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Nécrologie.

Mgr l'Evêque de Moulins vient d'adresser, à l'occasion de la mort de M. l'abbé Martin, la lettre suivante aux membres du clergé du diocèse. Nos compatriotes liront avec intérêt ce juste tribut de regrets payé par le Prélat au digne prêtre dont la vie tout entière fut un long et saint dévouement à la religion et à la société:

« Monsienr le curé,

«J'espérais, dans ma première communication avec vous, n'avoir à vous entretenir que de cette joie universelle dont l'annonce du Jubilé va bientôt devenir la source pour toute l'Eglise, et voici que je suis obligé de vous parler d'un deuil particulier à l'Eglise de Moulins, et d'une douleur qui sera vivement sentie dans tout le diocèse. Vous devinez que j'ai en vue la perte cruelle dont nous venons tous d'être frappés, en la personne de M. l'abbé Martin, ancien supérieur du petit séminaire d'Iseure, décédé à Sens, le 23 de ce mois. Rien ne nous avait preparé à un tel coup. M. Martin, il est vrai, était arrivé à Sens fort souffrant, mais le médecin que nous avions fait appeler aussitôt, nous avait pleinement rassuré sur son état, et tout ce qui nous fut répondu, pendant la durée de notre séjour, et au moinent même de notre départ, ne nous permettait aucune inquiétude. Autrement, nous n'aurions jamais quitté cet ami, connu depuis si peu de temps, mais si apprécié et si cher; nous ne l'aurions laissé sortir de ce monde pour aller à un monde meilleur, que couvert de nos bénédictions et de nos larmes. Dieu nous a enlevé cette consolation dernière. Il nous a enlevé aussi celle de nous recommander aux prières de ce saint prêtre, de le charger auprès de Dieu des intérêts de ce diocèse pour lequel il avait tant travaillé, de l'avenir de cette maison d'Iseure, après Dieu l'unique pensée de sa vie, et après Dieu aussi l'unique pensée de sa mort. Hélas! nous nous flattions qu'ils nous aiderait longtemps encore de ses conseils pour le gouvernement de cette Eglise, dont presque tous les prêtres étaient ses enfants; nous nous promettions mille facilités pour le bien, de l'autorité de sa parole, de l'édification de ses exemples; nous comptions utilement remplir ce repos qu'il avait tant désiré, qu'il nous avait demandé avec tant d'instances. Dieu lui réservait un autre repos où celui qui entre se repose de ses œu vres comme Dieu se repose des siennes. (Hébr. IV, 9.)

Il faut se taire, Monsieur le curé, il faut baiser la main qui frappe, il faut adorer les desseins de Dieu, sans chercher à les comprendre; il faut dire, quand il nous enlève un appui humain, qu'il a résolu d'être mieux le nôtre; surtout il faut nous efforcer de profiter de la leçon que ce cher défunt nous donne encore, il faut travailler avec courage pour mériter ce repos (Hébr. IV, 10) où il nous a précédés, en combattant comme lui le bon combat, en consommant comme lui l'œuvre pour laquelle nous sommes placés en ce monde, en conservant la foi, en la faisant fructifier par les œuvres, dans l'espérance que le juste Juge ne nous privera pas de la couronne de justice (12. Tim., IV, 8 et 9), dont il a déjà, nous en avons la confiance, récompensé la fidélité de son serviteur.

Mgr l'Archevêque de Sens a bien voulu donner à M. Martin une marque touchante de son estime, et à nous un témoignage d'attachement dont nous serons reconnaissant toute notre vie, en lui rendant et en lui faisant rendre les mêmes honneurs qu'aux membres du Chapitre de son Eglise métropolitaine. Ce qui a été commencé si pieusement, nous nous proposons de l'achever, vendredi prochain, 4 octobre, jour fixé pour les obsèques. Elles auront lieu à dix heures très-précises, à la cathédrale, d'où le corps de M. Martin sera transporté à Iseure. J'ai désiré que sa dépouille mortelle y fût déposée comme une semence

de bénédiction pour le lieu où il a parlé si longtemps par la sainteté de sa vie, et où il parlera encore après sa mort. (Hebr. 11. 4.) Ce sera pour moi une grande consolation de me voir entouré du clergé de mon diocèse dans cette triste cérémonie, autant que le permettront les distances et les devoirs du saint ministère. Cependant je ne prescris rien à l'obéissance, je préfère tenir tout de la reconnaissance et du respect dus à une sainte mémoire comme aussi je ne vous dis pas de prier pour l'âme de ce digne prêtre; je suis assuré. que vous l'avez déjà fait, que vous le ferez encore, et qu'il ne se trouvera pas un seul prêtre du diocèse de Moulins qui n'offre, au moins une fois, la PRÉCIEUSE VICTIME pour celui à qui, après Dieu, la plupart doivent de la pouvoir offrir tous les jours.

