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Hinc optime vides, Venerabilis Fra- | Ainsi vous voyez parfaitement, Vénérable Frère, que ces pensées et cette conduite tendent à rendre ce Siége apostolique complice de l'ébranlement et de la ruine des principes salutaires sur lesquels il s'appuie spécialement lui-même; et à l'entraîner à punir un Prélat très-illustre et digne de toute sorte de louange, si violemment opprimé et persécuté pour avoir enseigné à ses curés à qui les sacrements devaieut être accordés ou refusés: pouvoir qui appartient uniquement et souverainement à l'Eglise, ainsi que personne au monde ne l'ignore.

ter, ejusmodi sensa et agendi rationem
eo spectare, ut hæc Apostolica Sedes,
particeps fiat in salutaribus illis con-
vellendis ac labefactandis principiis,
quibus ipsa potissimum nititur; atque
inducatur ad clarissimum, omnique
laude dignum Antistitem puniendum
jam tam veliementer afflictum et op-
pressum, propterea quod suos Parocos
monuerit, quibus Sacramenta essent
conferenda, vel deneganda: quam qui-
dem auctoritatem ad Ecclesiam unice
et omnino pertinere nemo unus ignorat.
Insuper quam fidem hæc Apostolica
Sedes novæ conventioni adhibere pote-
rit, cum solemnis alia conventio fuerit
plane despecta atque conculcata, de
qua sane improbanda actione Guber-
nium idem nullam prorsus habere vult
mentionem?

Hæc omnia cum acerbissimo animi Nostri dolore tibi significamus, Venerabilis Frater, ut intelligas ardentissima Nostra desideria irrita fieri illius ipsius Gubernii opera, cui occurrere vellemus. Atque etiam certum est, Nos id exequi minime posse, quin ea admittamus, quibus non sine gravi hujus Apostolico Sedis, et Nostræ ipsius conscientiæ detrimento, obsccundare non possumus.

Quamobrem levantes oculos Nostros in cœlum, in humilitate cordis Nostri auctorem el consumatorem Fidei Christum Jesum enixe oramus, et obsecramus, ut ipse, in cujus manu corda sunt hominum, omnipotenti sua virtute illos ad servandas in tota hac re veritatis et justitiæ semitas adducat, ac simul divino suo auxilio bonos omnes robore adjuvet, inflammet ad ipsam veritatem justitiamque tuendam, et propugnandam. Denique studiosissimæ Nostræ voluntatis testem, et cœlestium omnium munerum auspicem Apostolicam Benedictionem ex imo corde profectam tibi, aliisque Venerabilibus Fratribus tuis

Et de plus, quelle foi ce Siége apostolique pourrait-il ajouter à une convention nouvelle, quand cette autre convention solennelle a été complétement méprisée et foulée aux pieds? Acte odieux dont ce gouvernement ne veut même pas qu'il soit fait mention.

Nous vous faisons connaître toutes ces choses dans la plus amère douleur de notre âme, Vénérable Frère, afin que vous compreniez que nos désirs les plus ardents ont échoué par l'œuvre de ce même gouvernement avec lequel Nous eussions voulu Nous entendre. Et il est certain que Nous ne pourrions y parvenir sans admettre des choses auxquelles Nous ne saurions acquiescer, sans un grave détriment et pour ce Siége apostolique et pour Notre propre conscience.

C'est pourquoi, levant nos yeux vers le ciel, Nous supplions et Nous conjurons ardemment, dans l'humilité de Notre cœur, l'Auteur et le Consommateur de la foi, Jésus-Christ, qui tient dans sa main les cœurs des hommes, de les incliner par sa force toute-puissante à garder en cette circonstance les sentiers de la vérité et de la justice, et en même temps d'aider de son secours divin tous les fidèles et de les enflammer de zèle pour le maintien et la défense de cette vérité et de cette justice. Enfin, comme témoignage de Notre très-affectueuse sollicitude et comme gage de tous les biens célestes, Nous

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vous donnons avec amour et du plus intime de Notre cœur, à vous, à Nos autres Vénérables Frères vos suffragans, à tous les clercs et laïques fidèles de toutes vos Eglises la bénédiction apostolique.

Donné à Rome près Saint-Pierre, le 6 jour de septembre 1850, l'an V de Notre Pontificat.

PIE IX PAPE.

