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a accordé une conférence de plusieurs heures. On remarque que l'Empereur cause volontiers avec cet officier - général. Ce prince a conclu, avec le maréchal Berthier, un armistice de la teneur suivante : M. Talleyrand se rend à Nicolsburg, où les négociations vont s'ouvrir.

Armistice conclu entre LL. MM. II. de France et d'Autriche.

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Sa majesté l'Empereur des Français et sa majesté l'empereur d'Allemagne, voulant arriver à des négociations définitives pour mettre fin à la guerre qui désole les deux Etats, sont convenus au préalable de commencer par un armistice; lequel aura lieu jusqu'à la conclusion de la paix définitive ou jusqu'à la rupture des négociations; et dans ce cas, l'armistice ne devra cesser que quinze jours après cette rupture, et la cessation de l'armistice sera notifiée aux plénipotentiaires des deux puissances et au quartier-général des deux armées.

Les conditions de l'armistice sont :

Art 1er. La ligne des deux armées sera en Mora ravie, le cercle d'Iglau, le cercle de Znaïm, le cercle de Brünn, la partie du cercle d'Olmutz sur la rive droite de la petite rivière de Trezeboska, en avant de Prosnitz jusqu'à l'endroit où elle se jette dans la Marck, et la rive droite de la Marck jusqu'à l'embouchure de cette rivière dans le Danube, y compris cependant Presbourg.

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Il ne sera mis néanmoins aucune troupe française ni autrichienne dans un rayon de cinq à six lieues autour de Holitch, à la rive droite de la Marck.

La ligne des deux armées comprendra en outre, dans le territoire à occuper par l'armée française, toute la Basse et Haute-Autriche, le Tyrol, l'Etat de Venise, la Carinthie, la Styrie, la Carniole, le comté de Goritz et l'Istrie; enfin, dans la Bohême,

le cercle de Montabor, et tout ce qui est à l'est de la route de Tabor à Lintz.

2. L'armée russe évacuera les Etats d'Autriche, ainsi que la Pologne autrichienne; savoir: la Moravie et la Hongrie, dans l'espace de quinze jours, et la Gallicie dans l'espace d'un mois. L'ordre de route de l'armée russe sera tracé, afin qu'on sache toujours où elle se trouve, ainsi que pour éviter tout mal-entendu.

3. Il ne sera fait en Hongrie aucune espèce de levée en masse, ni d'insurrection; et en Bohême, aucune espèce de levée extraordinaire : aucune armée étrangère ne pourra entrer sur le territoire de la maison d'Autriche.

Des négociateurs se réuniront de part et d'autre à Nicolsburg, pour procéder directement à l'ouverture des négociations, afin de parvenir à rétablir promptement la paix et la bonne harmonie entrè les deux Empereurs.

Fait double entre nous soussignés, le maréchal Berthier, ministre de la guerre, major- général de la grande-armée, chargé des pleins pouvoirs de sa majesté l'Empereur des Français et Roi d'Italie; et le prince Jean de Lichtenstein, lieutenant-général, chargé des pleins-pouvoirs de sa majesté l'empereur d'Autriche, roi de Hongrie, etc.

A Austerlitz, le 15 frimaire an 14 (6 décembre 1805).

Signés, maréchal BERTHIER, et J. prince de LichtensteIN, lieutenant-général.

XXXIIIe BULLETIN.

Austerlitz, le 16 frimaire an 14 (7 décembre),

LE général en chef Buxhowden a été tué, avec un grand nombre d'autres généraux Russes dont on ignore les noms, Nos soldats ont ramassé une grande quantité de décorations. Le général russe Kutuzow a été blessé, et son beau-fils, jeune homme de grand mérite a été tué.

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On a fait compter les cadavres : il en résulte qu'il y a 18 mille Russes, 600 Autrichiens et 900 Français. Nous avons 7 mille blessés Russes. Tout compte fait, nous avons 3 mille blessés Français, Le général Roger Walhubert est mort des suites de ses blessures. Il a écrit à l'Empereur une heure avant de mourir : « J'aurais voulu faire plus pour vous; je meurs dans une heure; je ne regrette pas la vie, puisque j'ai participé à une victoire qui vous assure un règne heureux. Quand vous penserez aux braves qui vous étaient dévoués, pensez à ma mémoire. Il me suffit de vous dire que j'ai une famille je n'ai pas besoin de vous la recom

mander. >>

Les généraux Kellermann, Sébastiani et Thiébaut sont hors de danger..

