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de ses peuples, et de la reconnaissance de ses fidèles alliés.

Je prie V. M. d'agréer avec bonté l'hommage de mon profond respect.

Sire,

De V. M. le bien-humble serviteur,
Le Grand-Pensionnaire de la République Batave,
Signé, R. J. SCHIMMELPENNINK.

La Haye, ce 1er novembre.

XXVIIe BULLETIN.

Porlitz, 28 brumaire ( 19 novembre ).

DEPUIS le combat de Zuntersdorff, l'ennemi a continué sa retraite avec la plus grande précipitation. Le général Sébastiani, avec sa brigade de dragons, l'a poursuivi l'épée dans les reins. Les immenses plaines de la Moravie ont favorisé sa poursuite. Le 27, à la hauteur de Porlitz, il a coupé la retraite à plusieurs corps, et a fait dans la journée 2 mille Russes prisonniers de guerre.

Le prince Murat est entré le 17, à trois heures après midi, à Brünn, capitale de la Moravie, toujours suivant l'ennemi.

L'ennemi a évacué la ville et la citadelle, qui est un très-bon ouvrage, capable de soutenir un siége en règle.

L'Empereur a mis son quartier-général à Porlitz. Le maréchal Soult, avec son corps d'armée, est à Riemstschitz.

Le maréchal Lannes est en avant de Porlitz.

Les Moraves ont encore plus de haine pour les Russes, et d'amitié pour nous, que les habitans de l'Autriche. Le pays est superbe et beaucoup plus

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fertile que l'Autriche. Les Moraves sont étonnés de voir au milieu de leurs immenses plaines, les peuples de l'Ukraine, du Kamtschatka, de la Grande-Tartarie, et les Normands, les Gascons les Bretons et les Bourguignons, en venir aux mains et s'egorger, sans cependant que leur pays ait rien de commun, ou qu'il y ait entr'eux aucun intérêt politique immédiat; et ils ont assez de bon sens pour dire dans leur mauvais bohémien, que le sang humain est devenu une marchandise dans les mains des Anglais. Un gros fermier morave disait dernièrement à un officier français, en parlant de l'empereur Joseph II, que c'était l'empereur des paysans, et s'il avait continué à vivre il les aurait affranchis des droits féodaux qu'ils payent aux couvens de religieuses.

que,

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,

Nous avons trouvé à Brünn 60 pièces de canon 300 milliers de poudre, une grande quantité de blé et de farme, et des magasins d'habillement trèsconsidérables bu

L'empereur d'Allemagne s'est retiré à Olmutz. Nos postes sont à une marche de cette place.

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Brünn, le 30 brumaire an 14 (21, novembre).

L'EMPEREUR est entré à Brünn le,29, à dix heures du matin.

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Une députation des Etats de Moravie, à la tête de laquelle se trouvait l'évêque, est venue à sa rencontre. L'Empereur est allé visiter les fortifications, et a ordonné qu'on armât la citadelle, dans laquelle on a trouvé plus de 6 mille fusils, une grande quantité de munitions de guerre de toute espèce, et entre autres 409 milliers de poudre ng 3 SonDAI

Les Russes avaient réuni toute leur cavalerie, qui formait un corps d'environ 6 mille hommes, et voulaient défendre la jonction des routes de Brünn et d'Olmutz. Le général Walther les contint toute la journée et par différentes charges les obligea à abandonner du terrain. Le prince Murat fit marcher la division de cuirassiers du général d'Hautpoult et quatre escadrons de la garde impériale.

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Quoique nos chevaux fussent fatigués, l'ennemi fut chargé et mis en déroute. Il laissa plus de deux cents hommes, cuirassiers ou dragons d'élite, sur le champ de bataille. Cent chevaux sont restés dans nos

mains.

Le maréchal Bessières, commandant la garde impériale, a fait, à la tête des quatre escadrons de la garde, une brillante charge qui a dérouté et culbuté l'ennemi. Rien ne contrastait comme le silence de la garde et des cuirassiers, et les hurlemens des Russes.

Cette cavalerie russe est bien montée, bien équipée : elle a montré de l'intrépidité et de la résolution; mais les hommes ne paraissent pas paraissent pas savoir se servir de leurs sabres; et, à cet égard, notre cavalerie a un grand avantage. Nous avons eu quelques hommes tués et une soixantaine de blessés, parmi lesquels se trouvent le colonel Durosnel, du 16e de chasseurs, et le colonel Bourdon, du 11° de dragons.,

L'ennemi s'est retiré de plusieurs lieues.

XXIXe BULLETIN.

Brünn, 2 frimaire an 14 (23 novembre).

LE maréchal Ney a fait occuper Brixen, après avoir fait beaucoup de prisonniers à l'ennemi. Il a trouvé dans les hôpitaux un grand nombre de malades et de blessés autrichiens. Le 26 brumaire il s'est emparé de Clauzen et de Botzen.

Le général Jellachich, qui défendait le Voralberg, était coupé.

Le maréchal Bernadotte occupe Iglau. Ses partis sont entrés en Bohême.

Le général Wreden, commandant les Bavarois, a pris une compagnie d'artillerie autrichienne, cent chevaux de troupe, 5o cuirassiers et plusieurs officiers.

Il s'est emparé d'un magasin considérable d'avoine et autres grains, et d'un grand nombre de chariots attelés, chargés du bagage de plusieurs régimens et officiers autrichiens.

L'adjudant-commandant Maison a fait prisonniers, sur la route d'Iglau à Brünn, 200 hommes des dragons de la Tour, et des cuirassiers de Hohenlohe. Il a chargé un autre détachement de 200 hommes, et a fait 150 prisonniers.

Des reconnaissances ont été portées jusqu'à Olmutz. La cour a évacué cette place, et s'est retirée en Pologne.

La saison commence à devenir rigoureuse. L'armée française a pris position. Sa tête est appuyée par la place de Brünn, qui est très-bonne, et qu'on s'occupe à armer et à mettre dans le meilleur état de défense.

Vienne, 2 frimaire an 14 ( 23 novembre).

Le quartier-impérial était encore hier à Brünn. S. M., malgré ses fatigues et les rigueurs de la saison, jouit de la meilleure santé.

L'armée française a pris position.

L'armée russe se retire en Pologne.

On travaille à armer et à approvisionner la citadelle de Brünn, qui sera une très-bonne place, et dans laquelle on découvre chaque jour de nouveaux magasins de munitions, d'artillerie et d'effets d'habillement.

XXXe BULLETIN.

Austerlitz, 12 frimaire an 14 ( 2 décembre ).

LB 6 frimaire, l'Empereur, en recevant la communication des pleins-pouvoirs de MM. de Stadion et de Giulay, offrit préalablement un armistice afin d'épargner le sang, si l'on avait effectivement envie de s'arranger et d'en venir à un accommodement définitif.

Mais il fut facile à l'Empereur de s'apercevoir qu'on avait d'autres projets ; et comme l'espoir du succès ne pouvait venir à l'ennemi que du côté de l'armée russe, il conjectura aisément que les 2e et 3e armées étaient arrivées, ou sur le point d'arriver à Olmutz, et que les négociations n'étaient plus qu'une ruse de guerre pour endormir sa vigilance.

Le 7, à neuf heures du matin, une nuée de Cosaques, soutenue par la cavalerie russe, fit plier les avant-postes du prince Murat, cerna Vischau, et y prit 50 hommes à pied du 6e régiment de dragons.

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