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Voilà done, avec le βουλευτικόν et Γἐφηβικόν, douze segments dont nous savons la destination. Reste le treizième. Pour celui-ci il n'y a pas lieu d'hésiter. La moindre réflexion suffit à en déterminer l'emploi. Nous voyons bien qu'on a trouvé moyen de caser tous les citoyens de l'Attique. Mais il n'y avait pas à Athènes que des Athéniens. Que faisait-on des étrangers, qu'on nous montre accourant de toutes parts aux fêtes dionysiaques, surtout de ceux qui n'avaient pas d'hôte en titre à Athènes (1)? Il fallait bien qu'ils fussent assis à part. Cette conclusion suggérée par le bon sens, un texte vient heureusement la confirmer. Le hasard nous a conservé un court fragment du comique Alexis :

ἐνταῦθα περὶ τὴν ἐσχάτην δεῖ κερκίδα

ὑμᾶς καθιζούσας θεωρεῖν ὡς ξένας (21.

Rien au monde de plus clair que ces deux vers, interprétés jusqu'ici de la façon la plus fantaisiste. On a confondu les xɛpxides avec les xpta, les sections avec les bancs ou gradins, et l'on en a conclu que les femmes occupaient, au théâtre, les degrés supérieurs. L'erreur est manifeste. Le texte dit simplement : « Il faut qu'assises dans la dernière section vous assistiez de là au spectacle en votre qualité d'étrangères. » La pièce d'Alexis avait pour titre la Gynécocratie, ou Gouvernement des femmes. Comme dans la Lysistrata ou dans l'Ecclésie d'Aristophane, il est clair qu'il s'agissait d'une ten

(1) Car il se peut qu'on eût le droit d'emmener avec soi son hôte. Cela se déduirait, non toutefois avec une entière certitude, du vǹp Ιωνικός τις παρακαθήμενος de la Paix, v. 45. Voir aussi Théophraste, Caract., 9. Mais ce dernier témoignage date du IIIe siècle.

(2) Fragmenta Comic. græc., éd. Meineke, t. III, p 402.

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tative des femmes pour s'emparer du pouvoir. Les conjurées se sont donné rendez-vous au théâtre ; celles qui ne sont pas Athéniennes iront s'asseoir aux places que leur assignent les règlements. De là nous pouvons inférer avec certitude que « la dernière section >> était réservée aux étrangers, et, selon toute apparence, qu'elle s'appelait tò ɛvɩxóv (1).

Nous n'avons pas parlé des métèques ou étrangers domiciliés, qui formaient une partie notable de la population, puisqu'on estime pour cette époque leur nombre à 10,000 (2). Bien qu'ils fussent aux citoyens «< ce que la balle est au blé» (3), les métèques n'étaient pas compris dans les tribus et n'avaient pas le droit de se confondre avec celles-ci. Les mêler avec les étrangers nous semble impossible, vu les dimensions relativement restreintes du Eεvixóv. Le plus simple paraît être de les reléguer dans la partie supérieure du théâtre, suivant les dêmes où ils étaient inscrits. Ainsi s'expliquerait l'étrange disproportion de certains segments. Ne tombe-t-il pas sous le sens que les plus vastes xepxides étaient affectées aux tribus comprenant les dêmes urbains, où était domiciliée l'immense majorité des métèques?

Nous n'avons plus qu'à conclure. Le Conseil des CinqCents occupait, comme à l'époque d'Adrien, le segment central, la section d'honneur, au-devant de laquelle siégeait le prêtre de Dionysos, qui, dans la circonstance, présidait à toute la solennité. De chaque côté les tribus

(1) Pollux, IX, 44. qui nous a transmis le fragment d'Alexis. emploie le même terme que pour les autres sections : Oɛátpov μépoc πρὸς τοῖς προειρημένοις κερκίδα.

(2) G. GILBERT, Handb. der Griechischen Staatsalterthümer, t. I. p. 196.

(3) Acharniens, v. 508.

étaient distribuées en nombre égal: cinq à droite, cinq à gauche. Les deux compartiments les plus rapprochés de la scène appartenaient, l'un à l'éphébie, l'autre aux étrangers.

Voici done, sauf erreurs de détail, le plan topographique, tel que nous le concevons, du théâtre de Bacchus.

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Depuis les fouilles intelligentes de M. Dörpfeld, nul n'ignore que ce théâtre ne date que du milieu du IVe siècle. Mais, à notre point de vue, cela n'a guère d'importance. L'architecte n'a rien innové, pour la simple raison qu'il s'est borné à remplacer par de la pierre les

constructions antérieures en bois. Évidemment les divisions y sont les mêmes qu'à l'époque, d'ailleurs peu éloignée, d'Aristophane.

Pour être complet, nous devons ajouter qu'au niveau de l'orchestre étaient disposés en demi-cercle une série de soixante-sept sièges à dossier pour les archontes et les principaux dignitaires du culte. On en trouvera la liste exacte dans le livre de M. Haigh.

OUVRAGES PRESENTES.

Goblet d'Alviella (comte). De l'emploi de la méthode comparative dans l'étude des phénomènes religieux. Paris, 1901 ; extr. in-8° (15 p.).

Leclercq (Jules). Le conflit entre la Russie et la Finlande. Bruxelles, 1901; extr. in-8° (36 p.).

Monchamp Georges). Le distique de l'église Saint-Servais à Maestricht: Excitus hac Archa Mondolphus Aquisque dicato Gondolphos Templo se reddit uterque jerarcha. Bruxelles, 1900; extr. in-8° (28 p.).

Inscription mérovingienne de Glons: Note par Joseph Demarteau. Deux anciennes inscriptions de Maestricht; lettre de Mer Georges Monchamp. Liége, 1910; extr. in-8° (21 p.).

Une inscription mérovingienne inédite à Glons (province de Liége). Liége, 1901; extr. in-8° (27 p. et 4 pl.).

L'épitaphe d'Amabilis à Maestricht (Saint-Servais). Bruxelles, 1901; extr. in-8° (6 p. et 1 pl.).

Eloge funèbre de S. G. Mgr Doutreloux, évêque de Liége, prononcé à la cathédrale de Liége le 29 août 1901. Liége, 1901; in-16 (43 p.).

Pirenne (Henri). Histoire de Belgique. I: Des origines au commencement du XIVe siècle, 2e édition revue et corrigée. Bruxelles, 1902; in-8°.

- Bibliographie de l'histoire de Belgique. Catalogue méthodique et chronologique des sources et des ouvrages principaux relatifs à l'histoire de tous les Pays-Bas jusqu'en 1598 et à l'histoire de Belgique jusqu'en 1830, 2e édition. Bruxelles-Gand, 1902; in-8°.

ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

BULLETIN

DE LA

CLASSE DES LETTRES

ET DES

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

ET DE LA

CLASSE DES BEAUX-ARTS

1901. N° 11.

CLASSE DES LETTRES

ET DES

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

Séance du 4 novembre 1901.

M. PAUL FREDERICQ, directeur.

M. le chevalier EDM. MARCHAL, secrétaire perpétuel.

Sont présents MM. G. Kurth, vice-directeur; S. Bormans, J. Stecher, T.-J. Lamy, L. Vanderkindere, le comte Goblet d'Alviella, Ad. Prins, A. Giron, H. Denis,

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