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Les divisions, les différens corps ont manœuvré avec précision, et le général en chef se loue de l'ardeur et de l'andace que les troupes ont

mon

trées dans l'attaque : il leur a rendu, auprès de S. M. l'Empereur et Roi, le témoignage qu'elles brûlent du desir d'imiter les exemples de la grande-armée, et de mériter d'avoir part aux nobles récompenses que S. M. décerne à leur valeur.

III BULLETIN.

Du 8 brumaire an 14 (30 octobre).

APRÈS l'affaire du 7, l'armée avait pris position à Vago, deux milles en-deçà de Caldiero. Le 8, à deux heures après midi, elle attaqua l'ennemi sur toute la ligne. La division Molitor, formant la gauche, commença l'action; celle du général Gardanne attaqua au centre, et celle du général Duhesme à la droite. Ces diverses attaques furent bien exécutées et heureusement conduites. Le village de Caldiero fut emporté aux cris de vive l'Empereur! et l'ennemi fut poursuivi jusque sur les hauteurs. A quatre heures et demie, le prince Charles fit avancer sa réserve, forte de vingt-quatre bataillons de grenadiers et de plusieurs régimens. La bataille devint alors plus vive. Les troupes de S. M. déployèrent leur intrépidité ordinaire la cavalerie chargea plusieurs fois, et toujours avec succès; des bataillons de grenadiers de la réserve donnèrent en même temps, et la baïonnette décida du sort de la journée.

:

L'ennemi avait fait jouer plus de 30 pièces d'artillerie, qui garnissaient ses retranchemens. Malgré l'acharnement de sa résistance, il a été culbuté et poursuivi jusqu'au pied des redoutes au-delà de Caldiero. Nous avons fait 3,500 prisonniers; le champ de bataille est jonché d'Autrichiens; le nombre

de leurs morts et de leurs blessés égale au moins celui de leurs prisonniers. Le prince Charles a fait demander une trève pour enterrer les morts.

Notre perte est très-peu considérable, en comparaison de celle de l'ennemi.

Le maréchal général en chef applaudit à la valeur et au dévouement de l'armée : il fera connaître particulièrement les belles actions qui ont signalé la journée, et mettra sous les yeux de S. M. l'Empereur et Roi, les noms des braves à qui l'honneur

en est dû.

L'armée du général Saint-Cyr est arrivée.

I Ve BULLETIN.

Au quartier-général de Montebello, le 11 brumaire an 14 (2 novembre).

APRÈS la bataille du 8, par l'effet de la position de l'armée en avant de Caldiero, et par suite des mouvemens ordonnés le 7 à la division Seras, une colonne ennemie forte de 5 mille hommes, commandée par un brigadier, fut séparée du corps du général Rosemberg, et se trouva coupée, de manière à ne pouvoir remonter dans les vallées, ni rejoindre son armée. Le général en chef, instruit qu'elle s'était portée le 10 sur les hauteurs de Saint-Léonard, envoya un de ses aides-de-camp pour la sommer de mettre bas les armes. L'officier-général Hillinger, qui la commandait, s'apercevant qu'il n'avait pas de troupes devant lui, manifesta l'intention de combattre.

Le 22 régiment d'infanterie légère, conduit par son colonel Goguet, eut ordre de se porter de suite en avant de Véronnette: l'ennemi fit un mouvement sur lui, et le força de prendre position sous le château de San-F'élice. Le général en chef se porta bien

tôt sur les lieux, et fit marcher quatre bataillons de grenadiers pour cerner entièrement l'ennemi; le général Charpentier, chef de l'état-major, chargé de ces dispositions, les exécuta avec précision, de concert avec le général Solignac.

Il fut fait alors une nouvelle sommation à l'ennemi, qui sentit qu'il fallait se résoudre à mettre bas les armes. Une capitulation signée par l'officiergénéral commandant la colonne ennemie, et par le général Solignac, nous a livré 5 mille prisonniers avec armes et bagages, 70 officiers, 1 brigadier, 1 major, 2 colonels, 80 chevaux, etc. etc.