Bref de confirmation du Concile de Rennes,
ADRESSÉ A MGR L'ARCHEVÊQUE DE TOURS,

Perillustris et Reverendissime Domine

uti Frater.

Gratissimæ fuerunt Eminentissimis Pa

Illustrissime et Révérendissime Seigneur et Frère,

Les Eminentissimes Pères de la S. Con

tribus Sacræ Congregationis Tridenti-grégation, chargée d'interpréter les lois du

narum legum interpretis et vindicis tùm litteræ quas tu, Amplissime ac Reverendissime Præsul, Sanctissimo Domino nostro die 15 præteriti mensis januarii dedisti unà cum cæteris Provinciæ istius Episcopis, tùm Acta Provincialis Concili in Rhedonensi civitate superiore novembri celebrati, quæ Sanctitas sua, de more, eidem S. Congregationi expendenda et recognoscenda commisit.

Perspexerunt enim Patres Eminentissimi ex litteris et ex Concilii decretis reverentiæ, obedientia ac filialis amoris sensus ergà Apostolicam hanc Sedem, etiam ob susceptam temporalium ejus jurium defensionem, ac ergà Sanctitatem suam cujus præsertim examini et judicio tàm peractæ Synodi, quàm illarum, quæ in posterum celebrabuntur, decreta ante publicationem subjicere statuistis. Laudarunt singularem tuam ac tuorum coEpiscoporum Pastoralem vigilantiam in defendendis Catholicæ Religionis dogmatibus, ac condemnandis iis præsertìm erroribus monstrosisque pravarum opinionum commentis quæ luctuosissimis hisce temporibus cum magno improvidæ præcipuè juventutis ac indoctorum damno grassantur.

Neque hic constitit sollicitudo synodi: nam post propugnatum ac custoditum

Concile de Trente et d'en assurer l'exécucution, ont ressenti la plus grande joie de la lettre que vous, très-Vénérable Prélat, de concert avec les autres Evêques de votre province, avez envoyée à notre très-SaintPère le Pape, le 15 du mois de janvier dernier, avec les actes du Concile provincial qui s'est tenu à Rennes l'année dernière au mois de novembre, et dont la révision et l'examen ont été, selon l'usage, confiés par Sa Sainteté à la même S. Congrégation.

Dans cette lettre et dans ces décrets, les Pères Eminentissimes ont reconnu les sentiments de respect, d'obéissance et d'amour qui vous animent soit à l'égard du Saint-Siége apostolique, comme l'atteste si bien en particulier la défense que vous avez prise de ses droits temporels, soit à l'égard de Sa Sainteté, à l'examen et au jugement suprême de laquelle vous avez voulu soumettre, avant toute publication, les décrets du Concile qui vient d'avoir lieu et de tous ceux qui se célèbreront désormais. Ils ont loué la singulière vigilance pastorale que vous avez fait paraître, ainsi que les Evêques vos Collègues, dans la défense des dogmes de la religion catholique, et dans la condamnation des erreurs funestes et des monstrueux systèmes qui se propagent de toutes parts en ces temps malheureux, pervertissant une jeunesse imprudente et causant aux ignorants les plus grands dommages.

Là, toutefois, ne s'est pas bornée la sollicitude du Concile: non content d'avoir

fidei depositum, curas suas convertit ad errautes in salutis viam reducendos, ad Religionem et pietatem in omnium animis, magis magisque fovendam et augendam.

His omnibus accesserunt saluberrima de ecclesiasticâ disciplinâ decreta quibus omnes in sortem Domini vocati graviter monentur et valdè inflammantur, ut propriæ vocationis semper memores, et illustria S. Martini vestigia sectantes, omnem suam operam in vineam Domini excolendam, et in animarum salutem promovendam studuosissimè conferant. Itaque debitas easque summas tibi, Reverendissime Domine, tuisque suffraganeis laudes pro hujusmodi præclarè gestis tribuunt S. Congregationis Patres Eminentissimi, qui omnia Summo Pontifici subjecerunt.

Si quid autem minùs cautè expressum, aut clariùs exprimendum in decretis ipsis excidit, quomodò id emendari oporteat ex folio hic adjecto intelliges, Præclarissime Præsul; et interim ad omnia, quæ in tui commodum ac provinciæ istius utilitatem fieri poterunt paratissimum me profiteor, ac tibi ex animo fausta omnia precor à Domino.

Amplit. Tuæ Uti Fr. Stud.

