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DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE.

BONCHAMP

(ARTHUS, comte de),

Né an Anjou, en 1759; mort au nameau de La Meilleraye, 16 18 octobre 1798.

Le comte Arthus de Bonchamp, simp.e officier, quoique d'une famille noble de l'Anjou qui n'avait qu'à demander des faveurs a la cour de Versailles pour les obtenir, avait fait avec quelque distinction la campagne des Grandes-Indes, lors de la guerre de l'indépendance américaine. Capitaine dans le régiment des grenadiers d'Aquitaine, il protesta contre la révolution, en se démettant de son grade (1791). Il se retira ensuite dans son château de la Baronnière, près de Saint-Florent, département de Maine-etLoire, et il y vécut quelques mois auprès de sa jeune femme, sans paraître s'occuper des événements politiques qui se passaient au

TOME II.

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tour de lui. Cependant, dès que les Poitevins eurent levé l'éten dard de la révolte et se furent montrés en force, il ne cacha plus ses sympathies, et il se mit à la tête d'une bande d'insurgés, qui vint tumultueusement le proclamer général des troupes catholiques (avril 1793). Bonchamp était un excellent militaire plein de courage et d'audace, bon tacticien, et il ne tint pas à lui de donner à cette prise d'armes l'ensemble et l'homogénéité qui manquèrent toujours aux Vendéens. Si la contre-révolution eût d'abord éclaté dans la Bretagne, la vaste société secrète de la Rouërie, si bien disciplinée, y aurait sagement distribué les grades et les fonctions militaires; là, les républicains auraient eu à combattre des troupes réglées et recevant la forte impulsion d'une seule volonté. Mais, en Vendée, il en fut tout autrement; chaque château était un petit foyer de guerre civile; l'insurrection générale se composa d'une foule d'insurrections partielles. On vit arriver de tous les coins de l'Anjou et du Poitou, des bandes de paysans ayant chacune leur chef; l'armée catholique royale, à cause de cette origine toute fédérative, ne put rien entreprendre de grand et de spontané; le pouvoir, tiraillé par cent ambitions secondaires, y fut mal défini et mal compris; les prétendus généralissimes Cathelineau et d'Elbée ne furent que de simples chefs divisionnaires, revêtus d'un vain titre et sans autorité réelle sur l'ensemble des opérations.

Bonchamp désespéra bientôt d'organiser militairement l'armée royale; il ne s'occupa plus qu'à discipliner sa petite troupe et à la composer des meilleurs soldats. En peu de temps il se vit à la tête de la plus complète des divisions vendéennes, et il acquit ainsi, sans paraître la rechercher, une grande influence sur les autres chefs, émerveillés de l'ordre, de la discipline et de la bonne tenue de ses volontaires.

Le 5 mai, Bonchamp, Larochejaquelein et Lescure (1), inves

(1) LESCURE (Louis-Marie, comte de), né le 13 octobre 1766, dans le Poitou, fut destiné de bonne heure à la carrière militaire, et commanda une compagnie du Royal-Piémont (cavalerie). Ayant épousé, en 1791, sa cousine, Mile Don

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