Page images
PDF
EPUB

puis trois ans. Qu'auroit-il done fait à la tête d'une armée et d'une flotte supérieures? Sa dernière victoire du 9 Juillet ne répare pas les pertes du 3; mais elle les fait partager à l'Ennemi; elle a ranimé la confiance des Troupes et de lå Nation; elle a enlevé aux Russes la plupart des fruits qu'ils attendoient de leur premier avantage. Celui du Roi de Suède a été plus considérable que ne l'avoient annoncé les premiers rapports, ainsi qu'on le verra par l'extrait suivant de la Relation officielle de la journée du 9.

[ocr errors]

Le 8 Juillet, l'on aperçut divers bâtimens de la flottille Russe sous Aspo. Le Roi alla reconnoître l'Ennemi avec le Lieutenant-Colonel Cronstadt, Commandant de la flottille, arrivée de Pomeranie à Swenksund. Le 9, les bâtimens Russes s'avancèrent vers les Scheeren; et le signal fut donné à notre flottille de se mettre en ordre de bataille. Le Corps de bataille fut confié aux ordres du Lieutenant-Colonel de Stedingk; l'aile droite à ceux du LieutenantColonel de Torning; l'aile gauche au Lieutenant-Colonel Hjemstierna. A 9 heures du matin, l'Ennemi avoit deja formé sa ligne, et porta sur le Promontoire de Musalo. Notre aile droite alla à sa rencontre, et la canonnade s'ouvrit. Le Roi montoit la galère le Seraphin, et donna l'ordre pour l'attaque générale. L'Ennemi se portal toujours en avant, en faisant le feu le plus violent. Nos deux ailes y répondirent avec tant de vivacité, qu'à midi l'Ennemi replia sa gauche. Nos ailes furent renforcées par les divi

sions postées dans les détroits, et l'action se continua avec la plus grande vigueur. La ligne ennemie fut également renforcée par plusieurs bâtimens, et son aile gauche se porta' de nouveau en avant. Vers les 4 heures', quelques-unes des plus grosses galeres ennemies furent mises hors de ligne, et baissèrent Pavilon; quelques-unes échouerent; d'autres furest prises. A 6 heures, le feu prit à notrebatiment Udema, qui ensuite coula bas. Un chebec e nei périt pareillement; sur quoi ceux qui étoient plus petits se retirèrent. Les plus gros continuèrent le feu jusqu'à 10 heures, lorsqu'ils mirent à la voile quelques-uns touchèrent sur la côte, et amenerent. L'obscurité de la nuit mit fin à la canonnade à 11 heures. L'on transporta les Prisonniers, et prit possession des bâtimens qui s'étoient rendus. Le to Juillet, à deux heures et demie du matin, la canonnade recommença. Une frégate Russe se rendit peu apres; et successivement l'on s'empara de plusieurs autres bâtimens ennemis plus petits. L'Ennemi se replia de tous cótés, et brûla lui mêine tous ses bâtimens echonés. On le poursuivit jusqu'à 10 heures du matin. Les bâtimens que nous avons pris sont an nombre de quarante-cing. Du chebee ennemi qui a coulé bas, l'on a pu sauver qu'un Officier et un Aide-Chirurgien ; l'on ne sauroit fixer avec certitude le nombre des bâtimens que l'Ennemi a lui-même brulés; on en a vu une grande quantité de debris; nous avons brû'é nous mêmes six de ceux qui étoient échoués. L'on ne sauroit non plus dire avec précision le nombre des Prisonniers; l'on sait seulement qu'il monte environ a 4500 hommes, et qu'il s'y trouve

a10 Officiers. Notre perte consiste en un hatiment nommé l'Udema-Ingebor, 3 chaloupes canonnieres, et 2 jolles, Les Officiers que nous avons perdus, sont le Capitaine Baron Dub et 5 enseignes, outre Offi ciers des Troupes de terre. Sur la flottilie il y a eu 3 Capitaines et 7 Enseignes blessés, et 2 Officiers des Troupes de terre. Nous avons pris 4 Drapeaux, quelques Etendaris 2 mortiers de fonte de 40 livres 3 obusiers de 6, 4 canons de 24, 4 de 6, et 4 de 3 liv. »