A. Card. MAIUS, præfectus.
A. TOMASETTI, secretarius.

Romæ 17 septembris 1850.

pourvu à la conservation et à la garde du dépôt sacré de la foi, il a employé ses efforts et ses soins à ramener dans la voie du salut les âmes égarées, à faire croître et fleurir de plus en plus dans tous les cœurs la religion et la piété.

En outre, il a décrété des règles trèssalutaires de discipline ecclésiastique, offrant à tous ceux qui forment la portion choisie du Seigneur, de graves avertissements et de puissants motifs propres à enflammer leur zèle, afin que, toujours pleins du souvenir de leur vocation céleste, marchant sur les glorieuses traces de saint Martin, ils travaillent avec ardeur et de toutes leurs forces à cultiver la vigne du Seigneur et à procurer le salut des âmes

C'est pourquoi après avoir soumis toutes choses à l'autorité du Souverain-Pontife, les Eminentissimes Pères vous décernent, Révérendissime Prélat, et à vos suffragants les éloges que vous méritez à si juste titre par vos actes remarquables et vos importants travaux.

Quant aux expressions qui manqueraient de quelque exactitude, ou qui auraient besoin d'une plus grande clarté, vous verrez, très-honorable Prélat, par la feuille ci-jointe, de quelle manière elles doivent être corrigées. Cependant je me déclare tout prêt à faire ce qui pourra être avantageux à vous ou utile à votre province; et je conjure le Seigneur du fond de mon àme de vous combler de l'abondance de ses bénédictions.

De Votre Grandeur, le dévoué Frère.
A. Card. MAï, préfet.
A. TOMASSETTI, secrétaire.

Rome, 17 septembre 1850.

Nouvelles de Rome.

M. Pinelli est parti: sa position n'était plus tenable et ses amis de Turin avaient, par leurs actes arbitraires, rendu toute négociation désormais impossible. Comment négocier à Rome au nom d'un gouvernement qui venait, en s'appuyant sur l'autorité de Van Espen et de Sagrado, de faire saisir brutalement deux vénérables Evêques pour les faire ensuite conduire hors du pays comme des malfaiteurs? Voyez ces libéraux! ces ennemis de l'arbitraire! ils vont secouer la poussière de vieux livres et fouiller dans les archives de la tyrannie pour y chercher des règles de conduite applicables à de saints vieillards, qui, en dehors de ce qui touche à la conscience, étaient les premiers à se soumettre aux lois de leur pays et à l'obéissance qui leur est

due. Patience! l'histoire est là pour démontrer qu'au bout de toutes ces tentatives pour asservir l'Eglise, les tyrans quels qu'ils soient, qu'ils aient le front décoré d'une couronne ou qu'ils s'appellent doctrinaires, républicains, etc., reçoivent tôt ou tard l'inévitable châtiment d'une fin misérable et d'un nom entaché d'ignominie.

Six des huit coupables mêlés dans l'horrible affaire du pont SaintAnge ont été fusillés hier. Fusillés! s'écrieront avec une sensibilité affectée certains écrivains qui n'ont presque toujours de sympathie que pour les coupables. Fusillés à Rome! oui, à Rome, et si on n'avait pas traité ces monstres à Rome comme on a traité à Paris les assassins de l'infortuné géneral Bréa, on aurait, par cet acte de faiblesse, démoralisé le peuple presque autant que les républicains le démoralisaient par leurs crimes.

Notre correspondant nous adresse les détails suivants sur cet épisode de la république mazzinienne :

