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l'entretien de leur famille pendant la guerre, ou ně pourroient fournir que des Blanchisseurs, des Tailleurs, des Vivand'ers, et des hommes infectés de cet esprit mercantille, qu'offrent tous les Soldats mariés. I a cherche ensuite à établir qu'une armée de 150,000 hommes, arec le secours des Gardes Nationales, seroit la plus redoutable qu'il fût possible de former.

M. de Bouthillier s'est opposé ensuite à tout projet d'incorporation, dont il a développe lumineusement les inconvéniens. Il a pressé avec non moins de force le respect de l'iniative réservée au Roi, et qui proscrit tont Plan définitif arrêté par l'Assemblée.

M. de Beauharnois le jeune a discouru ensuite longuement, en faveur d'une réduc tion de l'armée à 120,000 hommes; la Liberté et les Gardes Nationales tiendront lieu d'une défense plus considérable.

M. d'Ambly a fait succéder à cette harangue les observations d'un homme experi

menté :

« Autant de fois qu'un Militaire parlera, autant il vous sera présenté de systêmes differens. Parlons pendant huit jours, ce sera toujours la même chose. Il faut donc se decider po un plan, je dis pour celui du Comité, ou pour celui du Ministre, ou pour celui de M. Bouthilier, que j'adopte. Le Rapporteur du Comité Militaire a présenté un plan artistement travaillé : il est entré dans beaucoup de détails; mais il n'a pas tout dit. Vous savez que toutes les Puissances voisines sont prêtes à entrer en campagne; et c'est le moment que vous prenez pour proposer des incorporations! Pourquoi toujours nous proposer du Prussien? nous sommes

à

nous bien trouvés d'avoir été à leur école ? Je suis persuadé qu'une armée de 200,000 hommes ne coûteroit pas plus que celle que propose le Comité, et ne tourmenteroit ni les Soldats, ni les Officiers. Le Comité pense qu'il faut mettre les Maréchaux de camp la tête d'un régiment: ces Messieurs seroient inamovibles, tant qu'ils ne seroient pas destitués en vertu d'un jugement. Et que deviendroit le pouvoir du Roi? Une vingtaine de Maréchaux de camp jeunes, ambitieux, peut-être intrigans, pourroient devenir dangereux. Voulez-vous que le Roi, à l'entrée d'une campagne, soit obligé de laisser le commandement à un Officier inepte? Le Comité propose 124 Officiers généraux ; pour le coup en voila assez pour commander l'armée de Darius. Ces Messieurs coûtercient au moins 2,180000 liv. J'espère que vous prierez le Roi d'employer peu d'Officiers généraux une vieille expérience m'a appris qu'il étoit salutaire de ne pas en employer beaucoup. Au reste, tel plan que vous adoptiez, défiez-vous des innovations brillantes; elles seroient de la plus haute imprudence en

ce moment.

DU SAMEDI 31 JUILLET.

Avant l'ordre du jour, M. Camus a fait décréter sept articles nouveaux sur les Pensions de retraite; l'espace nous manque pour les transcrire aujourd'hui. En substance, ils déterminent que, soit dans le service de terre, soit dans les Emplois Civils, aucune pension ne sera accordée avant 30 ans de service; chaque campagne de guerre chaque année de service ou de garnison hors

et

d'Europe

d'Europe sera comptée pour deux ans. Dans la Marine, le terme sera de 29 ans.

Immédiatement après, sur le rapport de M. Révillière de Lépaux, on a décrété en VI articles les Pensions des Artistes et des Gens de lettres, qui sont mieux traités que les Militaires, au moins pour la quotité, car un Savant pourra obtenir une pension de 10,000 liv., tandis qu'un LieutenantGénéral criblé de blessures ne pourra atteindre au-delà de 6000 liv. Nous rapporterons dans huit jours ces differens Décrets.

L'Assemblée revenue à l'organisation Militaire, M. de Noailles a réfuté les raisonnemens de M. de Beauharnois, tirés du despotisme, de la Liberté, de la Constitution, du civisme, etc. Il a ensuite fait adopter les deux articles qui suivent :

Art. I. L'armée active sera composée en Officiers, Sous Officiers et Soldats, de ́ " 150, à 154,000 hommes."

