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plusieurs circonstances, accomplissant notre devoir, nous vous avons engagés, comme frères et enfants de la même famille, à y mettre un terme en vous réconciliant pour notre bonheur et le bienêtre de notre pays. Nous regrettons la durée de cet état de choses qui est la plus grande calamité qui puisse frapper une nation jeune, qui a surtout besoin de paix, d'union et de concorde. Calculez avec calme tous les sacrifices qu'exige de chaque côté la guerre qui règne entre nous, et veuillez y mettre un terme. L'humanité le demande, et le même sang qui coule dans nos veines nous en fait un impérieux devoir. Qui pourrait douter du vif désir qui nous anime et des voeux de notre cœur pour cette réconciliation si hautement sollicitée par les besoins de la société ? La trêve proposée par les puissances conciliatrices, le 18 juin 1850, n'existe-telle plus? N'en avez-vous pas ressenti les bons effets? C'est un premier pas pour arriver à une réconciliation, résultat que désirent si vivement les nations civilisées qui prennent intérêt à notre destinée, à notre bonheur et à nos progrès sociaux et politiques. Il est temps, chers compatriotes, de mettre un terme à nos querelles. Nous venons vous proposer d'ouvrir des négociations. Nous aommerons, chacun de notre côté, des députés qui seront chargés d'établir les bases d'un arrangement destiné à couper court à une situation si désastreuse dont nous ressentons tout le poids, et à nous garantir les bienfaits de la paix et de la tranquillité.

» En même temps, venez, avec sécurité pour votre commerce et vos affaires, cultiver avec nous des relations amicales; venez, un marché est ouvert à vos productions; d'immenses avantages seront le résultat de nos échanges réciproques, et cet état de chose répandra dans le peuple la joie et le bien-être. Tirons

un voile sur le passé et remplissons par notre réconciliation l'attente des amis de l'humanité.

>> Nous avons donné sur toutes nos frontières l'ordre de protéger les personnes et les propriétés,'afin que l'on vous fit la réception la plus cordiale. De votre côté, donnez les mêmes ordres. Répondez à nos vœux et acceptez notre proposition comme des frères à qui le mot de pays est cher.

» Et vous qui commandez dans l'est, pensez aux incalculables calamités que doit nécessairement entraîner un système de désunion. L'intérêt de l'humanité, celui de la civilisation, celui de notre bonheur futur réclament impérieusement la paix. Ne restez pas sourds à la voix qui vous demande l'union; car, en refusant d'écouter cette voix, vous assumeriez une terrible responsabilité dont la postérité vous demandera un compte sévère ainsi qu'à vos enfants.

» Donné en notre palais impérial du Port-au-Prince, le 14 mai 1851, la quarante-huitième année de l'indépendance et la deuxième de notre règne. » FAUSTIN.

» Par l'empereur :

» Le duc de BANDE-DUNORD, ministre de l'intérieur et de l'agriculture; D'HIPPOLYTE, duc de TIBURON, ministre de la guerre et de la marine; DuFRENE, duc de SAINTLouis, ministre des finances et du commerce, chargé par intérim du portefeuille de la justice et de l'instruction publique.

>> SALOMON JUNIOR. »

VARIÉTÉS

PETITE CHRONIQUE. -- NÉCROLOGIE.

JANVIER.

CHRONIQUE.

1er. Russie-Pologne. A pplication de l'ukase qui supprime la ligne de douanes entre la Pologne et la Russie, ainsi que du nouveau tarif de douanes.

18. Etats du saint siége, Forlinipopoli. Trait d'audace du fameux brigand Passatore. Au moment où l'élite de la population de cette petite ville de la haute Romagne était réunie au théâtre, deux détachements de la bande du Passatore entrent dans la ville, s'en emparent, en ferment les portes et désarment les quelques gendarmes de garde au spectacle; puis montant sur la scène dont ils font lever le rideau, ils se montrent aux spectateurs en leur annonçant qu'ils sont maîtres dans la ville dont ils leur montrent les clefs. Ils défendent à qui que ce soit de bouger; ils annoncent ouvertement qu'ils veulent de l'argent et qu'ils vont mettre le pays à sac. Ils s'emparent du président de la municipalité, le traînent jusque dans sa maison, qu'ils dévalisent de fond en comble; enfin ils lui arrachent les clefs du mont-de-piété, qu'ils ne peuvent toutefois ouvrir, ignorant les secrets des serrures, et tentent en vain d'en briser les portes à coups de hache. Pendant qu'une partie de la population reste ainsi terrifiée au théâtre, par quelques-uns de ces bandits, les autres, se répandent dans la ville et pil