Le 2 mai 1849, une bande de soldats de la garde civique mobile étant à boire dans un cabaret en compagnie d'autres individus, se mirent en tête d'aller faire une visite domiciliaire à la vigne dite Arcangeli, près l'aqueduc, hors de la porte de Saint-Jean-de-Latran, sous le prétexte que les Jésuites et même quelques Français s'y tenaient cachés. Ils trouvèrent trois villageois, savoir : les nommés Louis Morelli, S. Sabattucci et P. Zucchini, avec le nommé L. Imberti, Piémontais de naissance et employé comme homme de peine au chemin de fer de Frascati. Sans autre forme de procès, ils les assaillirent à coups de plats de sabre, et croyant, à cause de sa mauvaise prononciation italienne, que le Piémontais Imberti était Français, un d'eux lui donna un coup de baïonnette et lui fit une blessure assez profonde dans la poitrine. Le chef de cette expédition était un certain Jacques Giardini, soldat dans la légion de Masi. Le lendemain, 3 mai, Giardini revint de nouveau à la charge avec ses compagnons de la veille auxquels un garçon boucher et deux carabiniers ou gendarmes s'étaient adjoints; ils trouvèrent à la maison le capo vignarolo ou fermier, Jean Renzaglia, avec ses deux neveux Joseph Renzaglia et J. Cozzatelli, et le garçon fermier dont il est question ci-dessus, Louis Morelli. Giardini n'eut pas plus tôt aperçu Jean Renzaglia qu'il lui tira un coup de fusil et le tua du premier coup; effrayé des conséquences de ce crime, ou voulant peut-être préparer les voies pour le vol qu'il méditait, il imagina, pour se débarrasser de ces fâcheux témoins, de faire arrêter les trois villageois Joseph Renzaglia, J. Cozzatelli et Louis Morelli, et de les faire passer pour des Jésuites, qui, ajoutait-il, avaient tué deux carabiniers. C'est ainsi que Giardini rentra en ville avec sa bande conduisant ses trois infortunés prisonniers; ils rencontrèrent aux portes de Rome le général des carabiniers Galetti, qui ordonna de conduire les prétendus criminels au fort Saint-Ange, et c'est lorsqu'ils allaient franchir le pont qu'aux cris frénétiques d'une populace surexcitée, la place voisine devint le

théâtre de cette horrible tragédie à la suite de laquelle les malheureux villageois furent massacrés, mutilés et jetés dans le Tibre.

Le lendemain, 4 mai, les principaux auteurs de cette boucherie retournèrent à la vigna, et mirent le feu à la maison après en avoir emporté les meubles et autres effets qu'ils vendirent pour une misérable somme qu'ils partagèrent entre eux.

L'attitude de la population qui se trouvait en masse sur le passage des condamnés était ce qu'elle devait être, elle paraissait fort inquiète de savoir si ceux pour qui le monde allait bientôt finir et le temps se changer en éternité s'étaient confessés de leurs crimes et préparés chrétiennement à ce passage terrible : « Et moi aussi, ajoute notre correspondant, je me sentais un serrement de cœur au moment où cette exécution avait lieu; mais je pensais que si la clémence et le pardon sont les plus belles prérogatives de la souveraineté, la justice en est, quand il s'agit de défendre la société, l'attribut principal et inflexible. >>

S. Em. le Cardinal Wiseman est parti pour Londres en allant par Florence. Il avait, quelques jours avant, conduit aux pieds du SaintPère la députation anglaise qui venait remercier Sa Sainteté de la hiérarchie qu'elle vient de constituer en Angleterre.

Voici le sens des paroles adressées par le Saint-Père à ces bons catholiques :

« Je n'avais pas l'intention de renvoyer en Angleterre le nouveau Cardinal; j'avais songé à le retenir près de moi et à profiter de ses Jumières. Mais j'ai compris que le moment était venu de mettre la main à la grande entreprise pour laquelle vous venez me remercier. Je ne crois pas qu'il y ait rien à craindre. J'en parlai dans le temps à lord Minto, et j'ai compris que le gouvernement anglais ne s'opposerait pas à l'exécution de ma pensée. Je renvoie donc en Angleterre l'Eminentissime Cardinal, et je vous invite tous à prier, et à prier sans cesse, afin que le Seigneur aplanisse toutes les difficultés et qu'il fasse entrer dans la nouvelle Eglise un million, trois millions de vos compatriotes, encore séparés de nous, afin qu'il les y fasse entrer tous jusqu'au dernier. >>

Le matin du même jour (dimanche 6 octobre), le Saint-Père avait été célébrer la messe dans la basilique vaticane où il avait donné la sainte communion à plusieurs fidèles des deux sexes, parmi lesquels on remarquait Mme Gémeau, femme du général commandant en chef des troupes françaises, et ses trois filles. Après le saint sacrifice, le Pape s'est rendu aux ateliers de mosaïque et a examiné les travaux qu'on y exécute pour la basilique de Saint-Paul, et en particulier la suite des portraits des Souverains-Pontifes. Un déjeuner lui fut ensuite offert par Mgr Lucidi, secrétaire de la fabrique de Saint-Pierre, et Sa Sainteté daigna y inviter le général Gémeau avec sa famille et les personnes qui avaient été admises à l'honneur de l'accompagner.

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