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Actuellement voyions

à l'égard de l'instruction publique. celle, qui lui est contraire. Les bases de l'instruction y sont parfaitement tranchées. D'un côté, les croyances et les institutions du christianisme, institutions qui reposent sur l'âme et ont leurs racines dans l'antiquité grecque et romaine; puis, l'étude de cette antiquité, de ses langues, de sa littérature; en troisième lieu, la littérature moderne qui est née de cette étude et fructifié par elle; enfin les élémens de la haute civilisation qui embrasse la poésie, l'histoire, l'éloquence et la philosophie, pour ne pas parler des connaissances d'une nature plus sociale, lesquelles peuvent seules donner aux institutions politiques la force et la dignité qui sont leur indispensable attribut. D'un autre côté, les deux grands ressorts de l'activité industrielle, le commerce et la fabrication avec leurs ramifications innombrables qui atteignent les parties les plus intimes du corps social; en second lieu les moyens par lesquels les états et les individus acquièrent opulence et grandeur; ensuite les systèmes de commerce et de douanes organisés pour défendre ou augmenter la richesse des peuples; enfin les sciences sur lesquelles roule ce mouvement créateur de la prospérité matérielle, c'est-à-dire les mathématiques, la physique, la chimie.

Ce que nous venons de dire est le tableau fidèle des tendances de l'Allemagne et de la France. L'une est idéale dans le fond et dans la forme, l'autre matérielle dans les mêmes proportions.

L'éducation publique est le terrain sur lequel elles se rencontrent et dont elles se disputent la possession. Ici, on demande l'éducation traditionnelle, chrétienne et classique; là, on veut l'éducation dite du progrès, dégagée du traditionalisme et roulant exclusivement sur l'enseignement des sciences exactes et en général sur ce qui peut donner force et étendue aux moyens d'acquérir.

On ne peut se faire illusion sur la préférence de l'opinion publique pour l'un des deux systèmes. Cette opinion se prononce aussi énergiquement dans vos chambres

législatives que dans les assemblées de nos états, dans vos grands conseils départementaux et communaux, que dans nos conseils de provinces. Elle se trouve formulée dans mille écrits sur les deux rives du Rhin; elle s'agite en Belgique et a pénétré même dans la savante Hollande et dans la Grande-Bretagne. Elle est accréditée dans le haut commerce et plus encore dans la bourgeoisie; elle est commune au fabricant millionnaire et au modeste marchand en boutique. Chacun trahit pour elle sa prédilection, et parmi vos pères de famille, il en est peu qui, tout en envoyant leurs enfans dans les colléges pour leur faire apprendre ce qu'on y enseigne, n'attendent pas avec impatience le moment où ils seront affranchis des ennuis du grec et du latin et où ils pourront se livrer exclusivement à des études plus profitables.

Chez nous, les utilitaires sont même allés plus loin. Non contents d'avoir fait la société moderne en opposition avec la vieille société, bien morte à leur avis, ils se sont persuadé que la civilisation dont ils ont doté cette société nouvelle, repose sur des bases tout-à-fait contraires à celles de l'ancienne civilisation, et que les rapports qu'on voudrait maintenir entre elles nuiraient à la force et au développement de l'ordre nouveau. En conséquence, ils ont déclaré guerre ouverte à leur ennemie, la traitant de rétrograde, et soutenant que l'avenir de l'humanité est compromis, si l'on n'ose pas rompre ouvertement avec le passé.

Les défenseurs de l'enseignement traditionnel répondent que cette scission repose, quant au fond, sur un fait inexact. En vérité, il n'y a qu'une seule civilisation, dont les racines sont dans le passé, dans sa grandeur, dans ses souvenirs, dans les chefs-d'œuvre qu'il a produits, dans l'admiration qu'ils excitent, et dans les sentimens élevés qu'ils inspirent. Tout y est idéal, est vrai; rien n'y peut être ni mesuré, ni apprécié mathématiquement, comme dans les opérations chimiques; mais c'est justement pour cela que tout y participe de la nature idéale de l'esprit humain, de ce merveilleux produit du sentiment et du jugement, agissant l'un sur l'autre, sublime accord qui doit subsister pour le bonheur même de l'espèce.

L'étude des langues classiques, dans la partie inférieure de l'instruction publique, doit donc être suivie d'études plus étendues et plus approfondies sur les chefs-d'œuvre de l'antiquité dans les hautes classes des colléges. A mesure que ces connaissances se répandront parmi la jeunesse de vos écoles et de vos gymnases, elles influéront plus puissamment sur le goût littéraire et les sentimens moraux de la génération actuelle; elles élèveront l'esprit de l'adolescent, et le mettront en garde contre la fausse éloquence des rhéteurs et les mensonges des sophistes. Je ne parle pas des autres objets d'enseignement qu'on doit admettre dans l'instruction secondaire pour compléter son action. Il ne s'agit, pour le moment, que des bases de cette instruction. Cependant, en même temps qu'on cherche à donner à ces bases plus de solidité, il faut satisfaire les besoins scientifiques de la société industrielle. Les mathématiques entrent dans la sphère des deux systèmes. Elles appartiennent à l'éducation classique comme moyen efficace de développement intellectuel, et elles servent en même temps de fondement à l'éducation industrielle.