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1er. Prusse, Berlin. Incendie du magnifique établissement de Kroll. Cet établissement, situé près du Thiergarten (jardin zoologique, principale promenade de Berlin), était consacré aux fetes, bals, concerts et réunions. C'était, en un mot, le principal lieu de réjouissance de la ville, présentant à la curiosité publique les aliments les plus nouveaux. On y voyait, par exemple, l'immense cyclorama du Mississipi. Des milliers d'enfants devaient venir pour le voir. Un instant avant que la représentation ne commencât, la salle était encore vide. Un tuyau de gaz ayant fait explosion, le feu s'est communiqué aux matières inflammables, et au bout d'une demi-heure tout l'établissement était en flammes.

9. Espagne. Inauguration de la ligne de fer de Madrid à Aranjuez, en présence de S. M. la reine Isabelle II, du roi, de toute la famille royale, des ministres, du corps diplomatique. L'archevêque de Tolede,'primat des Espagnes, bénit la lo

comotive. Toute la population de Madrid assiste à ce spectacle si nouveau pour elle.

27. Deux-Siciles. Traité de commerce conclu avec la Grande-Bretagne, portant abolition des droits différentiels.

MARS.

10. Prusse, Berlin. Incendie des salles de la première chambre des Etats.

12. Etats-Unis, Californie. Nevada, ville de deux cents maisons environ, est réduite en cendres.

24. Danemark, Copenhague. Enterrement solennel de l'illustre physicien Oersted. 30,000 hommes, c'est-à-dire un quart de la population de la capitale, prennent part à ce deuil national.

27. Autriche, Venise. Rétablissement de la franchise du port supprimée le 27 août 1849. Le séjour de S. M. l'Empereur vaut à Venise cette rentrée en grâce.

29. France, Châlon-sur-Saône. Un braconier, Claude Montcharmont, est condamné à mort pour de nombreux assassinats commis sur des gendarmes et sur des garde-chasse.

30. France, Lyon. Un violent incendie éclate, vers neuf heures du soir, dans la maison dite Millanais située à l'angle du Port-Saint-Clair et du quai de ce nom, et au rez-de-chaussée de laquelle se trouvaient les bureaux du receveur général.

AVRIL.

12. France, Portugal. Convention qui assure la propriété des œuvres d'art et de science et qui protége les marques d'origine des objets fabriqués.

MAI.

1er. Angleterre, Londres. Ouverture, dans, Hyde-Park, de l'exposition des produits de l'industrie universelle. Quarante nations différentes, représentées par quinze mille exposants, prennent part à cette solennité.

11. France, Algérie. Ouverture d'une brillante et utile expédition contre la petite Kabylie, par le général de SaintArnaud.

31. Prusse, Berlin. Inauguration, par

S. M. Frédéric-Guillaume, de la statue de Frédéric le Grand, du sculpteur Rauch.

JUIN.

1er. France, Dijon. Inauguration de la ligne de Tonnerre à Dijon.

5. France, Paris. Inauguration des travaux exécutés dans différentes parties du Louvre. Le Président de la République préside à cette solennite qui montre le Louvre, restauré et rendu sans partage à sa destination première. Plusieurs parties du monument menaçaient ruine. Elles ont été habilement relevées et se présentent revêtues de toutes les splendeurs de l'architecture, de la sculpture, ainsi que de la peinture. La lumière pénètre aujourd'hui dans les galeries que leur obscurité ne permettait pas d'affecter aux tableaux des grands maîtres. Une classification intelligente a mis en relief tant de chefsd'œuvre dont la valeur est rehaussée par la magnificence de la décoration.

7. Suisse. Traité de commerce avec les Etats-Sardes.

JUILLET.

1. France, Poitiers. Inauguration, par le Président de la République, de la section de chemin de fer de Tours à Poitiers.

