Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

CHAPITRE CINQUIÈME.

D'un Mémoire local & militaire.

ON a déjà parlé des reconnoiffances de

pays (114), lorfqu'il eft queftion de faire marcher une armée, en quittant un camp pour en occuper un autre. On va s'étendre davantage fur ce fujet, dans l'intention de mettre un jeune Officier en état de faire un mémoire local & militaire fur un pays dans lequel on pourroit porter la guerre, ou qui en feroit le théâtre; on doit le prévenir que pour y réuffir, il faut qu'il confere avec des vieillards intelligents, il s'en trouve dans tout pays : il y en a même qui ont fait une étude de la conftitution générale & particulière de celui où ils font nés; qui ont mûrement penfé aux moyens de l'améliorer, d'y faire fleurir le commerce, d'y procurer l'abondance, d'empêcher les incurfions, d'en rendre la conquête difficile; on en rencontre auffi qui font inftruits

des fautes que l'on a faites en défendant
leur pays; du meilleur parti qu'il falloit
prendre; de ce qu'il faudra faire en cas que
l'ennemi y porte
y porte la guerre; des camps que
l'on doit occuper, & qui donnent des no-
tions dont on tire fouvent des lumières
d'après lefquelles un homme de génie, un
vrai militaire fait son plan, rectifie &
per-
fectionne fes propres connoiffances.

Ces fortes de mémoires doivent exposer cinq objets principaux. Le premier doit rouler fur la conftitution générale du pays, car il eft bon de favoir s'il eft plat ou montueux; difficile ou aifé à parcourir; fec, aride ou abondant; défert ou fort peuplé, &c.

Le fecond, fur la direction & la nature des chemins.

Le troifième, fur les rivières, les ruiffeaux, les canaux, la nature de leur fond, & leurs bords, afin de favoir s'ils font guéables, navigables, faciles ou difficiles à paffer; car outre que les rivières, les ruiffeaux, les canaux peuvent fervir à fervir à procurer plus facilement l'abondance dans un camp, ils fervent encore à le garantir des furprises.

Le quatrième, fur les villes, leur affiete, leur espèce, parce qu'elles peuvent servir de quartier général, de quartier particulier,

[ocr errors]

ou d'entrepôt, & que fi elles font fortifiées, elles deviennent des obftacles aux progrès des opérations; de manière que pour ne pas les laiffer fur les derrières d'une armée & pour n'avoir pas à craindre les entreprifes de leur garnifon, il faut en faire le fiège, & enfuite s'en fervir comme d'un point d'appui; ou les ouvrir en partie, ou enfin les rafer, fi elles font capables de contenir un nombre confidérable de troupes qui pourroient faire une invasion dans une province voisine.

Le cinquième, fur les terreins où l'on pourroit camper; & en fuppofant un pays maritime, il doit indiquer les lieux acceffibles de la côte, ceux où l'on peut débarquer, les endroits où il convient d'établir des postes permanents, de dreffer des batteries pour s'oppofer aux approches des vaiffeaux ennemis ou aux defcentes; des postes que l'ennemi peut prendre en cas de réuffite de fa part, & de ceux qu'il faut occuper felon les circonftances. Pour exemple de ces fortes de mémoires, nous rapporterons ce que l'on a remarqué & écrit de la petite portion de pays fitué en Westphalie, à la rive droite du bas-Rhin, & entre Î'Emfter & la Lippe, remontant ces deux rivières, l'une depuis le Rhin jufqu'à Ofterfelt, & l'autre depuis fon embouchure juf

Planc. 7.

qu'à Dorften: on ne prétend pas donner
autre chofe ici qu'une espèce de modèle
fufceptible d'être perfectionné par un ha-
bile militaire à ce mémoire nous join-
drons la carte de ce petit canton, parce
qu'un deffin offre à la vue la fituation, les
dimensions, la direction, la figure & l'é-
tendue des objets, & chacun à leur place;
tandis qu'un mémoire relatif en explique
la nature, la qualité, l'utilité, &c, telle
que celle d'un chemin, le fond d'une ri-
vière, le bon ou le mauvais état d'un édi-
fice, la production des campagnes, &c; de
forte que
que l'on
peut dire qu'une carte & un
mémoire qui lui eft relatif, se fervent réci-
proquement de flambeau, & fe vivifient.
MÉMOIRE LOCAL ET MILITAIRE SUR
LE PAYS COMPRIS ENTRE L'EMSTER
ET LA LIPPE, DEPUIS LEUR ENTRÉE
DANS LE BAS-RHIN ET A SA RIVE
DROITE, JUSQU'A OSTERFELT ET
DORSTEN.

Conftitution générale de ce pays.

Le pays dont il s'agit ici eft généralement aride, pauvre, & fournit à peine la fubfiftance néceffaire à ceux qui l'habitent ; fa partie entre la Lippe & l'Emfter, depuis

Dinflacken & Starckradt jufqu'à Dorften, eft élevée & forme un plateau rempli de bois en différentes maffes; elle eft d'ailleurs occupée par une grande bruyere marécageufe & dont les payfans tirent la tourbe pour leur chauffage, n'ayant point de bois en propre, ni la liberté d'en couper en payant. Depuis le Rhin jufqu'à ce plateau, le pays eft entremêlé de petits bouquets de bois, de beaucoup de marais, & de bruyeres fort étendues & de peu de terres labourées; de forte qu'il n'y en a qu'environ la vingtième partie qui foit en culture: on y récolte beaucoup moins de froment & d'avoine, que d'orge, de farazin & de trefle. Tout ce qui eft au-deffous du plateau eft affez uni, ainfi que fa partie fupérieure fur laquelle on parvient par des pentes qui n'ont point de roideur, & qui en certains endroits font prefque insenfibles.

DES PRINCIPAUX CHEMINS.

Ce pays eft traverfé par trois grands chemins; l'un conduit de Duysbourg à Wefel; l'autre, de Duysbourg à Dorften; & le troifième, de Wefel à Dorften.

Le chemin qui va de Duysbourg à Wefel, paffe Neumuhl, Aldenraye, Dinflacken, traverse un grand marais, enfuite une

« PreviousContinue »