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donné que cette scène touchante fût consacrée par un tableau. Le soldat français a pour ses drapeaux un sentiment qui tient de la tendresse : ils sont l'objet de son culte, comme un présent reçu des mains d'une maîtresse.

Le général Klein a fait une incursion en Bohême avec sa division de dragons. Il a vu par-tout les Russes en horreur : les dévastations qu'ils commettent font frémir. L'irruption de ces barbares, appelés par le gouvernement lui-même, a presque éteint, dans le cœur des sujets de l'Autriche, toute affection pour leur prince. « Nous et les Français, disent les Allemands, nous sommes les fils des Romains; les Russes sont les enfans des Tartares. Nous aimons mieux mille fois voir les Français armés contre nons, que des alliés tels que les Russes. » A Vienne, le seul nom d'un Russe inspirait la terreur. Ces hordes de sauvages ne se contentent pas de piller pour leur subsistance; ils enlèvent, ils détruisent tout. Un malheureux paysan, qui ne possède dans sa chaumière que ses vêtemens, en est dépouillé par eux. Un homme riche qui occupe un palais, ne peut espérer de les assouvir par ses richesses; ils le dépouillent, en le laissant nu sous ses lambris

dévastés.

Sans doute, c'est pour la dernière fois que les gouvernemens européens appelleront de si funestes secours. S'ils étaient capables de le vouloir encore, ils auraient à payer ces alliés du soulèvement de leur propre nation. D'ici à cent ans, il ne sera, en Autriche, au pouvoir d'aucun prince d'introduire des Russes dans ses Etats. Ce n'est pas qu'il n'y ait dans ces armées un grand nombre d'officiers dont l'éducation a été soignée, dont les mœurs sont douces et l'esprit éclairé : ce qu'on dit d'une armée s'entend toujours de l'instinct naturel de la masse qui la compose.

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Capitulation proposée par l'Armée russe.

Il a été convenu entre M. le général de division Belliard, chef de l'état-major-général, et d'après l'autorisation de S. A. S. le prince Murat, grandamiral, maréchal d'empire et lieutenant de S. M. l'Empereur des Français et Roi d'Italie;

Et M. le baron de Wintzingerode, aide-de-camp général de S. M. l'empereur de toutes les Russies, d'après son autorisation, et général - major de l'armée :

Il y aura armistice entre le corps d'armée aux ordres de S. A. S. le prince Murat, et l'armée russe commandée par le général en chef comte de Kutusow, du moment de la signature des présentes conditions.

L'armée russe quittera l'Allemagne, et se mettra de suite en marche par la route qu'elle a prise pour s'y rendre, et par journées d'étape. Alors le prince Murat consent à suspendre sa marche sur la Moravie.

Les présentes conditions ne pourront être exécutées qu'après la ratification de sa majesté l'Empereur Napoléon; et, en attendant, l'armée russe et le corps d'armée du prince resteront dans les positions qu'ils occupent maintenant.

Dans le cas de non acceptation de la part de l'Empereur, on se préviendra quatre heures avant de rompre l'armistice.

Fait à Hollabrunn, le 24 brumaire an 14 (15 novembre 1805).

Signés, AUG. BELLIARD, général de division chef d'état-major-général.

WINTZINGERODE, aide-de-camp général.

Lettre du général comte de Palffy.

GÉNÉRAL,

S. A. R. l'archiduc palatin, en sa qualité de chef sprême du militaire et du civil en Hongrie, a cargé le soussigné de déclarer que S. A. R. a fait ablir le long de la frontière occidentale de ce ryaume, un cordon de gardes non militaires, soutenu Fr de très-petits détachemens de cavalerie composés Invalides et de recrues, dans la seule vue d'arrêter I maraudeurs de l'armée autrichienne qui pournent s'y présenter; et qu'ainsi il n'est nullement gestion d'aucune sorte d'hostilité, lesdits détacherens ayant l'ordre de se retirer dès que les troupes fançaises s'approcheront de la frontière.