6. France, Beauvais. Inauguration, par le Président de la République, de la statue de Jeanne Hachette. Discours remarquable du Président.

16. Russie, Wladimir. Les nombreux moines du couvent de Saint-André-Boguslawsiki, qui est bâti sur l'emplacement d'une ancienne forteresse, sortaient processionnellement de ce monastère pour faire leur pèlerinage annuel à une image de la sainte Vierge qui se trouve dans la chapelle d'un village voisin. Pendant qu'ils passaient sur le pont en bois jeté sur le fossé qui sépare le couvent de la grande route, ce pont s'écroule subitement, et plus de deux cents moines tombent dans le fossé rempli d'eau, et qui, sur ce point, a près de 15 mètres de profondeur. Cent cinquante-huit d'entre eux périrent, et quarante-neuf autres sont blessés plus ou moins grièvement. 22. Angleterre, Londres. Ouverture

du ridicule et innocent congrès de la paix dans Exeter-Hall, sous la présidence de sir David Brewster.

28. Eclipse de soleil totale et centrale dans une partie du nord de l'Europe et de l'Amérique septentrionale, notamment à Dantzick, en Islande et en Suède. L'éclipse générale commence à midi vingt-quatre minutes, et elle finit à cinq heures et une minute. Dans sa plus grande intensité, le soleil est entièrement caché par la lune, actuellement à son périgée, et dont, par conséquent le diamètre apparent égale le diamètre aussi apparent du disque du soleil.

Voici, d'après des observations dirigées par M. Babinet, membre de l'Institut, les différentes phases du phénomène à Paris.

A deux heures vingt minutes, la lune a commencé à endommager le disque du soleil; un croissant noir s'est bientôt formé, et a fait voir la silhouette majestueuse de quatre des plus grandes montagnes de la lune qui se profilaient à l'horizon céleste, inclinées toutes dans le même sens. En même temps les facules du soleil se montraient abondantes et variées. Bientôt de légers nuages se sont formés et ont diminué, sans les obscurcir, les rayons de l'astre, puis un magnifique cercle, auquel les savants donnent le nom de halo, s'est formé autour de lui, présentant un aspect superbe. Il était trois heures. A ce moment, l'atmosphère a fraichi; le vent, qui avait été dans les régions du sud, est venu à l'ouest; le thermomètre est descendu de 33°, 7 à 32. La lune a continué sa marche; les quatre montagnes avaient passé, mais elle présentait toujours aux yeux de l'observateur une silhouette dentelée fort curieuse. A trois heures trente deux minutes, le phénomène était dans sa plus grande phase l'obscurité était sensible, l'atmosphère avait encore fraîchi, et le thermomètre, était descendu de 32 à 270 2'; le psychromètre qui, à deux heures trente minutes, était à 451m, se trouvait à ce moment à 490.

Pendant que ces observations s'exécutaient, les boulevards, les quais et les rues de Paris étaient encombrés d'une foule nombreuse qui regardait, à travers des hélioscopes ou de simples verres noircis, les phases de l'éclipse.

A Vienne, la police alarmée par l'annonce d'une éclipse totale, défend, par intérêt pour les mœurs, l'ouverture des casinos de danse pendant la durée de l'éclipse qu'elle s'imagine devoir être accompagnée d'épaisses ténèbres.

AOUT.

1. France, Paris. Fêtes données par la municipalité parisienne au lord-maire de Londres, et aux membres du jury de l'exposition universelle. L'armée de Paris exécute au champ de mars, en présence du Président de la République et des honorables invités, des manœuvres ayant pour objet de simuler le passage d'une rivière par une attaque de vive force.

Une médaille commémorative de ces faits est frappée à la monnaie de Paris; elle représente, d'un côté, l'hôtel de ville avec l'exergue: Dies festis actus, solertie artibusque populorum omnium civitas Lutetia Parisiorum ; sur le revers on voit la France et l'Angleterre portant des palmes et des couronnes.

