Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

«Il est bien évident que cette réquisition de, Ia Municipalité livroit cet Officier à une mort certaine, en l'obligeant à traverser la Ville." Cependant, il ne balança pas à sortir du Fort pour se rendre à l'Hôtel-de-Ville; il étoit entouré de quelques Gardes Nationales: des qu'il fut sorti du Fort Saint-Jean,, il entendit des cris de mort, et il vit que l'om se disposoit à attenter à sa vie. Il voulut se dérober à ses assassins, en cherchant un asyle, dans la première maison qui s'offrit à ses regards; on l'en arracha avec furie; un Soldat de la Milice Nationale le perça d'un coup de bayonnette, et d'autres Soldats le fusillerent. On fit essuyer à son cadavre des outrages dont les détails devroient faire frémir les ames les plus atroces; il est mort en héros, victime de son honneur et de ses devoirs "

"

Les ordres du Commandant de la Pro vince atrivèrent peu après la reddition des Forts; ils ont pleinement justifié la conduite. du Chevalier de Bausset; ces ordres défendoient aux Commandans de la Citadelle S. Nicolas et du Fort S. Jean, de consentir, aux demandes de la Municipalité, et leur enjoignoient de résister, par tous les moyens en leur pouvoir, à toute attaque hostile. »

P. S. M. Bailly a été réélu Maire Lundi dernier. Malgré les Libellistes qui lui reprochoient d'être poli; malgré un pamphlet de M. Brissot, dit Warville, distribué Dimanche dans les Carrefours, et qui appeloit à la Mairie M. Camus le célèbre Historien de l'Astronomie a été confirmé dans sa place, par l'immense pluralité de 12,557 suffrages sur 14,000 Votans.

MERCURE

DE FRANCE.

SAMEDI 14 AOUT 1790.

PIÈCES FUGITIVES

EN VERS ET EN PROSE.

IMPROMPTU

A Mme. de M... qui n'a point d'Enfant, & qui en avoit peint un beau comme

l'Amour.

ET Enfant plaît par fa beauté,
Mais c'est un Enfant en peintare;

Vous méritez que la Nature

Yous donne la réalité.

(Par M. de V.....)

N°. 33. 14 Août 1790.

C

VERS

Contre les Coiffures qui nous cachent la figure des jolies Femmes.

LISE, pourquoi tous ces apprêts?

Les pompons, les colichets
Dont tu compofes ra Coiffure,
Life, pour toi ne font pas faits ;
L'Ait ne t'embellira jamais
Comme la main de la Nature.
Ce n'eft qu'en lui faifant injure
Que tu nous caches tes attraits
Sous une factice parure.
Laiffe plutôt à ta ceinture
Flotter, fous nos yeux fatisfaits,
Les boucles de ta chevelure;
Orne-a de quelques bouquets
Que l'Amour aura tout exprès
toi fur la verdute.

Cueillis pour

A ta beauté naïve & pure,
Un rien donne tart d'agrémens!
Une fleur, un nœud de rubans
Suffit aux Graces pour Coiffure.
Ainu dans fes jeux innocens,
jeune & timide Bergère
S'en va guettant fur la fougère

Les premiers boutons du Printemps;
Un bouquet cueilli dans les champs
Lui fait fi bien elle en eft fière.
Cette parure printanière,
Aux yeux de fes tendres Amans 2.
Vient embellir fes dix-huit ans,
Et la leur rendre encor plus chère.
Life, c'est la mode à Cythère,
Une Rofe y fait les honneurs
De la toilette de Glicère,
Et fur la tête de fa mère,
L'Amour n'arrange que des fleurs.
Aux preffans défirs de nos cœurs,
Life, ceffe d'être contraire;
Quitte ces voiles impofteurs

Qui dérobent à la lumière
Les attraits les plus fédacteurs :
Imite, crois-moi, la Bergère
Dans fa parare & dans fes jeux;
L'Art fut fait pour tromper les yeux;

C'eft la Beauté qui fait nous plaire.

(Par M. Huchet, Avocat, )

LA CONSOLATION A SOPHIE.

AIR: Du Serin qui te fait envie.

LA Loi qui détruit la Noblesse
Devroit-elle vous affliger?

Ah! ce n'eft pas vous qu'elle bleffe;
Il eft facile d'en juger.

De votre origine célefte

A-t-on douté jufqu'à ce jour ?

Votre joli vifage attefte

Que vous êtes feeur de l'Amour.

DANS vos prés, vos bois & vos plaines
Vous vous promenez quelquefois,
Et de ces fertiles domaines,
Vous allez perdre tous les droits.
A des Vénus, à des Armides,
Qu'importent ces droits féodaux�
Vous en avez de plus folides
Sur Guide, Cythère & Paphos.

LES Nobles, qui, foutiens du Trône;
Avoient conquis un beau reuom,

« PreviousContinue »