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sa vie. Sa diction était limpide et attrayante, malgré l'aridité du sujet; l'entrain du professeur faisait aimer à la jeunesse ces descriptions un peu sèches qui dans sa bouche, n'avaient pas besoin d'ornement.

Le professeur Paris est mort sur la brêche; surmené par une nombreuse clientèle, au moment d'une épidémie de fièvre typhoïde, malgré les avis réitérés de ses confrères et amis, il ne consentit à prendre du repos qu'au moment où attaqué lui-même par le mal qu'il combattait avec tant d'énergie, il dut se coucher sur le lit de douleur, qui, deux mois plus tard, devait être son lit de mort.

Parler de la mort du professeur Paris c'est rappeler aussi la mort du fils, dont l'Ecole conserve pieusement la mémoire.

Armand Paris, né à Dijon le 26 janvier 1834, était licencié ès-sciences naturelles, interne à l'hôpital, quand, âgé de vingt ans, le 9 juin 1854, n'écoutant que son zèle et son amour pour la science, il part pour Talmay, où sévissait alors une violente épidémie de choléra. Il s'y multiplia, il abusa de ses forces; épuisé, vaincu par la douleur, il s'alita le 23 juin, et le 25 il était emporté par le terrible mal.

En terminant l'éloge funèbre de M. le professeur Paris, M. le directeur de l'Ecole de médecine, disait, nous avons pour nous consoler de cette perte, un jeune professeur, M. le docteur Maillard, qui avec l'ardeur de son àge, s'efforcera de marcher sur ses traces et de continuer ses traditions. On ne pouvait faire un présage ni meilleur, ni plus

sûr.

Né à Dampierre-sur-Vingeanne, le 10 janvier 1830, M. le professeur Maillard, fit ses études médicales à Paris. Rentré en Bourgogne, il se fixa à Dijon où, en 1860, il est nommé chef des travaux anatomiques; en 1862, professeur suppléant et enfin professeur titulaire de la chaire d'anatomie en 1864. Pendant trente années consécutives, M. Maillard a enseigné l'anatomie avec une clarté d'exposition, une précision de langage, et une sûreté de mémoire

qu'il est difficile d'égaler. Joignant à ces qualités de premier ordre l'art du dessin, il a enrichi la collection de l'Ecole de superbes planches sur la neurologie. Presque tous les médecins qui exercent dans notre département ont été ses élèves et tous ont conservé de son caractère bienveillant, de son aménité et de son enseignement auquel il s'était adonné tout particulièrement, le meilleur souvenir; moi-même pendant deux ans, comme chef des travaux anatomiques, il m'a été donné d'apprécier ses hautes qualités. Que dans sa retraite prématuree, Monsieur le professeur Maillard veuille bien agréer l'hommage de ma reconnaissance et de mon respect.

Gabriel-Jules Pauffard, né à Dijon le 27 août 1850, après de fortes études faites au Lycée de Dijon, commença ses études médicales à notre Ecole de médecine, puis se rendit à Paris en 1871, où il devint rapidement externe puis interne des hôpitaux. Elève du professeur Guyon, il acquit une grande habileté dans le traitement des maladies des voies urinaires et, de retour à Dijon, il prit vite une place importante parmi les praticiens de notre ville.

Professeur suppléant en 1880, il devint titulaire de la chaire d'anatomie en 1894, à la retraite du professeur Maillard.

« Il accepte cette lourde tâche, écrit le docteur Deroye, avec un véritable entrain, et comprenant que pour bien enseigner cette science, toute de détails et de précision, il faut un travail constant, il n'hésitait pas, les jours de ses cours, à fermer son cabinet à l'heure voulue, pour lui permettre de consacrer à la préparation de ses leçons tout le temps nécessaire.

