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subalternes que l'Angleterre corrompt, et qui le circonviennent de peur qu'il ne soit éclairé. Il n'y a qu'une voix à Vienne comme à Pari: les malheurs du Continent sont le funeste ouvrage des Anglais.

Toutes les colonnes de l'armée sont en grande marche, et se trouvent déjà en Moravie et à plusieurs journées au-delà du Danube. Une patrouille de cavalerie est déjà parvenue jusqu'aux portes de Presbourg, capitale de la Haute-Hongrie. Elle a intercepté le courrier de Venise au moment où il cherchait à entrer dans cette ville. Les dépêches de ce courrier ont appris que l'armée du prince Charles se retire en grande hate, dans l'espoir d'arriver à temps pour secourir Vienne.

Le général Marmont mande que le corps qui s'était avancé jusqu'à Oedembourg par la vallée de la Muerh, a évacué cette contrée après avoir coupé tous les ponts, précaution qui l'a mis à l'abri d'une vive poursuite.

Le nombre des prisonniers qué fait l'armée s'accroît à chaque instant.

S. M. a donné audience aujourd'hui à M. le général-major batave Bruce, bean-frère du grand-pensionnaire, venu pour féliciter l'Empereur de la part de LL. HH. PP. les Etats de Hoánde.

L'Empereur n'a encore reçu aucune des autorités de Vienne, mais seulement une députation des différens corps de la ville qui, le jour de son arrivée, est venue à sa rencontre à Sigarts-Kirchen. Elle était composée du prince de Senzendorf, du prélat de Seidenstetten, du comte de Veterani, du baron de Kees, du bourgmestre de la ville, M. de Wohebben, et du général Bourgeois, du corps du génie.

S. M. les a accueillis avec beaucoup de bonté, et leur a dit qu'ils pouvaient assurer le peuple de Vienne de sa protection.

Le général de division Clarke est nommé gouverneur-général de la Haute et de la Basse- Autriche.

Le conseiller-d'état Daru en est nommé intendant

général.

Au palais de Schoenbrunn, le 24 brumaire an 14 ( 15 novembre ).

Napoléon, Empereur des Français et Roi d'Italie. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

TITRE PREMIER.

Du Gouvernement et de l'Administration de l'Autriche.

Art. 1er. Il y aura un gouverneur - général et un intendant-général de la province d'Autriche.

2. Il y aura un commandant et un intendant pour chaque cercle, ce qui fera cinq commandans et intendans pour la Haute-Autriche, et quatre pour la Basse-Autriche.

TITRE II.

Du Gouverneur et de l'Intendant-général.

3. Le gouverneur - général et l'intendant - général résideront à Vienne.

4. Le gouverneur-général sera chargé de tout ce qui est relatif à la police.

5. L'intendant-général sera chargé de tout ce qui est relatif à l'administration. Les commissaires des guerres et inspecteurs aux revues employés pour les finances et pour les besoins de l'armée, seront sous ses ordres.

6. La gendarmerie, la tronpe du pays qui en tient lieu, les régences, les capitaines des cercles, les bourgmestres, seront sous les ordres du gouverneur et de l'intendant - général.

7. Le premier soin du gouvernement et de l'intendant général sera de faire arrêter les traîneurs et de mettre un terme aux désordres qui ont lieu sur les derrières de l'armée.

8. Le gouverneur et l'intendant-général pourront travailler avec nous.

9. Le général de division Clarke est nommé gouverneur-général de l'Autriche.

10. Le conseiller - d'état Daru est nommé intendant-général.

TITRE III.

Des Commandans et Intendans des Cercles.

11. Les commandans et intendans de chaque cercle résideront dans le chef-lieu actuel du cercle.

12. Les commandans des cercles correspondront avec le gouverneur - général, et seront sous ses ordres.

Ils correspondront également avec l'état-majorgénéral.

13. Les intendans des cercles correspondront avec l'intendant-général et seront sous ses ordres.

TITRE I V.

14. Le major-général nous présentera demain les commandans de tous les cercles. Il nous présentera en même temps les intendans, qui seront choisis parmi les inspecteurs ou sous-inspecteurs

aux revues.

