuse et recueillie, ajoutait encore à ce que ce spectacle

avait d'imposant et de solennel; nous avons remarqué dans le banc d'œuvre l'honorable M. Berryer et M. le recteur de l'Académie.

Le premier jour, après être arrivé à la cathédrale, où on a achevé le chant des Psaumes de la pénitence, Monseigneur a récité, de l'autel, les litanies des saints, puis il a béni le Synode. Le grand-vicaire faisant fonction de diacre a alors chanté l'évangile; Monseigneur a entonné le Veni, Creator, suivi de la belle allocution latine que le pontifical romain met dans la bouche de l'Evêque, et on a commencé la publication des décrets d'ouverture.

Immédiatement après la publication des décrets d'ouverture, M. l'abbé Victor Pelletier a donné lecture du décret du Concile de Trente sur la profession de foi, et de la profession de foi elle-même.

«Cet acte terminé, Monseigneur est descendu de son siége, il est venu se mettre à genoux devant le livre des évangiles, et la main appuyée sur ce saint livre, il a le premier prononcé la formule d'adhésion à la profession de foi. Les 300 ecclésiastiques présents sont venus à leur tour, deux à deux, et ils ont répété, sur les saints Evangiles, la même adhésion.

Ges solennités préliminaires terminées, M. l'archidiacre Pelletier est monté dans la chaire épiscopale pour lire le décret sur la résidence, il y a été remplacé par MM. les secrétaires du Synode qui, d'une voix forte et claire, ont donné lecture des premiers décrets du Concile de Paris.

L'heure avancée ayant obligé de renvoyer à une seconde session, M. le promoteur a lu l'ordre du jour de cette nouvelle séance, qui a commencé le lendemain à six heures du matin. Les membres du Synode se sont rendus à la cathédrale de la même manière que la veille, et en chantant les litanies des saints.

«Mousoigneur a célébré le saint sacrifice de la messe, dans laquelle il a distribué de sa main la sainte communion à tous les prêtres présents. Cette messe synodale était en même temps la messe de clôture de la retraite.

« Après la messe a eu lieu l'absoute en faveur des Evêques, des prêtres et des clercs décédés depuis le dernier Synode.

Puis le chant de l'évangile synodal et du Veni, Creator, à la suite duquel MM. les secrétaires ont repris, du haut de la chaire épiscopale, la lecture des décrets du Concile de Paris, jusqu'à complet achèvement.

« Cette promulgation terminée, M. le promoteur a proclamé les noms des cinq ecclésiastiques, chargés jusqu'à la célébration du prochain Synode des importantes fonctions de témoins synodaux. Ces ecclésiastiques ayant prêté serment, tous les membres du Synode appelés les uns après les autres sont venus faire leur obedience à Monseigneur, à genoux devant lui. La clôture du Synode a été prononcée, le dernier décret qui ordonne aux membres qui l'ont composé de rentrer dans leurs paroisses a été publié. Monseigneur a prononcé sa dernière exhortation en latin et l'indulgence de quarante jours a été publiée; puis le diacre ayant chanté Recedamus in pace et tous ayant répondu in nomine Christi, Monseigneur a entonné le chant solennel du Te Deum qui a continué pendant que l'assemblée se retirait processionnellement au séminaire. »

On nous transmet la notice suivante, dont les détails sont trop édifiants pour que nous ne les mettions pas sous les yeux de nos lecteurs :

Les petites Sœurs des pauvres viennent de fonder une maison à Rouen. Le but de ces humbles religieuses est, on le sait, de recueillir de pauvres vieillards

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