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toujours le père de mes sujets. » Paroles vraiment royales, que SA MAJESTÉ se plaît à faire entendre, et qu'elle vient encore de confirmer par sa Réponse à votre Président, au jour du solennel anniversaire de sa rentrée en France, en disant avec bonté : « C'est pour le bonheur des Français que je règne, et tout ce qui pourra contribuer à les rendre heureux méritera ma bienveillance et ma protection (1). »

Personne, Messieurs, ne lira sans attendrissement ces nobles expressions, que notre vive

(1) Discours de M. le vicomte Héricart de Thury, Président :

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« SIRE, heureuse journée! heureux anniversaire de la légitimité la plus chère et la plus sacrée pour la France! Nous le bénissons, joyeux et empressés d'être admis à présenter à notre glorieux et bien-aimé Monarque l'hommage de notre profond respect et de notre éternelle reconnaissance!

» A pareil jour, il y a quatorze ans, nos campagnes étaient désertes, nos charrues abandonnées et nos sillons incultes. Epuisée, envahie de toutes parts, la France était menacée du plus épouvantable désastre!

pour

» Précurseur de Louis-le-Désiré, et envoyé par la Providence éteindre les haines et les factions, vous apparûtes, SIRE, et la France entière s'élança au devant de vous, assurée de voir promptement se fermer ses plaies doulou

reuses!

» Le bonheur bientôt justifia pleinement ses espérances;

reconnaissance se fait un devoir de répéter ici, parce qu'elles révèlent l'affection paternelle du Roi et sa ferme résolution de maintenir la justice, la paix, l'instruction et l'abondance; effets prospères des généreuses intentions du Monarque, que le Ministère saura seconder par sa prudence et par sa fidélité.

sous les sages institutions de Louis XVIII, d'auguste mémoire, la France, réconciliée avec l'Europe, reprit son rang et sa supériorité sous le règne paternel de Votre Majesté.

» Sa prospérité se raffermira de plus en plus, le règne de Charles X est celui des sciences, des arts, de l'industrie et de l'agriculture, sous Charles le Bien-Aimé la France doit atteindre au plus haut degré de gloire et de prospérité! »

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Réponse du Roi. « Je reçois l'expression de vos sentimens, c'est principalement par l'agriculture que la France peut augmenter sa prospérité, je vous engage, Messieurs, à travailler toujours avec le même zèle à cette branche si intéressante de la richesse publique. Le retour du Roi, que j'ai devancé, en rendant la paix à la France, a donné une nouvelle vie à l'agriculture. C'est pour le bonheur des Français que je règne, et tout ce qui pourra contribuer à les rendre heureux méritera ma bienveillance et ma protection. »

NOTICE BIOGRAPHIQUE

SUR

M. le Cte. N. FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU,

Grand-Officier de la Légion-d'Honneur, Membre de l'Académie française, de la Société royale et centrale d'Agriculture, et de plusieurs autres Sociétés savantes ou littéraires, françaises et étrangères;

PAR M. le Baron DE SILVESTRE,

Secrétaire perpétuel de la Société.

MESSIEURS,

Si l'on peut évaluer le bonheur dont les hommes ont joui pendant leur vie, d'après la durée de la réputation qu'ils ont obtenue, nul n'aura été plus heureux que François de Neufchâteau. La renommée a pris soin de lui dès sa plus tendre enfance, elle l'a suivi dans son âge mûr, et toujours sa fidèle compagne, elle a répandu les plus douces jouissances sur sa vieillesse. Dans son jeune âge, il a pu être classé en première ligne parmi les enfans célèbres dont l'histoire a conservé le souvenir; dans sa maturité, il s'est mis constamment au niveau des littérateurs et des hommes d'état les plus distingués; dans un

âge avancé, que des infirmités anciennes et douloureuses rendaient physiquement encore plus débile, il a conservé toute la puissance de ses facultés morales; il a été poëte, orateur, publiciste, agronome, et sur-tout homme aimable et bon au suprême degré, jusqu'à ses derniers

momens.

François de Neufchâteau n'a pas épuisé de son vivant toute sa renommée : les événemens extraordinaires qui ont signalé son existence; les situations brillantes et inespérées dans lesquelles il a été contraint de se trouver, et plus encore, son rare talent, sa prodigieuse activité, son zèle soutenu pour le bien public, le nombre et le mérite de ses travaux littéraires et administratifs; enfin sa probité intacte au milieu des séductions du pouvoir et des exemples de corruption multipliés, lui garantissent une réputation durable, et assurent que son nom, répété avec attendrissement par ses contemporains, le sera toujours avec reconnaissance et vénération dans la postérité.

Nicolas François de Neufchâteau est né à Saffais, bailliage de Rozières en Lorraine, le 17 avril 1750. Sa famille était honorable, mais peu fortunée; son père dirigeait une école primaire à Saffais, et le jeune François acquit dans la

maison paternelle un tel degré d'instruction; les rares qualités qu'il tenait de la nature y reçurent un tel développement, que, lorsqu'il vint à Neufchâteau en 1764 pour faire sa seconde, son porte-feuille était déjà garni de pièces de vers dignes d'éloge: il ne trouva pas de rival parmi ses condisciples. Dans un concours général entre les élèves du collége de Neufchâteau, M. d'Alsace d'Henin-Liétard, bailli, grand-croix de l'ordre de Malte, frappé des dispositions précoces du jeune François, voulut se charger de son sort: François adressa à son protecteur un remercîment en vers, qui annonçait une âme sensible, une grande facilité, et une connaissance judicieuse des meilleurs poëtes latins. Il avait déjà fait diverses épîtres en vers, des imitations d'Anacréon, d'Horace, de Virgile, d'Ovide, et quelques fables; ces productions d'un auteur de 13 ans furent imprimées dans le temps et eurent un grand succès : l'année suivante, un recueil plus considérable parut sous le nom de François de Neufchâteau, âgé de 14 ans, associé des Académies de Dijon, de Marseille, de Lyon et de Nancy. Le bailli d'Alsace l'avait en effet emmené avec lui dans ces différentes villes, et leurs Sociétés littéraires s'étaient empressées de s'associer un talent si précoce et si

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