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chant au jour ou au pied du puits d'extraction, et d'établir un ouvrage en travers à droite et à gauche. Les tailles sont d'abord séparées les unes d'avec les autres par des massifs ou refends de même largeur, six pieds par exemple, de manière à ce qu'on n'enlève du premier jet que moitié du combustible, et qu'il reste autant de plein que de vide dans des tailles de cette largeur; deux ouvriers caveurs peuvent travailler de front, parce que chacun peut pratiquer son entaille à droite et à gauche, battre ensuite ensemble sur le même coin, quand il s'agit de faire la tays ou la tombée, et charger les chiens ou les chariots destinés à sortir le minerai ou la houille. Le remblai des tailles s'exécute au fur et à mesure qu'elles ont atteint la longueur que l'ouvrage exige, ou qu'elles ont touché la limite de la couche, et quand ces remblais sont consolidés par le tassement, on peut exploiter les massifs de réserve, et l'on parvient ainsi à vider la couche en entier, sans laisser de piliers et en sauvant même une partie du boisage des tailles, si l'on a été forcé de les soutenir. Quant aux galeries de direction, on est dans l'usage de leur réserver trois mètres de houille de chaque côté pour leur conservation; mais quand le champ d'exploitation est terminé et tout-à-fait épuisé, on enlève encore ces bordures en battant en retraite. Si le minerai est solide et que le toit soit bon, on exploite par chambrées, et l'on

enlève du premier jet les deux tiers ou les trois quarts de la couche que l'on veut exploiter; mais dans tous les cas il faut toujours remblayer les vides, soit avec des déblais pris à la surface, soit avec ceux qui proviennent de l'exploitation même. Moins une couche est inclinée, et plus on peut prolonger son exploitation au moyen des descenderies, des bures ou des galeries d'inclinaison, parce que l'on peut travailler assez long-temps sans descendre à de grandes profondeurs; mais dès qu'elle atteint une inclinaison de 20 à 30 degrés, il est beaucoup plus avantageux de l'attaquer par des puits verticaux foncés dans le toit ou le mur, suivant la consistance de la roche, et conduits à une assez grande profondeur pour qu'ils puissent assécher de grands massifs, en recevant dans un vaste puisard toutes les eaux des travaux supérieurs. Au fond de ce puits, qui devra recevoir les beines, les échelles, les pompes, etc., on chassera, comme nous l'avons dit ci-dessus, une galerie de direction, d'amenagement, puis le travail en travers, et de cette manière on se préparera des champs d'exploitation dont on pourra calculer assez exactement et la richesse et la durée.

Ce n'est donc certainement pas pour satisfaire l'oeil que l'on doit chercher à mettre la plus grande régularité dans les travaux, à faire que les galeries se coupent autant que possible à angle droit, parce que les calculs

approximatifs approcheront beaucoup plus près de la vérité, et seront beaucoup plus satisfaisans, que si l'on cherchait à les établir sur des travaux irréguliers.

Il faut avouer, cependant, que l'on est quelquefois forcé à exécuter des travaux qui n'ont pas toute la régularité désirable, soit à cause du changement de direction des couches, soit à cause du sens dans lequel les fissures qui séparent la masse de la houille sont dirigées, et dont on cherche toujours à profiter pour obtenir plus de gros charbon: mais au moins doit-on faire tout ce qui est possible pour arriver à un plan régulier et uniforme; car nous verrons en traitant de l'aérage que cette même symétrie, que nous recommandons ici, a la plus grande influence sur la circulation de l'air et sur l'évacuation des gaz qui infestent si souvent les travaux

souterrains.

Exploitation des couches minces.

de

Les couches très-minces, de 6 pouces (0,16) par exemple, ainsi qu'on en exploite quelques-unes dans le Palatinat, dans le pays Mansfeld, en Silésie et en France, exigent des travaux très-bas et très-économiques, car on doit viser à entailler le moins possible de roche stérile du toit ou du mur: on parvient à exploiter ces mines avec bénéfice, en chassant une galerie de direction, qui sert sou

vent de galerie d'entrée, et en lui donnant la hauteur et la largeur qu'exige le passage habituel des brouettes ou des chariots; mais à droite et à gauche de cette galerie principale on pratique des tailles de quelques pouces de hauteur seulement, où les mineurs travaillent couchés sur le côté, ou tout au plus à genoux, et c'est dans cette position gênante qu'ils parviennent à découvrir la couche qu'ils doivent exploiter, à la despiesser, comme on dit à Liége, et à en arracher avec les pics, les coins et les masses, tout le combustible qu le minerai qui fait le but de l'entreprise; c'est cette manière d'exploiter que l'on appelle travail à col tordu. Des enfans de dix à douze ans se traînent à quatre pattes dans ces couloirs étroits, en tirant après eux de très-petits chariots qu'ils attachent à leur jambe ou à leur ceinture, qu'ils remplissent de houille ou de minerai, et qu'ils conduisent jusqu'à la grande galerie, jusqu'au pied du puits d'extraction ou même jusqu'au jour.

les

Dans ces travaux, où l'on doit chercher tous les moyens économiques, on ne sort que déblais de la première taille, qui a ordinairement 12 pieds (4") de front, et ensuite on remplit le vide à mesure que l'on avance, au moyen de la roche que l'on est forcé d'enlever, pour donner au moins 18 à 20 pouces (0,50 à 0,60) de hauteur à la taille: de cette manière on ne sort absolument que

ce qui est bon, tous les déblais sont utilisés, et ils foisonnent assez pour que le remblai soit complet et que l'ouvrage soit parfaitement solide. Il arrive cependant quelquefois, lorsque le toit est très-mauvais, que l'on est forcé de ménager des stappes ou piliers, ou de le soutenir avec de petits bois debout recouverts d'une semelle faite en coin: de cette manière on évite les éboulemens, et surtout la chute de ces grands feuillets schisteux qui sont séparés par des surfaces lisses, mais dont on reconnaît le peu de solidité au son que rend la roche, quand on la frappe avec le

marteau.

C'est ainsi que j'ai fait exploiter pendant sept ans les couches peu puissantes du Lardin, département de la Dordogne. C'est encore une espèce d'ouvrage en travers.

Quand le terrain de la surface est inhabité, qu'il a peu de valeur, que les travaux sont à une assez grande distance perpendiculaire de la surface, que la couche exploitée a 2 pieds environ (0,66) et même un peu plus, que le toit peut se soutenir de luimême pendant quelque temps, on peut se dispenser de boiser et de remblayer les tailles; parce qu'il se fait un tassement insensible qui détruit bientôt le vide, et qui ne cause qu'une très-légère dépression à la surface; il y a des exemples de ce genre d'exploitation dans la Lorraine allemande, aux environs de Saint-Avold: d'autres fois, enfin,

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