Page images
PDF
EPUB

Les chefs d'escadron de chasseurs à cheval do la garde impériale, Beyermann, Bohn et Thiry, ont été blessés.

Le capitaine Tervé, des chasseurs à cheval de la garde, est mort des suites de ses blessures.

Le capitaine Geist, les lieutenans Bureau, Barbanègre, Guyot, Fournier, Adet, Bayeux et Renno, des chasseurs à cheval de la garde, les lieutenans Ménager et Rollet, des grenadiers à cheval de la garde, ont été blessés.

XXXVIe BULLETIN.

Schoenbrunn, 23 frimaire an 14 (14 décembre).

Ce sera un recueil d'un grand intérêt, que celui des traits de bravoure qui ont illustré la GrandeArmée.

e.

Un carabinier du 10 régimeut d'infanterie légère a le bras gauche emporté par un boulet de canon: « Aide-moi, dit-il à son camarade, à ôter mon sac, et cours me venger; je n'ai pas besoin d'autres secours.» Il met ensuite son sac sur son bras droit, et marche seul vers l'ambulance.

Le général Thiébaut, dangereusement blessé était transporté par quatre prisonniers russes; six Français blessés l'aperçoivent, chassent les Russes et saisissent le brancard, disant : « en C'est à nous seuls qu'appartient l'honneur de porter un général français blessé. »

Le général Valhubert a la cuisse emportée d'un coup de canon, quatre soldats se présentent pour l'enlever : « Souvenez-vous de l'ordre du jour, leur » dit-il d'une voix de tonnerre, et serrez vos rangs! >> Si vous revenez vainqueurs, on me relèvera après » la bataille; si vous êtes vaincus, je n'attache plus » de prix à la vie. »

Ce général est le seul dont on ait à regretter la perte; tous les autres généraux blessés sont en pleine guérison.

Les bataillons des tirailleurs du Pô, et des tirailleurs corses, se sont bravement comportés dans la défense du village de Strolitz. Le colonel Franceschi, avec le 8e de hussards, s'est fait remarquer par son courage et sa bonne conduite.

On a fait écouler l'eau du lac sur lequel de nombreux corps russes s'étaient enfuis le jour de la bataille d'Austerlitz, et l'on en a retiré 40 pièces de canon russes, et une grande quantité de cadavres.

L'Empereur est arrivé ici avant-hier 21, à dix heures du soir.

Il a reçu hier la députation des maires de Paris qui lui ont été présentés par S. A. S. le prince Murat.

M. Dupont, maire du 7e arrondissement, a prononcé le discours suivant:

Discours prononcé par M. Dupont, en présentant à S. M. l'adresse des Préfet et Maires de Paris.

SIRE,

Nous apportons aux pieds de V. M. I. et R., une adresse respectueuse qui contient l'expression de la vive reconnaissance du peuple de Paris et de ses magistrats, pour le don précieux que V. M. I. et R. a daigné leur faire des premiers drapeaux et des premiers canons enlevés à l'ennemi au combat de Wertingen.

Sire, les Parisiens ont été heureux d'apprendre que c'était le prince leur gouverneur, ce guerrier magnanime, cher à Paris par ses vertus personnelles, et par l'honneur de vous appartenir, qui avait ouvert si glorieusement la campagne dans cette fameuse journée !...... Mais, Sire, nous essayerions en vain de peindre à V. M. les transports de joie, les cris d'alégresse, l'enthousiasme universel que fit

éclater votre bonne ville de Paris, quand elle connut cette lettre immortelle (1) dont V. M. I. et R. honora, dans cette occasion, ses préfet et maires, et dans laquelle, après leur avoir adressé ces drapeaux et ces canons comme des trophées de la gloire de leur gouverneur, V. M., laissant parler son cœur paternel, a tracé ces paroles : « Et qu'ils soient aussi pour ma » bonne ville de Paris un gage de l'amour que lui » porte sou souverain. » Ah, Sire! que ces paroles de V. M. ont été recueillies avec délices! Elles sont aujourd'hui gravées dans tous les cœurs des Parisiens; elles passeront dans ceux de leurs enfans, et garantissent à V. M. I. et R. l'amour et la fidélité de votre bonne ville de Paris.

[ocr errors]

Tel était, Sire, l'état de Paris, quand nos conci

(1) Lettre de S. M. l'Empereur et Roi, aux Préfet et maires de la ville de Paris.

