donnent des ordres précis afin que ce fourrage foit livré à l'époque, & au lieu qui leur eft affigné.

On va quelquefois recevoir ce fourrage dans les chef-lieux du pays où les Baillis & les Châtelains en ont fait provision: la diftribution s'en fait en ordre, & fur des reçus.

Lorsqu'on eft dans le cas de fourrager au fec, les fourrages se trouvent, foit en bottes, en tas ou en meules, dans les campagnes, ou renfermés dans des granges: on ne doit point juger à l'aventure des quantités de fourrages: une prudente économie veut qu'elles foient appréciées; & c'est ce que l'on va enfeigner, en commençant par le fourrage en botte.

DU CALCUL DU FOURRAGE BOTTELÉ, ET A L'AIR.

196. La ration de foin, ou la botte, a environ 3 pieds de longueur fur un pied de diamètre; de forte que la toife quarrée eft occupée par 12 bottes, & que la toise cube contient conféquemment 72 bottes: ainfi dès que l'on connoîtra les dimensions d'un folide fait de bottes de foin, fi l'on multiplie la quantité de toifes cubes qu'il contiendra par 72, on aura le nombre de

bottes de foin ou de rations qui le compoferont.

Ces dimenfions fe prennent au compte dans les magasins découverts; elles fe prennent au pas de trois pieds dans les endroits fermés, comme les granges, les maisons, & les fermes.

197. Le fourrage, affemblé en magafin découvert, eft arrangé de manière qu'il forme, ou un parallelipipede, ou un prifme triangulaire, ou un prifme pentagonal; voilà les différents folides qui fe trouvent dans les magafins, & dont on a le contenu en multipliant leur bafe par leur hauteur comme on l'a dit (178). Voyons d'abord comment on trouve cette quantité au compte.

Premier Exemple.

198. Suppofons pour premier exemple Fig. 130: un parallelipipede AD, qui a dans fa largeur AB, 30 bottes vues par leur bout; dans fa longueur CD 20 bottes, & dans fa hauteur BC 25 bottes. Multipliant AB, qui eft

par BC qui eft

on aura.

30,

25,

750 bottes dans

l'étendue du plan générateur AC; ce qui étant multiplié par la longueur CD du pa

rallélipipede,

Fig. 131.

15000 bottes de

fourrage ou rations de foin contenues dans le parallélipipede AD.

Second Exemple..

199. Imaginons pour fecond exemple un prifme triangulaire EI dont on veut favoir le contenu; pour cela il faut confidérer, 1o. que les trois côtés EF, FG, GE, de la bafe de ce prifme font égaux; que les rangées fucceffives font compofées d'une botte de moins en comptant de bas en haut, ou d'une botte de plus en comptant de haut en bas: 2°. que le nombre de rangées de bottes qu'il y a dans la hauteur de ce triangle, eft égal au nombre de bottes qu'il y a dans l'un de fes côtés ; &, 3°. que la pointe G finit par une botte; qu'ainfi la figure EFG n'eft pas un triangle, mais véritablement un trapèze (83). Il fuffit donc de favoir combien il y a de bottes dans le côté EF ou FG, pour trouver le contenu de ce trapèze. On a vu (127) que pour cela il faut ajouter ensemble la valeur des côtés parallèles EF, FG, & multiplier cette fomme par la moitié de leur distance perpendiculaire. Troisième Exemple.

200. Suppofons que dans la longueur

de EF ou de FG il y a 20 bottes vues par leur bout; fi à ce nombre on ajoute celle du fommet G,

10, moitié de

par.
la hauteur perpendiculaire ou moitié du
nombre des rangées depuis EF jufqu'à G,
donne

210 bottes dans

l'étendue de la figure GEF.

Et fi l'on imagine qu'il y a 24 bottes dans la longueur FI de ce prifme,

multipliant

par.

5040 pour la

quantité de bottes ou de rations contenues dans le prisme triangulaire GI.

Quatrième Exemple.

201. Imaginons pour quatrième exem- Fig. 132, ple un prisme pentagonal NM qui a 30 bottes de K en L'ou de N en P, vues par leur bout; 25 bottes dans fa hauteur KN ou LP, & 50 bottes dans fa longueur LM. Cela étant, le triangle ou pour mieux dire le trapèze PNO,

465 bottes (127, 199).

Le rectangle KNPI

contiendra 750 bottes (116).

a

1215 bottes pour

le contenu du pentagone NOPLK; ce qui étant multiplié par la longueur LM ou

par

donne

50,

60750 bottes ou

rations de foin contenues, ou compofant le folide NM.

Remarque fur la quantité de fourrages en magafin, à l'air, ou découvert.

202. Ce que l'on vient de dire fur la manière de compter ce que l'on a de rations de fourrage en magafin découvert, peut également fervir à fupputer de loin, au moyen d'une lunette d'approche, ce que l'ennemi en a, afin de juger du tems à peuprès que lui durera fa provifion, ou de la perte qu'il fera fi, en ufant du droit de la guerre, on y met le feu.

203. Il eft intéreffant, à la guerre furest tout, de faire apprécier à vue, & au compte, ce que l'on a de rations de foin en magafin à l'air; car on peut fe trouver dans le cas d'abandonner ce fourrage; en être privé par un incendie accidentel, par ruse de guerre, &c. Ce calcul de fourrage, en entrepôt, pourroit fe faire tous les quatre ou cinq jours, afin d'apprécier, fur le champ,