Résumons en peu de mots ce que nous venons de dire. Il ne faut pas diviser la société actuelle en deux camps ennemis, ayant chacun un caractère et une mission à part. Il faut la proclamer une et indivisible, quant au fond, tout en reconnaissant la diversité des besoins. En conséquence, il faut, avant tout, savoir apprécier les moyens par lesquels l'esprit de la jeunesse se développe le mieux, afin de les employer avec discernement, et étudier les besoins littéraires et scientifiques des diverses classes de la société, pour n'en laisser aucun sans satisfaction. L'esprit ne peut être saisi ni agrandi que par ce qui lui est congénial. Avec tous les calculs de la chimie, vous n'aurez aucune prise sur lui. L'âme ne peut être pénétrée que par l'âme; le sentiment, élevé à sa plus haute puissance, peut seul faire éclore le sentiment dans un cœur généreux; pour perfectionner une intelligence par l'éducation, il faut agir sur elle par les produits les plus remarquables de l'intelligence elle-même. Les chefs-d'œuvre enfantent les chefs-d'œuvre. Employez, pour cette culture,

d'autres sources que celles dont les flots fécondans coulent jusqu'à nous des plus beaux temps de l'antiquité, que verrezvous surgir sur le terrain ensemencé par vous? l'arbre que vous y aurez planté; le matérialisme le plus stérile, rendu plus fatal encore par le despotisme de l'ignorance.

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Heureusement il ne s'agit pas d'opter entre les deux extrêmes, pour tout donner à celui qu'on aura préféré. On ne doit ni méconnaître les exigences de la situation nouvelle, en se renfermant dans l'éducation traditionnelle et idéale, ni abandonner les bases et les conditions de la véritable civilisation, en favorisant le débordement du matérialisme. Il faut se garder également d'adopter l'un des deux principes, et de le tempérer par l'admission de quelques idées appartenant au principe oppose. Ces sortes de procédés ne conduisent à rien. L'élément hétérogène mêlé à cette bizarre composition est bientôt absorbé ou rejeté, et l'on reste exposé aux dangereux résultats d'un système exclusif. De quoi s'agit-il donc? de prendre ce qu'il y a de beau et de grand dans l'éducation traditionnelle, et d'en éloigner l'alliage du pédantisme et de la routine, fléau dont l'enseignement est encore plus infesté en France qu'en Allemagne. Combinez le système d'instruction secondaire, de telle sorte qu'en donnant une nouvelle force aux ressorts de la civilisation traditionnelle, il satisfasse aussi les besoins réels de la société moderne, et vous aurez résolu le plus grand et le plus difficile problème de notre époque.

Der Rheinkreis von Bayern.

Beilage B.

zu Th. I. E. 159.

Zur Erläuterung und weitern Begründung der im Terte angedeuteten Ausdehnung und Bestimmung der lateinischen Schule folgt hier ein Theil des Vortrages, welchen Hr. Subrector Rupert Jåger, jeho Professor am Gymnasium in Spever, über diesen Gegenstand in der Conferenz vom Jahre 1835 gehalten hat:

,,Unsere Schulen erhalten einen großen Theil ihres Zuganges von solchen, die sich nach Durchlaufung dieses Stadiums nicht den Studien, sondern irgend einer bürgerlichen Beschäftigung widmen. Wenn es nun nicht zu långnen steht, am allerwenig sten aber von uns wird geläugnet werden, daß der formelle Nußen, die Bildung des Gedächtnisses, des verknüpfenden und trennenden Vermögens, der Combination von scheinbar ferne Liegendem, des Judiciums und in so fern die Befåhigung zur schnellen und richtigen Auffassung und der gewandten und glücklichen Lösung von Problemen, die das Leben, wie die Wissenschaft bietet, daß dieser formelle Nußen es hauptsächlich ist, der die Erlernung der alten Sprachen auch für den künftigen Bürger vorzüglich und überwiegend empfiehlt: so möchte doch wohl schwerlich in Abrede zu stellen seyn, daß es von hdchster Wichtigkeit sey für die Zukunft unseres Landes, daß die Knaben, die berufen sind, einst als Männer und Bürger in derselben gegenwärtig zu schaffen und zu gestalten, nächst der Kunde einer wissenschaftlich streng und stet aufbauenden Methode, wie fie die Grammatik bietet, auch die Anwendung derselben und gerade

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