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La Classe se prononcera dans sa prochaine séance du mois de mai sur les conclusions de ces rapports ainsi que sur les conclusions des rapports :

1o de MM. Discailles, Stecher et Wilmotte sur le mémoire portant la devise: Faut-il désespérer d'un peuple, etc., en réponse à la question du concours de 1901 sur l'histoire de la littérature française en Belgique de 1815 à 1830;

2o De MM. Giron, Prins et le chevalier Descamps sur le mémoire portant la devise: La liberté féconde la charité, en réponse à la question du même concours sur l'histoire de l'assistance publique dans les campagnes en Belgique.

RAPPORTS.

Le traité Tepi epunveías d'Aristote (traduction et commentaire); par le chanoine J. Laminne, directeur du Séminaire de Saint-Trond.

Rapport de M. Monchamp, premier commissaire,

« M. le chanoine Laminne, directeur du Séminaire de Saint-Trond, nous soumet un travail sur le Peri hermeneias d'Aristote.

Il s'est proposé d'en donner une traduction claire autant que possible, d'élucider le texte par quelques courts commentaires intercalés, de relever les inexactitudes de la traduction de Barthélemy Saint-Hilaire.

L'entreprise était ardue. Barthélemy Saint-Hilaire dit, à la fin du chapitre XIII : « Malgré tous mes efforts, ce chapitre présente de nombreuses obscurités; il n'a pas

dépendu de moi de les éviter elles tiennent au fond même du sujet; et cette théorie est sans doute l'une de celles qui, par l'embarras de l'exposition, si ce n'est par la profondeur, ont donné à l'Hermeneia ce renom de difficulté qu'elle avait dans l'antiquité et au moyen âge. »

L'auteur a réussi à éclaircir ces broussailles (on les rencontre un peu partout dans ce traité). Si les commentaires de Waitz, de Thomas d'Aquin, de Cajetan, de Barthélemy Saint-Hilaire lui-même lui ont été utiles, il est cependant arrivé à résoudre des difficultés dont il n'a pas trouvé la solution ailleurs. Il a fait aussi la critique de la théorie d'Aristote sur l'opposition des propositions absolues et réfuté sa thèse sur les propositions énonçant un futur contingent. Quant aux inexactitudes de Barthélemy Saint-Hilaire, il en a relevé vingt-huit, petites ou grosses.

On pourrait certainement donner à ce travail plus d'étendue, soit en discutant les variantes les plus notables du texte grec (il n'y en a guère de très importantes), soit en faisant la critique des différentes interprétations qu'on a données des endroits difficiles, soit en recherchant les origines des théories qui y sont exposées, ou en les comparant avec les textes parallèles des autres écrits d'Aristote, ou en étudiant leurs développements aux âges suivants. J'avoue, pour ma part, que j'aurais aimé çà et là un commentaire de plus pour m'aider à comprendre la pensée du philosophe grec. Mais le but de l'auteur était plus modeste, et il a tenu à ne pas le dépasser.

A coup sûr, il l'a atteint, et, à mon sens, son travail constitue un progrès réel, ce qui n'est pas peu dire, si

l'on songe à la multitude des commentaires qui ont été faits sur cette Logique d'Aristote, dont Kant est, à bon droit, l'enthousiaste admirateur.

Inutile de prévenir le lecteur qu'il devra tendre tous les nerfs de sa pensée pour bien comprendre ce qu'il va lire. Aristote, quoiqu'il ait été un des premiers à traiter de la logique, y a mis un esprit analytique d'une acuité incroyable et sachant discerner les traits les plus déliés.

Une simple remarque: M. Laminne donne au traité le titre français: Sur l'expression de la pensée. Cette version de Пlepi punvelas, qui est déjà un commentaire (je n'en fais pas un grief), est ainsi justifiée par le traducteur : « Parmi les différentes formes du langage, seule la proposition énonciative manifeste la pensée, le jugement, à l'exclusion de toute autre affection de l'âme. Voilà pourquoi ce petit traité porte le titre de περὶ ἑρμηνείας, de interpretatione, sur l'interprétation, c'est-à-dire sur l'expression de la pensée. » Je concède volontiers que la proposition énonciative, de sa nature, n'exprime que le jugement; mais je crois que la vraie raison pour laquelle l'Hermeneia n'étudie que ces propositions, c'est que nous sommes dans l'Organon, en logique, et non dans un traité de rhétorique ou de poétique. (Comparer Aristote, chap. IV, no 5.)