• Recevez, Monsieur le curé, l'assurance de mon sincère attachement. « PIERRE, Evêque de Moulins. »

Nouvelles religieuses.

DIOCÈSE DE PARIS. · Le samedi 2 novembre, à quatre heures du soir, nne retraite pour les dames sera ouverte chez les religieuses Augustines, communauté du Saint-Coeur de Marie, rue de la Santé, 29. Elle sera donnée par le R. P. Bertrand; les exercices auront lieu le matin à neuf heures, une heure et quatre heures du soir.

Il y aura des chambres et appartements disposés pour les dames qui désireront suivre la retraite intégralement; celles qui ne pourraient qu'y passer la journée, pourront prendre leurs repas à la communauté; enfin celles qui n'auraient pas la facilité de quitter leurs ménages, auront cependant des places à la chapelle, autant qu'elles voudront venir entendre les instructions.

En un mot, il y aura toute facilité pour les personnes qui, animées d'un pieux désir de travailler à leur salut, viendront profiter de cette grâce si précieuse d'une retraite.

On lit dans l'Ordre:

<«<Le respectable curé de Saint-Thomas-d'Aquin, mort le mois dernier presque nonogénaire, a, par son testament, déclaré qu'il entendait qu'une grande partie de son mobilier fût vendue au profit des pauvres de la paroisse qu'il avait administrée pendant presque toute sa vie. On s'occupe, en ce moment, de la réalisation des dernières volontés du défunt. »>

DIOCÈSE DE MONTPELLIER. - Jeudi dernier, 19 septembre, une jeune demoiselle de Nimes a fait abjuration du protestantisme dans la chapelle de l'évêché de Montpellier, en présence de quelques pieux fidèles que ce touchant spectacle avait attirés aux pieds des autels. Mgr Thibault, après avoir reçu l'abjuration et la profession de foi de la nouvelle convertie, lui a conféré lui-même les sacrements de baptême, de confirmation et d'eucharistie. Après la messe, le vénéra– ble Prélat a adressé à son auditoire, vivement ému, une chaleureuse et touchante allocution dans laquelle Monseigneur a parlé avec éloquence du travail de la grâce opéré dans cette âme, et a rappelé les circonstances providentielles dont Dieu s'est servi pour ramener son retour à la foi de ses pères.

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MALTE. A l'occasion d'une distribution des prix, présidée par Mgr Maria da Conti, Evêque de Malte, l'Ordine, journal de l'île, fait un bel éloge des Dames de Saint Joseph de l'Apparition, fondées à Gaillac par Mme de Vialar. Ces religieuses vouées à toutes sortes de bonnes œuvres, parmi lesquelles l'éducation des jeunes filles est la principale, desservent des hôpitaux en Palestine, dans

l'Algérie, à Tunis, en Arménie; elles visitent les malades, et par leur inépuisable charité font respecter la loi de Jésus-Christ au milieu des peuples infidèles. Que d'instituts semblables a enfantés l'Eglise catholique, et que de bienfaits elle répand à chaque heure dans cette société qui s'obstine à chercher en dehors de ses préceptes une félicité mensongère et impossible!

Mgr l'Archevêque d'Avignon a nommé son grand-vicaire, M. l'abbé Martin, pour faire partie avec lui du conseil académique de Vaucluse; et dans le cas où il serait empêché d'assister à ce même conseil, il a chargé M. l'abbé Peyre, aussi vicaire-général, de le remplacer. E. de Valette, ch. hon.

Instruction primaire.

Le Président de la République,

Sur le rapport du ministre de l'instruction publique et des cultes, Considérant que la loi du 28 juin 1833 avait fixé à dix-huit ans l'âge auquel les jeunes gens pourvus d'un brevet de capacité pouvaient être nommés instituteurs primaires communaux;

Qu'en exécution de cette disposition de la loi, un grand nombres d'élèves des écoles normales primaires, âgés de dix-huit ans et pourvus d'un brevet de capacité, ont contracté l'engagement de se vouer pendant dix ans au service de l'instruction publique; que cet engagement doit avoir pour effet de leur assurer le bénéfice de la dispense du service militaire;

Que cette dispense ne pourra, toutefois, être accordée qu'à ceux qui, au moment du tirage au sort, exerceront, soit comme instituteurs communaux, soit comme instituteurs adjoints;

Considéraut que la loi du 15 mars 1850 a reporté à vingt et un ans l'âge avant lequel nul ne pourra être nommé instituteur communal;