Ainsi, dans la circonstance où ces faibles détademens, qu'on ne peut regarder uniquement que omme des piquets d'avertissement, se replieront à Japproche de l'armée française, S. Á. R. a ordonné d'avance aux maisons des invalides, à celles d'éduation, aux officiers pensionnés, aux individus employés aux bureaux de comptabilité des régimens et aux hôpitaux militaires, de rester en place, persuadé que le général ou commandant des troupes françaises ne leur refusera pas les sauvegardes nécessaires, et qu'il voudra bien donner ses ordres pour que les colonnes et détachemens de l'armée française qui entreront en Hongrie, n'y commettent aucun excès, attendu qu'aucune sorte d'opposition ne sera faite aux troupes françaises, et qu'en conséquence de cette déclaration, le soussigné aurait plusieurs objets très intéressans à traiter avec le général ou commandant des troupes françaises. Il le prie de lui assigner un rendez-vous sur parole, sur un bateau au milieu du Danube.

Il attend en conséquence sa réponse, d'être son très-humble serviteur,

et a l'honneur

LEOPOLD, comte PALFFY, général-major et commandant à Presbourg.

Presbourg, le......

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Réponse du maréchal Davoust au général comte • Palffy.

MONSIEUR LE GÉNÉRAL,

J'ai mis sous les yeux de Sa Majesté la lett que vous avez adressée au commandant de n cavalerie légère. Sa Majesté m'a chargé de fai connaître, par votre canal, à S. A. R. l'archid Palatin, qu'elle était prête à considérer comn neutre la nation hongroise, à interdire à sc armée l'entrée des frontières de Hongrie, si, i son côté, S. A. R. l'archiduc Palatin et la natic hongroise voulaient retirer leurs troupes, ne fai aucune insurrection, continuer à approvisionn Vienne, et enfin conclure entre la nation hongroi: et S. A. R. l'archiduc Palatin, et S. M. l'Emperer des Français, une convention tendante à mainten: l'harmonie entre les deux pays. J'ai l'autorisatio de laisser passer tout officier que S. A. R. l'archidu Palatin voudrait envoyer auprès de mon souverain, pour traiter d'après ces bases. Je me trouvera heureux par-là de faire une chose agréable à vớ compatriotes, et d'assurer le bien-être et le repes d'une nation si estimable à tant de titres, que la nation hongroise.

J'ai l'honneur d'être,
Monsieur le général,

Votre très-humble serviteur,

Le maréchal d'empire, l'un des colonelsgénéraux de la garde de Sa Majesté L'Empereur et Roi,

Signé L. DAvoust.

XXVI BULLETIN.

Znaïn, le 27 brumaire an 14 (18 novembre ).

Le prince Munt, instruit que les généraux russes, immédiatement iprès la signature de la convention, s'étaient mis en marche avec une portion de leur armée sur Znam, et que tout indiquait que l'autre partie allait le suivre et nous échapper, leur a fait connaître que l'Empereur n'avait pas ratifié la convention, et qu'en conséquence il allait attaquer, En effet, le price Murat a fait ses dispositions, a marché à l'enremi, et l'a attaqué le 25 à quatre heures après mid; ce qui a donné lieu au combat de Zuntersdorff dans lequel la partie de l'armée russe qui formait l'arrière-garde a été mise en déroute, a perdu 1 pièces de canon, 100 voitures de bagages, 2 mille prisonniers et 2 mille hommes restés sur le champ de bataille. Le maréchal Lannes a fait attaquer l'arnemi de front; et tandis qu'il le faisait tourla gauche par la brigade de grenadiers du génér.1 Dupas, le maréchal Soult le faisait tourner par 1 droite par la brigade du général Levasseur, la division Legrand, composée des 3 et 18e régimers de ligne. Le général de division Walther a chargé les Russes avec une brigade de dragons, et a fait 300 prisonniers.

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La brigade de grenadiers du général LaplancheMortière s'est distinguée. Sans la nuit, rien n'eût échappé. On s'est battu à l'arme blanche plusieurs fois. Des bataillons de grenadiers russes ont montré de l'intrépidité. Le général Oudinot a été blessé. Ses deux aides-de-camp, chefs d'escadrons Demangeot et Lamotte, l'ont été à ses côtés. La blessure du géné ral Oudinot l'empêchera de servir pendant une quinzaine de jours. En attendant, l'Empereur voulant donner une preuve de son estime aux grenadiers, a nommé le général Duroc pour les commander.

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