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« Oyapok, le 27 Mars 1822.

« Vendredi dernier, 22 de ce mois, 16 indiens de la << peuplade des Emerillons, ont paru ici; d'autres de << la même tribu les y avaient précédés, il y a un an et << demi. Nous avons communiqué avec ces sauvages << par l'intermédiaire d'un interprète. Ils sont établis <<<< depuis très longtemps aux sources même d'une « rivière nommée Inini, qui se jette dans le Maroni. Ils « y sont aujourd'hui inquiétés par les nègres marrons << de Surinam, dont bon nombre est fixé dans leur << voisinage, et qui leur font à tout propos une vive << guerre, surtout quand il s'agit d'envahir leurs abatis << et leurs plantations de manioc. Ils les ont en consé<<quence transportés sur les bords d'une des branches << du Camopi (1), nommée Inipi. Il leur faut cinq jours << de marche pour aller de l'une à l'autre. Ils ont assuré << qu'ils y reviendraient à la belle saison ».

Depuis cette époque, cette voie a été fréquentée non seulement par les Indiens, mais encore par les nombreux chercheurs d'or dont plusieurs, qui sont encore vivants, ont pris part à l'exploitation intensive de l'ancien Contesté Franco-Hollandais.

Les grands maraudages. On se souvient en effet, que vers 1887, on apprit en Europe que de riches. terrains aurifères avaient été découverts sur le territoire contesté à cette époque entre la Hollande et la France, situé dans l'angle formé par les deux branches supérieures du Maroni : l'Awa et le Tapanahoni.

En principe, les chercheurs d'or ont une préférence marquée pour les régions de nationalité incertaine. On y est plus à l'aise pour travailler; les formalités pour l'obtention du droit d'exploiter un terrain se réduisent

(1) Le Camopi est un des principaux affluents de l'Oyapok.

au strict minimum, c'est-à-dire au fait de son occupation continue par celui qui l'exploite; il n'y a à payer aucun droit d'extraction pour l'or, et quant aux taxes douanières, on s'en passe aussi. C'est, sans jeu de mots, l'âge d'or pour les prospecteurs. Il y a bien quelques ombres au tableau : il n'est souvent pas facile de faire respecter par un voisin audacieux, servi par de forts biceps, le canal d'amenée d'eau au moyen duquel on peut laver le lopin qu'on s'est personnellement réservé; la poudre d'or recueillie n'est pas toujours à l'abri d'un coup de main. Ce sont pourtant là des inconvénients secondaires, car il s'établit aussitôt des usages, qui ont force de loi dans le camp minier improvisé et que tout le monde respecte sans qu'il soit nécessaire de contrainte, par suite du besoin impérieux et inné d'une règle tutélaire quelconque.

En quelques mois, les terrains de l'Awa reçurent, tant de Surinam que de Cayenne, une population de 5.000 à 6.000 noirs, qui s'établirent sur les terrains. exploités actuellement par la « Société Française des Placers de la Guyane Hollandaise ». Le ravitaillement s'opérait par le Maroni, et ies choses marchèrent à souhait pendant un certain temps. Les négociants des deux capitales ravitaillaient les placers avec des marchandises en transit, qui par conséquent ne payaient aucun droit de douane ni d'octroi de mer.

Les deux nations intéressées à faire cesser cet état de choses, désastreux pour leurs finances, décidèrent d'un commun accord d'arrêter complètement, jusqu'après réglement de l'arbitrage, toute exploitation aurifère sur l'Awa, par le moyen simple et efficace de la famine, c'est-à-dire par la suppression complète de tout ravitaillement par la voie du Maroni. Ce procédé réussit parfaitement.

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PLAN D'ENSEMBLE DES PLACERS DE L'ININI, LE IER DÉCEMBRE 1887

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Echelle 2millimètres par kilomètre 1/500.000

D'après la carte officielle du Cadastre

minier à Cayenne en 1887.

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