[ocr errors]

Le Prince de Nassau s'est retiré avec les débris de sa flottille, à Fridéricshumm, d'où on lui a fait passer de Cronstadt quelques renforts : il se proposoit, le 13, de remettre en mer. La grande escadre Russe croiseit encore à cette date devant Sweaborg. L'on s'attendoit généralement à une action nouvelle. Aujourd'hui, abandonnée de son Allié, la Russie doit opter entre la paix, ou la nécessité de faire face avec des finances et des armées épuisées, à toutes les forces des Ottomans, des Suédois, et probablement de leurs Alliés.

De Fienne, le 6 Août.

C'est le 27 au soir, que le Prince de Reuss et le Baron de Spielman, Plénipotentiaires de S. M. A., et le Comte de Hertzberg, Ministre d'Etat du Roi de Prusse, signerent à Reichenbach les préliminaires de la paix. Cet acte consiste en une décla

ration et contre-déclaration, dont on ne connoît encore que les principaux articles. Il est certain que les Polonois s'étant roidis contre aucune cession houvelle, la Prusse a ab uidonné ses prétentions sur Dantzick, Thorn, et la Starostie de Dybow. D'après cette renonciatioa, et conformément au systême permanent de Frédéric le Grand, son Successeur, a exigé le maintien de l'équilibre, et le sacrifice de notre part à tout agrandissement nouveau. Il a donc fallu renoncer aux conquêtes faites sur les Turcs. Nos Plénipotentiaires ont insisté sur la conservation d'Orsowa, sur la démolition des ouvrages de Belgrade, et sur la fixation des limites de la Croatie, au delà de l'Unna. Ces différens points semblent n'être pas accordés, à l'exception du dernier sur lequel notre Cour pourra s'entendre avec la Porte. L'Arnistice entre les Troapes de cette Puissance et les nôtres sera proclamée sans délai, et la paix définitive conclue sous la médiation des trois Cours de Londres, de Berlin et de la Haye. Les mêmes Puissances interviendront aussi dans la réconciliation des Pays-bas avec leur Sou

verain.

Cette transaction, au premier coup -d'œil, si onereuse à la Maison d'Autriche, résulte à la fois de la politique et de la nécessité. Il n'est pas vrai, comme Paffirment des Gazetiers, que nos

caisses fussent vides, et nos armées ruinées. Quoique trois campagnes et les maJadies aient obligé le Gouvernement à de nouvelles levées très-considérables : nous n'en avons pas moins 150,000 hommes de vieilles Troupes, excellentes, sous les Drapeaux. Malgré les dépenses énormes de la guerre, il s'en faut bien que nous fussions au dernier terme des ressources. Les revenus publics ordimaires et extraordinaires ont été payés sans interruption : l'Empereur a laissé un trésor important; son Successeur y a joint ses économies considérables.

Mis en rejetant cette fausse idée d'épuisement, il est certain que la perte de Laudhon et de plusieurs Officiers Géné

aux expérimentés, morts ou tués pendant la guerre, nous donnoient un désavantage marqué. La Prusse compte, au moins quatre Généraux d'élite, dont la réputation est fixée. Ses Troupes entroient toutes neuves en campagne : les finances de leur Souverain sont dans le meilleur ordre, et pouvoient au besoin êtregrossies par les ressources d'un Trésor de 150 millions d'écus. La Prusse étoit sûre d'Alliés puissans: nous n'en avions pas un: la France ne compte plus pour nous, et la Russie est trop embarrassée de sa propre défense. Le Roi auroit donc eu à soutenir la ligue la plus formidable, plus de 600 mille Soldats à combattre, et à la fin de deux campagnes,

« PreviousContinue »