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mités les plus reculées de l'Empire, ses perfides conseils et sa doctrine de sang. Celuici a choisi l'époque mémorable du 14 Juillet, pour faire du Roi et de la Royauté, un objet de scandale et de mépris: ce spectacle touchant d'amour et de fidélité encore présent à nos cœurs attendris, cette union intime des François et de leur Roi, ne lui rappelle que l'insolence du Trône et du fauteuil exécutif, et par une allusion barbare de la marche des Fédérés au triomphe de Paul Emile, il félicite les Romains d'avoir vu enchaîné à la suite du Consul, le Roi de Macédoine, les mains liées derrière le dos, les mains qui avoient signé tant de Lettresde-cuchet: il traite d'esclaves et d'hommes corrompus ceux qui révèrent dans la personne du Monarque la majesté de la Nation. Doutez-vous donc, Messieurs, que cet excès d'audace n'épouvante les hommes foibles, et ne leur fasse craindre d'être signalés comme les partisans du Despotisme, s'ils defendent, s'ils chérissent l'Autorité Royale Constitutionnelle, qui peut seule défendre dans un Empire immense, la Liberté et la Loi contre les entreprises des factieux.

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Ce n'est pas tout; les prétendus amis de la Liberté la veulent sans Lois, et surtout sans impôts; ils excitent le Peuple à n'en pas payer, c'est-à-dire, qu'ils invitent le Peuple à détruire votre ouvrage, et à le détruire avec d'effroyables déchiremens. « Les Romains, dit Desmoulins, étaient fondés

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se réjouir, en entendant crier pendant la marche triomphale de Paul Emile: Le Peuple Romain ne payera plus d'impôts,plus de gabelles, plus de taille, plus de capitation." Voilà les rapprochemens qu'il ose indi

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quer, entre la fête fédérale et celle du triomphe de Paul Emile; voilà les conseils et les instructions que ces amis du Peuple lai prodiguent. Ainsi, quand ils auront fait égorger tous ceux qu'ils lui présentent comme ennemis des nouvelles Lois, ils lui présenteront encore comine des tyrans, ceux qui pensent, comme nous, que le salut public dépend de l'obéissance aux Lois, et de la perception des impôts. ".

Avant de venir à vous, Messieurs, je me suis adressé aux Ministres des Lois; je leur ai porté ces coupables Ecrits, et, comme Représentant de la Nation, je leur en ai demandé vengeance, non à raison des injures qui me sont personnelles; qui pourroit croire que pour mon propre compte, j'eusse distingué Camille Desmoulins de ceux de son espèce, dont je dédaigne depuis longtemps les outrages? mais ils m'ont servi de texte pour provoquer le Ministère public et la sévérité des Lois, sur ces Feuilles sanglantes qui renouvellent parmi nous les tables de proscription.

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Que vous dirai-je de l'impression que m'ont fait la douleur, l'effroi et l'embarras des Magistrats? J'ai vu sur leur visage, j'ai yu dans leurs discours, l'impuissance des Lois. —« Hâtez-vous, leur ai-je dit, de nous en donner la preuve, et d'avertir la Nation du danger qui la menace! Parlez! étendez un crêpe funèbre sur le Sanctuaire de la Justice! l'impuissance des Lois peut seule justifier celle de vos efforts pour les défendre. Vous devez périr avant elles; vous devez vous offrir les premiers aux poignards de la tyrannie.

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Messieurs, vous dévoiler d'aussi grandə

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maux, c'est y remédier. Vous ne souffrirez pas que des forcenés calomnient la Liberté, la Constitution. Vous ne souffrirez pas que cette Constitution, qui nous assure un Roi et un Gouvernement Monarchique, ne puisse les défendre.