15. A mesure que la Styrie, la Carinthie et la Carniole seront occupées, il leur sera donné des commandans et intendans des cercles qui correspondront avec le gouverneur et l'intendant-général de l'Autriche.

Signé NAPOLÉON.
Par l'Empereur

Le secrétaire-d'état, signé H. B. MARET.

X X Ve BULLETIN.

Schoenbrunn, le 23 brumaire an 14 (15 novembre).

Le prince Murat et le corps du maréchal Lannes ont rencontré hier l'armée russe à Hollabrunn. Une charge de cavalerie a eu lieu; mais l'ennemi a aussitôt abandonné le terrain en laissant cent voitures d'équipages attelées.

L'ennemi ayant été joint, et les dispositions d'attaque étant faites, un parlementaire autrichien s'est avancé, et a demandé qu'il fût permis aux troupes de l'empereur d'Allemagne de se séparer des Russes. Sa demande lui a été accordée.

Peu de temps après, M. le baron de Wintzingerode, aide-de-camp-général de sa majesté l'empereur de toutes les Russies, s'est présenté aux avantpostes, et a demandé à capituler pour l'armée russe. Le prince Murat a cru devoir y consentir; mais l'Empereur n'a pas pu approuver cette capitulation. Il part au moment même pour se rendre aux avantpostes.

L'Empereur n'a pas pu donner son approbation, parce que cette capitulation est une espèce de traité, et que M. Wintzingerode n'a pas justifié des pouvoirs de l'empereur de Russie. Cependant Sa Majesté, tout en faisant marcher son armée, a déclaré que l'empereur Alexandre se trouvant dans le voisinage, si ce prince ratifie la convention, elle est prête à ratifier également.

Le général Vialannes, commandant la cavalerie. du maréchal Davoust, est entré à Presbourg. M. le général comte de Palffy a écrit une lettre à laquelle le maréchal Davoust a répondu. Les deux lettres sont ci-jointes.

Un corps de 3 mille Autrichiens s'était retranché dans la position de Waldermünchen, au débouché de la Bohême. Le général Baraguay-d'Hilliers, à la

tête de trois bataillons de dragons à pied, a marché contre ce corps, qui s'est hâté d'abandonner sa position.

Le général Baraguay-d'Hilliers était le 18 à Treinitz en Bohême ; il espérait entamer ce corps.

Le maréchal Ney avait eu la mission de s'emparer du Tyrol; il s'en est acquitté avec son intelligence et son intrépidité accoutumées. Il a fait tourner les forts de Scharnitz et de Neustark, et s'en est emparé de vive force. Il a pris dans cette affaire 18 cents hommes, 1 drapeau et 16 pièces de canon de campagne attelées.

Le 16, à cinq heures après midi, il a fait son entrée à Inspruck; il y a trouvé un arsenal rempli d'une artillerie considérable, 16 mille fusils et une immense quantité de poudre. Le même jour il est entré à Hall, où il a aussi pris de très-grands et très-riches magasins, dont on n'a pas encore l'inventaire. L'archiduc Jean, qui commandait en Tyrol, s'est échappé par Luchsthall. Il a chargé un colonel de remettre tous les magasins aux Français, et de recommander à leur générosité 12 cents malades qui sont à Inspruck.

A tous ces trophées de gloire, est venu se joindre une scène qui a touché l'ame de tous les soldats. Pendant la guerre dernière, le 76e régiment de ligne avait perdu 2 drapeaux dans les Grisons: cette perte était depuis long-temps pour ce corps le motif d'une affliction profonde. Ces braves savaient que l'Europe n'avait point oublié leur malheur, quoiqu'on ne pût en accuser leur courage. Ces drapeaux, sujets d'un si noble regret, se sont trouvés dans l'arsenal d'Inspruck: un officier les a reconnus ; tous les soldats sont accourus aussitôt. Lorsque le maréchal Ney les leur a fait rendre avec pompe, des larmes coulaient des yeux de tous les vieux soldats. Les jeunes conscrits étaient fiers d'avoir servi à reprendre ces enseignes enlevées à leurs aînés par la vicissitude de la guerre. L'Empereur a or

donné

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