« Le contact avec de jeunes étudiants était pour lui une source de joie et il n'était jamais plus heureux que, lorsqu'après ses cours, il était témoin de l'exubérance de ses jeunes auditeurs. C'était là le moment des bonnes causeries et c'était plaisir de l'entendre relater avec une précision de détails étonnants, ses souvenirs de salle de garde et de cette époque charmante de la vie où le jeune homme,

débordant de vitalité, se grise en quelque sorte du plaisir de vivre. >>

Après être resté dix-huit mois sans sortir de chez lui, et plus de quatre mois sans quitter son lit, le professeur Pauffard a, on peut le dire, achevé de mourir le 22 février 1903.

Messieurs, si j'ai pu par cet exposé vous faire comprendre toute l'utilité des connaissances anatomiques, si j'ai pu vous démontrer toute l'importance de vos premières années d'études médicales, j'ose espérer que dans l'avenir, soit comme étudiant dans une faculté, soit comme praticien, vous n'oublierez jamais ni l'Ecole de médecine de Dijon, ni vos maîtres qui ne vivent que pour vous, s'efforçant de faciliter votre tâche et de mériter toute votre reconnaissance.

ARCHÉOLOGIQUES ET PITTORESQUES

D'OUTRE-MANCHE

(ANGLETERRE, ÉCOSSE ET PAYS DE GALLES)

PAR

F. SAGOT

1901

I

A LONDRES ET AUX ENVIRONS

Mardi, 4 juin.

A deux heures huit minutes après midi, le « Duchess of York » quitte ses amarres à Boulogne. La traversée se fait en un peu moins de deux heures, sur une mer légèrement ondulée, qui donne au bateau une cadence presque imperceptible. A de rares reprises le soleil perce à demi la brume qui s'étend sur la Manche. Il n'est victorieux qu'aux approches de Folkestone, dont, peu avant d'aborder, nous apercevons les maisons de briques étagées, les croupes de gazon et les falaises blanchâtres.

Presque aussitôt nous sommes en wagon et nous filons sur Londres; je suis cinquième dans mon compartiment. La campagne est verte de prairies et de bouquets d'arbres, parfois de vrais bois. Entre les bourgs et les petites villes, sans cesse un repli, une haie laisse voir une ferme, un hameau. Partout surgissent des toits de pigeonniers terminés par un cône de bois incliné et ouvert sur la face qui regarde le sol.

Vers six heures je débarque à Charing Cross. La ligne est une des rares d'Angleterre qui enregistrent les bagages. Suivant une méthode rigoureuse et propre à cette Compagnie, chaque fourgon est vidé successivement, tandis que les voyageurs attendent la livraison, parqués derrière une barrière.

Bientôt un hansom cab m'emporte vers Gower Street. Il m'est fait un accueil très cordial. Ma chambre est très vaste et fort avenante. Le dîner va me convaincre qu'outre-Manche la cuisine de France n'est pas inconnue. Le pain même ne se fait pas prier!

En me couchant, je puis me dire Londonien; car après dîner je viens de parcourir Tottenham Court Road, Charing Cross Avenue, Shaftesbury Avenue, puis de suivre la courbe des façades luxueuses et monotones de Regent Street, et de fendre la foule qui se presse entre les magasins innombrables et on ne peut plus variés d'Oxford Street.

Mercredi, 5 juin.

J'emploie la matinée à me reconnaître et à m'installer. L'après-midi, je prépare mon travail au British Museum.

Libre alors, je me dirige vers Piccadilly, vers Hyde Park, longeant à gauche Green Park, vaste square plutôt monotone. Très composite de styles, cette artère fameuse de Piccadilly ne manque pas de grandeur et est le digne prélude d'Hyde Park et du flot d'équipages qui y roule sans trêve. Je pénètre dans le célèbre parc londonien. Près de l'entrée stationnent en demi-lune de nombreuses voitures découvertes. Ce sont aussi des landaus, de superbes «huit-ressorts » souvent attelés à deux, rarement un véhicule fermé, qui se croisent le long de la grande allée avoisinant Park Lane, mais pas un cab.

A une autre fois la visite de la partie pittoresque d'Hyde Park. Ayant suivi les premières allées, je rentre par Oxford Street, après être passé au pied de la Porte de Marbre (Marble Arch).

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