Que ceux des élèves qui, en sortant des écoles normales primaires au mois d'août dernier, n'ont pu être nommés instituteurs communaux avant le 1er septembre courant, et qui ne peuvent être placés, en ce moment, comme instituteurs adjoints, seraient dans l'impossibilité absolue de remplir leur engagement envers le département de l'instruction publique, et que si cet engagement leur était remis, les départements de l'Etat, qui ont fait, en totalité ou en partie, les frais de leur éducation, se seraient inutilement imposé des sacrifices considérables pour former de bons instituteurs;

Considérant, en outre, qu'une inaction qui serait imposée à ces élèves pendant plusieurs années pourrait être préjudiciable à leur instruction, leur moralité et leur avenir;

Qu'il y a lieu, dès lors, de prendre des mesures transitoires pour assurer, sans dommage pour l'enseignement, l'exécution de la loi du 15 mars,

Décrète :

Art. 1er. Les conseils académiques sont autorisés à porter, pendant trois ans, à partir du 1er septembre dernier, sur la liste d'admissibilité aux fonctions d'instituteurs publics, les élèves des écoles normales primaires et des maisons de noviciat régulièrement autorisées, qui justifieront d'un engagement contracté antérieurement au 15 mars 1850; et qui, pourvus d'un brevet de capacité, n'auraient pas encore atteint leur vingt-et-unième année.

Art. 2. Ces jeunes gens pourront être chargés provisoirement par les conseils municipaux de la direction de leur école; ils ne recevront une nomination défi

nitive et l'institution ministérielle, s'il y a lieu, que lorsqu'ils auront atteint leur vingt-et-unième année.

La nouvelle loi de l'Enseignement en Belgique.

Nous avons signalé avec soin et avec persévérance les vices de la loi sur l'enseignement moyen en Belgique. Nos prévisions n'ont pas tardé à se réaliser. Un conflit vient d'éclater à Anvers; voici à quelle occasion :

La loi du 1er juin exige que le ministre de l'instruction publique invite l'autorité diocésaine à donner mission spéciale à un ecclésiastique chargé de l'instruction religieuse dans les athénées. Le gouvernement central n'a pas cru devoir remplir cette obligation envers S. Em. le Cardinal-Archevêque de Malines pour l'athénée d'Anvers. Son Eminence, ayant vainement attendu, n'a pas voulu investir d'office l'ecclésiastique qui, l'an dernier et avant la loi nouvelle, remplissait les fonctions spirituelles dans cet établissement. De sorte qu'en fait toute instruction religieuse est suspendue à l'athénée. C'est ce qui explique pourquoi à la solennité de la rentrée, avanthier, l'ecclésiastique dont il est question était absent.

H. DE RIANCEY.

Sur le rapport du ministre de l'agriculture et du commerce, dont nous citons ici quelques passages, MM. Antoine et Arnauld d'Abbadie viennent d'être nommés chevaliers de la Légion-d'Honneur, pour les services qu'ils ont rendus à la science géographique et au commerce par douze années de voyages en Abyssinie :

« C'est en 1837 que MM. d'Abbadie résolurent de remonter jusqu'aux sources du Nil. « Les traditions de Bruce plaçaient les sources du Nil au milieu des contrées inconnues de l'Afrique centrale, au sud de l'Abyssinie; c'est par ce dernier pays qu'ils crurent devoir aborder l'Afrique.

« La religion chrétienne y existe encore, mais faible, délaissée, appuyée seulement sur des traditions chancelantes, et séparée depuis des siècles de la discipline européenne. Dans l'espoir de contribuer à rendre l'Ethiopie tout à fait digne de cette tutelle officieuse et désintéressée que la France a accordée de tout temps aux chrétiens d'Orient, les deux voyageurs emmenèrent un jeune missionnaire lazariste, le R, P. Sapeto, dont les travaux furent secondés par le zèle et l'activité de M. l'abbé Etienne, aujourd'hui supérieur de la Congrégation des Lazaristes.

Partis de Loseiyr en Egypte, MM. d'Abbadie parcoururent la mer Rouge jusqu'à Muçawwa qui, bien que situé en terre musulmane, revendique l'honneur d'être le seul port de l'Abyssinie chrétienne. Dès ce moment, ils durent abandonner l'usage de la langue arabe, contraints qu'ils étaient d'étudier des dialectes nouveaux pour observer les mœurs et les usages de peuples presque inconnus encore de l'Europe.

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« Le R. P. Lapeto accompagna M. Arnauld d'Abbadie jusqu'à Adwa où les deux frères se réunirent pour faire route commune jusqu'à Gondar, ville déchue de son ancienne splendeur, mais que les traditions locales, le séjour de l'empereur nominal de l'Ethiopie, le nombre des étudiants et des ecclésiastiques qui s'y réunissent, la présence de quelques riches négociants et indigènes, font regarder depuis deux cents ans comme Ia capitale de l'Abyssinie.

