Napoléon Ier; c'est au fond le despotisme d'autant plus insupportable qu'il se donne des airs plus libéraux. Le premier empire en tombant a incrusté son système dans l'esprit national; en se retirant il y a enfoncé comme le Parthe, un trait mortel. C'est ce trait qu'il faut arracher pour fonder la vraie liberté. Or, comme rien ne caractérise mieux ce système fatal que la mise en régie de la religion, c'est par là qu'il faut commencer la réforme en arrêtant sérieusement l'empire de la loi aux limites où commence l'empire indéfini de la conscience, selon une parole vraiment sublime et magnifiquement inconséquente de Napoléon. Tout libéralisme qui ne commence pas par affranchir la conscience est de mauvais aloi; il reprend et continue la mauvaise tradition française, celle qui de Louis XIV au premier consul a suivi son cours et a reparu intacte au sortir du tourbillon révolutionnaire. Nous avons cru servir, non-seulement la cause de la religion, mais encore la cause libérale dans son intérêt le plus actuel et le plus élevé en dégageant de la confusion des faits la grande leçon qui résulte des luttes religieuses et ecclésiastiques de la Révolution française. Cette leçon se résume dans cette fameuse formule de l'Eglise libre dans l'Etat libre qui s'impose avec plus ou moins de logique à tous les esprits généreux. Qu'on le sache bien; on n'aura l'Etat libre qu'avec l'Eglise libre, j'entends pleinement libre, sans salaire et sans chaînes, sans traitement et sans lois organiques, avec le régime du droit commun sincèrement accepté. Ainsi sera garanti contre les envahissements du despotişme monarchique ou démagogique l'asile inviolable de la liberté religieuse, mère de toutes les autres, et le suffrage universel devra comprendre que pour ses flots tumultueux comme pour les vagues de l'Océan il y a une voix pour dire : Jusqu'ici et pas plus loin. L'idole de la fausse souveraineté populaire sera brisée. Une telle réforme réagira sur tout l'ensemble de l'organisation politique, elle se reproduira à tous ses degrés et établira la vraie ligne de démarcation entre le pouvoir central et la liberté individuelle. Puis l'Eglise, dans ces conditions normales, ne vivant que de la liberté, trouvera son premier intérêt à la servir et à la CONCLUSION. 459 défendre Ainsi se cimentera cette alliance sainte et féconde entre la religion et le libéralisme dont le retard a été si fatal à la Révolution française et dont la réalisation inaugurerait pour notre patrie l'ère nouvelle et définitive à laquelle nous aspirons. Alors vraiment la Révolution serait achevée, car elle aurait affranchi la conscience et elle en aurait fait le roc inébranlable sur lequel reposerait l'édifice. Nous finirons en répétant cette belle parole de Mirabeau : « Dieu est aussi nécessaire que la liberté au peuple français. » Il était trop l'enfant de son siècle pour donner à ces mots toute leur portée. C'est à nous qui avons vu ce qu'il n'a pas vu et qui savons combien est précaire la liberté qui n'est qu'un droit humain, combien elle est prompte à s'affaisser ou à se vendre, c'est à nous, les héritiers et les admirateurs de cette grande Révolution que nous voulons achever en la corrigeant ou en la complétant, c'est à nous à redire avec une pleine conviction que Dieu est aussi nécessaire que la liberté au peuple français. L'idée divine peut seule sauvegarder la liberté, mais c'est à la condition qu'on ne la lui ait point refusée à elle-même. Tout nous ramène donc à l'Eglise libre dans l'Etat libre. PRÉFACE. TABLE DES MATIÈRES Pag. v à VII INTRODUCTION. SITUATION DE L'ÉGLISE DE FRANCE A LA VEILLE DE LA RÉVOLUTION. ÉTAT La question religieuse et la Révolution. de France. reconnu. - --- - - Situation de l'ancienne Eglise - LIVRE Ier. LA CONSTITUANTE. Pag. 2 à 26 CHAPITRE Ier. PRÉLIMINAIRES LÉGISLATIFS. LE PREMIER DÉBAT SUR LA LIBERTÉ Ouverture des états généraux. ordres. -- - Rôle de l'émeute dans la Révolution. Dispositions favorables du 462 DISCUSSION SUR LES BIENS DU CLERGÉ. ATTITUDE DES DIVERS PARTIS. DISCOURS DE MIRABEAU, DE MAURY ET DE MALOUET. SUPPRESSION DES La question s'engage à La propriété ecclésiastique avant la Révolution. Trois groupes d'opinions. La Révolution trop fidèle à l'ancien régime. - l'Etat vis-à-vis des corporations. La vraie solution. - Ouverture du Opinion de la - Le droit de Réorganisation du Nouvelles propositions. Aliénation des biens du PREMIÈRES RÉSISTANCES DU CLERGÉ. TROUBLES A NIMES ET A MONTAUBAN. LE SERMENT POLITIQUE IMPOSÉ au clergé. SCÈNE PATHÉTIQUE A L'as- SEMBLÉE. ADRESSE DE MIRABEAU A LA NATION. PAMPHLET DE CAMILLE La guerre éclate entre la Révolution et la religion. Effet des mesures de - |