Le prince Charles, de son côté, voyant qu'une colonne de son armée avait été coupée, et craignant d'être tourné dans sa position, s'occupa d'effectuer sa retraite. On fut instruit qu'il avait fait quelques mouvemens dans la nuit : dès la pointe du jour, de fortes reconnaissances furent poussées sur la ligne; la division des chasseurs à cheval, commandée par le général Espagne, et les voltigeurs de la division Gardanne, se mirent à la poursuite des Autrichiens, qui furent harcelés toute la journée, et auxquels on fit 600 prisonniers.

Nous occupons aujourd'hui Montebello; demain l'armée continue sa marche.

Copie d'une capitulation entre M. le général Solignac, commandant un corps de grenadiers de l'armée impériale et royale de S. M. l'Empereur des Français, d'une part, et M. le brigadier-général Hillinger, commandant un corps de troupes de S. M. I. et R. l'Empereur d'Allemagne, d'autre part.

Art. 1er Les troupes autrichiennes commandées par M. le général Hillinger, restent prisonnières de guerre aux conditions suivantes :

2. M. le général Hillinger, ainsi que tous les officiers sous ses ordres, conserveront leurs épées, chevaux et bagages; ils rentreront en Autriche sur leur

parole d'honneur de ne pas servir contre la France ou ses alliés, jusqu'à leur parfait échange.

3. Les soldats mettront bas les armes avant d'entrer dans Véronne; ils conserveront leur butin.

4. Tous les blessés autrichiens qui se trouvent dans les environs de Payano et Grazzano, seront transportés de suite dans les hôpitaux militaires de l'armée française, pour y être traités convenable

ment.

5. Les troupes de S. M. l'empereur d'Allemagne s'étant battues avec la plus grande intrépidité, et n'ayant capitulé qu'au moment où elles ont été complètement cernées, l'armée française fera elles pour tout ce que l'on doit à la bravoure militaire. Fait double à Cara-Albertini, le 2 novembre 1805 (11 brumaire an 14).

Signé, HILLINGER, général-major.

(Suivent les autres signatures des officiers supérieurs.)

Ve BULLETIN.

Du 14 brumaire an 14 ( 5 novembre).

APRÈS quelques heures de repos à Montebello, l'armée poursuivit l'ennemi sur Vicence. Les portes de la ville avaient été murées: on le somma de l'évacuer; sa réponse fut négative. Un sentiment d'humanité avait dicté la sommation du général en chef; il fallut bien forcer le passage, et diriger du canon et des obusiers contre les portes, et malheureusement contre la ville même. Nous y entrâmes à la pointe du jour. La précipitation avec laquelle la retraite de l'ennemi s'opéra, lui fit abandonner mille blessés, et laisser quelques restes de magasins à notre disposition. Dans la journée, nous lui avons fait 800 prisonniers.

Les Autrichiens s'étaient retirés par le chemin de Bassano. L'armée les y suivit, et entama continuellement leur arrière-garde. A l'embranchement des routes de Bassano et de Treviso, ils se dirigèrent vers cette dernière ville en brûlant derrière eux le pont qui se trouve sur le torrent près de la Palu. Arrivés au village de Saint-Pierre in Gu, nous le trouvâmes occupé par un corps de troupes, qui fut chargé vigoureusement. Le village fut enlevé après un combat qui nous valut encore 600 prisonniers et une pièce de canon.

Nous marchâmes vers la Brenta. L'avant-garde arriva au moment où l'ennemi tentait de détruire le pont. Il s'engagea d'une rive à l'autre une forte canonnade, que la nuit seule fit cesser.

L'armée bivouaqua sur la rive droite. A quatre heures du matin, je fis passer à gué plusieurs régimens de cavalerie avec les voltigeurs en croupe, pendant qu'on réparait le pont. L'armée défila bientôt, et nous arrivâmes à Citadella assez à temps pour enlever les derniers postes de l'ennemi. A cinq heures du soir, nous entrions dans Castelfranco, et nos chasseurs occupaient déjà en avant Salratrunda et Albaredo. Le général en chef sentit la nécessité d'accorder quelques heures aux besoins de l'armée. Dans notre marche depuis Montebello, nous avons fait plus de 1800 prisonniers.M

La division de droite s'est dirigée sur Padoue, où elle arrive aujourd'hui; celle de gauche s'est portée par les sette comuni sur Bassano, qu'elle occupera demain..

L'armée marche vers la Piave.

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