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Attaques à ciel ouvert.- La Compagnie de St-Élie a inauguré sur un autre filon que celui d'Adieu Vat une méthode de décapelage en grand, qui mérite d'être signalé. M. Rémeau, le distingué directeur de cette Société, qui a acquis une longue pratique des gisements Sud-Américains par un séjour prolongé au Vénézuela et au Callao, a cherché à mettre à jour les véritables affleurements en décapelant en grand la couche de latérite. Ce travail important a été fait sur le filon dit des Pottineurs, dans la vallée de Joyeuse à St-Élie même. On a fait là un grand découvert dont les frais ont d'ailleurs été plus que remboursés par l'or qu'on a retiré des terres de montagne, car il est en effet de règle que les affleurements des filons dans la latérite, sont caractérisés par une teneur en or assez élevée dans toutes les terres qui enrobent les quartz provenant de la décomposition superficielle du gîte. Cet or est généralement gros. On le sépare donc facilement en faisant passer dans un sluice les produits de l'abatage, simplement séparés des blocs de quartz qu'on entasse à part. Ces derniers donnent fréquemment une teneur suffisante pour être broyés avec profit.

Le grand découvert de St-Elie n'est pourtant pas arrivé encore à mettre à jour des filons bien nets: au contraire, un trou de sonde donné au fond de la vaste carrière pratiquée à Joyeuse, a révélé la présence à 14 mètres en contrebas, d'une couche de sable boulants; c'est un ancien lit de rivière. Toute la partie de la montagne qu'on a ainsi éventrée n'est qu'un vaste éboulis. On a décidé en conséquence d'aller attaquer le filon dans la vallée de la crique des Pottineurs, qu'il traverse d'une façon bien nette.

On voit par cet exemple quel rôle prépondérant a été joué par le travers-banc Duvigneau dans la décou

verte du filon d'Adieu-Vat. Cette galerie, creusée en pleine diorite, est restée intacte pendant tout l'interrègne entre la déconfiture des premiers exploitants et la réouverture de l'exploitation par Saint-Elie. Tous les autres travaux effectués dans la latérite superficielle sur ce même filon, ont complètement disparu et n'ont été d'aucune utilité dans la reprise récente de ce gisement.

Le puits incliné d'Adieu-Vat est arrivé actuellement à une profondeur de 46 mètres au dessous de la surface. Deux niveaux de galerie en direction s'en détachent aux cotes respectives de 21 mètres et de 34 mètres au-dessous de la recette. Le niveau de 21 mètres a été poussé de 60 mètres dans la direction de l'Ouest et de 18 mètres dans la direction de l'Est, formant dans son ensemble un développement total en direction de 80 mètres environ. Le niveau inférieur a été avancé vers l'Est seulement, sur une longueur d'environ IO mètres. La roche encaissante est une diorite à grain serré, d'une couleur bleu-verdâtre foncé. Elle est très chargée en pyrite de fer. Cette pyrite n'est pas aurifère. La diorite est compacte au mur et lamelleuse au toit; elle y est aussi plus chargée en silice. Cette circonstance, jointe aux indications données par la surface, donne à penser que le filon actuel est voisin d'un autre filon situé à 25 mètres environ de distance, et qu'une galerie en travers-banc, qu'on a déjà attaquée, permettra de recouper bientôt.

Tel qu'il est, le filon d'Adieu-Vat se présenté avec une puissance variant de om20 à un mètre et plus, formant une série de renflements et d'amincissements, composé d'un quartz semi-transparent à éclat gras et de teinte légèrement bleuâtre. Dans le voisinage de la surface, l'or se trouvait uniquement à l'état natif, en gros grains visibles, puis la pyrite est apparue aux

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LE "DÉGRAD" (DÉBARCADÈRE) D'ADIEU-VAT.

environs du premier niveau, et enfin, dans le fonds du puits et dans la galerie du deuxième niveau, l'or se présente associé avec du sulfure de bismuth, et avec une faible proportion de tellure, circonstance des plus importantes au point de vue de l'exploitation future. On sait que ce

Association de l'or et du bismuth. sont les tellures d'or qui ont fait la renommée et la fortune rapides des gisements du Coolgardie, en Australie occidentale. Ce qui est nouveau, c'est de trouver ces riches minerais d'or contenus dans un filon de quartz bien caractérisé.

Quelques chiffres suffiront à prouver l'intérêt qui s'attache à leur exploitation.

Teneur des quartz d'Adieu-Vat.- La Compagnie de Saint-Elie ne broie, dans le petit pilon de prospection qu'elle a installé sur le carreau de la mine, que les minerais provenant des travaux de traçage proprement dits, c'est-à-dire de l'approfondissement de son puits et des avancements des galeries en direction. On ne fait encore aucun dépilage. Ces travaux sont conduits à trois postes, fournissant chacun huit heures de travail.

Voici les résultats du broyage pour le dernier mois qui a précédé la date de ma visite :

Dans la deuxième quinzaine de Juillet 1901 on a broyé neuf tonnes de quartz et trois tonnes de minerai mixte, ensemble 12 tonnes ayant donné 3.540 grammes d'or. Dans la première quinzaine d'Août, dix tonnes de quartz et deux tonnes de mixte ont laissé dans le moulin 4.210 grammes. Ensemble des deux quinzaines : 7.750 grammes extraits de 24 tonnes, soit en moyenne 323 grammes d'or à la tonne.

On voit que ce sont là des teneurs splendides, dignes d'attirer l'attention sur les quartz aurifères guyanais.

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