<< Depuis l'extinction de la Mission jésuite en Abyssinie, dans le commencement du dix-septième siècle, la région qui s'étend au-dessus de Gondar était restée à peu près inabordable aux voyageurs, et Bruce, malgré sa hardiesse, avait eu la plus grande peine

à atteindre, dans le petit Damot, le 11e degré de latitude. M. Arnauld d'Abbadie suivit les pas de l'illustre voyageur écossais, et parvint dans le Gojjam. Il put se procurer divers manuscrits fort intéressants pour l'histoire et la science, entre autres un manuscrit arabe qui raconte avec détail l'invasion de l'empire d'Ethiopie par les musulmans, au commencement du seizième siècle, et une lettre écrite en caractères inconnus, provenant sans doute des sectes juives qui paraissent exister encore dans l'intérieur de l'Afrique.....

< Au commencement de 1840, les deux frères repartirent ensemble, et suivirent la route des caravanes jusqu'à Adwa, où un séjour d'un mois leur fournit l'occasion de faire de nombreuses observations astronomiques, et d'étudier la géographie de la région environnante.

« Les premiers efforts de MM. d'Abbadie pour établir de bons rapports avec les chefs abyssins ne furent pas couronnés de succès. Le Dejatch-Ube, qui venait d'achever la conquête de Tigré, leur refusa le passage à travers ses Etats; un triste accident survenu à M. Antoine d'Abbadie, la perte d'un œil, le conduisit à Aden pour y réclamer les secours de la médecine européenne.

M. Antoine d'Abbadie rejoignit son frère à Berberah. »>

La persévérance des deux voyageurs fut encore mise à de rudes épreuves : leur séjour cependant ne fut pas sans résultats. Enfin, dit M. d'Abbadie, que cite M. le ministre, en février 1843 :

« Je parvins à me faire admettre dans une caravane de musulmans. Nous franchimes l'Abbay à la nage. Une rampe déserte et escarpée nous mena ensuite à la haute plaine du Gudru où nous campâmes pendant deux mois, discutant avec les Gallas sur la quotité des droits de douane. Enfin, le 20 juin 1843, nous franchîmes la route de Nonnn. La route nous conduisit par une pente douce jusqu'au bord du plateau qui s'aBaisse ensuite plus brusquement vers le Gibé. Le faîte de ces contre-pentes est dessiné par une chaîne de montagnes dont la plus élevée a 3,000 mètres de hauteur. Après avoir traversé le Gibé à gué, nous cheminâmes plus rapidement jusqu'au Wirgesa dout les eaux nous arrêtèrent longtemps. Parvenus à travers un long désert jusqu'à la frontière d'Inaria, je vis alors pour la première fois les formalités de la police africaine. Près une barrière de clayonnage, qui était flanquéo d'un fossé et d'un ruisseau, un guerrier debout et armé comptait tous les membres de la caravane un à un. Désormais, nous ne pouvions sortir du pays qu'en nombre égal à celui qui était entré, à moins d'être accompagnés d'un messager spécial. Or, le 26 juillet 1843, nous eûmes une audience solennelle du roi Ibsa plus connu sous le nom d'Abba-Boggibo, qui, étonné de la couleur de mon teint et du genre de travaux auquel je me livrais, me soupçonna des connaissances surnaturelles, capables de grandir ses rivaux ou ses sujets les moins fidèles. 11 refusa donc de me laisser sortir de ses Etats, où je passai trois mois dans un isolement complet.

« Enfiu, une ambassade de Kaffa vint me tirer de cette position pénible. Dans ce pays reculé qui forme, comme le Gojjam, une péninsule entourée par les eaux du Gojab et de l'Ulma, les populations primitives, aujourd'hui refoulées par les Gallas, mais jadis en communication avec l'Abyssinie, se regardent encore comme chrétiennes, et cherchent à se procurer des prêtres. De même qu'en Europe, au moyen âge, les études littéraires sont encore aujourd'hui en Ethiopie réservées aux ecclésiastiques. On crut donc que j'étais dans les ordres sacrés, et le roi de Kaffa, qui voulait m'engager à rester chez lui, me fit demander comme partie essentielle des cadeaux de noces qu'il allait recevoir, car sa sœur était promise en mariage au roi d'Inaria. Celui-ci me nomma l'un de ses quatre frères de noce. Après huit petites journées, nous parvînmes aux rives du Gojab.

La terre de Kaffa me rappela, par ses riches forêts, la brillante végétation du Brésil. Pendant les quatorze jours que nous y passâmes, je fis assez d'observations pour prendre une idée à peu près exacte d'un peuple qui a toujours vécu en dehors de toute influence étrangère. Il n'y a point de villages; chaque chaumière est entourée de son champ et cachée par des arbres. Les habitants vivent principalement d'une racine dont la récolte journalière n'a jamais manqué, disent-ils, dans les plus grandes disettes, et

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