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VERS

A M. DE DURFORT, proclamé, pour la troisième fois, Géneraliffime des Troupes Patriotiques Bordeloifes & de plufieurs Sénéchauffées.

Tous nos cœurs t'ont nommé !.. fois toujours notre Guide;

Contre les ennemis défends la Liberté.

Rival de LA FAYETTE, & nouvel Ariftide,

Dans notre paisible Cité,

Grace à tes foins, la gaîté brille.

Ah! fois bien sûr que, pour jamais,

EA FAYETTE & DURFORT feront chers aux

Français :

Mon Général!... e'eft un droit de famille.

(Par M. Pafquet, Aide - Major du Régiment de Sainte-Eulalie.)

FABLE DU CHIEN DE PROCRIS,

Tirée du VII. Livre des Métamorphofes d'Ovide: c'eft Céphale qui la raconte.

Carmina Laides non intellecta priorum,
Solverat ingeniis, &c.

LORSQU'DIPE, interprète heureux & le

courable,

Eut pénétré le Sphynx, long-temps impénétrable,
Et qu'oubliant enfin fes détours captieux,
Ce Monftre, aux pieds du roc, eut péri fous fes
yeux;

Fléau non moins terrible, une Hyenne fauvage
Remplit les champs Thébains d'liorreur & de fa-

vage,

Et vengea de Thémis les oracles obfcurs.
La Jeuneffe à l'envi s'affemble hors des murs ;
Un long tiffu de rcts, finueux labyrinthe,
Autour de l'ennemi forme une triple enceinte.
Mais bravant le danger, la bête à nos regards
Franchit d'un faut léger les filets & les dards.
On découple les chiens : elle échappe ; & plus vite,
Plus prompte qu'un oiseau, les trompe & les évite.
On demande Lélape; on l'appelle à grands cris:
C'étoit le nom du chien donné par ma Procris.

Déjà le cou tendu, luttant contre fa chaîne
Lélape impatient la fouffroit avec peine.

pas.

Il part; l'œil fuit, le cherche, & ne le trouve pas,
On devine fa courfe aux traces de fes
Une pierre à la fronde échappe moins rapide ;
Moins rapide eft le vol d'une flèche Numide.

Il est une hauteur d'où l'œil domine au loin;
Là, de leur courfe agile immobile témoin,
Je me plais à les voir, avee même vîtesse,
L'un fans ceffe affaillir, l'autre éviter fans ceffe.
Elle faute, il bondit; elle tourne, il revient :
Elle échappe, il la preffe; on diroit qu'il la tient:
Il ne tient rien: fa gueule avide de bleffures,
Redouble dans les airs d'inutiles morfures.

J'ai recours à mon dard (1): au moment que mes doigts

Le balancent en l'air, je regarde & je vois
En marbre transformés & Lélape & fa proie.
Il femble que toujours l'une fuit, l'autre aboic.
Sans doute arbitre alors entre ces deux rivaux
En adreffe, ca vigueur, un Dieu les juge égaux.
(Par M. de Saint-Ange.)

(1). On fait que ce dard, préfent de Diane, & que Céphale avoit reçu de Procris, étoit toujours sûr de fes coups. Ce Livre 7e., actuellement fini, n'attend pour) être publié qu'un moment plus tranquille & plus favo

rable à la Poéfie.

1

On trouve les 6 premiers chez Moutard, Impr-Libr.', rue des Mathurins ; & chez Valeyre Paîné, rue de la Vieille-Boucleric.

LA VEILLÉE,

ge.

HISTOIRE.

DU temps de la Chevalérie, dit à fon

tour le Baron de Drifac, avec l'accent de fon pays, il n'y avoit pas un Gentilhomme qui n'eût, au coin de fon feu, quelque. bele aventure, quelque proueffe à raconter. Ce bon temps eft paffé. Il n'y a plus de Géans, plus d'Enchanteurs, plus de Champ-clos; on n'enlève plus de Princef fe; que voulez vous qu'on vous raconte ? Pour moi, je ne fais que vous dire; & en repaffant dans ma mémoire les évènemens de ma vie, le plus beau jour dent je me fouvienne, fur celui où en admirant les tableaux de nos Peintres dans le Sallon des Arts, je reçus u ́e croquignole. Quoi! fur le nez, s'écria Julliette: Eh oui, Mademoifelle, fur ce nez-a. Voici le fait.

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A l'âge de vingt ans, j'étois arrivé à faris, avec mon patrimoine dans un porte-feuille très-mince, & la promeffe d'un brevet de Lieutenant d'Infanterie, fur lequel je fondo's toutes mes efpérances & mes projets d'ambition. Le brevet fe faifoit attendre, car c'étoit le temps de la guerre, on 'étoit friand de dangers, & les emplois vacans 6.oicnt brigués par une foule de jeunes

amans de la gloire : fi bien qu'en attendant mon tour, je voyois mon petit pécule s'en aller infenfiblement. Je le ménageois pourtant bien ! & pour me tenir lieu des plaifrs ruineux, je m'en faifois d'économiques. Moitié goût naturel, & moitié calcal & prudence, je m'avifai d'aimer les Arts & de fréquenter les Artistes. Mes fpectacles étoient leurs ateliers; il ne m'en Coutoit rien; & plus fenfible tous les jours aux productions du génie, je pouvois en jouir fans bourfe délier : je trouvois cela fort commode! ajoutez, d'abondance, que parmi les Artistes, je trouvois des hommes inftruits, des caractères à l'antique, une franchife que j'aime fort, une fierté que je ne hais point, de la gaîté, fouvent de L'efprit, de la verve, & une vivacité d'imagination qui me rappeloit mon pays.

Celui de tous auquel je m'attachaile plus, ce fut Carle Vanloo. Il n'y avoit pas de meilleur Peintre, il n'y avoit pas de meilleur homme. Plein de génie & d'ame, il avoit les mœurs d'un enfant. Il remarqua mon affiduité; il fut fenfible aux éloges naïfs que je donnois à fes Ouvrages; & il me prit en amitié. Bientôt il me permit de l'aller voir chez lui: j'y trouvai le bonheur, & les plaifirs de l'innocence. Sa femme avoit la voix d'un roffignol, fa fille l'éclat d'une rofe; c'étoit le plus joli printemps qu'il fût poffible de voir fleurir,

Vous allez en être amoureux, dui dit tour

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