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dine et firmitate animi tui præstan- rable que cette grandeur d'âme et ce tius, nihil ipsa optabilius in tanta noble courage dont vous avez fait excellentium virorum penuria, qui- preuve, et rien aussi de plus précieux, bus nunc maxime eget civilis so- au sein de cette extrême pénurie cietas, quum scilicet ambitio flagrat, d'hommes généreux dont la société et plerique novis rebus deviisque civile aurait besoin, en un temps où opinionibus sola temporis caussa l'ambition est si flagrante, et où la student, ac suis emolumentis omnia plupart, par concession pour leur metiuntur. Gratulamur itaque ma- temps, se laissent aller aux nouveautés jorem in modum præclaro ingenio, et aux opinions erronées, et mesurent et studio tuo, dilecte fili nobilis tout à l'échelle de leur intérêt pervir; ac Deum, a quo omne datum sonnel. Nous vous félicitons donc, optimum, et omne donum perfec- cher et noble fils, de plus en plus de tum, summis votis, et precibus ob- votre talent et de votre zèle, et nous secramus ut robur et gratiam suam conjurons avec les plus instantes in te multiplicet. Ac tanti hujus boni prières, Dieu, qui est l'auteur de tout auspicem, Nostræque præcipuæ erga bien et de tout don parfait, de multite paternæ caritatis pignus habeas plier en vous sa force et sa grâce. apostolicam benedictionem, quam Recevez, comme présage d'un si grand ipsi tibi, dilecte fili nobilis vir, bien et comme gage particulier de intimo cordis affectu peramanter Notre tendre et paternel amour, la impertimur. bénédiction apostolique que Nous vous donnons, cher et noble fils, du fond de notre cœur.

Datum Neapoli in suburbano Portici die 13 novembris anni 1849 pontificatus nostri anno quarto.

PIUS P. IX.

Dilecto filio nobili viro, Carolo comiti de
Montalembert, Lutetiam Parisiorum.

Donné à Naples, au faubourg de Portici, le 13 novembre de l'année 1849, et de Notre pontificat le quatrième. Signé: PIE IX, Pape.

A notre cher fils, le noble Charles, comte de Montalembert, à Paris.

IMPOT DES BOISSONS

ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

(Séance du 13 décembre 1849.)

L'impôt des boissons, supprimé par le Gouvernement provisoire, avait été rétabli par l'Assemblée constituante le 22 juin 1848. Le 19 mai 1849, huit jours avant le moment fixé pour sa dissolution, l'Assemblée, revenant sur son œuvre à la veille de se séparer, supprima de nouveau, à partir du 1er janvier suivant, cet impôt, qui rapportait chaque année au budget cent millions de revenu. Le 4 août, M. Passy, ministre des finances, proposa à la nouvelle Assemblée, à l'Assemblée législative, de rapporter la loi du 19 mai.

La discussion s'ouvrit le 11 décembre. Le projet fut soutenu par MM. Fould, ministre des finances, Depasse et de Charencey, et combattu par MM. Antony Thouret, Pradié et Frédéric Bastiat. Dans la séance du 13, M. de Montalembert prononça le discours suivant :

MESSIEURS,

Je conjure la Chambre de vouloir bien oublier les incidents bruyants qui ont rempli le commencement de la séance',

1 Au commencement de la séance, M. Antony Thouret avait pris la parole à l'occasion du procès-verbal, et s'était efforcé, malgré les injonctions du président de l'Assemblée, de rentrer dans la discussion générale et de répondre à un précédent discours de M. de Charencey. Cette prétention avait soulevé de nombreuses réclamations, et après un débat assez vif entre l'orateur, le président (M. Dupin), et plusieurs membres de la majorité, M. Antony Thouret avait été rappelé à l'ordre avec inscription au procès-verbal.

et de se reporter au calme comparatif qui a présidé aux deux premières séances que nous avons consacrées à la discussion de la loi si importante sur l'impôt des boissons.

Je me félicite de pouvoir recommencer cette discussion en rendant hommage à la parfaite modération que les trois orateurs entendus contre ce projet ont apportée à cette tribune; je n'ai trouvé dans leurs paroles aucun écho des violences, des menaces, des agitations que cette question a suscitées dans le pays et dans la presse. Je les en félicite. Mais, vous devez le reconnaître, ces agitations qui sèment un trouble si profond dans le pays, ces menaces qui vont, dans la presse, jusqu'à des menaces de guerre civile, toutes ces violences sont justiciables de vous. Cette tribune est un tribunal où elles doivent être traduites, amenées, jugées, et, s'il se peut, condamnées. C'est à cette œuvre que je viens concourir; et je vous demande la permission, selon mon habitude, de marcher droit à l'ennemi.