Je termine ici mon rapport, en répétant que le travail de M. Laminne me paraît une œuvre solide, originale et qui certes ne déparera pas nos recueils. L'étendue de l'écrit ne me semblant pas trop considérable, j'ai l'honneur d'en proposer l'insertion au Bulletin. »

Rapport de M. Willems, deuxième commissaire,

<< C'est par erreur que le troisième commissaire a reçu avant moi communication du mémoire sur Aristote, soumis à l'Académie. Je n'ai pas à m'en plaindre, vu que l'essentiel, c'est-à-dire l'examen philologique, a été fait, et bien fait, par un juge des plus compétents. Comme je n'ai eu le manuscrit entre les mains que durant quelques jours, j'ai dû me borner à lire, sans la confronter minutieusement avec le texte grec, la traduction de M. le chanoine Laminne, ainsi que le commentaire qui l'accompagne. Toutefois j'y ai regardé d'assez près pour pouvoir me rallier, sans la moindre hésitation, aux conclusions de mes deux honorables confrères. »

Rapport de M. Vollgraff, troisième commissaire.

« J'ai comparé attentivement la traduction du pi punvelas d'Aristote par M. le chanoine Laminne avec le texte grec et lui présente toutes mes félicitations de la façon heureuse dont il s'est acquitté de sa tâche. En ce qui concerne les mérites généraux du travail, je constate que le rapport du premier commissaire ne me laisse que fort peu de chose à dire.

C'est surtout en comparant la traduction nouvelle qui nous est présentée avec celle de Barthélemy SaintHilaire qu'on peut juger des progrès considérables réalisés par M. Laminne.

Chap. II, § 2, où μhv oυdè (comp. Thuc. I, 82 in.) correspond exactement au nor yet indeed des Anglais.

Le texte grec οὐ μὴν οὐδ ̓ ὥσπερ ἐν τοῖς ἁπλοῖς ὀνόμασιν, οὕτως ἔχει καὶ ἐν τοῖς συμπεπλεγμένοις est rendu fidèlement par Barthélemy Saint-Hilaire ... « il n'en est pas

de même dans les noms composés comme dans les simples ». Aristote aurait dû dire, sans doute, mais il ne dit pas : « cependant il n'en est pas de même dans les mots simples et dans les mots composés » (version Laminne).

Les mots ἐν δὲ τούτοις βούλεται μέν, ἀλλ' οὐδενὸς κεχωρισμένον (Weise) sont défectueux et doivent être corrigés ainsi : βούλεται μέν <τι >, ἀλλ' οὐδὲν κεχωρισμένον.

...

βούλεσθαί τι, velle aliquid aliquid.

=

σημαίνειν τι, significare

Traduisez: « dans les autres au contraire la partie signifie quelque chose, mais isolément < elle ne signifie >

RIEN ».

Chap. III, § 6, après péunsev il y a dans Aristote : ἀλλ ̓ εἰ ἔστιν ἢ μή, οὔπω σημαίνει. Je cherche en vain ces mots dans la traduction de M. Laminne.

αὐτὸ μὲν γὰρ (scil. τὸ ὄν) οὐδέν ἐστιν. Il serait peut-être plus clair de répéter en traduisant : « car

même ne signifie rien ».

l'être > lui

Chap. IV. λóyos peut signifier, selon le contexte, mot ou phrase. Au commencement de ce chapitre, je ne pense pas que nous pouvons le rendre déjà par phrase. L'exemple donné vos n'est pas une phrase (assemblage de mots formant un sens complet), mais rien qu'un simple mot.

Chap. VI, § 5. Lisez : λέγω δὲ ἀντικεῖσθαι τὰς τοῦ αὐτοῦ κατὰ τοῦ αὐτοῦ et non pas, avec Weise : τὴν τοῦ αὐτοῦ κτέ.

Chap. VII, § 5. M. Laminne remarque fort bien que,

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