«Messieurs les préfets et maires de notre bonne ville de Paris, nos troupes ayant, au combat de Wertingen, défait douze bataillons de grenadiers, l'élite de l'armée autrichienne, toute son artillerie étant restée en notre pouvoir, ainsi qu'un grand nombre de prisonniers et huit drapeaux, nous avons résolu de faire présent des drapeaux à notre bonne ville de Paris, et de deux pièces de canon , pour rester à l'Hôtel-de-Ville. Nous desirons que notre bonne ville de Paris voie dans ce ressouvenir et dans ce cadeau, qui lui sera d'autant plus précieux, que c'est son gouverneur qui commandait nos troupes au combat de Wertingen, l'amour que nous lui portons. Cette lettre n'étant à d'autre fin, nous prions Dieu qu'il vous tienne en sa sainte et digne garde.

» Au quartier-général impérial d'Ausbourg, ce 18 vendémiaire an 14. »

Certifié conforme,

Signé, NAPOLÉOn.

Le secrétaire général de la Préfecture,

Signé, F. HELY.

toyens nous ont envoyés vers vous. Alors la campagne venait de s'ouvrir!....... Et comment arrive-t-il que déjà les armées combinées de vos ennemis soient détruites; que ces bandes, réputées invincibles aient été terrassées sous les propres yeux de leurs monarques; que leurs places fortes, dans une étendue de plus de trois cents lieues, soient en votre pouvoir, enfin que ce soit aujourd'hui, dans Vienne conquise, que les maires de Paris se trouvent accomplir leur mission?

Votre génie, Sire, pouvait seul créer tant de prodiges.

Sire, placés ici devant V. M. I. et R., qui élève tout ce qui l'approche, qui agrandit toutes les idées ; dans ces lieux que notre présence étonne, mais qui ne peuvent qu'exciter les élans de notre dévouement pour V. M. I. et R., permettez à nos cœurs français et parisiens d'émettre un vœu digne de la grande cité que nous représentons.

Nous supplions V. M. I. et R. d'accorder à la ville de Paris l'honneur de décerner des aigles d'or à ces braves phalanges qui ont conquis ces drapeaux et ces canons qui désormais orneront sa maison commune. Ces enseignes redoutables, que l'ennemi ne rencontrerait jamais qu'avec effroi, seraient à toujours un double monument et de la gloire qu'ont acquise ces corps valeureux, et de l'esprit national qui attache le soldat français à sa patrie, et la patrie à ses défen

seurs.

Sire, que V. M. I. et R. daigne approuver cette pensée, et ce sera pour nos concitoyens une nouvelle preuve de votre bienveillance, qui est le premier objet de leur ambition.

Pour nous, Sire, que la marche rapide de vos conquêtes a amenés si loin de nos foyers, la mémoire de cette époque nous sera toujours chère ; toujours nous la regarderons comme une époque aussi de gloire pour nous, puisqu'en remplissant

conci

la mission honorable qui nous a été confiée, nous avons pu mêler aux hommages de nos toyens, les expressions personnelles de notre amour de nos respects, de notre fidélité pour votre personne auguste, et que les premiers, après une campagne si mémorable, nous avons le bonheur de contempler notre monarque.

Qu'il est doux, Sire, pour des Français, pour des hommes " en vous voyant couvert de tant de lauriers, de penser que la paix a toujours été le premier vœu de votre cœur ; qu'après tant de conquêtes elle est encore le premier prix que vous voulez de vos victoires, et que bientôt nos murs vous reverront, l'olivier à la main, rendre une nouvelle vie au commerce " aux arts, à l'in

dustrie !

Puisse le Ciel favoriser de si nobles desseins, bénir et prolonger des jours si précieux! et puisse, pour le bonheur des peuples, V. M. I. et R. être prise pour modèle par tous les rois de la terre !

Les Préfet et Maires de la ville de Paris, à S. M. P'Empereur et Roi.

SIRE,

Le don que V. M. vient de faire à sa bonne ville de Paris, excite dans toutes les classes de citoyens le plus noble enthousiasme, et la lettre qui l'annonçait inspire à tous les cœurs parisiens la plus vive et la plus respectueuse reconnaissance.

Sire, les vœux de la capitale avaient accompagné V. M. dans sa marche rapide et glorieuse au sein de l'Allemagne ; et comptant d'avance sur vos triomphes, Paris s'attendait bien à recueillir, avec toute la France, le fruit des nouvelles victoires qui doivent consolider à jamais l'indépendance et le bonheur de l'Empire: mais, Sire, qui de nous aurait osé penser qu'au milieu même des combats,

« PreviousContinue »