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Quoi! nous n'aurions déclaré les droits de l'homme, que pour en constater parmi nous la violation! L'humanité, l'égalité, la justice seroient dans vos Décrets, et la féroeité dans nos meurs? L'Europe épouvantée pourroit croire que les principes et les moeurs de Camille Desmoulins appartiennent à des François! Ah! qu'ils vous soient enfin connus les véritables ennemis du bien public; les voilà leur plume, leurs mains sont ensanglantées! Que les bons Citoyens se rallient contre les pervers : ceux-ci ne seront jamais les amis de la Liberté, qui n'aura jamais pour ennemis que les scélérats! Pourriezvous donc vous y méprendre, laisser en paix ceux dont le crime est l'aliment, et diriger votre sollicitude sur ceux que des dissentimens séparent de vos opinions, qui souffrent, mais qui obéissent, et qui distinguent dans la Loi même qu'ils improuvent, le caractère sacré qu'ils doivent respecter? Ah! celui-là est criminel, qui, dans quelque systême et pour quelque cause que ce soit, trouble l'ordre public et porte une main parricide dans le sein de la Patrie. — Mais qu'ils discutent nos Lois, qu'ils censurent nos opinions, les Citoyens, les hommes libres de cet Empire, qu'ils apprécient, qu'ils chérissent et défendent la Liberté, compagne inséparable de l'ordre et de la justice."

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Je vais vous lire, Messieurs, le dernier

paragraphe de la Feuille de Marat, intitulée: C'en est fait de nous, et la mettre sur le Bureau. Quant au dernier Numéro des Révolutions de France et de Brabant, je déclare l'avoir remis avant-hier à M. le Procureur du Roi.

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Citoyens de tout âge et de tout rang, les mesures prises par l'Assemblée Nationale ne sauroient vous empêcher de périr: c'en est fait de vous pour toujours, si vous ne courez aux armes, si vous ne retrouvez ceite valeur héroïque, qui, le 14 Juillet et le 5 Octobre, sauvèrent deux fois la France. Volez à Saint-Cloud, s'il en est. "encore temps, ramenez le Roi et le Dauphin dans vos murs: tenez-les sous bonne garde, et qu'ils vous répondent des évènemens renfermez l'Autrichienne et son Leau-frère, qu'ils ne puissent plus conspirer; saisissez-vous de tous les Ministres et de leurs Commis; mettez-les aux fers. Assurez-vous du Chef de la Municipalité " et des Lieutenans de Maire: gardez à vue « le Général; arrêtez l'Etat-Major; enlevez le parc d'artillerie de la rue Verle; em- parez-vous de tous les magasins et moulins à poudre; que les canons soient répartis entre tous les Districts; que tous les Districts se rétablissent et restent à jamais permanens; qu'ils fassent révoquer les funestes Décrets. Courez, courez, s'il * en est encore temps, ou bientôt de nombreuses légions ennemies fondront sur vous: bientôt vous verrez les Ordres Privilegiés se elever; le Despotisme, l'affreux Despotisme reparoîtra plus formidable que jamais. »

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roient assuré repos, liberté et bonheur. Une fausse humanité a retenu vos bras et suspendu vos coups; elle va coûter la vie « à des millions de vos frères. Que vos ennemis triomphent un instant, et le sang coulera à grands flots: ils vous égorgeront "sans pitié, ils éventreront vos femmes ; et pour éteindre à jamais parmi vous l'amour de la liberté, leurs mains sanguinaires chercheront le cœur dans les entrailles de " vos enfans.

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Voici le Projet de Décret que j'ai l'honneur de vous proposer; il remplira les intentions de ceux qui veulent comprendre dans la même condamnation tous les libelles atroces, quel qu'en soit l'objet et les Au

teurs. »

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L'Assemblée Nationale, sur la dénonciation qui lui a été faite par un de ses "Membres, de l'Imprimé ayant pour titre : C'en est fait de nous, et du No. 34 des Révolutions de France et de Brabant, a décrété que le Procureur du Roi au Châ telet de Paris seroit mandé, Séance tenante, et qu'il lui seroit donné ordie de poursuivre comme criminels de lèze-Nation, les Auteurs, Imprimeurs, et Colporteurs des Ecrits qui excitent le Peuple à l'insurrection contre les Lois, à l'effusion du sang, et au renversement de la Constitution. "

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Des applaudissemens nombreux ont suivi ee Discours, l'un des plus éloquens, des plus nécessaires, qui soient sortis de la Tribune. La grande Majorité de l'Assemblée restoit dans une consternation d'horreur. Personne ne rioit plus; l'énergie de M. Malouet avoit opéré un effet profond; le Décret proposé a été adopté

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