5. Antilles françaises, la Martinique. Effrayante éruption d'un volcan réputé éteint de la montagne Pelée.

8. Brésil, Rio-Janeiro. Un incendie consume le grand théâtre.

12. Espagne, Cuba. Nouvelle tentative de forbans américains contre Cuba, sous la direction du général Lopez.

21. Etats-Unis, New-York. Emeute formidable en l'honneur des forbans de Cuba. Une troupe d'hommes appelés libérateurs de Cuba, presque tous venus de l'ouest, exaspérés à la lecture de la feuille espagnole la Patria, se rend au bureau de ce journal, enfonce portes et fenêtres et jette presses et casiers, tout le matériel enfin dans la rue. La foule est si furieuse qu'il est impossible à la police d'intervenir. Après la démolition du bureau du journal, la multitude, de plus en plus considérable, se rend à un entrepôt de cigares tenu par un Espagnol; là encore tout est détruit. Après cette double exécution, on entend une immense clameur formuler cette phrase: « Allons rendre visite au consul espagnol. » Egaré par la fureur, le peuple se dirige vers le consulat qui est dévasté en un instant; puis, portant en triomphe l'écusson espagnol, il se rend

à Lafayette-square, et exalte encore, par des fanfaronnades de meeting, son patriotisme de boucaniers.

SEPTEMBRE.

1. Espagne, Cuba. Le chef des forbans américains, Lopez, meurt sur l'échafaud.

4. Etats-Sardes, Dego et Montenotte. Sa Majesté fait représenter devant elle, par les troupes sous le commandement du général Alexandre de la Marmora, les immortels combats de Bonaparte.

-France, Elbeuf. Incendie de la magnifique fabrique fondée par M. Victor Grandin. Cette manufacture modèle occupait l'immense espace compris entre la Seine et la route de Rouen, d'une part, et d'autre part les rues Notre-Drame et Saint-Etienne; elle renfermait, outre plusieurs maisons d'habitation, de vastes ateliers de filature de laine, de teinture et autres accessoires, munis d'un outillage considérable et de nombreuses machines, enfin de grands magasins de tous genres. Depuis la mort de son fondateur, elle était exploitée par MM. Jules May et Delrez, qui y occu paient neuf cents ouvriers environ; en plus, elle alimentait trois cents autres ouvriers habitant la campagne. Disons avec douleur que beaucoup d'ouvriers que cette fabrique avait fait vivre et qn'avaient soutenus dans les mauvais jours, les efforts généreux de son fondateur, regardèrent l'incendie avec indifférence et se refusèrent à apporter des se

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nécessaire à son existence. Mais, grâce à la direction éclairée du ministre de l'intérieur, grâce au concours énergique du conseil municipal de Paris et de son digne chef, grâce aux décisions de l'Assemblée nationale, cette œuvre que j'ai tant souhaitée, s'accomplit enfin.

>> La construction de ces halles, véritable bienfait pour l'humanité, facilite l'approvisionnement de Paris, et appelle un plus grand nombre de départements à y concourir. Ce n'est donc pas une œuvre purement municipale; car Paris est le cœur de la France, et plus sa vie est active et puissante, plus elle se communique au reste du pays. »>

>> En posant la première pierre d'un édifice dont la destination est si éminemment populaire, je me livre avec confiance à l'espoir qu'avec l'appui des bons citoyens et avec la protection du ciel, il nous sera donné de jeter dans le sol de la France quelques fondations sur lesquelles s'élèvera un édifice social assez solide pour offrir un abri contre la violence et la mobilité des passions humaines. >>

15. France, Salles (Haute-Garonne). Inauguration de la statue du général Compans.

18. Etats-Unis, Boston. Jubilé des chemins de fer.

24. Belgique, Bruxelles. Fête offerte à S. M. le roi Léopold par les artistes belges, à l'occasion de l'exposition générale des beaux-arts.

27. France, Calais. Installation du télégraphe électrique sous-marin, qui relie la France à l'Angleterre, des deux côtés de la Manche, aux points d'arrivée du conducteur, la conclusion des travaux est célébrée par des réjouissances. Vers cinq heures, l'extrémité du câble, artificiellement prolongé, est portée à terre auprès de Samsgate, commune située à 4 kilomètres de Calais, et mis en communication avec le télégraphe du chemin de fer du Nord. Pendant toute la journée du lendemain, Calais présente l'aspect le plus animé. Une foule de curieux, massée sur les remparts, suit avec un avide intérêt les expériences auxquelles on soumet l'appareil. Le soir, un grand banquet, auquel préside le maire de Calais, est offert

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