Les généraux Marisy et Demont sont blessés, mais beaucoup moins grièvement.

On sera sans doute bien aise de connaître les différens décrets que l'Empereur a pris successivement en faveur de l'armée : ils sont ci-joints.

Le corps du général Buxhowden, qui était à la gauche, était de 27 mille hommes; pas un n'a rejoint l'armée russe. Il a été plusieurs heures sous la mitraille de 40 pièces de canon, dont une partie servie par l'artillerie de la garde impériale, et sous la fusillade des divisions des généraux SaintHilaire et Friant. Le massacre a été horrible; la

perte des Russes ne peut s'évaluer à moins de 45 mille hommes, et l'empereur de Russie ne s'en retournera pas chez lui avec plus de 25 mille

hommes.

Puisse cette leçon profiter à ce jeune prince, et lui faire abandonner le conseil qu'a acheté l'Angleterre ! Puisse-t-il reprendre le véritable rôle qui convient à son pays et à son caractère, et secouer enfin le joug de ces vils olygarques de Londres! Catherine-la-Grande connaissait bien le génie et les ressources de la Russie, lorsque, dans Ja première coalition, elle n'envoya point d'armée, et se contenta de secourir les coalisés par ses conseils et par ses vœux. Mais elle avait l'expérience d'un long règne et du caractère de sa nation. Elle avait réfléchi sur les dangers des coalitions. Cette expérience ne peut être acquise à vingt-quatre

ans.

Lorsque Paul, son fils, fit marcher des armées contre la France, il sentit bientôt que les erreurs les plus courtes sont les meilleures; et après une campagne, il retira ses troupes. Si Woronzow, qui est à Londres, n'était pas plus Anglais que Russe, il faudrait avoir une bien petite idée de ses talens, pour supposer qu'il eût pu penser que 60, 80, 100 mille Russes parviendraient à déshonorer la France, à lui faire subir le joug de l'Angleterre, à lui faire abandonner la Belgique, et forcer l'Empereur à livrer sa couronne de fer à la race dégénérée des rois de Sardaigne.

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Les troupes russes sont braves, mais beaucoup moins braves que les troupes françaises. Leurs généraux sont d'une inexpérience, et les soldats d'une ignorance et d'une pesanteur qui rendent leurs armées, en vérité, peu redoutables; et d'ailleurs, en supposant des victoires aux Russes il eft fallu dépeupler la Russie pour arriver au but insensé que lui avaient prescrit les olygarques de Londres.

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La bataille d'Austerlitz a été donnée sur le tombeau du célèbre Kaunitz. Cette circonstance a fait la plus grande impression sur la tête des Viennois. A force de prudence et de bonne conduite, et en la maintenant toujours en bonne harmonie avec la France, il avait porté l'Autriche à un haut degré de prospérité.

Voici les noms des généraux russes faits prisonniers; beaucoup d'autres sont morts sur le champ de bataille. Il y a en outre 4 à 500 officiers, dont 20 majors ou lieutenans-colonels, et plus de 100 capitaines.

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L'Empereur a mandé à Brünn M. de Talleyrand, qui était à Vienne. Les négociations vont s'ouvrir à Nicolsburg.

M. Maret avait joint à Austerlitz Ș. M., qui y a signé le travail des ministres et du conseil d'état. L'Empereur a couché ce soir à Brünn.

Brünn, 7 frimaire an 14 ( 29 novembre ).

Napoléon, Empereur des Français et Roi d'Italie, Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Art. 1er. Il sera levé une contribution de cent millions de francs (argent de France) sur l'Autriche ? la Moravie et les autres provinces de la maison d'Autriche occupées par l'armée française.

2. Cette somme est donnée en gratification à l'armée, conformément à l'état de distribution que nous arrêterons.

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