Je ne suis ni un financier, ni un économiste; je viens donc moins faire un discours qu'un acte, et, je me permettrai de le dire, un acte de courage. Car il faut du courage d'abord pour combattre un certain nombre de collègues avec lesquels nous avons eu le bonheur de marcher d'accord pendant deux ans. Il en faut pour braver toutes les dénominations injurieuses et calomnieuses qui pleuvent sur la tête des défenseurs de l'impôt sur les boissons. Il en faut, enfin, pour lutter contre l'impulsion populaire, pour affronter ce flot de pétitions hostiles au maintien de cet impôt, alors surtout qu'on respecte, comme moi, ce droit sacré de pétition, qu'il faut respecter, même dans ses erreurs.

Eh bien! Messieurs, c'est ce courage dont j'espère pouvoir faire acte aujourd'hui devant vous.

Il y a deux côtés dans cette question, le côté fiscal, éco

nomique, dont je ne puis parler que d'une façon fort incomplète, et le côté politique et patriotique, que je viens surtout traiter. Il y a là une part de responsabilité, une part d'impopularité à prendre; je viens la réclamer, et j'ai voulu la revendiquer autrement que par un vote silencieux. (Trèsbien! très-bien!)

Messieurs, nul ne s'étonnera, j'en suis sûr, que des membres de cette Assemblée qui, comme moi, se préoccupent, en général, plutôt des intérêts moraux et sociaux de la politique, que des intérêts matériels, viennent aujourd'hui traiter un intérêt qui paraît d'abord, et à tort, exclusivement matériel.

Dans les temps de paix chacun est libre de choisir le point du rempart social qu'il lui convient le plus de défendre ou de fortifier; mais, quand le rempart tout entier est menacé, attaqué, ébranlé, le bon soldat court à la brèche, où qu'elle soit, et il y dépense son dévouement, son courage et sa vie. (Vive approbation à droite. - Légère rumeur à gauche.)

On a beaucoup et souvent parlé des dangers que couraient la religion, la propriété et la famille. Il est facile, hélas ! trop facile de les attaquer, mais il est aussi très facile de les défendre. Et elles n'ont pas manqué de défenseurs. Mais il est une autre chose dans la société, moins grande certainement, moins essentielle que les trois grandes institutions que je viens de nommer, mais qui n'en mérite pas moins la plus vive et la plus profonde sollicitude des bons citoyens. Cette autre chose, c'est l'impôt, l'impôt qui est le gage de la sécurité et de la puissance publique, et qui, dans l'organisation moderne et démocratique de la société, tient par des liens plus forts et bien plus nombreux qu'on ne pense à la dignité et à la vie des institutions morales elles-mêmes.

En effet, dans une société comme la nôtre, où il n'y a

plus de corporations, plus de traditions, plus de grandes existences héréditaires, les grands intérêts sociaux, le culte, la justice, l'instruction publique, toutes les grandes forces exclusivement morales plongent par leurs racines dans le budget, c'est-à-dire dans l'impôt. Ainsi, quand on vient défendre l'impôt devant vous, ce n'est pas seulement un intérêt matériel, c'est un intérêt moral de la plus haute importance qu'on vient aussi défendre et protéger. (Trèsbien! très-bien!)

Eh bien! Messieurs, cette grande chose, cette chose si compliquée, si délicate, cette chose qui est le signe des sociétés civilisées (car, remarquez-le, il n'y a que les sociétés sauvages où on ne paye pas d'impôts), cette chose qui est un des principaux signes de la civilisation parmi nous, cette grande chose est attaquée, attaquée systématiquement par les mêmes procédés, par les mêmes idées et par les mêmes hommes qui attaquent la religion, la propriété, la famille et la société tout entière. (A droite: C'est vrai!)

C'est sur ce point que je voudrais surtout appeler l'attention et la sollicitude de tous ceux qui se sont donné le nom d'honnêtes et de modérés, y compris l'honorable M. Antony Thouret, qui se l'est donné à lui-même l'autre jour à cette tribune; je conjure tous ceux d'entre eux qui seraient tentés de voter pour l'abolition de l'impôt des boissons, je les conjure tous de remarquer avec qui ils voteront, où les conduira ce vote, et quels sont les partis et les idées dont leur vote fera les affaires. Cette guerre à l'impôt a commencé d'une façon assez inoffensive, mais bientôt elle s'est étendue sur toute la ligne. Entamée par des attaques contre l'impôt sur le port des lettres, contre l'impôt du sel, la voilà qui, prenant des dimensions formidables, attaque l'impôt des boissons, et elle ne s'arrête pas là dans la pensée de ceux qui

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