"

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L'armée active sera divisée dans les différentes armes en comprenant les Offi«ciers et Sous-Officiers, savoir: pour l'infanterie, de 110,000 à 112,000 hommes; pour la Cavalerie, de 30,000 à 31,500 hommes; pour le Génie et l'Artillerie, de 10,000 à 10,500 homimes. »

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"

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On alloit passer à la composition de l'Infanterie Suisse, lorsque M. Bureau de Pusy a réclamé contre cette atteinte à la compétence du Pouvoir exécutif. Il a considéré cette organisation de détails comme étrangère aux fonctions de l'Assemblée, qui devoit se contenter d'avoir assis les bases.

"Est-ce dans l'instant, a-t-il ajouté, où tous les ressorts de l'ordre social sont relâchés et détendus, où l'anarchie qui s'attache à No. 32. 7 Août 1790.

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toutes les parties du régime politique semble détruire particulièrement cette discipline et cette subordination de l'armée, qui fait seule la sureté d'un Empire? Est-ce dans cet instant qu'on propose d'atténuer l'autorité du Dépositaire suprême du Pouvoir exécutif, et que l'on prive un Royaume agité, de la protection la plus imposante qu'il pisse avoir?"

On a rappelé M. de Pusy à l'ordre; on pouvoit le rappeler plus justement au Décret, qui a attribué aux Législatures le droit de fixer le nombre d'individus de chaque, grade; Décret dont l'Opinant lui-même dicta la rédaction définitive.

On a fini par confirmer la composition actuelle de l'Infanterie Suisse, et par en décréter les appointemens de chaque grade, ainsi que ceux de l'Infanterie Françoise. Nous donnerons ces Décrets la semaine suivante.

DU SAMEDI 31. SÉANCE DU SOIR.

Une Députation de la Garde Nationale de Montpellier et d'Agde, venoit d'être entendue, et dé réclamer contre la fausseté du plan ridicule de Contre-Révolution dénoncé par le Commandant National de Cette, lorsque M. Malouet est monté à la Tribune, et a demandé la parole. Beaucoup de Membres du côté gauche s'y sont opposés, en invoquant l'ordre du jour : Nous

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sommes un grand nombre, s'est écrié M. « de Virieu, qui demandons la parole pour M. Malouet!» J'ai une dénonciation à faire, a ajouté ce dernier. Envoyez là à la police, a t on crié du côté gauche. Inébránlable malgré les clameurs pour le forcer au

silence, M. Malouet s'est fait entendre, et a dit :

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L'ordre du jour le plus pressant pour les Représentans de la Nation, c'est de prévenir de grands crimes, c'est d'en apprendre les causes et les auteurs. Sans doute vous frémiricz, Messieurs, si vous aviez la certitude qu'en cet instant, un ou plusieurs scélérats travaillent à faire arrêter le Roi, à emprisonner la Famille Royale, à mettre aux fers les principaux Magistrats, les Chefs de la Milice, et demandent la mort de cinq ou six cents personnes. Hé bien! Messieurs, c'est sous vos yeux, c'est à votre porte, que ces projets atroces se développent, que ces instructions sanguinaires se distribuent au Peuple, qu'on l'appelle aux armes, qu'on l'excite à la fureur. Voici l'imprimé que je vous dénonce; il est signé Marat. »

(Ici se sont fait entendre des éclats de rir?).

"

Je ne pense pas que ce soit du sein de l'Assemblée Législative, que s'élève une voix insultante aux malheurs publics; car, c'est le renversement des Lois que je vous annonce; c'est la Liberté qui périt, et la Constitution avec elle, si de tels attentats restent impunis. Et c'est déja, Messieurs, un signe trop certain de l'anarchie où nous vivons, que la triste habitude de la supporter sans effroi, et la nécessité de solliciter avec instance votre attention sur le péril' commun. Quoi! Messieurs, tandis que l'un de ces Ecrivains criminels menace la tête chère et sacrée du Chef Suprême de l'Etat, et invite une partie de la Nation a massacrer l'autre, son digne émule, Camille Desmoulins, répand de la Capitale aux extré

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